Essentiellement connues – et reconnues – pour leur travail sur des aventures vidéoludiques en point’n’click, notamment la saga Deponia, il arrive pourtant aux équipes de Deadalic Entertainement d’adapter des grands classiques du jeu de rôle papier, à l’instar du mythique Oeil Noir, monument de la fantasy venu d’Outre-Rhin. Rien d’étonnant, donc, à les voir quelques années plus tard, remettre l’ouvrage sur le métier et porter sa suite directe sur Switch, le RPG tactique Blackguards 2… en attendant leur prochaine production, Gollum, qui laisse présager d’une mémorable incursion en Terre du Milieu.
Sombre destinée
Dans Blackguards 2, nous incarnons la jeune Cassia, prisonnière – on ne sait trop pourquoi – d’un cachot certes insalubre, mais aussi peuplé d’immondes araignées dont le venin corrosif, durant ces longues années d’enfermement, a fini par venir à bout de notre joli minois. Au terme de multiples tentatives d’évasion infructueuses, notre héroïne qui a sombré dans la folie, parvient tout de même à s’enfuir avec pour seul dessein, de rallier à son expédition punitive envers l’Empire l’ayant gardé trop longtemps captive, les pauvres hères à croiser son chemin. Un scénario pas des plus festifs qui, à notre grand désarroi, s’en réfère souvent aux événements d’un premier volet aux abonnés absents, pour le moment, sur la portable de Nintendo.
Le synopsis s’articulant autour de Cassia, de son désir de revanche et de domination, nous ne sommes pas pour autant largués, malgré l’univers, foisonnant, les nombreux personnages issus du précédent opus, et le peu d’explications à l’intention des nouveaux venus. Si la mise en scène relativement dépouillée, se contente de brefs échanges et de pleines pages de textes doublées en anglais, sous-titrées en français, le propos plutôt mature, obscur tel le reste du jeu, n’en demeure pas moins finaud, et plaisant.
Lundi, du combat, mardi, du combat, mercredi… du combat aussi !
Tactical RPG pur jus, n’espérez rien d’autre de Blackguards 2, que des combats au tour par tour. Quels combats, toutefois, et sacrément ardus avec ça ! Au moindre faux pas, c’est le game over assuré. Des pas ô combien millimétrés, puisque les cases hexagonales divisant le champ de bataille, nous informent en temps réel de notre potentielle distance de déplacement, et d’attaque le cas échéant. A investir également, des points d’initiatives qui déterminent l’ordre de passage de nos guerriers et de nos adversaires ; la formule, éprouvée, ne devrait pas dépayser les amateurs du genre. Et c’est tant mieux.
Affleurent néanmoins, çà et là, de timides innovations stratégiques, à l’image de ces éclaireurs à éliminer en priorité sous peine qu’ils ameutent toute la cavalerie ou de ces éléments de décors susceptibles lorsqu’on les détruit, d’infliger des dégâts aux ennemis à proximité. On a connu plus folichon, mais on s’amuse. Et c’est tant mieux.
La vengeance se mange à toutes les sauces
L’insatiable Cassia poussant toujours plus avant sa conquête du royaume, le gameplay ne cesse de s’étoffer au gré de son épopée vengeresse ; l’occasion se présente rapidement de recruter des mercenaires, prisonniers que nous aurons dans notre infinie bonté, libérés au cours d’un affrontement. D’autres niveaux, de surcroît, nous offrent de nous adjoindre en parallèle de notre équipe attitrée, les services d’un nombre limité de soldats.
Ces fantassins aux compétences améliorables, au même titre que les protagonistes, se révèlent de précieux alliés dont on peut aisément tirer les vers du nez, afin d’en apprendre un peu plus au sujet d’un objectif à capturer. Mentir, séduire ou menacer, il s’agira de moduler son attitude en fonction du prisonnier et de sa personnalité. Cruciaux, ces choix justifient aisément de relancer une partie pour étudier d’autres développements.
Attention cependant, une ville conquise ne le restera peut-être pas éternellement, faute d’une défense efficace : c’est là tout le sel du mode “Conquête”, qui perd malheureusement en saveur à mesure qu’une certaine routine s’installe. Capturer une cité, la truffer de pièges, puis repousser les assauts adverses… Blackguards 2 s’enferre dans de vieilles antiennes.
Au-delà d’un cruel manque de rythme, typique du RPG tactique, le jeu pâtit en outre de tares et rigidités crispantes, au premier rang desquelles sa lenteur qui, couplée à l’impossibilité de déplacer la caméra autrement que de haut en bas, grandement contraint les déplacements, alliés comme ennemis. Du fait d’un champ de vision restreint, il devient parfois délicat de discerner d’où proviennent les tirs de certains archers… Pour le genre, un comble !
Ajoutez à cela la difficulté exigeante, déjà mentionnée, et vous comprendrez que la durée de vie dépasse allègrement la bonne grosse dizaine d’heures de jeu. À 14,99€, l’affaire reste (très) honnête.
Une légère patte graphique
Artistiquement, enfin, Blackguards 2 ne fait pas de vagues : de la 3D iso, tactical oblige, un bestiaire bigarré, conforme aux canons habituels de l’heroic-fantasy, une palette de teintes ocres, voire pourpres, parce que c’est pas la fête, non madame, c’est la guerre. Et des environnements variés qui, fatalement, à la longue ne le sont plus tant. Correct, donc.
Quant à la bande sonore, le doublage anglais oscille entre mauvais et moyen, très moyen. L’essentiel, à savoir la musique et les effets sonores, s’en sort mieux. Correct, donc.
Conclusion
Tactical RPG de bonne facture, Blackguards 2, grâce à ses choix de dialogues pertinents, profite d'une excellente rejouabilité dopant encore sa durée de vie qui, déjà, bénéficiait d'une difficulté relevée. Pensée indépendamment du premier épisode de la licence bien qu'elle en reprenne bon nombre d'éléments scénaristiques, la vendetta de Cassia se laisse suivre avec plaisir, en dépit d'une mise en scène un peu plate qui se limite à la lecture d'encarts textuels, très moyennement doublés dans la langue de Shakespeare. Au-delà d'une incontestable redondance, l'écueil majeur du titre réside toutefois dans la lenteur des personnages, exaspérante, associée à une caméra qui n'autorise qu'à zoomer… ou dézoomer. Il n'empêche qu'au prix raisonnable de 14,99€, Blackguards 2 constitue une solide alternative à d'autres étalons du genre.
LES PLUS
- Une très bonne difficulté…
- Un vaste univers…
- Le scénario, sombre
- Une excellente durée de vie
- De la tactique
- Des choix de dialogue
- Le mode "Conquête"
- Les graphismes
- En français
- Le prix de 14,99€
LES MOINS
- … qui peut en rebuter plus d’un
- … trop nébuleux par moment
- La caméra peu ergonomique
- La bande-son oscillant entre le bon et le moins bon
Bonjour,
J’aimerais apprécier les graphismes mais depuis la refonte que ce soit sur Chrome ou Edge il n’est plus possible d’agrandir les vignettes c’est normal? dommage car j’apprécie grandement nintendotown et le titre a l’air sympa mais l’ergonomie du site ne me convient plus tellement en l’état. Au plaisir