Au cœur d’une Venise désertée de toute vie et où toutes les époques se mélangent, vous êtes une âme errante à la recherche de votre corps, et de votre dulcinée. Comme tout bon fantôme qui se respecte, vous êtes capables à la manière de Patrick Swayze dans le film Ghost de franchir murs, sols et plafonds (à part bien entendu si vous portez un objet, une contrainte bien sympa).
Vous recherchez niveau après niveau les ingrédients d’un rituel, les niveaux au nombre de 5 s’ouvrent par le biais de livres (comme dans le légendaire Myst) et chaque ingrédient s’obtient une fois une somme d’énigmes retorses résolues.
N’est pas Myst qui veut…
Goetia 2 bénéficie d’une réalisation soignée avec des décors, certes figés (comprenez par là « zéro animation ») mais détaillés et même, délicats. Si vous avez l’âme d’un esthète, vous serez ravis de découvrir des tableaux de grands maîtres de la Renaissance Italienne, lesquels s’invitent sur les murs comme autant de vestiges d’une humanité ayant quitté les lieux sans pré-avis. La musique n’est pas en reste, en distillant des ambiances tantôt pesantes, tantôt éthérées et très souvent mélancoliques.
Hélas, le gameplay n’est pas une franche réussite et c’est un comble pour ce genre de jeu le point-and-click- qui n’exige pas de grandes ressources de la part du joueur. C’est même le b.a-ba du jeu : nous pointons et nous cliquons. Ici, nous allons batailler contre notre double curseur. Notre âme représentée par une sphère et l’objet que nous portons sont en effet décalés, l’un et l’autre d’un demi centimètre. Il arrive trop souvent de vouloir interagir avec un objet dans le décor, et d’ouvrir le menu d’actions de l’objet que l’on porte. Et ça, c’est sans parler des boutons qui des fois ne répondent plus…
Ne vous retournez pas…
Les énigmes oscillent entre logiques et bien construites ; et nébuleuses et absconses. Les amateurs de puzzles tarabiscotés apprécieront, les joueurs néophytes, eux, seront vite bloqués, des heures durant à errer sans but dans des décors mortifères.
Mais quelque soit la difficulté des énigmes rencontrées, l’immersion dans un jeu à énigmes est capitale, une condition sine qua non pour ne pas sombrer dans l’ennui et rejoindre notre lit, les paupières lourdes.
Ici, l’immersion décline à mesure que les heures défilent. La faute à un profond manque d’enjeux. Notre amour de toujours, Daphnée, est une ombre, elle est à peine esquissée lors de l’intro. Notre perso est trop souvent factuel dans ses descriptions. Et lorsqu’il se sent de commenter les lieux qu’il traverse ou les objets qu’il trouve, un grand soupir trahit notre exaspération lors de l’énième description sans intérêt.
Bonne nuit, les petits !
Les quelques notes d’humour tombent à plat. Il y a bien un démon qui nous nargue de temps à autre mais nous ne ressentons quasiment jamais la menace sourde qu’il représente. C’est juste l’unique PNJ faisant office de plante verte dans le décor. Le jeu par le biais de tout un barda d’indices, de textes et d’illustrations à l’ancienne (façon Myst, encore lui !), que nous accumulerons dans notre Codex (un bon point, ce menu, disons-le, il nous évite de faire des allers-retours ou de griffonner sans fin) racontent, hélas, des bribes d’histoire qui ne nous concernent peu.
A moins que vous soyez un aficionado avide de jeu à énigmes et que vous accrochiez par n’importe quel miracle à ce jeu, l’ambiance mystérieuse des débuts laisse place à un profond désintérêt. Les pièces défilent et l’ennui nous a emporté à jamais vers les rivages du pays lointain du dieu Morphée.
Conclusion
Jeu à énigmes tarabiscotées, Goetia 2 distille une belle ambiance mélancolique mais peine à captiver réellement, la faute à une narration aphone et à l'absence d'enjeux forts. Le peu de soin apporté au gameplay, pourtant ce qu'il y a de plus élémentaire dans ce type de jeu, ne donne pas plus envie que ça de s'engager. A réserver aux inconditionnels du genre... et encore... il se peut qu'ils soient déçus, eux aussi...
LES PLUS
- Musique fort à-propos
- De beaux décors
- Une belle ambiance mélancolique
- Notre codex, cumulant toutes nos trouvailles et indices
- Les amateurs d'énigmes tarabiscotées seront aux anges (quoique...)
LES MOINS
- Une prise d'objet et un menu d'actions pénibles
- Des bugs
- Des énigmes tirées par les cheveux
- Un contexte nébuleux, sans que rien ne nous motive franchement
- Objectivement parlant, c'est ennuyeux à souhait