Pour renouer avec son glorieux passé et célébrer comme il se doit ses cinquante années d’existence, Atari s’est mis en tête de proposer non plus des compilations, mais des versions modernisées de ses vieux hits d’arcade. De Breakout à Centiped, la série Recharged continue son petit bonhomme de chemin et fait désormais escale dans une lointaine galaxie, celle de Gravitar.
Recharge tes batteries !
A l’origine, il s’agit d’un jeu d’arcade de 1982 qui reprenait à son compte le gameplay d’Asteroids (1979), une fusée qui peut tourner sur elle-même à 360° et s’élance avec une poussée plus ou moins forte en fonction de notre pression sur le bouton. Bien entendu, Gravitar rajoute à l’espace et les cailloux d’Asteroïds, des planètes et donc par voie de conséquence, la fameuse gravité promise par le titre.
Gravitar Recharged reprend tous ces ingrédients à la lettre. Dans le mode Arcade, le map, qui nous permettait de choisir la planète à notre guise, est de retour : cette fois-ci, nous avons droit à un véritable système solaire, avec en son centre un immense soleil nous attirant vers une mort certaine si nous ne luttons pas contre son attraction. Tournent autour de cet astre, des planètes diverses donc, mais aussi un vaisseau extra-terrestre, une étoile noire menaçante, des amas d’astéroïdes, chaque corps céleste nous donnant quelques indices sur la nature et la difficulté des missions. Par exemple, sur le vaisseau ennemi, c’est zéro gravité, sur l’étoile noire, c’est corsé comme pourrait l’être une ultime mission, avec des ennemis partout, et sur un champ d’astéroïdes, la gravité change d’un caillou à l’autre.
Ces missions se résument simplement, mais varient de manière agréable. Il faudra détruire tous les ennemis, détruire le réacteur central ou ré-activer toutes les balises qui sont sévèrement gardées. Le gameplay demande un petit temps d’adaptation pour dompter les commandes (stick et gâchette sensible et ça se joue au millimètre parfois) et cette fameuse gravité, pas vraiment évidente, d’autant que le jeu est punitif comme il pouvait l’être à l’époque.
La gravité, ou comment tomber de haut
Si vous touchez deux fois d’affilé une montagne, c’est le crash. Il faut aussi gérer le fuel en collectant des items, souvent disposés à des endroits délicats. Et si vous perdez vos trois vies, c’est un game over définitif qui vous renvoie, non seulement au tout début du jeu, mais vous félicite à peine avec des scores qui ne décollent jamais (quelques milliers de points les bons jours). Le mode Arcade s’avère agréable pour le joueur qui recherche le challenge et la rudesse des jeux d’antan, mais pour le joueur, habitué au confort des sauvegardes automatiques d’aujourd’hui et de la progression sans fin, la frustration va vite lui coller à la peau et la loose suintait par tous les pores.
C’est dommage de ne pas avoir une réelle progression dans ce mode, avec la possibilité de reprendre là où nous avons échoué, car le potentiel est là : le concept est chouette et l’addiction n’est pas loin. Cette dernière avec l’enchaînement des planètes nous tend les bras mais non, c’est le « game over, retour à la case départ ». Tout recommencer… Pour perdre souvent à peine plus loin.
Le mode Mission pourrait palier à ce manque, puisqu’il nous propose de débloquer les missions une à une, et donc de sauvegarder. C’est quelque part le cas, mais il est finalement tout aussi frustrant. D’une, la difficulté nous saute rapidement à la gorge (quand le mode arcade se fait tout doux en début de la partie), et de deux, nous perdons la géniale map dans l’espace pour un menu froid et sans âme.
Graphiquement ou musicalement parlant, Gravitar Recharged est sobre et élégant, mais n’a pas le coup de génie, ni le grain de folie qui nous aurait scotché devant notre écran. C’est à l’image du jeu : frustrant.
Conclusion
Gravitar Recharged renoue avec l’exigence d'un titre que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. Si la copie rendue par l'élève Atari mérite une note correcte, le potentiel énorme, que nous ressentons à chaque instant, est gâché par une volonté toute scolaire de retranscrire la rudesse d'antan, sans développer suffisamment. Ce n'est pas juste dur, c'est aride en termes de contenu et frustrant jusque dans les détails : pourquoi, par exemple, ne pas avoir fusionné le système de progression du mode Mission et la géniale map du mode arcade pour nous proposer un seul, et solide mode de jeu ?
LES PLUS
- Exigeant
- Un gameplay complexe, et intéressant
- La map avec l'immense soleil en son centre pour choisir sa planète
- La variété des missions, avec une gravité qui sera différente suivant le lieu visité
- Techniquement, aucune fausse note
- De l'arcade à l'ancienne
LES MOINS
- Frustrant
- Absence de sauvegarde en mode arcade
- Map présente dans le mode arcade, absente du mode mission