Un mois après la (re-)sortie sur Switch de Tempest 4000 (un incroyable jeu pour tous les amoureux du high score, de l’arcade à l’ancienne et d’effets visuels de folie), Atari a le vent en poupe et nous propose avec un aplomb qui fait plaisir le Kombinera qui nous intéresse ici : un jeu de billes mâtiné de puzzle game particulièrement brut de décoffrage !
Marble Madness, le retour ?
De la part d’Atari, il faut quelque part du courage et être sûr de son fait pour soutenir un jeu aussi minimaliste. Scrutez par vous-même, d’un œil affûté, les screenshots : des billes de couleur sur fond noir, un level design élémentaire au premier coup d’œil et un tableau par écran…
Le but est de faire se rencontrer toutes nos billes en les combinant toutes ensembles. Et le concept de Kombinera est tout aussi simple qu’imparable : nos billes à différents endroits du tableau bougent de concert, font toutes le même mouvement (roule ou saute) et ce, dans la même direction. En tout cas, pour les billes de base, vous verrez qu’il en sera tout autrement au fil du jeu.
Cela a l’air de rien mais tout Kombinera joue sur cette idée du « tout qui bouge en même temps », le genre de jeu qui va rapidement vous obliger à avoir l’œil (décidément affûté) partout pour surveiller votre colonie de billes.
Quand il y en a 2, des billes, ça va encore mais quand il y en a 5, bonjour les dégâts. Nous vous laissons le soin d’imaginer le délire sensoriel dès lors qu’il y a des obstacles, des pics et des pièges en tout genre. Pour vous donner une idée des possibles, nos billes peuvent arborer, toutes fières qu’elles sont, des couleurs leur conférant à chacune un pouvoir. Si notre sphère est toute rouge, elle pourra rouler sur les pics rouges sans danger. Si elle est verte pomme, elle sera immunisée contre les tirs (verts eux aussi, histoire de bien vous faire comprendre qui va avec quoi) et si elle est jaune, elle décanillera les briques jaunes lui faisant obstacle et ainsi de suite…
Les murs trop haut sont des alliés non négligeables puisqu’ils nous permettront de bloquer une bille contre sa paroi, pendant que l’autre bille gambade joyeusement dans les coursives, et d’éviter ainsi de nous disperser. Les billes peuvent aussi fusionner et profiter de plusieurs pouvoirs en même temps. A nous de faire les bons choix : fusionner une bille trop tôt ou trop tard peut en effet avoir des conséquences fâcheuses.
Autant le dire de suite, Kombinera n’est pas un petit jeu qui vous comblera une paire d’heures ; le genre « hop, passons vite au jeu suivant », ce que nous réserve la plupart des productions Switch à plus ou moins petit prix. Kombinera offre 300 niveaux répartis sur 8 chapitres dantesques. Si les 50 premiers s’enchaînent de manière fluide, avec parfois quelques avertissements et un plaisir non dissimulé devant un concept tout frais, la suite va se faire un peu plus hirsute. Vous allez être confrontés à une difficulté qui va vous piquer au vif, voire, si vous n’avez pas l’habitude de ce genre de jeu, vous marquer au fer rouge ! Nous pensons notamment à un niveau en particulier qui va affoler le compteur de morts et transformer de manière définitive Kombinera en die-and-retry hardcore.
Le niveau 61
Le niveau 61 est une sorte de point de non-retour et se joue au centième et au millimètre près. Il va vous faire écarquiller les yeux (et dilater vos pupilles dans le même temps) et modifier votre espace-temps et/ou votre propre réalité physique. Sueurs froide garanties et rythme cardiaque au ralenti avant grosse secousse d’adrénaline. Le passer est une sorte de premier trophée personnel, une victoire sur vous même. Vous êtes prévenu à jamais.
Pourtant, une fois que vous l’aurez passé, la suite ne sera pas aussi rude (enfin, pas toujours), elle ondulera en termes de difficulté comme les montagnes russes d’un grand huit. Les débuts de chapitre sont en effet « easy to play » : ils introduisent souvent une nouvelle bille et une nouvelle possibilité, en plus d’un possible nouvel obstacle. Le jeu va tout faire pour vous prendre par la main puis faire augmenter tout doucement la difficulté… Avant de vous faire comprendre qu’il vous manque un sixième sens ou quelques algorithmes au cerveau. Cette difficulté yo-yo n’est pas un défaut car d’une, le jeu est captivant même dans les moments les plus simples et reste hautement captivant dès qu’il nous rentre dans le lard, et de deux, rien ne vous empêche si vous êtes bloqué, ou quelque peu découragé, de rejouer les précédents niveaux…
Les billes vs. Le cube
En effet, Kombinera excelle pour ce qui est de nous faire rejouer en proposant des carottes d’une simplicité imparable et d’un goût de « reviens-y » parfait. Nous pouvons battre les records de temps du jeu, qui mine de rien titillent bien notre envie de les battre (le fameux centième près) ou de récupérer sur des niveaux clés des couronnes disposées dans des endroits impensables.
