Depuis quelques années, la série des Pinball FX règne en maître sur nos chères consoles de salon, le tout à base de tables fantaisistes chiadées jusqu’à la mort (et vendues opportunément à l’unité, histoire que le joueur les collectionnent comme les Pokemons).
Face à ce quasi-monopole, la concurrence s’amenuise. Rares désormais sont les simulations de flipper qui sortent et surtout, celles qui sortent du lot, tout court. La Switch venue, Pinball Freedom est apparue, telle la perdrix des neiges que tout le monde attendait. Et il montre tout de suite son plus beau plumage…
La dure réalité
Nous sommes donc dans une sordide salle de jeu, lieu désolant, modélisé façon PS2 qui semble héberger la MJC du quartier. L’éclairage est bas, il fait sombre, un néon a du éclater. Le budget de la MJC a été réduit cette année : les animateurs Didier et Michel ont récupéré 5 tables de flipper du grenier d’un papy motard sous respirateur (et qui ne sait rien de cette entreprise vouée à récupérer tout l’argent de poche des enfants du voisinage).
Parmi les flippers, il y a une table de Air Hockey (le hockey canadien). Testons d’abord cette anomalie. Une partie suffira pour se rendre compte du peu d’intérêt du machin : c’est une partie de Pong… Tout seul… Une fois le CPU battu, nous nous sommes donc intéressés aux flippers et ça tombe bien, pardi car Pinball Freedom est un jeu de flipper.
Les titres des tables sont évocateurs, et libèrent, sans peine et presque sans ironie, un imaginaire puissant et sans fin : Sci-Fi (de la science donc, et de la fiction), Contes de fées (ouh là, ça va beaucoup trop loin dans l’imaginaire, là… Pfiou !), BMX (du sport extrême pour les jeunes zinzins d’aujourd’hui), Skate (du sport extrême pour les jeunes dingos d’aujourd’hui) et Chill Panda (avec un Panda, sans expression, qui nous fait coucou au fond du jardin japonais).
Les couleurs sont ternes, et les tables présentent moyen. Certaines affublées de graffitis de jeunes foufous (nous vous laissons deviner lesquelles) s’en sortent mieux car elles ont un peu de détails à nous offrir. D’autres sont vides, génériques, Sci-fi est même carrément moche avec son brun/bleu et son vert caca doigt.
Le jeu : 3 à 6 missions par tables et des missions, mon dieu qu’elles sont complexes, qui nous demande, pour faire du point et de l’extra-ball, de taper trois-quatre cibles ou trois-quatre fois la même rampe. Le multibille se fait discret, seule la table Sci-Fi en abuse. Au final, la table Space Cadet sur Windows 95 semble plus complexe que l’ensemble des 5 tables proposées.
Pas de folie, aucune explosion sonore comme nous pouvions en entendre dans les cafés dans les années 80, vous savez comme celui squatté par Jean-Eude, crête iroquoise, bière mulhousaine et coutelas de Limoges sur le verre du flipper, en train de faire tilter le pinball pendant que dehors, un gang de nullos lui barbote sa mobylette.
La réalité, la vraie
La vérité, c’est que Pinball Freedom, passé l’effroi de notre testeur, ce n’est pas si mal. Et ce n’est pas la dépression qui lui dicte cet air attendri (et ahuri). Car en étudiant un peu le truc, Pinball Freedom rappellera au joueur non pas l’excellence des flippers Gottlieb ou Midway, ce haut du panier du billard électrique électrisant et exigeant, mais les flippers pour enfants. Ceux fonctionnant avec de grosses piles, courts sur pattes et en plastique.
« Bing bing » fait la bille sur le bumper. « Wahou ce combo de deux rampes dignement enchaînées ! » fait Bobby, 7 ans, dans sa chambre d’enfant de Clichy-Sous-Bois en pyjama floqué « Les Maîtres de l’Univers ».
Les flips à l’aide des gachettes répondent bien, la bille va vite et sur certaines tables, fusent littéralement. Les missions sont limitées mais elles sont limpides. A défaut de complexité, nous gagnons le confort des idées toutes arrêtées, le cerveau délesté : visons la rampe, visons les bumpers, visons les cibles, ça fait du point. Et ça fait du bien, point. Le fond sonore n’est pas envahissant et les musiques ne sont pas nulles. Ce n’est pas ignoble (mais c’est vrai que c’est pas jojo). Le tableau mondial des scores nous permet même en deux parties de truster les plus hautes places.
Pourquoi ne pas continuer à jouer ? Car, en dehors d’une possible aversion pour ce qui nous paraît à première vue médiocre, rien n’empêche d’y jouer. Le jeu n’oppose pas de résistance et le jeune Bobby, comme le joueur pas exigeant, ne s’ennuiera pas le temps d’une joute rapide, une petite partie de temps à autre, pour patienter, et ce, sans avoir peur de perdre.
Conclusion
Ce n'est pas parce que le jeu renoue avec les flippers pour enfants, que Pinball Freedom mérite que nous le jetions au feu. En dépit de son aspect terriblement générique, du basique de ses missions et de ses graphismes moyens, Pinball Freedom finit miraculeusement par atteindre sa principale mission : amuser. La bille est bien animée, ça fuse, ça bumpe, y a de la rampe, le score monte (gentiment). Les enfants apprécieront et les parents apprécieront aussi, mais n'oseront pas se l'avouer !
LES PLUS
- Une bonne initiation pour les enfants
- Bille bien animée
- Les flips répondent bien
- Ça fuse sur certaines tables
- Pas de prise de tête possible durant la joute
- Le tableau mondial des scores (et il y a de vrais joueurs qui y jouent !)
LES MOINS
- Parfois vide d'élément, ou moche
- La salle qui fait office de hub fait flipper
- Missions peu nombreuses et sommaires
- Les bruitages pas tops
- Se fait atomiser par Pinball FX3 et la plupart des jeux-vidéos de flipper
- L’Air Hockey sans intérêt