Parce qu’il est des personnes qui nous manquent bien plus cruellement que d’autres et parce qu’il faut trouver tous les moyens pour nous les remémorer, nous découvrirons aujourd’hui Bonkies sous le prisme de l’œuvre de Terry Pratchett, un anglais au programme politique tenant en un point : augmenter le nombre d’orangs-outangs à la surface du globe pour restaurer les grands équilibres. Ce visionnaire avait sans doute déjà prévu la venue de nos amis anthropoïdes dans l’espace. Alors forcément quand le titre sorti du studio Gauntlet, basé près des fjords norvégiens, nous met aux commandes de ces êtres simiesques, habillés de jet-pack et de bras robotisés, c’est avec un pincement au cœur que nous entonnons la fameuse chanson du hérisson et si vous n’avez rien compris à cette intro, il est temps d’élargir vos horizons.
L’anti-Jenga de l’espace
Dans Bonkies, nous incarnons l’un des membres, hautement spécialisés, de l’équipe chargée de la construction de structures en faible gravité. Depuis la station d’entraînement basée sur Terre, jusqu’aux confins de notre système solaire, nous devrons réussir à empiler des solides divers, et surtout variés, pour réussir les missions qui nous sont assignées. Pas vraiment de scénario, si ce n’est la nécessité de réussir les différents niveaux de chacun des mondes pour débloquer l’observatoire et aller rejoindre la planète suivante.
Chaque planète se parcourt tel un planétoïde de Mario Galaxy. Une fois un niveau sélectionné à l’aide de notre fusée, nous entrons alors dans le vif du sujet en incarnant notre anthropoïde. Celui-ci, habillé de son scaphandre, ne craint jamais le vide intersidéral et tente par tous les moyens d’empiler tout ce qui lui est offert pour réussir à remplir l’espace en surbrillance qui lui est donné. Commence alors une partie de Jenga à l’envers dans laquelle nous devons utiliser le bras mécanique pour placer, et non enlever, comme il se doit les blocs.
La physique du titre du Studio Gauntlet devient alors le protagoniste principal de leur titre. Notre avatar peut se déplacer librement dans tout l’écran et se saisir de tout ce qui passe à sa portée. Mais saisir ne signifie pas être capable de soulever. Certains blocs, plus volumineux que les autres, ou plus denses, ne daigneront décoller que si nous utilisons notre boost alimenté au jus de bananes. Il faudra toutefois en faire un usage raisonné pour éviter l’explosion due à une surchauffe.
Une fois le bloc judicieusement choisi, installé convenablement et confortablement au bout de notre bras mécanique, il faudra le déposer comme il se doit. Commence alors un combat entre l’anthropoïde et la physique. Une lutte acharnée entre la gravité et l’architecture que seuls les plus délicats dans le maniement des sticks et du boost sauront gagner. Rapidement, des structures en verre, donc fragiles, viendront nous compliquer la tâche et ce ne sera que le premier des imprévus à gérer. Entre les blocs antigravité, les blocs explosifs ou les blocs aimantés, il y a de quoi s’amuser.
Le canapé de la discorde
Car oui, Bonkies est d’abord et avant tout un jeu qu’il ne faut surtout pas prendre au sérieux. Un jeu à découvrir à plusieurs en partageant un bol de cacahuètes, et en se lavant les mains avant de reprendre les joy-cons ! Bien que disposant d’un mode solo nous permettant de découvrir les joies de la construction en faible gravité, c’est bien à plusieurs que le titre des Norvégiens prend tout son sens et procure le plus d’amusement.
Il nous faut alors nous répartir les tâches, coopérer pour déplacer les charges les plus lourdes, maintenir les structures dans un équilibre précaire avant l’arrivée d’une pièce maîtresse et surtout faire preuve de résilience face aux pauvres capacités de nos amis. Évidemment, la mauvaise foi est de mise lorsque nous jouons à un tel jeu et des amitiés peuvent rapidement se faire et se défaire. Réussir une mission peut ainsi sceller une relation à jamais, mais faillir peut très bien mettre en place une chaîne de violence digne d’une vendetta corse.