N’importe quel jeu propose ces astuces, histoire de rallonger facilement le temps de jeu, mais là, sur Kombinera, ce temps de jeu apparaîtra vite comme secondaire puisque quelque part vous n’êtes pas prêt ou sûr d’en voir le bout. Comptez dix heures pour voir la fin si vous avez un Q.I de prix Nobel de science physique, 10/10 à chaque œil et que vous roulez fréquemment sur les jeux avec des réflexes de fou furieux… Plus, bien plus (une vingtaine, une trentaine, une quarantaine ?) pour tout joueur constitué de réflexes un peu rouillés mais brave.
La mort vous va si bien, le retour
Sachez qu’il existe des trophées internes dont un, à-priori improbable, qui célèbre la 9 999ème morts ! Ne pensez pas que c’est irréalisable, à moins que vous ne vous découragiez avant, c’est un chiffre que vous allez peut-être ou certainement atteindre avant de voir la fin du jeu.
A noter que les sticks analogiques de joy-con sont un poilounet trop sensibles et forcément imprécis. Le jeu reste jouable, mais passé la centaine de morts précipitées, la faute au millimètre trop loin, vous rapatrierez vos doigts potelés sur un pad pro (fait forcément pour les pros).
Un point sur la partie artistique : tout est assumé et cela fait un bien fou. Musicalement, c’est une boucle sonore hypnotique, insaisissable. Difficile même de dire s’il y a plusieurs thèmes. Elle a son petit caractère, reste ancré dans notre cerveau bien après la partie et a l’avantage de nous permettre de nous concentrer sans nous lasser, sans endormir et surtout, sans agacer.
Graphiquement, le jeu (développé par un petit studio, nommé Graphite Lab et n’ayant que peu de rapport avec la maison d’édition) fait le lien avec les tous premiers jeux d’Atari : le fameux fond noir, les couleurs primaires avec pour seules excentricités, une pointe de psychédélisme pour les cinématiques… Rien de sexy en soi mais c’est quelque part un pacte que le jeu propose au joueur.
D’après Léopold Barré dans son livre « le JV, l’art qui abat le réel » (un livre qui défie lui-même le réel puisqu’il n’existe pas), l’abstraction et le figuratif sont les moteurs d’une révolution ludique qui n’en est encore qu’à ses débuts. En dehors ici de petites têtes de mort mignonnes signant votre dernier trépas, les afféteries habituelles n’ont pas leur place. Le pacte sérieux, exige que le joueur ne se concentre que sur le jeu et rien que sur le jeu. Et de vous concentrer, bon sang, sur cette bille rouge dévalant un escalier, alors que la bleue va droit dans les pics. Tandis que la blanche, elle, est en équilibre instable sur un pylône.
Conclusion
Avec son concept à la fois simple et imparable des billes qui suivent toutes le même mouvement, alors qu'elles se trouvent à différents endroits du tableau, Kombinera étonne comme rarement. Sa difficulté et sa complexité en font rapidement un jeu de billes hardcore à base de die-and-retry énervé. Et pourtant même dans ses moments les plus sadiques, le jeu ne se réserve pas qu'à une élite. Il reste intensément ludique et hautement captivant (et puis diantre, ça finira bien par passer !).
LES PLUS
- Un concept simple et imparable
- 300 niveaux pour une durée de vie énorme
- Le haut du panier dans le genre puzzles
- Un challenge en acier trempé
- Musique hypnotique au diapason avec le jeu
LES MOINS
- Il faut aimer le minimalisme de la chose
- Les joy-cons à proscrire
- Gare au découragement !
- De très rares bugs (comme une bille qui sort du niveau)
c est moche
c est moche comme toujours
Si tu dis deux fois c’est moche sur le même article, le jeu va pas changer entre deux commentaires
super jeux j’adore
vraiment challenge en acier trempé
@fire_akuma…malheureusement il faut de tout pour faire un monde