Un tour rapide sur l’e-shop nous apprend, au moment de rédiger ces quelques lignes, que pas moins de 7 000 titres se disputent les faveurs de nos cartes bleues sur Switch. Parmi ceux-ci, un grand nombre sont des party-game tentant de nous faire asseoir autour d’un bol de cacahuètes et d’une expérience vidéo ludique mêlant fun et mauvaise foi. Nous pouvons ainsi citer les excellentissimes Overcooked ou Heave Oh qui ont su proposer un concept fédérateur transpirant le fou rire. Bien d’autres titres ont tenté de prendre leur place sur le podium du fun à plusieurs avec des réussites plus ou moins marquantes. Lumberhill semble vouloir tenter le challenge. Sera-t-il à la hauteur de ces glorieux ancêtres, c’est ce que nous allons voir dans la suite de cette bafouille.
C’est en abattant un arbre que Léonard devint Scie
Un party-game, c’est d’abord et avant tout un gameplay. Est-ce une raison pour brader le côté scénaristique, beaucoup de prétendants répondent que oui ! Et il est difficile de leur donner tort tant, Heave Oh réussit à nous rassembler devant nos écrans sans poser aucune trame, pourtant, il est difficile d’oublier nos aventures pour venir en aide au roi Oignon dans Overcooked. Où donc se situe entre ces deux extrêmes Lumberhill ? Et bien tout simplement du côté de l’absence totale de narration. Et nous ne pouvons que le regretter tant son univers se prêter aisément à n’importe quelle facétie.
Dans le titre de 2BIGo et ARP Games, nous incarnons un bûcheron qui doit réaliser différentes tâches. Pourquoi cela ? Personne ne le sait, mais ce n’est pas grave, car de toute façon, nous ne savons pas non plus pour qui. Il n’empêche que nous commençons notre partie en ayant deux types d’activités : couper une certaine essence de bois ou ramener un certain type de bestiaux au bercail. Pourquoi notre bûcheron en chemise à carreaux se retrouve d’un coup berger, là encore, cette question restera lettre morte.
Mais ne cherchons pas à ergoter sur le pourquoi du comment pour procrastiner et mettons-nous à la tâche. Nos missions apparaissaient en bas à gauche de l’écran et nous avons un temps limité pour les accomplir. La ressemblance avec le merveilleux Overcooked saute de suite aux yeux. Mais si ce dernier avait su mettre une bonne dose de frénésie dans son gameplay en modifiant à chaque nouvelle commande le menu demandé, Lumberhill se contente de nous demander d’accomplir toujours les mêmes tâches déjà mentionnées : couper du bois, ramener des bestiaux.
Dans un effort, plus ou moins réussi, de varier les situations, il existe à chaque fois plusieurs types de bois et plusieurs types d’animaux. Si l’abatage ne demande que de choisir le bon arbre, facilement identifiable, la conduite des animaux est plus différenciée. Entre les moutons qui s’effraient de notre présence et que nous conduisons en mode chien de berger et les pandas qui ne nous suivent que si nous avons en notre possession du bambou, il va falloir à chaque fois appliquer la bonne méthode.
En art, toute répétition est nulle
Malheureusement, ces gameplays se répètent tout au long des quatre mondes comprenant chacun dix niveaux et seul le level design pourra modifier les situations qui nous sont présentées. Mais là encore, chaque monde possède ses mécaniques qui se répètent sans réellement varier. Il nous faudra ainsi gérer les précipices, utiliser un monte-charge, construire des ponts avec le bois coupé, éviter les ptérodactyles et les pirates, éteindre les incendies dus aux orages et c’est tout. Là où Overcooked proposait à chaque niveau une variation avec des positions différentes, des cuisines qui partaient en tous sens ou des modifications du level en plein milieu de notre cuisson, Lumberhill se montre bien trop sage.
Le fun n’est pas absent pour autant et les niveaux s’enchaînent avec plaisir. Il est d’ailleurs à noter que, contrairement à beaucoup de party-game, le mode solo est jouable. Les missions à réaliser s’adaptent en fonction du nombre du joueur, ce sont ainsi trois moutons qui devront être remis dans leur enclos lorsque nous jouons seuls tandis qu’à trois, il en faudra plus de dix et ainsi de suite pour chacune des commandes.
