D’abord attendu l’an dernier, le titre de Dual Effect et Abstract Digital avait de quoi allécher les fans de Survival Horror « à l’ancienne ». Le jeu a subi plusieurs reports sur Nintendo Switch, au point qu’on ne pensait peut-être pas le voir… Alors les développeurs ont-ils mis cette année supplémentaire à peaufiner ce portage sur Nintendo Switch ? Il est temps de prendre votre pied de biche, de lustrer votre bon vieux Shotgun et c’est parti pour une virée dans le manoir Wilberger à Winterlake…!
Resident Hill
Présenté comme un héritier de Resident Evil ou de Silent Hill, le titre s’avère être un bon petit mix des deux ! (Nous ferons certainement au long du test des comparatifs avec les sagas de Capcom et de Konami).
L’histoire nous propose donc de suivre les mésaventures de Caroline Walker, qui reçoit un beau matin un courrier avec une photo de deux jumelles et une adresse à Winterlake… La vue de la photo provoque un trouble chez elle et une force mystérieuse la pousse à se rendre à l’adresse indiquée pour en apprendre plus… Mais à peine a-t-elle pénétré l’immense bâtisse qu’un inconnu l’assomme… *Blackout* Caroline se réveille alors, nue, reliée à un respirateur, dans une baignoire… Terrifiée et en tenue d’Ève dans un local s’apparentant à une vieille salle médicalisée, notre héroïne extirpe le tuyau qui la reliait à l’antique machine… Prenant le temps de se vêtir, elle découvre alors avec horreur que… nous n’en dirons pas plus sur l’histoire ! Nous vous laisserons le soin de la découvrir.
Sachez que les habitués du genre devineront assez vite les grosses ficelles de l’histoire, néanmoins il faut avouer que malgré le côté « prévisible pour les habitués », il y a un véritable travail sur l’écriture et notamment tout le lore qui entoure l’histoire. Vous serez amené à lire beaucoup d’articles de journaux, documents, journaux intimes, … qui permettent d’apprendre / de comprendre, au fil de votre progression de quoi il en retourne… Les légendes et histoires évoquées dans certains textes sont très bien écrites et s’avèrent pour la peine, plutôt inédites. Les « candides » devraient très clairement y trouver leur compte !
Silent Evil
Présenté comme un retour au gameplay classique des Survival Horror, le jeu ne ment pas ! On retrouve parfaitement les mécaniques des titres « de l’époque », nous parlons donc là des Resident Evil sortis avant le 4, et des Silent Hill (surtout les deux premiers), sans oublier une petite pointe d’Alone In The Dark (qui était un peu le précurseur du genre)… Cependant le jeu a le bon goût de proposer 2 type de maniabilité: Le mode classique (aussi appelé Tank) que les baroudeurs du tout premier Resident Evil connaissent forcément; jouable à La Croix directionnelle et pour lequel appuyer vers le haut fait forcément aller vers l’avant quel que soit l’angle de caméra.
À cela s’ajoute la possibilité d’utiliser les contrôles dits « modernes » qui ont fait leur apparition dans le Remake de Resident Evil Rebirth. Jouable au stick analogique et plus à même de satisfaire les moins habitués au genre. Les déplacements et les phases de transition avec les caméras sont bien gérés évitant les allers-retours indésirables d’un angle à un autre. Le seul reproche que l’on pourrait faire, c’est de ne pas pouvoir utiliser le stick analogique avec les contrôles classiques (Tank)…
Pour le reste, la prise en main est très intuitive. Au niveau des phases de combat, c’est une touche pour mettre en joue et une autre pour tirer, il n’est par contre pas possible de tirer en avançant, toutefois notre personnage à la possibilité de faire un petit saut arrière pour esquiver. Cela permet de compenser tout en proposant une certaine modernité dans les mécaniques de combat. Il n’y a pas la notion de tirer vers le haut ou vers le bas, on tire forcément vers l’avant et ceux, même si les personnages qui nous assaillent nous arrivent en dessous de la ceinture… Pas d’inquiétude cependant, en cas d’agression, la pression sur la touche de visée orientera automatiquement le canon de votre arme vers votre agresseur et vous ferez forcément mouche.
Les déplacements se font donc via des caméras fixes et mobiles à la fois… Nous avons parfois droit à des angles un peu tarabiscotées et étranges, qui ne sont pas sans rappeler un certain Silent Hill… Par contre, il est arrivé une ou deux fois que certains angles rendent la visée un peu compliquée (dommage). Même si l’ensemble ne fait pas aussi maitrisé que dans les jeux dont il est inspiré, nous restons quand même globalement satisfaits !
