Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, ma chambre en ce temps-là, affichait des posters, qui n’ont plus raison d’être. Blablabla, tout ça tout ça, La Bohème, c’est très bien, mais parlons un peu sérieusement de mon Amiga 500. Qui a dit « quoi encore » ? Attention, j’ai l’oreille longue et le bras fin mes gaillards. Bref, parlons d’un jeu qui restera malheureusement encore longtemps oublié des foules, à savoir Brutal Sports Football. Un jeu qui nous envoyait affronter des hordes barbares en jouant au football américain avec des objets contondants, autant dire un jeu d’une finesse encore rarement inégalée. Et bien Guts’n Goals du développeur espagnol CodeManu, c’est tout simplement le fils spirituel de Brutal Sports Football et il est temps d’en aborder la subtilité, si si nous allons en trouver…
Un Twin Stick football
Lorsque nous démarrons pour la première fois Guts’n Goal, nous arrivons sur un menu dont beaucoup de fonctionnalités sont bloquées. Il ne nous reste que deux choix possibles, démarrer une compétition en temps que joueur solo ou lancer une partie entre amis, pour ceux en ayant à disposition bien sûr. Étant à court de cacahuètes, nous avons dû nous rabattre dans un premier temps sur ce mode histoire qui nous met dans la peau d’un membre d’une équipe de football armé d’un fémur aux vertus contondantes.
Nous débutons alors un périple fait de matchs et de repos. Chaque victoire nous amènera à l’étape suivante de notre quête vers la gloire d’un triomphe en finale. Les matchs peuvent se dérouler, de manière aléatoire, dans différents modes. Il y a tout d’abord le 3V3 dans lequel notre personnage, accompagné de 2 bots choisis au hasard et contrôlés par le logiciel, affronte une équipe de trois personnages eux aussi pris en charge par le jeu. Le but de ces matchs est de mettre deux buts dans le temps impartis.
Durant ce match, tous les coups sont permis et conseillés aussi d’ailleurs. Notre fémur en main, il nous faut taper dans le ballon pour le faire avancer, mais il nous faut surtout taper sur nos adversaires pour déblayer le terrain et ouvrir le passage jusqu’au but. Nous disposons pour cela de trois types d’attaques. Il y a d’abord la frappe simple, pratique, efficace et rapide, celle-ci est suivie d’une frappe chargée qui double les dégâts, mais qui demande un temps de préparation, celui-ci peut d’ailleurs se faire tout en se déplaçant.
À la manière d’un Twin Stick Shooter, nous devons diriger notre avatar via le stick gauche tandis que le droit nous permet d’orienter la direction que nous souhaitons donner à notre attaque. La dernière attaque disponible tire encore plus parti de ce système de contrôle. Chaque personnage dispose d’une technique spéciale. Que ce soit le lancé d’os boomerang, pour le premier avatar dont nous disposons, ou le lancer de bombe pour l’un des suivants, il faut diriger à bon escient notre attaque pour ne pas la dilapider et devoir attendre sa recharge.
Du contenu plein de surprise
Entre deux matchs, des étapes sous forme de mini-jeux viennent nous divertir. Il faudra par exemple mettre fin à une invasion de zombies plus rapidement que notre adversaire, peindre davantage de terrain que lui, détruire son cristal avant qu’il ne détruise le nôtre. Il existe encore bien d’autres activités et elles ont toutes en commun de renouveler agréablement notre expérience de jeu. Les matchs qui suivent font de même en variant la taille des équipes. Nous aurons ainsi à sortir victorieux de joutes en 2V2 en 1V1, voir même en 1V2.
Notons que la défaite n’est pas punitive dans ce mode, vu qu’il est toujours possible de reprendre là où nous avions perdu, ce qui permet de finir victorieux au bout de quelques tentatives. Heureusement d’ailleurs, car nous nous rendons vite compte que les personnages que nous devons affronter n’ont pas tous les mêmes capacités spéciales et que certains font bien plus mal que d’autres et qu’il vaut mieux les avoir dans notre équipe. Les rencontrer nous permet aussi de voir à quel point CodeManu a cherché à donner un contenu conséquent à son titre. Avec pas moins de 35 personnages différents et donc autant de capacités spéciales, il y a de quoi s’amuser.