Le système de commandes est d’ailleurs très permissif vu que ne pas en réaliser une ne nous pénalise aucunement au niveau de notre score. Il est donc très tentant de ne réaliser que les missions les plus simples pour atteindre les trois-étoiles et pour débloquer la récompense supplémentaire, représenter par une hache, qui nous permet par la suite de dépenser celles-ci pour de nouvelles tenues ou de nouveaux skins. Là encore, le score à atteindre dépendra du nombre de joueurs présents dans la partie. Ceux-ci ne doivent pas nécessairement partager notre canapé vu qu’un mode en ligne permet de retrouver nos amis ou de chercher un serveur disponible pour partager une partie à distance.
Malheureusement, en ce lancement du titre, les serveurs sont inexistants et nous n’avons pas pu tester la réactivité de ceux-ci. Le jeu en local n’est pas non plus exempt de problème. En effet, si la détection d’un demi-joy-con est effective, celle-ci déclenche l’apparition de deux personnages, le stick contrôlera l’un des personnages, à condition de tenir la manette à l’envers, tandis que les boutons actionneront l’autre, un bug sans doute, mais qui oblige de jouer avec une paire de joy-con par joueur, et cela sans nécessité.
On juge une chemise à son col et un homme à sa chemise
Toujours d’un point de vue technique, la physique de Lumberhill n’est pas irréprochable. Nos personnages sont assez lents de base et il faut toujours maintenir le bouton course avec ZR pour avoir la sensation d’avancer un tant soit peu. Mais ce n’est qu’un défaut parmi d’autres. Il y a d’abord ces arbres qui réapparaissent sans prévenir nous envoyant valser très loin dans le décor, nous faisant perdre un temps précieux, il y a aussi ces arbres qui, une fois coupés, disparaissent dans un précipice sans que nous ne puissions y faire quoi que ce soit.
Ces petites carences gâchent un titre pourtant attachant aux premiers abords avec sa palette graphique colorée et chatoyante et ses personnages à la limite du low poly qui caricature tout ce qui passe trop de temps dans la salle de musculation. Les détails des décors sont plutôt nombreux et nous prenons plaisir à observer le monde dans lequel nous avons à mener à bien nos missions. Les tenues à débloquer sont nombreuses et variées, aussi bien pour les avatars humains qu’animaux.
Les contrôles ne posent pas vraiment de problèmes si ce n’est que le titre de 2BIGo et ARP Games est un véritable détecteur de drift. Sur une manette pro qui n’a jamais posé aucun problème sur aucun autre jeu, nous avons surpris notre personnage à se déplacer seul à tout bout de champ. Les paramètres ne permettant pas de définir une zone morte sur les sticks, il nous a fallu sortir une paire de joy-cons pour le rendre jouable.
Avant de conclure, notons qu’un mode versus existe, dans celui-ci, nous incarnons en 2V2 une équipe d’humains contre une équipe d’animaux. Pendant que les premiers cherchent à couper des arbres, les seconds doivent les en empêcher en leur fonçant dessus, là encore, c’est amusant sur une partie et puis nous passons à autre chose sans jamais avoir la moindre velléité d’y revenir.
Conclusion
Pour un prix raisonnable, Lumberhill fait le taf d’un party-game sympathique, mais oubliable. Ses graphismes colorés sont agréables et ses mécaniques de gameplay sont amusantes pour une soirée en famille ou entre amis, mais il est difficile de s’amuser plus d’une session tant les situations se ressemblent très vite. La possibilité de jouer en ligne est intéressante, mais les serveurs sont, à l’heure actuelle, désespérément vides. Enfin, sa physique est amusante, mais souffre parfois d’imprécisions qui peuvent être frustrantes. Bref, un titre qui nous offre de quoi patienter en attendant un hypothétique nouveau Overcooked, mais rien de plus.
LES PLUS
- Les mécaniques de gameplay sont sympathiques…
- La physique est rigolote…
- Le prix est raisonnable, mais sans plus
- Les graphismes sont colorés et détaillés
- La bande-son passe toute seule sans gêner
- La possibilité de jouer en ligne est un plus
- La prise en main est rapide
LES MOINS
- … mais elles se répètent trop vite
- … mais elle peut se montrer frustrante
- Le level design manque de folie
- Le système de scoring empêche toute frénésie
- Les bugs de reconnaissance des demis joy-cons sont pénibles
- Les serveurs en ligne sont désespérément vides
- La comparaison avec Overcooked est très dure
- Le mode versus est inutile et inintéressant