Comment faire pour écrire un test quand tout ce que vous allez écrire sera forcément contredit dans les commentaires qui vont forcément suivre ? Voilà la question à laquelle devra répondre tout rédacteur d’un test sur Boreal Tenebrae. Car le titre des Canadiens de Snot Bubbles Productions est tellement atypique qu’il ne pourra jamais faire consensus auprès des joueurs. Certains vont tomber amoureux de son ambiance et de son univers tandis que les autres vont tout simplement trouver les mêmes éléments insupportables. Notre mission va être de tenter d’être le plus neutre possible alors qu’il a fallu un pied-de-biche pour nous sortir le nez de notre écran, mais comme à l’impossible nul n’est tenu, nous savons que notre lectorat saura ne pas nous chercher querelle même s’il n’est pas entièrement d’accord avec les lignes qui vont suivre.
Un univers étrange et fascinant
Boreal Tenebrae est une expérience qui nous emmène dans la petite ville de Dusky River, une cité nichée au creux des montagnes qui a tout pour respirer la joie de vivre. Les habitants qui la peuplent sont un mélange d’humains et d’anthropomorphes, toutefois, il n’y a pas de haine entre eux et ce sont d’autres problèmes qui viennent troubler la paix de ce petit coin de paradis. Commençons par citer l’usine du coin qui voit ses revenus chuter et qui doit alors gérer les revendications syndicales pour ne pas fermer l’usine.
Mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt, car un autre phénomène, celui-là très étrange, a pris possession de notre petite bourgade. Ce phénomène a pour nom les parasites. Il n’est nullement question de bébête cherchant à prendre le contrôle d’un quelconque de nos organes ici, les parasites ressemblent à ce que nous pouvions observer sur nos téléviseurs hertziens, brouillant l’image que nous recevions. Le problème, c’est que ces parasites apparaissent en plein milieu du paysage, allant jusqu’à se matérialiser sous la forme de blocs parallélépipédiques.
Dans cette histoire déjà bien étrange, nous commençons, et ce n’est qu’un début, par incarner Bree. Celle-ci recherche désespérément sa sœur, Sarah, qui a disparu à l’intérieur de l’un de ces cubes. Mais avant cela, cette sœur, pas forcément bien-aimée, était comme fascinée par les phénomènes de parasites et avait commencé à en faire un sujet de recherche tournant à l’addiction. Mais pour mener à bien son enquête, Bree pourra prendre le contrôle de nombreux personnages via des DVDs qu’elle trouvera le long de son chemin.
Nous découvrirons alors, sous différents points de vue, la vie des habitants que nous côtoyons. À nous alors de les aider à mener à bien la mission qu’ils se sont fixés pour arriver au fin mot de cette histoire. Sauf que le fin mot, nous ne le découvrirons pas. Sans que ce ne soit jamais mentionné sur la fiche e-shop, Boreal Tenebrae n’est que le premier acte d’une série. Autant dire que le choc fut violent après les quelques heures passées à déambuler dans ce monde si étrange.
Un monde oignon fait de couches
Ce monde qui nous accueille, est en grande partie responsable de notre attirance pour lui. Il mélange plusieurs niveaux de réalité. Le premier niveau, celui dans lequel nous pourrions évoluer, avec ses personnages normaux, dans le cas où l’anthropomorphisme est associé à la normalité bien sûr, le second niveau, nous envoie dans les mêmes lieux, sauf que ceux-ci sont soumis à l’influence néfaste des parasites. Y vivent des êtres déformés par le remord de leurs actes. Le dernier niveau est celui d’un fantôme ou celui d’un rêve, allez savoir.
