Sortie il y a plus de 10 ans, mais pas en France, .Hack//G.U. Last Recode est une compile qui reprend les 3 jeux de la saga tout en rajoutant un quatrième jeu pour compléter tout ça. Mais plus qu’une compile, un travail graphique a été fait, et surtout… Une traduction française ! Préparez votre meilleur avatar, votre plus belle paire de doubles lames, c’est parti pour .Hack//G.U. Last Recode !
Un gros projet transmédia
Avant de nous lancer dans l’explication en elle-même du jeu, nous sommes obligés de vous remettre en contexte la licence. La licence .hack est l’une des premières grosses licences pensées comme transmédia. Derrière ce mot barbare se cache tout simplement le fait qu’une licence soit réfléchie sous plusieurs formats. En France, nous avons comme exemple Dofus / Wakfu qui ne sont pas seulement des jeux vidéo.
La saga .hack se décline en plusieurs histoires. Nous avons eu, dans un premier temps, le Bracelet du Crépuscule, qui correspond à The World R.1. Suite à cette histoire, l’univers a été rebooté et mis à jour pour devenir R.2, qui sera donc l’univers de .hack Conglomerate, correspondant à la séquelle de .hack et donc notre univers pour cette compilation. La licence se décline en plusieurs médias : .hack//G.U. le jeu vidéo, mais aussi .hack//Roots l’animation, 6 mangas ont été produits au Japon, 2 novels, et même un Drama audio. Nous reviendrons dessus, mais le tout forme une histoire complète et cohérente.
Une histoire qui en inspire d’autres
Dire que Sword Art Online s’est inspiré de .hack ne serait pas tiré par les cheveux, tant cette licence est similaire dans le contexte (vous comprendrez quand vous serez au second jeu de cette compilation), mais plus axée harem. La licence .hack nous place dans un monde numérique appelé The World. C’est un MMO tout ce qu’il y a de plus classique : nous avons notre avatar, nous lui attribuons une classe, il prend des niveaux, apprend de nouvelles techniques, on l’équipe avec de nouvelles armes et armures, bref, un MMO tout ce qu’il y a de plus classique. La première histoire nous faisait accompagner Kite, qui cherchait à comprendre pourquoi des gens tombaient dans le coma en jouant et ne pouvaient plus en sortir. À la suite de cette histoire qui est retracée dans une série de jeux (disponible sur PS2 en français), The World fut rebooté et une nouvelle version vit le jour : The World R.2.
The World R.2. corrige normalement ces bugs qui affectaient certains joueurs et qui les plongeaient dans le coma. Nous commençons donc cette nouvelle saga avec Haseo, un manieur de doubles lames qui vient tout juste de s’inscrire sur le jeu. Il se fait aider par 2 personnes qui lui expliquent comment jouer, ce qui nous sert de tuto, mais une fois le coffre de fin de donjon trouvé, ces deux nouveaux « amis » se retournent contre lui et essayent de le tuer. Ce sont des PK (Player Killer), un fléau présent dans The World R.2. Haseo fut sauvé par Ovan, un homme mystérieux, qui finit par l’inviter dans sa guilde « Brigade du Crépuscule ». Cependant, toute l’histoire liée à cette brigade n’est pas présente dans le jeu. Pour la connaître, il faut alors regarder la série .hack//Roots, non présente dans le jeu. Distribuée par Beez, elle est plutôt compliquée à trouver actuellement car les DVD ne sont plus distribués, et ce n’est présent sur aucune plate-forme, dommage. Mais pour résumer rapidement, Haseo, au sein de la brigade, décide de gagner beaucoup de niveaux et devient un PKK (Player Killer Killer), un tueur de PK. Il est redouté de partout et connu comme « La terreur de la mort ». Lors de Roots, Shino, une amie rencontrée dans la brigade du crépuscule, se retrouve attaquée par un certain « Tri-Edge ». Suite à cette attaque, Shino se retrouve dans le coma et ne se réveille pas.
Haseo part alors à la recherche de Tri-Edge pour le vaincre et sauver Shino. Il devient cynique, solitaire et obnubilé par Tri-Edge. L’histoire du jeu reprend alors qu’Haseo retrouve enfin Tri-Edge. Ce dernier l’attaque et lui fait un « Drain de données », ce qui par chance ne met pas Haseo dans le coma, mais le rebascule niveau 1 sans rien. C’est même un reboot complet de son compte qui a été effectué : il perd tous ses messages passés, même ceux avec Shino. Il reprend alors le jeu niveau 1 et doit remonter son personnage tout en cherchant des informations sur Tri-Edge. Rapidement, il va se lier d’amitié (dans un premier temps, ils vont se lier avec Haseo jusqu’à ce qu’il accepte de leur faire confiance) avec Silabus et Gaspard, mais aussi avec Atoli, une jeune femme qui a un avatar qui ressemble trait pour trait à Shino, ce qui à la fois fascine mais énerve Haseo. Il faut aussi qu’Haseo esquive, et surtout survive, par rapport au fait qu’il était le plus grand PKK. Les PK qu’il a auparavant tués sont maintenant au courant qu’il est devenu faible et veulent lui faire la peau.
