Sorti il y a 6 ans sur Smartphone et il y a un peu plus d’un an sur Switch, Runestone Keeper vous promet d’après son descriptif officiel « un jeu de dungeon-crawler à puzzle et au tour par tour. Il est en même temps un jeu de rôle Roguelite à caractéristique de jeux de cartes » (kamoulox !). Devant cette marmite improbable de genres, que vaut le jeu et comment se positionne-t-il vis-à-vis de la version mobile ? Bonne surprise ou opportunisme ? Enfilez vos bottes et descendez avec nous dans les sous-sols du donjon, c’est parti.
Une case en moins
RSK (pour les intimes) débute par une introduction enchaînant quelques illustrations fixes sans texte en guise de scénario. Autant vous dire qu’il n’est pas aisé de comprendre de quoi il en ressort. Bien qu’il s’agisse d’un jeu initialement mobile, un semblant de contexte aurait été appréciable. Aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est en allant fouiller du côté de la fiche du jeu sur les app stores (en effet la fiche sur l’eShop Nintendo est vide de tout descriptif, peut-être une grève du service marketing depuis un an ?) que nous en apprendrons un peu plus. Mais avant d’aller plus loin, petit avertissement : nous nous excusons par avance, mais le descriptif est tellement savoureux que nous allons tout bonnement en faire un copier-coller au mot près, pour ne pas dénaturer la qualité de la narration : « Dans une ville lointaine se cachait une force mystérieuse. Une sorcière en possédant le corps d’un aventurier a éveillé le vampire scellé. Le démon et la génie ancienne sont en route de la transmigration à détruire le monde et tout sera dévoré par les ténèbres. Cuisiniers purs et simples, chevaliers justes, sorciers exclusifs et fiers, vagabonds sans mémoires… Les gens de toute sorte vont se réunir par cette crise et seront conférés les missions héroïques par cette coïncidence singulière. Ils vont commencer le chemin de sauvetage du monde ».
C’est donc dans cet univers héroïc fantasy que vous vous retrouverez, prêts à arpenter le fameux qui n’est pas mentionné dans le scénario 😉
Enfin, n’espérez pas trouver de morceaux de trame scénaristique pendant vos parties, il s’agit d’un point négatif de RSK. Là où d’autres roguelikes comme Hadès (test ici) arrivent à distiller avec brio des bribes d’histoire tout au long de vos parties, ce ne sera pas le cas ici.
Keeper le moins peut le plus
Depuis un hub central, vous débuterez par une phase de préparation. Elle consistera à paramétrer votre partie, via différentes options :
- Choisir votre personnage parmi une petite dizaine (vous savez, le cuisinier pur et simple ou le sorcier exclusif et fier, entre autres). Certains seront déblocables avec les pièces d’or gagnées à la sueur de vos exploits précédents. Chaque personnage dispose de certains avantages (en argent, magie, vie…) qui vous seront utiles pour vos futures descentes ;
- Acheter un peu d’équipement pour vous sentir moins vulnérable lors de votre prochaine tentative ;
- Acheter des améliorations permanentes qui vous suivront tout le long du jeu ;
- Activer des « bonus/malus » pour la partie en cours, qui auront un impact sur le score final. Un malus accordera un multiplicateur de score par exemple.
Vous pourrez ensuite payer une somme de pièces d’or pour activer la protection d’une divinité, chacune accordant un avantage spécifique et la possibilité de passer automatiquement un étage du donjon, moyennant un sacrifice de points de vie.
Enfin, trois niveaux de difficulté sont proposés. Il est ensuite temps de se lancer dans le donjon…
Chaque étage de ce donjon se compose d’une grille découpée en plusieurs cases, certaines visibles et d’autres cachées par un brouillard visible tant qu’une case adjacente n’aura pas été « activée ». A gauche et à droite de l’écran se trouvent diverses informations sur votre personnage :
- La quantité d’or amassée pendant le run ;
- Le sac à dos, pour gérer votre équipement ;
- La possibilité de switcher entre deux armes ;
- Les barres de magie, de vie/bouclier et d’endurance permettant de lancer des compétences ou sorts.
