Alors que les offres d’éditions limitées de manettes fleurissent à chaque sortie d’un nouveau jeu AAA, quoi de mieux qu’un jeu indépendant nous demandant d’avoir un skill de furieux pour en exploser quelques-unes et ainsi avoir l’excuse et l’occasion d’en acquérir de nouvelles ? Et bien si vous êtes dans ce cas, ne cherchez pas plus loin, car Ten – Ten Rooms, Ten Seconds, premier jeu du développeur indépendant The Bworg est là pour remplir cette mission : nous mettre face à un challenge de forcené pour mettre nos nerfs à rude épreuve. Et voilà pourquoi il faut que vous y jouiez.
Une menace TENace et indicible
Mais avant de rentrer dans les détails du gameplay, intéressons-nous d’abord à la narration. À notre arrivée sur la page d’accueil, nous commençons par lancer le tutoriel. Celui-ci est l’occasion de nous découvrir sortant d’une cuve. Un texte nous apprend alors que nous sommes les bienvenues à Sisyphus, que notre pseudonyme est #1010 et que nous allons devoir survivre pour atteindre la surface.
Avant de continuer, rappelons tout de même que Sisyphe, pour avoir défié les dieux, fut condamné à pousser une pièce sur une montagne dont elle finissait toujours par redescendre. Un châtiment éternel donc. Sera-ce aussi notre lot dans TEN ? La vue de notre nom, # 1010, laisse sérieusement présager d’un destin identique. Quoique cela dépende énormément de notre talent manette en main.
Pour arriver au terme du titre de The Bworg, il va nous falloir monter à la surface. Mais que faisons-nous sous terre déjà, poserons judicieusement les plus intéressés ? Et bien cela nous le découvrirons tout au long de notre remontée via des informations glanées auprès des survivants présents dans les étages. Cette narration en pointillé nous apprend petit à petit les tenants et aboutissants de notre présence en ces lieux et pourquoi il nous faut rejoindre la surface. Loin d’être anecdotique, elle donne un réel sens à nos souffrances.
Il est d’ailleurs dommage que cette narration ne soit pas davantage mise en avant autrement que par des textes simples et d’une concision à toute épreuve. Il est tout à fait possible de passer complètement à côté en ne faisant pas l’effort d’aller discuter avec tous les protagonistes présents dans les camps. Bien sûr, l’essentiel de TEN est contenu dans son gameplay et son challenge, mais le monde mis en place est suffisamment intéressant pour mériter plus de place et cela aurait apporté un but à atteindre après chaque fin d’étage.
Tu vas te TENir tranquille, oui !
Mais il est temps d’aborder ce qui fait le cœur même du titre de The Bworg : son gameplay. Chacun des dix étages est constitué de dix niveaux. Dans la quasi-totalité de ces niveaux, il va nous falloir survivre dix secondes pour ouvrir la porte menant au tableau suivant. Notre challenge consistera donc, très rapidement, à appréhender les pièges disposés dans le niveau pour réussir à rester en vie le temps imparti.
Les moyens létaux qui parsèment ces mondes sont nombreux. Entre les canons, les scies circulaires plus ou moins mobiles, les rayons laser, les animaux mutants et autres piques et plateformes instables, il va nous falloir rapidement juger de la menace la plus importante pour nous en éloigner tout en esquivant ce qui pourrait nous faire perdre rapidement nos points de vie. Nous bondissons alors d’un bout à l’autre de l’écran grâce à nos réflexes de ninja… ou pas.
Pour agrémenter nos parties, il est possible, et recommandé de récolter des pièces d’or disposées non innocemment dans le niveau. Cette monnaie nous permettra dès le second étage d’acheter des améliorations à notre personnage. Celle-ci sont de trois types : explorer, survivor ou challenger. En fonction de nos choix, nous pourrons ainsi débloquer des capacités tels un dash, ou des améliorations concernant notre jauge de vie. Tout débloquer nous semble impossible et il faudra alors choisir nos dépenses en fonction de notre façon de jouer.
Toujours pour nous aider, il est possible de refaire le plein de vie grâce à un container à pizza disponible en début de niveau. Une fois un tableau terminé, il est possible de revenir en arrière en cas de cœur perdu. Cela facilite légèrement notre avancée et cela nous permet surtout de ne pas arriver complètement déplumés face au boss.