La gestion de l’inventaire est sans surprise conforme à ce que nous attendons pour ce genre de jeu. Reparti en trois onglets, les objets (généralement à utiliser pour résoudre les énigmes), les ressources (où vous retrouverez vos armes, kits de soins et aussi bandes de sauvegarde) et enfin l’onglet documents (qui vous permettra de relire les différentes notes glanées çà et là, utiles pour résoudre les différentes énigmes que propose le jeu). Le fait d’aller dans l’inventaire permet de mettre le jeu en « pause » et donne également l’occasion de recharger vos armes plus rapidement en utilisant l’action « combiner ». Un petit plus sympathique, qui nous a sorti de quelques situations délicates, surtout quand les armes sont longues à recharger « manuellement » (il est bien évidemment possible de recharger en faisant viser + b).
Pour vous retrouver dans les environnements traversés dans le jeu, vous pourrez également compter sur des cartes, que vous récupèrerez au fil de vos pérégrinations. Celles-ci permettront de vous situer et mettront parfois en avant certains points d’intérêts. (nous avons juste noté une petite erreur au niveau de l’affichage des cartes, il est précisé que la touche de raccourci est le stick droit, mais dans la réalité c’est sur le stick gauche qu’il faut presser). Toutefois, la plupart des énigmes seront à résoudre en utilisant les notes et articles que vous ramasserez, mais aussi en faisant appel à votre sens de l’observation.
Même si certaines énigmes semblent un peu trop « capillotractées » elles suivent toutes une certaine logique et s’avèrent en finalité relativement faciles à comprendre. Mais à partir du moment où l’on accepte qu’un manoir fasse office de centre hospitalier suite à un incendie, on peut également accepter le sens de certaines énigmes… Le jeu fait d’ailleurs une bonne place aux énigmes et rappelle les remue-méninges de Resident Evil premier du nom. Cela s’accompagne, forcément, par des allers retours d’un point à un autre… Certains passages utilisant les miroirs et vous faisant voyager à travers (*bip*) ne sont pas sans rappeler le monde miroir de Silent Hill. Mais il est bon de souligner que ceux-ci peuvent être évités, par la présence de raccourcis (qu’il convient bien sûr de trouver et débloquer). Par contre, il s’avèrera la plupart du temps nécessaire de se débarrasser des monstres qui parcourent le manoir (quand ils sont mortels)… Ces derniers sont beaucoup plus vifs que des zombies et il est préférable de les éliminer pour déambuler dans les couloirs du manoir tranquillement. Vous pourrez compter par moment sur certains éléments du décor pour faire le « sale » boulot à votre place…
Le jeu bénéficie de très beaux effets de lumière (dont nous reparlerons plus bas) et il y a aussi certaines mécaniques de jeu jouant sur l’obscurité. Sachez que cette dernière pourra avoir des effets négatifs sur notre personnage… Le principal étant que dans le noir, il vous sera impossible d’y voir quelque chose… et donc de viser un éventuel ennemi qui se cacherait dans la pénombre (alors qu’eux n’auront aucun mal à vous toucher). Vous passerez d’ailleurs une bonne partie du début équipé d’un simple briquet (l’occasion de profiter des jolis effets de lumière), par la suite, celui-ci vous permettra d’allumer des chandeliers, salvateurs, dans certaines zones « habitées ». Vous pourrez ainsi vous équiper d’une arme pour renvoyer les âmes perdues d’où elles viennent…
L’occasion de parler très rapidement des armes disponibles… finalement peu nombreuses. Sachez que vous retrouverez un Pied de biche (idéal pour forcer certains passages et exploser certains crânes façon Harry Mason), une cloueuse à air comprimé modifiée qui fait office du traditionnel 9 mm, sans oublier le Fusil à pompe qu’il faudra fabriquer et ressemble plus à un « patator » artisanal, mais à l’efficacité redoutable ! Nous trouverons aussi plus loin une autre arme plus « électrique »… N’espérez pas trouver un lance-roquette par contre !
Comme tout bon Survival Horror qui se respecte, les munitions, kit de soins et autres bandes de sauvegarde seront disponibles en quantités limitées… Mais en vous débrouillant bien, vous ne risquez pas de vous retrouver à court ! Les sauvegardes d’ailleurs se font via des enregistrements sur des bandes magnétiques, l’occasion pour Caroline de débriefer sur son parcours alors que la progression dans le jeu est enregistrée.
Vous conviendrez que les références sont nombreuses tout en restant respectueuses et en apportant leurs subtilités, ce que nous avons trouvé fort appréciable.
Alone with the Cenobites
Il est temps de parler un peu de l’aspect général du jeu. Jusqu’à maintenant, le titre coche toutes les cases du Survival Horror classique, mais graphiquement… ça donne quoi ?
