De concert avec les plus mauvais jeux, nous ne craignons pas chez NT de fendre tels de gracieux dauphins – ou vulgaires cachalots, c’est selon – les flots impétueux du mécontentement populaire, pros même quand le bateau prend l’eau. L’estomac retourné par cette houle tenace, nous tâcherons donc tout au long du test à venir de nous cramponner au frêle esquif de Shipwreck Escape, et ce avec plus de fermeté, s’il-vous-plaît, que cet empoté de Jack infichu de rallier sa belle et la satanée planche sur laquelle, bordel, il y avait de la place pour deux ! Bref, comme un agréable – ou pas – supplétif à la millième rediffusion de Titanic, nous nous essayons aujourd’hui à une simulation de naufrage.
“Dieu lui-même ne pourrait pas le couler”…
… Il ne s’est pourtant pas gêné ! Mayday Mayday, notre paquebot s’abîme en mer ! Notre mission ? Parvenir à s’en extraire, aux commandes d’un croupier qui fuit le casino du vaisseau. Le pleutre. Il a bien un nom, mais franchement on s’en balance. Le scénario ? Purement anecdotique.
Les ascenseurs en panne, il va falloir depuis la cale du navire – drôle d’endroit pour un commis, mais passons – rejoindre les ponts supérieurs le plus vite possible. Ça tombe bien, tant l’envie d’en finir avec le jeu se fait pressante. Une vingtaine de niveaux parsemés d’obstacles, de mécanismes à activer et de portes à déverrouiller s’offrent ainsi à nos mains engourdies. Par les eaux glaciales de l’Atlantique Nord ? Non. Par l’ennui.
La croisière s’amuse pas du tout
Notre niveau de stress demeure en effet inversement proportionnel à l’inexorable montée des eaux qui peu à peu envahit les lieux, alors que nombre d’ingrédients constitutifs d’un aimable petit jeu de survie semblaient a priori réunis. De toute façon plombées par la mollesse du gameplay, les péripéties se comptent sur les doigts d’une main en 4 à 5 heures de jeu, bien mal investies, à moins d’avoir omis – crétin que je suis – d’enclencher trois étages plus bas ce bouton précis qui aurait permis de couper l’arrivée du gaz, ce que rien ne laissait présager. Ne s’improvise pas puzzle game qui veut.
Alors bon sang, qu’il est rageant d’avoir à rebrousser chemin faute d’un game design intelligible, tandis que la submersion se poursuit à un rythme erratique, parfois effréné, parfois si lent qu’on la jurerait prise de catatonie. Autant de motifs valables pour balancer sa manette en conchiant les développeurs ? Assurément. En outre cherchons-nous encore l’intérêt de ce compagnon qui nous colle aux basques en certaines occasions, si ce n’est changer d’avatar à la volée en cas d’ultime nécessité.
Artistiquement, une épave
Que dire, sinon, des graphismes et de la bande-son ? D’une pauvreté abyssale, les décors désespérément vides – mais où sont donc passés ces milliers de passagers qu’à l’instar du film, on aurait eu plaisir à voir s’aplatir sur les pales du navire ? – ne brillent guère par leur diversité. La qualité très sommaire de l’animation, se traduit par l’impression persistante de guider un pantin désarticulé, de la moindre émotion dépourvu.
Supposément au cœur du titre, l’eau d’une fadeur rarement égalée, ne fait pas plus de vagues qu’un pot de peinture bleue progressivement déversé sur l’écran de la Switch – un traitement ô combien infamant, j’en conviens. Cerise sur le bateau, une flopée de bugs, quelques ralentissements et l’eau qui, parfois, ne monte pas. Ultra-répétitive, la bande-son justifie quant à elle, chiante à mourir, qu’on laisse cette croûte vidéoludique rejoindre les tréfonds océaniques, et le croupier se noyer. Noyez les croupiers. Noyez-les tous !
Conclusion
Les rats quittent le navire, et ils auront raison : Shipwreck Escape ne mérite pas qu'on lui accorde plus de temps qu'il n'en faut pour constater, qu'il s'agit bel et bien de la catastrophe annoncée. Visuellement indigent, musicalement redondant et d'un classicisme fainéant dans ses mécaniques, éculées, le dernier-né de Raccoons Studio lorsqu’il lorgne du côté du puzzle game, frustre artificiellement le joueur déjà passablement échaudé. Les chutes de framerate, entre autres bugs liés au niveau de l'eau, finalement nous achèvent, actant du décès prématuré d’un jeu dont on se serait définitivement passé.
LES PLUS
- La durée de vie, pas trop longue
- En français
LES MOINS
- Absence de scénario
- Graphiquement très pauvre
- Musique redondante
- Niveaux répétitifs
- Gameplay anémique et peu varié
- Difficulté artificielle
- Un simulacre raté de puzzle game
- Des ralentissements
- Bugs liés à l'eau
Bon bah au moins, nous voilà prévenu!