Si pour la plupart d’entre nous, la première expérience avec Sherlock Holmes fut la lecture obligatoire de, disons au hasard, le chien des Baskerville en classe de quatrième, d’autre ont pu découvrir ce magnifique personnage via le jeu vidéo. Car oui, Sherlock Holmes est un personnage qui fascine, et cela, depuis sa création par Sir Arthur Conan Doyle en 1887. Ce détective bohème et excentrique qui ne s’agite que pour les bonnes enquêtes est toujours autant charismatique peu importe le format de son adaptation. Les jeux d’aventure dans lesquels il est le héros ne font pas exception, et si leur forme a beaucoup évolué depuis sa première apparition en 1984 sur ZX-Spectrum, leur fond est toujours de mener notre détective préféré, désolé Arsène, vers la solution de l’énigme. Il est maintenant temps de voir si l’arrivée du dernier épisode sur nos Switchs est à la hauteur de la réputation de son protagoniste principal.
Please let me introduce myself
L’arrivé de Sherlock Holmes the Devil’s Daughter sur nos Switchs est l’occasion de poursuivre l’aventure commencée avec le très bon Crimes and Punishments. Utilisant le même moteur, à savoir l’Unreal Engine 3, il tente toutefois de renouveler notre expérience de jeu en ajoutant de nouvelles mécaniques de jeu ainsi qu’une histoire que nus suivons en fil rouge tout aux longs des cinq enquêtes que contient cet opus. Ces choix, ont-ils étaient judicieux ? L’inspecteur Lestrade, aura-t-il son moment de gloire ? Enola et Mycroft, seront-ils de la partie ? Et surtout, Watson va-t-il enfin conclure avec Mme Hudson ? Beaucoup de questions qui trouveront une réponse dans ce test, ou pas.
Nous débutons notre aventure dans le salon de Sherlock, celui-ci est en proie à l’une de ses phases de dépressions dues à un manque d’enquête digne de ce nom. Heureusement pour lui, arrive chez lui sa nouvelle voisine, Miss Alice De Bouvier, accompagnée d’un jeune garçon, Tom, dont le père a disparu. L’occasion de résoudre un mystère est trop tentante pour notre détective. Et c’est ainsi que se lance notre nouvelle aventure. Si les enquêtes n’ont pas de fil conducteur, les intermèdes faisant intervenir notre nouvelle voisine ainsi que notre fille adoptive, Katelyn, rythmeront jusqu’à son dénouement cet épisode.
Chacune des enquêtes qui nous sont confiées a sa propre histoire et ses propres lieux à explorer. La seconde nouveauté de cet épisode est que nous pouvons désormais parcourir les rues de Londres pour nous rendre d’un point à un autre plutôt que d’utiliser le fiacre. L’immersion est plus importante que dans l’épisode précédent et la modélisation de certains quartiers que nous traversons rend parfaitement l’ambiance victorienne de la capitale anglaise. Il faut toutefois noter que les temps de chargement sont relativement nombreux est hachent sérieusement notre progression.
La nouveauté dans la continuité
Alors que le précédent opus des aventures de Sherlock Holmes avait opté pour des enquêtes sans aucun rapport, les unes avec les autres, l’ajout de ce fil rouge à nos péripéties est un petit plus qui donne un peu plus de corps au titre de Frogwares, même si cette histoire est cousue de fil blanc. C’est d’ailleurs l’un des écueils que nous pouvons faire à l’ensemble des enquêtes qui nous sont proposées, très rapidement, nous voyons arrivé à des kilomètres l’identité du responsable des exactions sur lesquels nous cherchons à mettre un nom.
Dans le même ordre d’idées, nous sommes, comme dans l’épisode précédent, trop pris par la main et les enquêtes se déroulent assez linéairement sans vraiment atteindre un pic de difficulté. Chaque élément important de notre enquête est indiqué par un rond. Sa couleur changera en fonction de la complétion, ou non, de son étude. Ces indications visuelles nous permettent d’avancer sans jamais rien oublier d’important. Cela fluidifie certes notre avancée, mais cela la simplifie grandement aussi, tout comme les apparitions des capacités à utiliser.
Nous retrouverons aussi d’autres visages connus dans ce Devil’s Daughter. Il y a d’abord Wiggins, le jeune garçon qui réalise différentes tâches pour Sherlock. Il devra ici réaliser une filature dans les rues tortueuses de Londres. Ces interventions donneront lieu à des minis jeux. Ceux-ci parsèment le déroulé de notre aventure avec plus ou moins de succès. Si envoyer à l’aide sticks gauche et droit, deux ronds dans les cibles, pour garder l’équilibre de Wiggins lors d’un passage dangereux sur les toits, est à la fois court et intense, devoir se coltiner une partie de Boulingrin de plusieurs minutes est franchement casse-pieds, même si, là encore, l’immersion dans la vie de Sherlock s’en trouve approfondie. Notons qu’il est possible, selon notre humeur et notre envie de progresser dans le jeu, de zapper ces mini-jeux.