Chacun de ces personnages évolue dans un niveau différent, mais des passerelles existent et, surtout, chaque élément que nous ramassons peut être utilisé par n’importe lequel de nos avatars. À nous de savoir naviguer à travers tous ces plans en utilisant correctement les items que nous avons ramassé ou récupéré un peu, beaucoup, au petit bonheur la chance. C’est sans doute l’un des points qui fera le plus débat avec le titre des Canadiens. Il faut à la fois abandonner toute logique pour progresser et, en même temps, suivre un trajet assez balisé dans lequel il est difficile de faire un faux pas. De plus pour aider le joueur perdu, une indication nous permet de savoir dans quel DVD nous devons plonger.
Il n’existe pas non plus de vraies énigmes au sens point’n click du terme, tous les éléments se combinent très facilement. Boreal Tenebrae est davantage une expérience narrative qu’un jeu d’aventure. Nous naviguons à vue dans ce monde étrange sans jamais rien y comprendre, ni en avoir les codes. Au fur et à mesure de notre avancée, certains éléments se mettent en place, mais la fin en cliffhanger nous laisse avec encore beaucoup de questions, et si le tarif de lancement de 2 € est tout à fait raisonnable pour attendre la suite, le plein tarif de 7 € s’il est reconduit pour les actes suivants, laisse présager d’un tarif complet bien plus conséquent.
Une technique parasitée
Cette ambiance si particulière de Boreal Tenebrae tient aussi beaucoup à sa partie graphique. Le mélange envoûtant de pixel art, de décor en low poly et d’images digitalisées offre un contraste qui renouvelle constamment notre vision du jeu et du monde dans lequel nous évoluons. Nous ne savons jamais à l’avance sur quoi nous allons tomber. Entre un monde actuel en proie au doute, mais recevant encore la lumière du jour, un monde sombre aux teintes vermeilles pour finir par un monde de rêve aux effets lumineux réconfortant, la surprise est toujours présente durant notre aventure.
Il en va de même pour la bande son, les sonorités douces et apaisantes laissent place à des pistes discordantes qui mettent très mal à l’aise sans parler de la voix d’un chanteur qui semble venir d’outre-tombe pour nous filer des cauchemars. Le tout est toujours adapté à ce qui se passe à l’écran et renforce toujours le propos des développeurs.
Les contrôles sont efficaces et demandent assez peu de manipulations de notre part, les seuls écueils auxquels nous seront confrontés concernent des petits bugs, dont un faisant freezer notre partie lorsque nous décidons de ne pas monter dans notre véhicule. Toutefois, les sauvegardes automatiques, très nombreuses, rendent ce bug très peu gênant et les autres concernent des petits problèmes de traduction. Rien de bien méchant.
Conclusion
Avec un univers complexe et une ambiance soignée, Boreal Tenebrae du studio canadien Snot Bubbles Productions, a un côté envoûtant qu'il est très difficile de quantifier. Certains l’adoreront tandis que d'autres le lâcheront dès les premières minutes. Il n'en reste pas moins un jeu aux mécaniques de point'n click simples qui se parcourt facilement, mais qui laisse sur sa faim le joueur en l'attente d'un épisode 2. Et si le rédacteur de ce test n'a pas su quitté sa Switch avant d'en arriver à ce cliffhanger, il vaut mieux profiter du prix de lancement de 2 € pour tester cet ovni à la narration si particulière.
LES PLUS
- L'aspect graphique mélangeant pixel, low poly et images digitalisées est envoûtant.
- La bande son, très particulière, est toujours adaptée à ce qui se passe à l'écran.
- La prise en main est immédiate.
- Les puzzles à résoudre sont vraiment très simples et ne bloquent jamais la narration.
- La narration est très complexe et jamais nous ne pouvons prédire ce qui va nous arriver.
- La variation des réalités et des personnages enrichit énormément l'histoire.
- Davantage une expérience narrative interactive qu'un jeu vidéo.
- Entièrement traduit en français.
LES MOINS
- Aucun challenge n'est à attendre de Boreal Tenebrae.
- Des petits bugs sont à noter.
- Les aspects graphiques et sonores ne plairont pas à tous les joueurs.
- Mais pourquoi nous faire attendre un épisode 2 !