Ah les Metroidvania, c’est quand même cool ces jeux-là. On se délecte à s’y perdre, à en dénicher le moindre secret, multipliant les allers-retours toujours gratifiants. Pour peu qu’une bonne dose d’humour s’en mêle, des graphismes chamarrés ainsi qu’un gameplay nerveux se renouvelant constamment, et l’on risque fort, mais alors fort, fort, fort, de s’extasier benoîtement… Attendu depuis déjà un p’tit moment sur Switch, Blast Brigade vs. the Evil Legion of Dr. Cread nous laissera-t-il à notre tour béats, après avoir conquis les joueurs Steam ?
Tonnerre sous les tropiques
La mission s’annonçait pourtant des plus banales : un avion, une troupe d’élite surentraînée, puis le parachutage sur une île tropicale où sévit un savant fou à la tête d’une bonne vieille dictature. Mais comme dans les jeux vidéo, rien ne se passe jamais comme prévu – dans la vie réelle non plus, d’ailleurs -, nos paras se retrouvent séparés au cours du largage et dans la peau de leur chef autoproclamé, il nous incombe de botter les fesses de l’autocrate du coin. Ce qui d’emblée saute aux yeux ? L’humour, avec l’évidente volonté de parodier le cinéma d’action américain des années 80.
Très bien ficelé, le scénario réserve quelques surprises au fil de l’aventure, sans jamais se départir de cette irrévérence qui, nous séduisant d’emblée, nous tient en haleine jusqu’à la fin. D’autant que le titre, doublé en anglais, bénéficie d’une traduction intégrale en français. Mais revenons-en à notre mercenaire et son nouveau terrain de jeu, l’île.
D’abord armé d’une simple mitraillette – avec munitions illimitées, s’il-vous-plaît -, nous entreprenons tel Rambo sous amphet’, de kircheriser la masse pullulante de nos adversaires. Soldats, robots, chauves-souris et j’en passe, trépassent sous le déluge sacrificiel de nos balles purificatrices. Si notre avatar se meut, court et saute avec aisance, le gameplay n’en demeure pas moins exigeant.
Astique-moi ce flingue, et qu’ça brille !
Certes, on ne vous fera pas l’affront de qualifier Blast Brigade vs. the Evil Legion of Dr. Cread de Souls-like, bien que de nos jours, soient rapidement affublées d’une telle étiquette les productions se risquant à délester de son précieux butin, le joueur passé de vie à trépas qui n’a alors d’autre choix que de retourner sur le lieu du drame, pour tenter de le récupérer. Un authentique Souls-like, en effet, ne se cantonne pas à cette unique feature de gameplay, portant au pinacle l’art de l’esquive permanente jusque dans sa discrète narration, nébuleuse à souhait. Une veine dans laquelle ne s’inscrit définitivement pas Blast Brigade.
Il n’empêche. Notre réserve de points de vie n’est pas des plus fournies. A la façon d’un Zelda toutefois, des morceaux de cœur glanés au gré de nos pérégrinations, viendront l’augmenter. Tout ce qu’on aime. Notre jauge d’énergie bénéficie d’un système similaire, à l’instar de notre équipement et des différentes armes obtenues, améliorables contre quelques deniers. Afin néanmoins d’équiper vos joujoux fraîchement retapés, vous ne sauriez faire l’économie de ces batteries que délivrent les boss vaincus, entre autres pièces d’équipement. N’omettez pas non plus, gamers responsables, de vous accorder une pause salutaire dans l’un des confortables hamacs mis à votre disposition, qui feront office de points de sauvegarde, et donc de respawn.
Metal Slugvania
Pas spécialement coriaces, les boss s’avèrent cependant intéressants et sympas à combattre. Tous dotés de leur petit pattern, ils contribuent grâce aux compétences spécifiques qu’ils nous confèrent, à ouvrir les accès de passages jusqu’alors hors de portée (Metroidvania oblige). Sprint, lance-grenades, grappin, tout est bon pour optimiser l’exploration.
Nous pourrons en outre compter sur l’appui de 3 autres personnages, disponibles au terme de savoureuses pirouettes scénaristiques. Petit régal en soi, le jeu ravira aussi bien les fondus de Metal Slug qui devraient goûter son gameplay bourrin, que les férus de Metroidvania raffolant de niveaux interconnectés, à l’architecture modulable selon nos capacités.
Une carte des lieux nous aide de surcroît à nous repérer, dispensant d’indispensables informations à l’image du pourcentage de complétion de chacune des zones visitées, ainsi que le recensement clair et précis des objectifs en cours, ce qui facilite l’orientation.
Labyrinthique mais jamais frustrant, Blast Brigade n’égare pas inutilement dans le dédale de son île, le joueur qui, toujours, parvient à atteindre le but recherché par le biais des raccourcis préalablement découverts. Aussi la durée de vie d’une bonne grosse dizaine d’heures, n’est pas artificiellement dopée.
Mission animée
Visuellement enfin, le jeu s’en tire à merveille, riche d’une chatoyante 2D cartoonesque, de toute beauté. Il y a techniquement plus abouti ? Allons, ne boudons pas notre plaisir d’arpenter des environnements variés et fourmillant d’un minimum de vie !
Légère ombre au tableau, la trop grande discrétion de la bande-son qui nécessite de tendre l’oreille pour finalement dénoter, une certaine répétitivité. Les bruitages dans la droite ligne du jeu, désopilants, sauvent heureusement la mise. Il suffit d’entendre pour s’en convaincre, le râle d’un ennemi agonisant, au-delà de la qualité intrinsèque du doublage. Une franche réussite, donc !
Conclusion
Très bon Metroidvania à la sauce Metal Slug, Blast Brigade vs. the Evil Legion of Dr. Cread profite d'une 2D colorée, lui conférant un p'tit air de dessin animé qui n'est pas pour nous déplaire. Sur le fond également, le titre des développeurs d'Allods Team ne démérite pas avec son scénario - doublé en anglais, traduit en français - qui moque allègrement les meilleurs Stallone du siècle passé, son gameplay accessible en dépit d'une difficulté assumée et ses environnements variés, regorgeant de secrets à révéler pour peu que l'on dispose de l'équipement et des capacités adéquats. En conséquence de quoi, et très injustement, nous ne saurions nous satisfaire de la belle dizaine d'heures nécessaire pour le boucler.
LES PLUS
- Metal Slug en mode Metroidvania
- Les boss
- Quatre personnages jouables
- De superbes graphismes en 2D
- L'histoire, drôle et palpitante
- Doublé en anglais
- Texte traduit en français
- Des armes améliorables
- Des tonnes de raccourcis
- Un gameplay simple et facile à prendre en main
- Une difficulté à la hauteur
- Honorable durée de vie
- La carte pour optimiser l'exploration
- L'humour constant
- Des bruitages très sympas
LES MOINS
- Une musique trop discrète