Tous ceux suivant les aventures littéraires que représentent chaque test publié sur Nintendo Town le savent, il est des jeux références qui hantent chacun de nos essais. Et c’est pourquoi il va encore nous falloir aborder la magnificence qui se dégageait de The Lost Vikings. En effet, QUByte continue d’acquérir de vieilles licences tombées dans l’oubli pour les remettre, hum hum pardon je m’étouffe, au goût du jour. C’est au tour de The Humans de ressortir de son tombeau vidéo ludique. Alors, après leur version très oubliable de The Immortals, les développeurs de chez PIKO ont-ils revu leurs exigences à la hausse pour nous proposer une expérience réellement intéressante ? Non !
Le jeu vidéo ce n’était pas mieux avant
Bien sûr, nous avons tous une ou deux ou quarante-deux madeleines de Proust qui traînent dans un carton au fond du grenier de nos parents. Ces cartouches qui peuplaient nos rêves d’enfants et que nous n’osons pas sortir de leur douillet emplacement sous peine de les abîmer et d’encombrer inutilement nos étagères déjà surchargées de figurines de Daemon X Machina. Mais si la vraie raison était tout autre ? Et si la vraie raison était simplement qu’au fond de nous même, nous savons que nous serions déçus ? Non pas par la qualité du jeu, mais par son âge. Le jeu vidéo a évolué et même si nous ne sommes pas d’accord avec certain choix des développeurs, il faut bien reconnaître que même FF VII remake a la classe.
The Humans c’est tout à fait ça. Nous avons connu ce jeu en 1992 lors de sa sortie sur Amiga 500, une machine extraordinaire et bien meilleure que l’Atari 520 du chef soit dit en passant. Ce jeu avait à l’époque des notes excellentes dans la presse papier. Les barbus comprendront des références tels Lemmings ou Push Over sur la même machine. Mais le vrai mètre étalon qui nous permettra de le juger est, encore une fois, l’inusable The Lost Vikings, tant leurs mécaniques sont proches tout comme leur date de parution.
Dans The Humans, nous dirigeons une bande de joyeux hommes préhistoriques qui s’engagent sur le long chemin de l’évolution. Ils apprendront ainsi à maîtriser la lance, le feu ou encore la corde dans le but de surmonter les obstacles qui se dressent devant eux. Chaque niveau nous met donc aux commandes d’un groupe de Cro-Magnon. Ceux-ci doivent faire en sorte que l’un d’entre eux rejoigne la sortie. Ils pourront, pour cela, récupérer les outils sus-mentionnés précédemment et débloquer ainsi des capacités propres à ceux-ci. Quant à nous, nous devrons switcher de l’un à l’autre et les faire s’échanger leurs outils pour avancer conjointement jusqu’au terme du tableau.
Si ce système est quasi-identique à celui proposé par The Lost Vikings, la réalisation est bien moins approfondie. Les graphismes sont moins variés tous comme les situations rencontrées. De même, le manque d’un scénario mis en place nuit à notre immersion dans ce titre. Le rythme est moins soutenu et The Humans se montre bien plus répétitif que son homologue. Le côté coopératif à plus grande échelle est la seule partie qui dépasse le titre de Blizzard Entertainment. Il n’en reste pas moins que même moins bon, The Humans possède les mêmes qualités qui ont fait de The Lost Vikings un hit.
Le portage en mode automatique
Le principe est donc bon et les puzzles mis au point par le créateur originel, Rodney Humble, sont intéressants. Malheureusement, le temps a fait son office et il n’a pas été tendre avec The Humans. Le premier défaut tient au fait que nous n’avons pas la possibilité de voir l’entièreté du niveau. Nous passons donc le premier essai à chercher où se trouve la sortie avant de perdre par faute de temps. Car oui, un timer nous oblige à venir à bout du niveau dans un temps imparti. Si cette mécanique était dans les mœurs en 1992, elle a bien vite disparu et nous comprenons pourquoi.
Une fois la sortie repérée, nous pourrions évidemment recommencer le niveau et ne pas perdre ainsi un temps précieux, sauf que cette option n’existe pas de base. Il est impossible de quitter un niveau une fois celui-ci commencé. Il faut le mener à son terme ou faire mourir l’ensemble de notre tribu pour avoir droit à un game over et revenir à l’écran d’accueil. Une fois sur celui-ci, nous devons inscrire le code du niveau pour le recommencer. C’est d’une frustration épique à une époque où les interfaces sont pensées pour répondre au plus de problématiques utilisateurs possibles.
Et c’est ici que le travail des développeurs de chez PIKO aurait dû permettre de faire passer The Humans dans le vingt et unième siècle de manière harmonieuse. Malheureusement, il n’en est rien. Encore une fois, nous n’avons le droit qu’à un simple émulateur on ne peut plus limité dans ses options. Aucun des problèmes signalés plus haut n’est vraiment abordé dans ses particularités et aucune réponse intéressante n’est apportée. Seule la sauvegarde d’état en plein milieu de la partie nous évitera de jeter nos Joy-Con à travers l’écran de nos téléviseurs. Mais là encore, c’est décevant, il faut sans cesse casser le rythme du jeu en mettant l’interface émulateur en avant.
Si dans les années 90, nous jouions avec un carnet de notes à nos côtés pour y écrire les codes des niveaux débloqués, il faut bien reconnaître que cette nécessité est passée de mode depuis longtemps. Mais devoir recommencer deux ou trois niveaux en sortant du jeu pour l’émulateur, car pris dans le jeu nous avons oublié de sauvegarder, est vraiment frustrant. Une simple mécanique de rembobinage aurait permis de bien mieux combler des lacunes qui sautent aux yeux des joueurs des temps actuels que nous sommes devenus.