Les phases d’observation sont toujours présentes dans cet opus. Dans celles-ci, nous devons user des talents d’Holmes pour tirer des conclusions à partir des éléments ressortant d’une physique et de la tenue d’un protagoniste. Deux nouveautés pointent agréablement le bout de leur nez. Il y a d’abord la nécessité de faire des choix sur certaines observations. Les yeux rouges de ce personnage, sont-ils dus à la maladie ou à une fatigue ? Notre choix permettra d’influer, ou non, dans le bon sens le reste de nos déductions.
La seconde nouveauté tient à l’ajout d’un niveau de difficulté. En mode enquêteur chevronné, ces phases d’observation seront soumises à un timer de quelques secondes. Heureusement pour nous, ces quelques secondes seront en temps ralenti. Si elles ne posent pas de grosses difficulté pour un New Game, le challenge est plus difficile à tenir lors d’une première tentative. La tension qui en découle est la bienvenue pour les amateurs du genre qui avaient trouvé dans Crimes ans Punishments une aventure indigne de leurs talents.
Du choix naîtra la connaissance
Une partie importante de notre aventure consistera en la mise en relation de toutes nos preuves grâce à la mécanique déjà bien en place d’association d’idées. Chacune de ces associations créera une synapse, là encore nous avons, pour certains, la possibilité de choisir l’orientation de notre conclusion, et en fonction de nos choix, nous finirons par découvrir le réel coupable. Une fois celui-ci découvert, plusieurs choix moraux s’offriront à nous, c’est sans doute l’aspect le plus réussi des opus signés Frogwares. Nous permettre de décider du sort du suspect est extrêmement immersif.
Pour le reste, nous retrouvons les phases de dialogues avec des choix à faire et des interventions, sous forme de miner QTE, qui nous demandent alors d’utiliser l’un des indices récupérés pour justifier notre choix. C’est encore une fois une réussite. Il nous faut constamment être attentif au dialogue et aux indications à l’écran pour ne pas rater l’appui sur la touche demandée lorsqu’elle apparaît.
Ce n’est pas si simple, car de manière générale, sans atteindre des sommets, le doublage est toutefois convaincant. Entièrement traduit et doublé en français, Sherlock Holmes the Devil’s Daughter est un titre qui se laisse écouter tout au long de la grosse quinzaine d’heures nécessaire pour venir à bout des cinq énigmes et de l’épilogue. La bande son est de qualité même si elle se fait très souvent discrète par rapport au bruit ambiant et aux conversations.
Mais la dernière réussite à signaler pour ce portage tient à la partie graphique. Le portage du titre de Frogwares, datant de 2016 et tournant sous Unreal Engine 3, arrive sur Switch dans une version quasi-identique à celle de base. Les personnages ont une modélisation de bonne facture et l’effort mis sur les visages et sur la transcription de leur émotion est palpable. De même, les effets de lumière sous très réussit et il n’est pas rare de s’arrêter en plein milieu d’une rue londonienne pour observer le jeu des rayons du soleil dans le feuillage d’un arbre.
La possibilité qui nous est offerte de pouvoir déambuler librement de l’appartement de Sherlock jusqu’aux bas-fonds du quartier de Whitechapel nous permet aussi d’apprécier le travail fait par les développeurs pour la reconstruction de ce Londres Victorien. Nous regrettons toutefois que la crasse en soit absente et que le tout ai un air un peu trop passé au polish. Le seul problème est que pour un tel résultat, les temps de chargement sont assez invasifs. Heureusement, pour réduire leur impact, les trajets en calèche nous permettent de « travailler » notre inventaire et notre bibliothèque mentale.
Conclusion
Après le très réussit Crimes and Punishments porté récemment sur nos Switchs, les développeurs de Frogwares nous offre le portage d'un second épisode qui ne cherche pas à révolutionner la formule gagnante, mais qui lui apporte de petits ajouts vraiment réussit. Nos choix n'ont jamais eu autant d'importance pour mener à bien nos enquêtes. Et si nous pouvons regretter que le titre nous porte toujours autant sur ses épaules en nous fournissant de nombreuses indications, il n'en reste pas moins que ce Devil's Daughter est un très bon jeu d'enquête à l'ambiance très soignée, aux mécaniques parfaitement huilées et aux graphismes impeccables. Les amoureux du détective anglais peuvent se jeter les yeux fermés sur cet opus en espérant que le suivant arrivera lui aussi sur nos consoles hybrides préférées.
LES PLUS
- Les graphismes sont vraiment magnifiques.
- Les effets de lumières sont du plus bel effet.
- Les mécaniques fonctionnent et se complètent parfaitement.
- La portée de nos choix n'a jamais été aussi importante.
- Les décisions morales ajoutent beaucoup à l'immersion.
- Les mini-jeux apportent de la diversité à nos enquêtes.
- La narration est soignée pour chacune de nos enquêtes.
- La durée de vie d'une quinzaine d'heures est honnête.
- L'histoire principale en fil rouge est un ajout agréable.
LES MOINS
- Certains mini-jeux sont longs et répétitifs.
- Les temps de chargements sont invasifs.
- Trop facile pour les amateurs du genre.