Ces personnages se débloquent au fur et à mesure de notre progression et des matchs que nous faisons. Ceux-ci possèdent de plus différents skins que nous pouvons aussi débloquer, ou acheter avec la monnaie gagnée durant les matchs. Perdre un match nous en fait gagner un minimum tandis que finir MVP du match double la mise. Il est dommage que les conditions pour le devenir ne soient pas très claires. Être l’auteur des deux buts victorieux n’est en rien une garantie pour finir meilleur joueur d’un match.
Un mode pour les gouverner tous
Nous pouvons aussi acheter des skins pour nos armes, cela ne change en rien leur portée ou les dégâts qu’elles occasionnent, mais il faut bien avouer que partir au combat avec une baguette, un sabre de pirate, une faux ou une fleur est quand même bien plus classe qu’un simple fémur. Et c’est ainsi que nous terminons notre première aventure dans Guts’n Goals. Plein de nouvelles armes et le cœur empli d’ivresse à la vue de toutes ces dents répandus sur les surfaces que nous avons foulées.
Ces surfaces sont d’ailleurs de beaucoup de types différents. Il y a bien sûr le classique gazon, sur lequel la balle rebondira de manière là aussi classique. Mais, à la manière d’un Air Hockey, il existe aussi des surfaces plus glissantes tandis que d’autres, emplis de boue, nous ralentirons fortement. Bref, il y en a pour tous les goûts avec les vingt stades disponibles.
Après notre première victoire dans ce mode histoire, nous débloquons le mode MVP Hunter. Dans celui-ci nous avançons sur une carte qui nous proposera les mêmes matchs ou mini-jeux, mais des étapes intermédiaires nous proposeront de faire des choix. Ces choix auront une importance vitale sur la suite des événements, car il modifie, parfois radicalement, nos statistiques ainsi que celles de nos adversaires. Ainsi combattre avec un +2 en vitesse accroît significativement nos chances de victoire tandis que rencontrer des adversaires dont la force est trois fois la nôtre entraînera une défaite écrasante et rapide.
Plus de vie infinie dans ce mode, une défaite nous envoie recommencer l’aventure dès le début du jeu. Bien plus intéressant que le mode histoire précédent, ce MVP Hunter, sans modifier le gameplay, ajoute une composante de choix on ne peut plus plaisant. Nous pouvons même choisir la route que nous allons emprunter, celle-ci étant, de plus, emplie de passerelles d’une route à une autre. Notre avancée, faite de matchs et de choix, est toujours plaisante et l’envie d’aller toujours plus loin toujours présente.
Vous les copains je ne vous oublierai jamais
Mais que serait un tel jeu sans sa composante versus. Tourtefois, avant d’aborder celle-ci, il va nous falloir évoquer les problèmes d’interface de Guts’n Goals. Si sur le jeu solo, celle-ci n’a pas posé de problèmes, une fois en multijoueur, il y a beaucoup de choix bien plus étonnants. Commençons par le choix des joueurs partageant notre partie. Un appui sur la touche A d’une manette enclenche leur apparition. Ceux-ci peuvent alors choisir leur personnage. Sauf qu’au lieu d’un simple appui sur la photo de celui-ci, il faut aller chercher un jeton sur la case random pour aller le poser sur l’image de l’avatar choisi. Ce choix est vraiment étrange et contre-intuitif. Mais il n’est pas le seul.
Pour choisir dans quel camp nous voulons combattre, il faut que les joueurs se sélectionnent dans le bon ordre, il n’est pas possible de modifier à la volée les équipes une fois le choix de personnage effectué. Enfin, une fois sur le terrain, tous les humains ont le nom du possesseur du compte, il n’y a qu’un chiffre entre parenthèses pour les distinguer. Le foutoir est tellement indescriptible à six joueurs qu’il gâche une grande partie du plaisir. Nous passons davantage de temps à chercher où se trouve notre personnage qu’à jouer.
