Il y a des jeux que l’on reçoit sans en avoir jamais entendu parler et dont on attend donc rien. Gravity Runner est de ceux-là et ça tombe bien, car ce plateformer 3D Die’n Retry, n’a justement rien à offrir, si ce n’est un gros mal de crane et des regrets éternels d’être passé à la caisse. Bien sûr cette introduction est méchante, mais c’est volontaire. Le seul bénéficiaire à Gravity Runner est sans doute le fabricant de Doliprane dont nous avons du faire une consommation trop importante suite à toutes nos tentatives d’avancer dans le titre du studio australien Two Dog Games. Mais il est temps de partager ce que notre cerveau a bien voulu garder en mémoire.
Le runner de la douleur qui fait mal
Gravity Runner est donc un plateformer 3D. Un jeu dans lequel nous partons d’un point A pour nous rendre vers un point B en sautant frénétiquement sur tout ce qui peut soutenir notre poids, même un court instant. Pas besoin de scénario et de toute façon il n’en propose pas. Juste une image fixe montrant notre avatar en train de se faire aspirer, avec un radio-cassette des années 80, dans un vortex.
Nous démarrons donc notre aventure, poursuivis par un trou noir cherchant à nous engloutir, en tentant de rejoindre la sortie. Rien de bien inquiétant pour l’instant, sauf que dès la première seconde, l’écran dérape étrangement nous faisant complètement rater notre saut. Nous n’avons pas encore fait quatre mètres qu’un bug visuel nous fait perdre une vie. Cela n’aura pas vraiment d’importance si ce bug était ponctuel, mais il n’en est rien. Dès que nous démarrons un niveau pied au plancher, stick pointé vers l’avant, l’écran tremble et rend notre premier saut très aléatoire.
Il faut donc attendre une seconde avant de démarrer pour laisser à la caméra le temps de s’ajuster. C’est déjà frustrant, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg de ce qui est pénible dans Gravity Runner. Le pire arrive très vite et concerne la vision que nous avons de notre personnage. C’est simple, la caméra étant fixe et relativement trop horizontale, nous ne voyons jamais où nous allons atterrir et nous passons donc énormément de temps à rater des sauts.
Pour un jeu basé justement sur une succession de sauts, c’est tout simplement catastrophique. Les maîtres du genre Die’n Retry que sont Céleste pour la 2D ou Ghostrunner pour la 3D ont ceci en commun que la précision de leur saut est diabolique, ce qui fait que les seules erreurs menant au trépas sont de notre faute. Avec Gravity Runner, nous ne savons jamais où notre avatar va poser ses semelles et une fois sur deux c’est en dehors de la plateforme.
Les mécaniques du pauvre
Chacun des quatorze niveaux est une torture sans nom et c’est vraiment dommage, car pour le reste, le titre de Two Dog Games est pétri de bonnes intentions. La première a été de mettre une bande-son faisant la part belle au synthétiseur et aux rythmes des années 80. Celle-ci s’adapte parfaitement au style graphique rappelant ce qu’un Tron pouvait afficher sur grand écran à sa sortie. Des polygones simples et une impression de profondeur mise en place grâce à la présence de damier sur chacune des surfaces présentes à l’écran.
Les niveaux sont, de plus, construits intelligemment avec des plateformes et des pièges variés. Il y a bien sûr les traditionnelles surfaces instables ou basculantes. Mais nous devrons aussi jouer avec des éléments mobiles ou en chute libre qui viendront perturber nos déplacements. Enfin, des modificateurs de gravité changeront la position de notre personnage dans le niveau, de quoi varier les situations agréablement.
Pour diversifier nos actions, nous donner le droit à l’erreur et pour améliorer notre score, nous avons à récolter des cassettes VHS réparties dans le niveau. Celles-ci nous octroient un double saut bien pratique dont la force dépendra du nombre de cassettes que nous avons récolté dans le niveau jusque là. C’est un système intéressant qui nous oblige à prendre des risques pour récupérer celles placées dans les endroits les plus inatteignables.
Il n’en reste pas moins que cette unique mécanique ajoutée est bien faible pour renouveler un gameplay déjà mis à mal par la prise en main et l’aspect savonnette de notre avatar. La comparaison avec Ghostrunner, certes trois fois plus cher à son lancement, est extrêmement douloureuse pour Gravity Runner. Nos parties se suivent et s’enchaînent tout comme nos morts frustrantes et notre envie de rage-quit à chaque plateforme loupée par manque de repère tandis que nous effectuons toujours les mêmes actions. C’est le principe d’un Die’n Retry me diront les plus avertis, sauf qu’ici la mémoire musculaire ne se met jamais en place par faute de précision sur nos sauts.
Conclusion
Gravity Runner du studio australien Two Dog Games n’est pas un titre que nous conseillons. Ses mécaniques de jeu sont trop simplistes et font bien pâle figure face à ce qu’a su proposer Ghostrunner il y a déjà un an et demi. Ses erreurs de prise en main engendrent une frustration rarement atteinte dans l’histoire du jeu vidéo et il faut faire partie du club « fais-moi mal » pour ressentir le moindre plaisir à tenter d’atteindre la fin des tableaux proposés. Seules sa direction artistique et sa bande-son synthwave rehaussent un tant soit peu le niveau, mais c’est insuffisant devant le reste de ses tares.
LES PLUS
- La patte graphique est très originale
- La bande-son hommage aux synthétiseurs des années 80 est sympathique
- La modification de perspective est un ajout agréable
- Sponsorisé par « fais-moi mal magazine »
LES MOINS
- La caméra fixe rend les sauts très très très imprécis, enfin surtout leur atterrissage
- Les freezes d’écran au démarrage sont insupportables
- La prise en main en mode savonnette, c’était obligatoire ?
- Le gameplay est famélique et devient vite lassant