Au cours de ce premier jeu, nous allons en apprendre plus sur tout ça, avec l’apparition des « Avatar », une transformation du personnage du jeu en une sorte de méca géant. Ces avatars sont liés à des personnages spéciaux du jeu, on ne sait pas vraiment qui et pourquoi ils le sont, mais leurs rôles sont d’affronter et d’éliminer des bugs qui sont capables tout comme Tri Edge de drainer les données, voir de mettre dans le coma.
Un MMO(ffline)RPG
Côté gameplay, .hack//G.U. reprend absolument tous les codes du MMO jusqu’à simuler un bureau virtuel. Sur ce dernier, vous pouvez consulter des mails, changer votre fond d’écran, regarder d’anciennes vidéos, des informations sur vos contacts, accéder à des forums, un site web d’actualités. Plutôt complet, il ira jusqu’à vous faire lancer une page d’accueil de The World, avec la possibilité de lancer le jeu ou de consulter le forum officiel.
Une fois lancé, vous allez alors vous retrouver dans un MMO tout ce qu’il y a de plus classique : un hub central qui est la ville de base avec des points de téléportations pour aller vite. Vous débloquerez même une moto pour vous déplacer plus vite. Vous y retrouverez des boutiques, des NPC et des joueurs ; ces joueurs, bien sûr, sont des personnages du jeu, mais se déplacent, sont divers, chacun a ses dialogues, mais aussi la possibilité de faire des échanges pour avoir de nouveaux objets. Vous aurez accès à votre espace de guilde aussi, qui vous donnera des quêtes et des possibilités de craft d’objets (plutôt léger).
Mais globalement, le jeu est principalement un visual novel interactif. Les phases de dialogues, de vidéos et d’histoire sont la plus grosse partie du jeu. La partie RPG est, elle, plutôt fade en 2022. Si à son époque de sortie en 2006 le jeu était dans les standards de l’époque, c’est un peu plus compliqué aujourd’hui.
Les donjons sont disponibles via l’association de 3 mots. Ces mots sont soit obtenus quand vous avancez dans l’histoire, soit en récompense de donjons. Les donjons vont avoir 2 objectifs différents : atteindre un coffre final ou bien battre un boss final. Au cours de votre avancée, vous allez découvrir la carte au fur et à mesure que vous avancerez dans les zones. Chaque zone va souvent comporter 1 ou 2 groupes d’ennemis. Quand vous avancez vers un groupe d’ennemis, un combat va alors se déclencher. En général, c’est 3 ennemis contre votre équipe de 3 personnages. Aujourd’hui, vous contrôlez Haseo qui va alors avoir un panel énorme de coups… Non on déconne, attaque faible, attaque forte, coups spéciaux et c’est tout. Ah si ! Vous pouvez faire une attaque chargée. Oui, vous l’aurez compris, les combats ne sont pas palpitants. Surtout quand on prend en compte que le jeu est finalement très voire trop bien dosé, si vous avez 3-4 niveaux en dessous des adversaires alors vous ne ferez presque pas de dégâts et vous prendrez très cher. Et au contraire, si vous avez 3-4 niveaux au-dessus de votre adversaire, vous serez presque invincible et vous finirez les ennemis en 2 coups.
Souvent, ces donjons sont des prétextes à faire avancer l’histoire. D’ailleurs, le premier jeu a tout une partie de son scénario qui se déroule dans l’arène, un environnement qui simule des combats PvP dans ce MMO hors ligne, toujours en 3 v 3, mais avec malheureusement ce même niveau de difficulté, trop simple ou trop dur, mais rarement challengeant. Il en va de même pour les combats contre les bugs, ces derniers se dérouleront différemment des combats normaux, mais ils seront globalement très simples. Rarement amusantes, ces phases de combats, que ce soit en arène ou contre les monstres, sont plutôt ennuyantes avec une redondance qui devient très rapidement lassante, ou en tout cas va devenir très « automatique ». Mais nous avouons quand même que plusieurs fois, nous nous sommes amusés à aller XP juste pour être plus fort, même si ce n’est pas obligatoire.
Un beau portage
Globalement, quand on compare le jeu à l’original sur PS2, la qualité du portage est de bonne facture, sans avoir bien évidemment refait l’intégralité du jeu. Les personnages sont plutôt bien modélisés. Pour le coup, en mode portable sur Switch c’est très agréable à l’œil, les décors et les niveaux seront cependant plutôt vides, et des textures un peu pixelisées et vieillottes, mais là encore c’était du niveau de l’époque. Dommage que tout le jeu n’ait pas subi le même traitement visuel, mais après autant d’années le jeu reste vraiment agréable à jouer.
