Il fut un temps où les beat em’ up faisaient un véritable carnage en salle d’arcade et dans les chaumières, Double Dragon, Street of Rage et Battletoads en tête. Quel pied que de fracasser des ennemis à la pelle pour mieux doper notre score, traçant notre sillon meurtrier
! En attendant le prochain Ninja Turtles, mètre étalon du genre, c’est au cœur du Japon féodal qu’avec leur très prometteur Samurai Riot, les Français de Wako Factory nous invitent à jouer des poings. A moins que le combat de rue ne vire à la bisbille de récré… Jeu de main, jeu de vilain ?
C’est l’histoire d’un ninja
Commençons par doucher les espoirs des quelques crédules à s’être repus, nous en fûmes, des vaines paroles du studio se gargarisant d’un scénario à embranchements multiples : s’il comporte plusieurs dénouements, celui-ci, vu et revu, se vautre dans l’ennui le plus total. Notre mission ? Mater sur ordre de notre supérieur hiérarchique, la rébellion qui couve socialement. Dans la peau du valeureux guerrier Sukane ou du noble samuraï Tsumaru, le récit ne varie pas d’un iota quel que soit notre choix initial de protagoniste – à noter qu’un deuxième joueur peut ainsi rejoindre la partie.
Toutefois rapidement confronté à l’un des fomenteurs de la révolte en cours, nous voici pris d’un cornélien dilemme : annihiler l’impétrant, quitte à renier notre code moral, ou l’épargner au risque de s’attirer les foudres de notre sensei. Alors certes, les péripéties à venir s’en trouveront bousculées, la conclusion également. Il n’empêche qu’en l’absence d’une mise en scène autrement plus palpitante que ces bribes de dialogue éparses – évidemment non doublées, heureusement traduites – qui jalonnent les niveaux, les atermoiements du héros peinent à captiver. En coopération néanmoins, le débat peut valoir le coup. Eusse-t-il encore fallu que le jeu aussi.
Un coup de katana dans l’eau
En effet ne suffit-il pas de sagement copier Street of Rage ou Double Dragon pour, au panthéon, les rejoindre ; il y a sinon belle lurette que le divin éclat de notre ludothèque, bardée de galettes dorées, aurait consumé notre rétine. Aussi Samurai Riot tourne-t-il rapidement en rond. Si l’on se délecte au départ d’enchaîner les combos, les tatanes énervées, le gameplay finalement pêche… par manque de pêche : que de mollesse ! Que de paresse dans ces uppercuts dont on ne ressent que trop rarement l’impact réjouissant, à la différence de SoR !
Plus affligeante encore, la pauvreté des boss et ennemis, recyclés jusqu’à l’indigestion au sein de sept niveaux tout aussi vides et redondants. Il faudra cependant vous y habituer, l’aventure reprenant à zéro à l’épuisement de votre stock de vies. Un game over ultra-punitif qui d’abord amuse, puis écoeure ; c’est qu’il est coriace, ce bougre de jeu, malgré différents degrés de difficulté. Comptez une bonne dizaine d’heures avant d’en voir le bout, une durée de vie artificiellement rallongée faute de points de sauvegarde réguliers.
Cerise sur le combo, les bugs par chance plutôt rares, depuis les ennemis qui convulsent en passant par ceux frappés de tétanie ainsi que certains PNJ bloqués hors-champ, jusqu’à notre couard d’avatar qu’une mandale vient d’allonger et ne daigne plus se relever, exigent en revanche de relancer le jeu, pour la plupart.
Enfin Samurai Riot; loin d’éblouir visuellement, pâtit de décors abyssalement vides et répétitifs, bien que chatoyants, probablement faits main et fidèles à l’esthétique japonaise qui jamais ne lésine sur les temples, lampions et fleurs de cerisier, dont quelques pétales voguent au gré des vents. En résulte un titre dépourvu d’une authentique identité artistique, un constat qu’encore renforce la bande-son aux mélodies effectivement entêtantes, mais trop peu variées. Quant aux effets sonores supposés souligner la brutalité des coups pleuvant jusqu’à plus soif, ils manquent à l’instar de nos taloches, cruellement de punch – on a encore soif, du coup.
Conclusion
Qui pour succéder au retour triomphal de Street of Rage, voilà déjà deux ans ? A mille lieues du titre novateur annoncé, Samurai Riot se plante dans les grandes largeurs. Trop bateau, l’histoire à tiroirs et ses 8 fins distinctes n’y changeront rien : le gameplay, d’une indolence qui fait insulte au genre, nous ennuie profondément, en coop’ comme en solo. Les ennemis clonés à l’infini et les décors sans vie, aussi. La difficulté outrancière, qui nous impose de recommencer le jeu dans son intégralité après un game over, achève de ternir une estampe beaucoup moins rafraîchissante qu’escompté, dont seuls les plus férus de beat em’ all sauront peut-être se satisfaire.
LES PLUS
- Deux personnages…
- La durée de vie…
- Des graphismes colorés…
- De belles mélodies…
- Mode coop’
- Scénario à choix multiples
- 8 fins différentes
- L’univers Japon féodal
- En français
LES MOINS
- … aux caractéristiques trop similaires
- … dopée artificiellement
- … en quête d’identité
- … trop répétitives
- La difficulté qui en rebutera plus d’un
- Le gameplay qui manque cruellement de punch
- Le game over qui impose de recommencer le jeu à zéro
- Les environnements vides
- Les ennemis, toujours la même trombine
- Scénario au final très classique
- Divers bugs