Toute la galaxie est en émoi ! Le tyran Xoxx a comme une furieuse envie de devenir « maître de l’univers » et pour y parvenir, en plus de plans secrets et diaboliques, il a kidnappé le célébrissime professeur Von Hamburger ! Débarqué de nulle part, vous voici, et votre mission, vous la connaissez, elle figure dans toutes les notices d’utilisation de tous les shoot-them-up sortis à ce jour : seul avec votre vieux coucou, il vous faudra abattre l’armada toute entière qui se tient face à vous !
Haro sur le vil Xoxx
A l’origine, Jets ‘N’ Guns est un jeu réalisé par un petit studio tchèque (Rake In Grass) en 2004, à une époque où Steam n’existait pas et où les jeux flash et gratuits étaient roi sur PC. La petite équipe, composée de passionnés sincères, nous propose un fantasme de shoot-them-up.
Nous retrouvons donc un défilement à l’horizontal old-school avec des influences diverses, comme celles qui sautent rapidement aux yeux : Project X sur Amiga et surtout X2 sur PS1. Point commun : les graphismes sont chargés avec d’énormes vaisseaux, peints à l’aérographe, incrustés au burin sur fonds stellaires (au choix pour la couleur : pourpre, ocre, macassar…).
Pour le coté fun, il y a aussi de minuscules sprites de trois ou quatre pixels, des petits bonhommes qui s’éjectent des vaisseaux ennemis et que nous pouvons achever de manière sadique. Sans compter les ennemis improbables comme ces revolvers géants ou ces bouteilles de vin en verre qui nous assaillent.
Tant pis pour la lisibilité et l’harmonie, il faut que ça pète tout le temps, avec du non-sens partout. C’est parfois n’importe quoi, too much et plus rarement, très mal dosé, presque amateur. Mais c’est aussi à de nombreux moments jouissifs, notamment lors de ce passage durant un concert où nous faisons connaissance avec le groupe de Metal qui a signé la B.O. Les bien nommés Machinae Supremacy.
Du chiptune de chevelus
Pour ce qui est de la bande-son, elle est détonante : 50 minutes de Power Metal chromé, une horde de grosses guitares méchantes couplée à un échantillonnage de sons tout droit venus de vieux jeux 8-bit. Elle n’a pas peur des envolées puissantes pour nous faire décoller à travers la 8ème dimension (tout en passant par le trou noir que se dispute Belzégoth l’Ancien et Bismuth la pieuvre à un œil). C’est tout simplement bon et ça colle parfaitement à l’esprit « Over the top » du jeu.
Jets ‘N’ Guns est un jeu généreux qui ne comptent pas le nombre de vos euros dépensés : vous voulez du niveau en pagaille, qui se révèle ardus et bien longs ? Vous allez en avoir par paquet de 12. Vous voulez du marchand à chaque coin de niveau et des armes/items/trucs par centaine pour customiser sans fin et personnaliser au mieux votre vaisseau spatial au look improbable ? Vous allez dépenser de la maille virtuelle par millions, pour sûr.
Coucou custom
Pour rebondir sur ce dernier point, c’est là que se joue le nerf de Jets ‘N’ Guns. Contrairement aux autres shmups où nous glanons de nouvelles armes en cours de jeu, nous devons équiper à bon escient notre coucou avant chaque mission, tout en économisant le moindre denier pour acquérir la superbe canon qui nous fait de l’œil depuis 3 missions sur le store du marchand manchot.
Vous en ferez les frais : le jeu exige une synergie assez pointue entre nos équipements pour pouvoir vaincre nos ennemis. La puissance ne faisant pas tout, il arrive de se casser les dents suite à un achat malheureux. Il faut donc se creuser la tête, se préparer au mieux, réitérer une mission bloquante en changeant tout son arsenal, quitte à tout revendre (sans perte de dollar, un bon point), c’est plutôt bien vu pour un shoot en apparence aussi bas du front.
Hélas, la difficulté devient par moment absurde : notre hitbox dépasse les limites physiques de notre vaisseau (un pixel ou deux, mais c’est un ou deux de trop), il y a des boss irritants aux attaques et aux trajectoires totalement aléatoires ; d’autres bêtement increvables, fastidieux à abattre, sur lesquels nous allons perdre toute concentration le temps d’un clignement d’œil… ou d’un bâillement. Changer d’arme peut être une solution divine, mais la crispation ressentie sera des fois plus fortes que le réconfort de la victoire.
Conclusion
Datant de 2004 à l'origine, Jets 'N' Guns est un jeu indé et parodique qui défonce la subtilité à coup de bastos interstellaires. Oui, Jets 'N' Guns est généreux, mais il lui manque le juste dosage : il y a tout et en même temps, trop à la fois. Des fois, ça passe, des fois, ça casse. Il s'avère brillant, jouissif (les premières heures sont phénoménales !) mais trop souvent, crispant, et plus rarement douteux ou hasardeux. Éminemment tactique avec la possibilité d'équiper à l'envie notre coucou de l'espace et par moments, bêtement difficile.
LES PLUS
- Une action survoltée
- Très bonne durée de vie, pléthore de niveaux
- Customiser notre coucou spatial
- Du Power Metal qui glame, qui retro-bit et qui défonce tout
- Les astronautes qui font trois pixels (c'est trop choupi !)
LES MOINS
- Des éléments graphiques partout, intégrés au burin
- Des passages hautement crispants (en particulier, certains boss)
- Miss Harmonie est décédée dans l'explosion