Ceux-ci sont de différentes sortes. Il y a d’abord les niveaux qui nous demandent de rester vivant trente secondes. Nous sommes alors face à un ennemi dont la santé s’épuise avec le temps et il nous faut juste, mais le mot est très mal choisi, réussir à esquiver toutes ses attaques. Nous avons aussi droit à des phases de plateformes dont le scrolling est automatique, à des phases de shoot’em up ou de run’n gun. Chacune de ces parties vient diversifier le gameplay et offre un challenge bien corsé qui demandera un moment d’apprentissage et beaucoup de talent.
Et la TENeur du titre dans tout ça ?
Pour espérer venir à bout de ces niveaux, il fallait que les contrôles répondent parfaitement. Avec nos pauvres moyens de joueurs vétérans, nous n’avons jamais eu à pester sur ceux-ci et seuls nos réflexes de personnes âgées furent à blâmer pour les multiples morts qui ont émaillé notre parcours. Tant que le dash n’est pas acheté, il nous suffit d’utiliser le stick directionnel ainsi qu’un bouton de saut pour nous sortir des pièges tendus. Le tout répond parfaitement et sans délai.
Le contenu pour un titre disponible au lancement pour moins de 5 € est tout à fait correct. Si les pros du joy-cons finiront sans doute cette aventure en moins d’un couple d’heures, il faudra bien plus d’essais au commun des mortels pour en connaître le dénouement. Les niveaux s’enchaînent régulièrement sans causer de lassitude. Les phases différentes ajoutent un peu d’air frais à un tout qui sait se renouveler pour ne pas causer de lassitude malgré le concept de die’n retry. Toutefois, mourir durant la phase de boss apporte de la frustration du fait de devoir refaire les neuf niveaux précédents pour pouvoir retenter notre chance et débloquer le palier suivant.
Pour agrémenter notre voyage dans son monde, The Bworg a mis en place des graphismes minimalistes aux forts accents des productions 8 bits. Si le résultat est plaisant pour ceux qui aiment le rétro gaming, les décors manquent cruellement de renouveau. Seuls les mondes « aquatiques » apportent un peu de couleur ainsi que le palier final qui pour le coup renouvelle complètement les décors. Toutefois, avant d’en arriver là, les tableaux s’enchaîneront en se montrant tous identiques.
Le code couleur mis en place pour nous aider à identifier les dangers est très simple, rouge = danger. Voilà, c’est tout. Il ne faut absolument pas toucher tout ce qui est rouge. Heureusement que ce code couleur est présent, car certains éléments, comme les scies par exemple, peuvent apparaître dans certains niveaux sans pour autant être dangereux. Nous naviguons donc dans un monde monochrome envahi rapidement d’éléments mortels et rouges qu’il nous faut éviter.
Conclusion
Pour un premier essai, le développeur The Bworg nous propose un titre au gameplay maîtrisé offrant un challenge relevé. Si ses décors manquent de variation, les situations qu’il nous propose d’affronter se renouvellent régulièrement et ses contrôles répondent parfaitement. La possibilité de récolter des pièces pour débloquer de nouvelles habilités rend le tout plaisant à parcourir et permet d’adapter les mécaniques à notre façon de jouer. Il est regrettable que sa narration ne soit pas davantage mise en avant tout comme sa bande-son. Un jeu intéressant pour les fans de plateformers exigeants à petit prix en manque de Céleste.
LES PLUS
- Les graphismes en mode 8 bits offrent des tableaux parfaitement lisibles…
- Le code couleur mis en place augmente la lisibilité des situations.
- Le gameplay est nerveux et très efficace.
- Les contrôles répondent parfaitement aux attentes.
- Les mécaniques mises en place sont simples à appréhender.
- La récolte des pièces ajoute à la tension des niveaux.
- La personnalisation de notre avatar via les achats est intéressante.
- Les différentes phases de jeu apportent pas mal d’air frais assez régulièrement.
LES MOINS
- … mais ils ne se renouvellent que trop peu.
- La bande-son est anecdotique.
- La narration et l’univers sont sous-exploités.