Bonkies possède toutes les qualités que doit posséder un jeu multi à partager sur un unique canapé. Facile à prendre en main, difficile à maîtriser et amenant des situations cocasses, il fait de suite l’unanimité. Il est toutefois dommage qu’aucune option ne permette d’y jouer en ligne avec des amis à distance. Un tel ajout aurait encore plus diversifié les possibilités et non limité Bonkies à une utilisation trop ponctuelle. Surtout que, si certaines missions sont réalisables en étant deux, d’autres ne le sont qu’avec une équipe de trois voir quatre anthropoïdes, nous bloquant ainsi dans notre progression.
Des choix… hasardeux
Des heures de plaisir à plusieurs, que demander de plus à un jeu ? Eh bien une technique irréprochable d’un bout à l’autre. Et là, nous devons bien avouer que certains choix des développeurs nous laissent pantois. Il y a d’abord l’impossibilité de jouer en solo et en mode nomade avec les joy-cons attaché sur notre Switch. Il faut les détacher pour jouer sur un écran reposant alors sur nos genoux. Les contrôles n’ont rien de particulier et n’expliquent en rien cette nécessité. C’est juste casse-pied. Bonkies est, peut-être, le premier bon jeu de la Switch franchement pénible à jouer solo en nomade.
Le second point à noter concerne le bras mécanique. Il paraît naturel de le contrôler habilement à l’aide du stick droit. Sauf que cette évidence est en fait une option. De base, ce sont les boutons A, B, X et Y qui servent à l’orienter dans la bonne direction, perdant ainsi énormément en précision. Il nous faut donc aller dans le menu pour activer le stick. Un second choix vraiment difficile à expliquer tant il semble illogique vu la précision nécessaire au placement des blocs.
Pour le reste, le cahier des charges du jeu fun sans prise de tête est validé. Les graphismes sont colorés et amusants. La bande-son ne vient jamais nous perturber et il y a des skins à débloquer pour nos avatars. Entre le koala, le chien ou la licorne, tout est bon pour donner envie au joueur de terminer les niveaux en un minimum de temps pour obtenir les récompenses bananières et débloquer les tenues jouables. Petit bémol, le prix de lancement de 6 € au lieu de 15 € ressemble étrangement à une arnaque à la visibilité sur l’Eshop. Ce n’en est pas moins un juste prix.
Le saviez-vous ?
Le bibliothécaire de l’université de l’invisible, basée à Anck-Morpock, était autrefois un mage. Mais à force de traîner autour d’étagères contenant les plus puissants livres de magie que le disque monde ait connu et ceux-ci souffrant d’une incontinence thaumaturgique évidente, il fut un jour transformé en un orang-outang. Trouvant cette forme bien plus pratique, il ne voulut jamais en changer.
Conclusion
Bonkies est le parfait exemple du jeu à faire en soirée entre amis. Facile à prendre en main avec un objectif simple : construire suivant le plan donné. Sa physique fera le reste en provoquant les habituelles crises de mauvaise foi des participants. Certes moins original et moins fourni qu’un Heave ho, il en partage de nombreux points, comme le manque d’intérêt en solo. De plus, ses petites incohérences techniques, comme l’impossibilité de jouer seul avec les joy-cons attachés à la console, font douter du soin apporté à cette version Switch. Un titre à essayer à son prix de lancement de 6 €, mais certainement pas à son tarif hors promo.
LES PLUS
- Les graphismes sont soignés, colorés et amusants
- La bande-son ne vient jamais nous contrarier
- La physique des objets et des anthropoïdes est réussie
- Le gameplay est simple, mais très efficace
- Un titre pratique pour se fâcher avec les gens que nous ne voulons plus voir
- Les avatars déblocables sont sympathiques
- Le système de temps à respecter est efficace et motive les participants
- Le tarif de lancement de 6 € est honnête
- Les cubes spéciaux renouvellent agréablement le gameplay
LES MOINS
- Mais pourquoi les joy-cons doivent être détachés en solo ?
- Le stick droit désactivé de base, c’est pour déconner ?
- L’ajout d’un mode en ligne aurait multiplié les occasions de jeu
- Le plein tarif de 15 € est trop élevé vu la concurrence