Rien de nouveau sous le soleil
S’il faut reconnaître une qualité au label QUByte Classics, c’est la volonté de proposer deux visions d’une même œuvre en incluant plusieurs versions du même titre. En effet, à l’aube de la création vidéoludique, l’œuvre originale était souvent modifiée en fonction du support et du studio qui se chargeait du portage. The Humans étant sorti sur des machines allant du mémorable Amiga 500 jusqu’à la GameBoy en passant par la Jaguar et bien d’autres, il existe plusieurs versions ayant chacune leur particularité.
Cette adaptation Switch nous propose de poser les mains sur les versions Super Nes et GameBoy, sans doute parce que les émulateurs disponibles pour ces machines sont les plus courants que nous puissions trouver… Le rédacteur de ce test est parti se laver la bouche au savon pour faire pénitence de cette méchanceté gratuite et reviendra incessamment sous peu pour vous faire profiter de son incroyable logorrhée devenue bulleuse.
L’écran d’accueil nous offre donc la possibilité de choisir entre une version 16-bits, celle de la Super Nes donc, et une version 8 bits, qui est celle de la GameBoy. Ces versions possèdent des niveaux différents et des solutions techniques adaptées à une disponibilité de boutons bien distincte. Ce qui est étonnant c’est que ce qui manque à l’une est présent dans l’autre. La version Gameboy est bien pénible à manipuler avec juste les deux boutons A et B disponibles. Il faut nous en contenter pour sélectionner les capacités, les lancer, les charger et pour changer de Cro-Magnon. Toutefois elle permet de déplacer un curseur sur le niveau pour en découvrir tous les recoins.
La version Super Nes quant à elle est bien plus maniable avec ses boutons L et R ainsi que les boutons A, B et X pour utiliser au mieux toutes les possibilités du titre, mais elle ne permet pas de se déplacer librement dans le niveau. Elle est aussi bien plus jolie graphiquement que son homologue monochromatique. Le pixel art a certes vieilli, mais il lui reste un peu du charme de l’époque, même si la version originale sur Amiga avait un cachet supérieur, bien évidemment. Nous nous déplacerons donc depuis la jungle jusqu’aux plaines en passant par la toundra gelée pour atteindre le dernier tableau, malheureusement sans vraiment de cohérence dans la répartition des niveaux.
Ces deux versions, avec leurs défauts, nous donneront de quoi nous amuser, entre deux cris de rage dus à l’absence de rembobinage, pendant une bonne dizaine d’heures, ce qui pour le tarif de sortie de 8 € est très honnête. La bande-son d’époque se laisse entendre même si elle est loin de se renouveler suffisamment lors des sessions longues de jeu. Passons sur les possibilités de filtre proposer par les développeurs de PIKO. Entre un lissage flou et un CRT moche, mieux vaut laisser le ratio d’origine sans toucher à rien. Là encore, le travail de portage est nettement insuffisant et c’est vraiment dommage.
Signalons enfin que si la fiche descriptive de The Humans sur l’eShop propose des captures d’écrans de la version Amiga et affirme que trois versions sont disponibles, seules deux étaient proposées sur cette version de test. Peut-être est-elle limitée ou le testeur a loupé un élément. Quoi qu’il en soit, seules les versions Super Nes et Gameboy sont disponibles à l’heure où sont écrites ces lignes.
Conclusion
The Humans fait clairement parti de ces jeux qui ont enchanté leurs possesseurs en leur temps. Malheureusement, ces temps commencent à être plus proches de l’invention du moteur à explosion que de celle d’internet et l’évolution qu’a subi notre média à laisser bon nombre de ces titres en arrière. Revenir sur The Humans est une expérience rétro dans le plus strict sens du terme. Son interface souffre de défauts dont la moindre chose aurait été, pour son développeur, de tenter de remédier. Ce n’est pas le cas et ce portage n’est clairement pas à la hauteur du titre d’origine. Il est donc à réserver aux amateurs de titres anciens qui n’ont pas eu la chance de le connaître à l’époque. C’est dommage de ne rien avoir fait pour élargir son audience, car ses mécaniques de puzzle plateformer sont encore efficaces et ses graphismes n’ont pas tant vieilli.
LES PLUS
- Les sauvegardes d’états permettent de relancer un niveau rapidement…
- Les graphismes sont soignés et détaillés…
- Le gameplay, malgré son âge, fonctionne toujours
- Les puzzles mis en place sont efficaces
- Les deux versions, 16 et 8 bits, sont bien différentes
- La bande-son est agréable
- Le tarif de 8 € est correct vu la durée de vie cumulée des deux titres
LES MOINS
- … mais un système de rembobinage aurait été plus agréable
- … même si la version originale sur Amiga est plus attirante
- Les filtres graphiques ne servent à rien
- Les contrôles sur GameBoy sont très pénibles
- Le manque d’aperçu du niveau sur la version Super Nes est frustrant
- La comparaison avec The Lost Vikings fait encore et toujours mal
- Il faut abuser de la sauvegarde d’état pour éviter la frustration de l’interface, ce qui est tout autant pénible
- Le travail de portage est encore insuffisant et ne rend pas hommage au titre originel
- Il manque la version Amiga sur cette édition QUByte Classics