En termes de fluidité et de gameplay, ça fonctionne aussi très bien. Nous subirons un peu les phases à moto en ville ou dans les donjons à cause des virages horribles, mais heureusement ce n’est pas réellement obligatoire. D’ailleurs, le gain de temps procuré est quand même à débattre.
Nous regretterons des mécaniques de jeux vieillotes et peu pratiques de nos jours, le jeu est découpé toujours de la même manière. Vous allez arriver dans The World, vous allez inviter 2 amis dans votre groupe, aller dans un donjon, avoir une saynète avec moteur in-game (souvent une phase de dialogues un peu longue), puis vous recevrez un mail. Le malheur dans cette histoire, c’est qu’on ne peut pas consulter nos mails depuis The World, il faut se déconnecter pour atteindre le bureau. Nous allons alors subir cette phase de déconnexion/reconnexion très, très, très souvent. Pour le coup, ça augmente forcément le côté immersif d’être un joueur qui lance son jeu, mais ça augmente aussi la lassitude côté joueurs 2022.
Musicalement, nous sommes dans l’un des meilleurs travaux entendus dans un jeu Cyberconnect 2, et même aujourd’hui encore, ces musiques collent à chaque fois au moment de l’histoire. C’est toujours dans le ton et accompagne totalement le côté dramatique de l’histoire. Car malgré certains moments un peu fun, globalement c’est un jeu plutôt tendu. Quand nous pensons que tout va pour le mieux il y a souvent un truc pire qui arrive, c’est aussi ce qui nous scotche à cette histoire.
Concernant la durée de vie, comptez une quinzaine d’heures pour chacun des 3 premiers jeux, et 3-4h pour le quatrième volume exclusif à cette compilation. Si vous souhaitez faire l’intégralité des contenus de chaque jeu, vous allez alors rajouter un peu de temps. Malheureusement, avec cette compilation nous ne sommes pas vraiment incités à le faire, une fois terminé nous avons vite envie de passer à l’histoire suivante. Là où à l’époque il y avait presque 1 an entre chaque jeu, l’envie de pousser chaque jeu est vraiment optionnelle. La progression de votre héros et ses équipements sont transférés d’un jeu à l’autre, tout est pensé pour. Si jamais vous voulez juste vivre l’histoire, il y a un mode « triche » de disponible qui vous max votre personnage pour l’aventure.
Conclusion
À leur époque, les jeux .hack ont été décriés par leur découpe, devoir repasser à la caisse pour avoir une histoire complète, chaque jeu ne représentant pas vraiment une histoire de bout en bout. Corrigée par cette compilation, l’intégralité de l’histoire et même une partie bonus (le quatrième jeu), le tout sublimé par un lissage des textures, et surtout un texte français, font de cette compilation le meilleur moyen de vivre l’histoire d’Haseo. Nous irions même jusqu’à dire que la Switch est la plate-forme idéale pour vivre cette histoire. Il faut quand même savoir dans quoi on se lance quand on achète .hack ; c’est un jeu qui repose sur son histoire bien plus que son gameplay, ce dernier datant de la PS2 et donc accusant quand même un sacré coup de vieux. On se prendra rapidement au jeu d’être dans un MMO hors ligne, malgré le fait que le jeu subit les affres du temps dans ses mécaniques. Nous irons même jusqu’à lui pardonner sa boucle de gameplay connexion/déconnexion lourdingue tellement l’histoire nous prend dans ses bras et nous donne envie d’en savoir plus. Voir l’évolution d’Haseo, que ce soit en termes de puissance et de classe (il évolue comme dans tout MMO), ou même de mentalité, voir tous ces personnages qui gravitent autour de lui évoluer et surtout chercher à comprendre pourquoi ces bugs sont là nous fait passer un moment très plaisant, et l’envie de connaître la suite et de relancer donc le jeu est là.
LES PLUS
- L’histoire captivante, Haseo, quel personnage !
- Disponible dans une compilation avec l’histoire complète.
- Il y a même un quatrième jeu en plus qui nous fait revenir dans The World.
- Les musiques sublimes qui nous accompagnent tout du long.
- Entièrement traduit en français, un bonheur après tant d’années d’attente.
- Voir l’histoire originale de Sword Art Online.
- Tout comme un MMO, mais sans les joueurs.
- Une histoire qui se vit en une cinquantaine d’heures.
LES MOINS
- Boucles de gameplay vieillottes et redondantes.
- Un système de combat efficace, mais peu intéressant.
- Des donjons vides de sens et d’intérêt.
- Aucune évolution technique ou de mécaniques d’un jeu à l’autre.
- Se connecter, voir qu’on a oublié de lire un mail, se déconnecter…
- Il faut aimer lire.
- Difficile de trouver l’anime .hack//Roots.
En fait la compilation est sorti sur ps4 il y a plusieurs années et elle était déjà traduite en Français ☺️