Inspiré du folklore local, Never Alone Arctic Collection nous entraîne sur les terres figées d’Alaska la glaciale, à la suite d’une jeune Inuit, Nuna, et de son renard des neiges, Fox. À mi-chemin entre plateforme et puzzle game, le titre pétri de nobles intentions, fait la part belle à la narration, omniprésente.
Déja paru sur Nintendo Wii U en 2014, Never Alone Arctic Collection revient auréolé d’un palmarès de récompenses prestigieuses, ce 24 février sur Nintendo Switch : « Best Debut Game », « Game of The Year » 2015, « Most Significant Impact »… La postérité, parfois cruelle, l’aura-t-elle pour autant épargné ? Nous n’allons pas tarder à le découvrir.
Perpétuer, instruire et préserver
Cette collection réunit deux aventures distinctes, au service néanmoins d’une communauté de principe et de gameplay.
Aussi celles-ci s’articulent-elles autour d’un récit conté par un authentique Iñupiat, du nom de cette peuplade du grand froid, et de mécaniques traditionnelles de platformer et de jeu d’énigme, dans l’objectif de préserver le patrimoine et la voix, singulière, de ces tribus que menacent d’extinction, délétères, l’extension du monde moderne et le bouleversement climatique. L’hiver persistant du premier volet, ce terrible blizzard que l’héroïne voudrait tant chasser, finissent en effet par s’effacer, dans un second temps, derrière un soleil printanier menaçant désormais la banquise, de fonte prématurée.
En jeu, résolution de puzzles, escalade et sauts à travers les paysages atypiques de cette rude contrée qu’est l’Alaska, le disputent à des phases de course-poursuite, un homme malveillant, un ours mal léché soudainement lancés à nos trousses, au fil d’une avancée rythmée par les interventions régulières d’un narrateur qui, tel le conteur au coin du feu, transmet les mythes fondateurs de ses ancêtres. En cours de partie ou librement consultables depuis le menu principal, de courts intermèdes documentaires, filmés et sous-titrés en français, s’attachent en outre à retranscrire valeurs, us et coutumes iñupiates en cinq minutes judicieusement exploitées.
Never Alone Arctic Collection nous invite ainsi à renouer avec la saine avidité de l’enfant qui, les yeux écarquillés, se repaît des « vieilles antiennes », moquent les grands, d’un aîné dont la mémoire certes hoquette, mais la générosité perdure.
Un gameplay perfectible
Never Alone Arctic Collection se satisfait d’un gameplay identique à celui, parfaitement adapté et relativement simple, déjà observé sur Wii U, à l’exception du maniement de l’arme de Nuna, à la moindre intuitivité en comparaison du reste des interactions. Idéal en coop’, le titre n’a toutefois pas à souffrir de son attendrissant tandem en solo ; il suffit alors au joueur d’une simple pression sur la touche X, pour basculer d’un acolyte à l’autre. La machine se calque ensuite sur le comportement du personnage actif.
Le périple ronronnant à force d’alterner, sereinement, entre les protagonistes selon la situation, les phases de poursuite en appelant à notre célérité passablement anesthésiée, arrivent à point nommé. À déplorer cependant, quelques bugs gâchant sensiblement l’immersion en pays inuit, à l’image de ce personnage qui trépasse en boucle à hauteur d’un point de respawn, ou de cette plateforme qui, faute d’apparaître, paralyse toute progression… Rien d’irréversible heureusement pour qui relancera, placide, sa sauvegarde.
Une direction artistique soignée
Par la grâce d’un chara-design tout en rondeurs enfantines, Nuna bénéficie d’une bouille particulièrement expressive et d’animations tout aussi convaincantes, à l’instar de son compagnon au pelage immaculé qui, s’il ne peut se saisir d’objets, se distingue par sa plus grande fluidité de mouvements, fidèlement reproduits. Une aisance que l’on ressent manette en main.
Les décors par leur épure stylisée, incitent à se focaliser sur l’essentiel, nos compères et les esprits issus de la mythologie iñupiate. Banquise, icebergs, plages et forêts, le dépaysement pour autant n’en pâtit pas. La bande-son, plaisante en tout point, sait quant à elle se faire discrète lorsque nécessaire et gagner en intensité le moment venu. Mention spéciale à la voix off, qui nous transporte instantanément auprès de ce grand-père inuit, tout là-bas dans la nuit polaire.
Conclusion
Never Alone Arctic Collection, rassemblant deux courtes expériences agréables à parcourir, poursuit deux objectifs complémentaires : divertir le curieux qu'attire, magnétique, le merveilleux de ces contes méconnus, et sensibiliser au devenir d'un peuple séculaire, les Iñupiats, compromis par la fonte des glaces en Alaska. Notre duo de protagonistes, attachant, profite d'une ingénieuse complémentarité de gameplay, à la dimension renouvelée en coopération. Avec parcimonie, le contenu historique et pédagogique distillé en 6 à 7 heures de jeu compense avantageusement cette faible durée de vie. Difficile, donc, de ne pas vous recommander d'entreprendre ce voyage onirique, en dépit de bugs épars rapidement surmontés.
LES PLUS
- Incarner une fillette et son renard, craquants à souhait
- Une aventure contée, magique, qui transmet les valeurs d’un peuple tout entier
- Un gameplay facile à prendre en main
- Des graphismes soignés
- Des mini-documentaires à l'intérêt constant
- 6 à 7h de jeu qui vous emmènent directement en Alaska
LES MOINS
- Quelques bugs
- Un peu court