Chaque étage est généré aléatoirement, dans la grande tradition du roguelite. Pour pouvoir descendre davantage, il vous faudra trouver la porte de sortie. Celle-ci est cachée sur une case, soit directement accessible ou fermée. Dans ce dernier cas, il conviendra de trouver et tuer le monstre qui détient la clé…
Le principe consiste donc à « cliquer » sur les cases pour en dévoiler leur contenu et agir en conséquence. Le jeu peut se jouer 100% en mode tactile, héritage mobile oblige, mais aussi à la manette. Personnellement, ce dernier mode de contrôle, qui est un ajout pour les versions consoles, se révèle à la surprise générale très agréable à jouer sur l’écran de la Switch.
Derrière chaque case peut se trouver tout un tas d’éléments différents. C’est ce qui, vous vous en doutez, fait tout le sel du jeu. Voici un florilège de ce qui vous attendra :
- Des ennemis (bien évidemment), chacun disposant de caractéristiques propres. Pour combattre, il faudra cliquer sur ces derniers sur un système de combat au tour par tour. Selon vos points de vie, d’attaque, d’armure vous infligerez une certaine quantité de dégâts et en recevrez également. Ces fourbes de monstres disposent de capacités spéciales destinées à vous mettre des bâtons dans les roues, comme, par exemple, la régénération de leurs congénères ou des armes à distance qui leur permettent de vous toucher sans que ne puissiez les atteindre. Bonne ambiance quoi… Mais c’est sans compter sur vos propres aptitudes et sorts que vous pourrez utiliser moyennant la consommation d’une partie de vos barres de magie et d’endurance ;
- Des pièges (éboulements de pierres, trappes…) qui vous feront perdre de précieux points de vie ;
- Des magasins d’équipements et de magie ;
- Des objets / Sorts ;
- Des trésors ;
- Des événements aléatoires…
Il y a des centaines et des centaines de combinaisons possibles. Pour ne pas vous gâcher le plaisir, nous laisserons planer le mystère sur certaines découvertes. Une fois mort (cela va arriver plus de fois qu’il n’y a d’étoiles dans la galaxie), vous repartez à zéro et ne conservez que l’argent gagné.
Une vraie rogue dure
Le game design est extrêmement bien façonné et peut réellement être qualifié de « drogue dure ». En effet, la profusion d’objets, la rapidité des parties et les nombreuses améliorations à obtenir vous donneront irrésistiblement l’envie de relancer une dernière partie (j’ai d’ailleurs passé 4h non-stop la première fois en pensant y jouer simplement une demi-heure au départ…).
Tout est savamment organisé pour que vous vous sentiez l’envie de retenter l’aventure car vous avez, par exemple, augmenté une capacité qui donnera l’impression de pouvoir aller un peu plus loin que lors de la partie précédente. En résumé, il y a ce côté récompensant et satisfaisant de « j’ai toujours quelque chose de nouveau à faire et à tester ». C’est une grande réussite de ce point de vue. Pour peu que le genre ne vous rebute pas, le jeu vous gratifiera d’une durée de vie quasi-infinie.
Conclusion
A la lecture de ce test, vous êtes en droit de vous demander à qui s’adresse RSK. Nous avons clairement affaire à un jeu mobile, avec ses forces et ses faiblesses : une 2d très simple, une ambiance sonore sympathique, une rejouabilité exceptionnelle, un concept profond… Vendu 9,99 euros sur Switch et 1,99 euros sur Smartphone, la différence de prix s’explique par le fait que tous les DLC soient directement inclus dans cette version console (personnages et objets magiques). Il est vrai qu’hormis l’ajout des contrôles à la manette, le portage est plutôt paresseux. Mais est-ce un inconvénient quand la source est de bonne qualité ? Le jeu a d’ailleurs obtenu plusieurs récompenses importantes pour sa version smartphone en 2014 et 2015. Quoi qu’il en soit, libre à vous de faire votre choix, et pourquoi pas de lui donner sa chance dans un premier temps sur votre téléphone. Mais faites attention, passée la première dose, il se peut que cela soit très difficile de décrocher.
LES PLUS
- Durée de vie infinie
- Addictif au possible
LES MOINS
- En anglais, pour le peu de textes disponibles. Cela peut en rebuter certains
- Il faut aimer le genre, sinon cela peut sembler très répétitif, dur et pas vraiment beau
- Le prix est élevé si on ne souhaite pas s’impliquer dans le jeu