Eh bien franchement, les développeurs ont fait du très bon travail ! Nous avons été impressionnés par la belle gestion des lumières et des ombres (surtout dans les phases dans l’obscurité). Il y a un peu d’aliasing, mais dans l’ensemble c’est visuellement beau. Même si les textures semblent parfois un peu plus « fades », on reste dans quelque chose de très lisible. Les décors sont très bien travaillés et relativement variés et surtout, très fouillés. Les détails sont très nombreux et jamais l’affichage ne pêche. Nous avons même apprécié le fait de pouvoir lire nettement certaines affiches, ou couvertures de magazine à certains endroits.
Globalement, nous sommes dans un environnement baroque, assez proche du manoir de Resident Evil, avec les trophées de chasse au mur, les nombreux livres et autres accessoires bizarres qui trainent… Le Hall principal rappelle (un peu), celui du commissariat de Raccoon. On notera des temps de chargement (une dizaine de secondes) lors du passage des portes, mais cela permet de nous replonger encore plus dans les sensations de « l’époque ». Ce n’est pas forcément un choix volontaire des développeurs, mais cela ne nous a pas dérangé.
Un mot rapide sur le bestiaire du jeu qui n’est pas sans rappeler l’univers de Clive Barker (l’auteur notamment du cultissime Hellraiser). D’ailleurs il semble évident que le titre Tormented Souls s’inspire d’une gamme de jouets dont les cénobites composent la collection et s’appelle… Tortured Souls… L’un des ennemis nous a d’ailleurs fait penser à Talisac … Les autres sont pour la plupart cul de jatte ou en fauteuil roulant, mais toujours avec des énormes griffes pour nous lacérer le corps…
Nous regrettons par contre l’absence de réels Boss (sauf à la fin). L’un des adversaires faisant office de « mini-boss » devenant un ennemi normal plus tard dans le jeu… Attention aussi à l’un d’entre eux qui s’avère immortel… Même s’ils sont peu variés, ils n’en sont pas pour autant moins affreux ou dérangeants, nous aurions juste aimé un peu plus de variété… (mais cela reste tout de même très honorable pour un jeu qui reste « indé ».)
D’un point de vue sonore, l’ambiance globale est malsaine à souhait… Gare à certains jumpscares ou autres cris dérangeants… On recommande l’usage du casque pour en profiter pleinement !
D’un point de vue partition musicale, les compositeurs Nyxtheshield et Begoña a. Carrasco (qui signe ici sa deuxième performance dans un Jeu-vidéo) s’en sortent plutôt pas mal. La musique est relativement variée et colle généralement parfaitement bien à la situation… Angoissante, inquiétante et apaisante dans les zones de sauvegardes/détentes… Elle joue également un rôle d’avertisseur dans certaines situations… que nous vous laisserons découvrir. Toujours est-il que l’ensemble a été composé avec soin, pour participer pleinement à l’expérience de jeu.
Le jeu est graphiquement irréprochable et profite d’une bande son soignée, il n’en fallait pas plus pour profiter pleinement (et avec un peu la peur au ventre), de cette virée dans un manoir cauchemardesque ! L’ambiance globale du jeu est glauque, sombre, dérangeante… Le cocktail gagnant pour un jeu de ce type ! On espère d’ailleurs que le jeu connaitra une suite…
Conclusion
Encore une fois, un éditeur indépendant nous montre qu’il est possible de faire de belles choses sur Nintendo Switch ! Alors que la plupart des titres nous font jouer au chat et à la souris, Tormented Souls nous permet de rendre les clous (enfin les coups). L’hommage aux Survival Horror d’antan est bien là, tout en apportant sa petite touche personnelle. Véritable lettre d’amour en lettres de sang au nom des jeux dont il est inspiré, mais aussi des fans de Survival Horror, Tormented Souls est un incontournable du genre, à découvrir sans plus attendre sur Nintendo Switch !
LES PLUS
- Un véritable hommage aux Survival Horror de l’époque.
- Magnifiques effets de lumières.
- Hyper propre graphiquement.
- Prise en main immédiate et sans défaut.
- Durée de vie solide pour le genre.
- Une bande son aux petits oignons.
- Le prix ! (20 euros sur l’eShop).
LES MOINS
- Quelques défauts de traduction.
- Le manque de véritables Boss.
- Certains angles de caméra (rares) difficilement jouables.
- Le peu de cinématique.
- Les cinématiques sont (étonnamment) très aliasées et de mauvaise qualité.
Merci pour ce teste qui laisse une chance à ce jeu
Merci 🙂
Clairement, le jeu en vaut la peine surtout si l’on est fan du genre ^^