De plus, les choix faits sur la personnalisation de la partie, comme la mise en surbrillance de la zone d’impact, ne se font que sur le joueur un. Les autres joueurs, déjà un peu perdus du fait qu’ils apparaissent avec un nom de la même couleur, ne peuvent même pas profiter de cette aide en début de partie. De quoi décourager les moins réceptifs. Et c’est vraiment dommage, car le concept même de du titre de CodeManu en fait un jeu parfait en soirée. Les parties sont courtes, mais intenses, les options de personnalisation de nos personnages permettent à tout un chacun de trouver chaussure à son pied et le plaisir de se mettre sur la tronche en équipe n’a aucun équivalent sur terre.
Du pixel contondant
Pour le reste de la technique, il n’est pas grand-chose à reprocher à Guts’n Goals. La musique qui nous assaille les oreilles dès le menu est bien pêchue et agrémente agréablement nos parties et les effets sonores sont simples, mais plaisants. Sa partie graphique, tout en pixel art fait parfaitement le boulot. Chacun de nos personnages est bien différent de son voisin. Les skins disponibles modifient discrètement l’apparence en cours, mais là encore, c’est suffisant pour permettre à tout un chacun de trouver l’avatar qui lui convient le mieux. Et ainsi les six joueurs que peut rassembler le titre de CodeManu sur un même écran possèdent bien chacun leur avatar, à défaut de leur nom.
De même, les décors se renouvellent à chaque nouveau stade et les armes disponibles sont bien toutes différentes et se distinguent très facilement. Le tout est parfaitement animé et nous repérons très facilement, parmi la multitude des attaques spéciales qui peuvent nous arriver sur la figure, celle en cours. L’IA de nos adversaires, ou de nos alliés, si elle n’est paramétrable en mode Story ou MVP Hunter, le devient en mode versus lorsque nous avons besoin de bots pour compléter une équipe ou deux. Nous passons alors d’un niveau 1 correspondant à des moules faciles à cuisiner, à un niveau 9 qui nous donnera des sueurs froides en enchaînant les frappes et attaques.
S’il est dommage qu’à l’heure actuelle aucun mode en ligne ne vienne agrémenter notre expérience, le jeu à six joueurs est facilité par la possibilité de ne jouer qu’avec un demi-joy-con par personne. Dans ce cas de figure, notre frappe s’oriente vers l’objet le plus proche, qu’il soit ennemi ou rebondissant. C’est nettement moins précis qu’avec les deux sticks, mais cela fait l’affaire pour des parties entre amis. Dans tous les cas, la prise en main est très facile et l’utilisation des deux sticks couplés aux touches ZL et ZR se fait sans aucun souci.
Conclusion
Guts’n Goals, du développeur CodeManu, est le cas typique du jeu parfait en soirée qui a cherché à se rendre autonome pour être jouable en solo. À la manière d’un Towerfall Ascension, il propose un gameplay simple, fait pour le multijoueur, mais qui reste malgré tout une expérience agréable et un challenge sympathique pour le joueur seul devant son écran. Avec ses matchs de football complètement délirants, qui se jouent à la batte de baseball, ils nous offrent des parties dans lesquelles l’entente et la mauvaise foi entre les joueurs sont toujours de mise. Son aspect graphique en pixel art est très bien réalisé et sa musique bien nerveuse colle parfaitement à l’action. Il ne lui manque qu’une meilleure ergonomie pour son menu et un mode online pour atteindre les sommets du jeu indépendant.
LES PLUS
- Les graphismes en pixel art sont détaillés et variés
- La bande-son colle très bien aux matchs
- Les effets sonores sont rigolos et ne lassent pas sur le temps
- Le contenu avec les modes Story, Versus, MVP Hunter et défi est bien présent
- Le gameplay est simple, mais complet et efficace
- La prise en main est immédiate
- Les niveaux bonus avec le paintball, le mode zombie ou encore le mode cristal sont très variés
- La diversité des personnages et de leurs attaques est importante
- Les skins de personnages et d’armes sont nombreux
- La possibilité de jouer jusqu’à six joueurs est un vrai plus
- Les options de personnalisation sont bien pensées
- Le prix de 13 € est cohérent avec le contenu
LES MOINS
- L’ergonomie du menu, surtout en multi, est à revoir
- Il manque un mode en ligne pour être vraiment complet
- L’aire de portée de la frappe ne s’affiche que pour le joueur un
- Il est impossible de se donner un nom en nom et tout le monde possède alors le même
- Les modes Story et MVP Hunter ne sont pas jouables à plusieurs