Branchez la guitare !
Entonnez le tambour
Moi, j’accorde ma basse
Un, deux, trois, quatre…
Voilà un résumé plus qu’alléchant de ce que tentent de proposer les développeurs polonais de chez Hyperstange avec leur dernier titre Loud. Un jeu de rythme qui fait la part belle aux sonorités rock. Mais ce segment commence, comme beaucoup d’autres sur nos Nintendo Switch, à être très bien pourvu en titre très agréable à jouer. Alors réussira-t-il à se faire une place sur le devant de la scène ? C’est ce que nous allons voir de suite.
Au cœur de la nuit
Loud nous offre la possibilité de suivre les déambulations d’Astrid, une jeune adolescente qui se passionne pour le rock. C’est ainsi qu’elle passe de nombreuses heures dans sa chambre à mimer ses groupes préférés à base d’Air Guitar avec un balai. Autant dire de suite que notre attachement pour cette demoiselle est immédiat. La candeur qui ressort de cette introduction nous rappelle forcement notre jeunesse à tous à jouer dans le vide le solo de notre guitariste préféré, Van Halen sur Beat It personnellement.
Le reste de l’histoire nous présentera l’ascension de notre héroïne dans le monde de la musique. Cette narration se fait sous forme d’image fixe dans lesquels sont incrustés les sous-titres des monologues d’Astrid. La candeur du départ laisse peu à peu la place à une histoire cousue de fil blanc et de bons sentiments, moins agréable à suivre et surtout extrêmement courte. Ce sera d’ailleurs le principal reproche que nous ferons au titre des Polonais.
Pour obtenir la fin de l’histoire d’Astrid, il n’y a que douze morceaux à maîtriser. Alors ceux-ci sont d’une durée à chaque fois de plusieurs minutes, mais pour voir connaître le fin mot de l’histoire une petite heure est largement suffisante, c’est très faible. Bien sûr l’essentiel d’un jeu de rythme est ailleurs, mais avec juste trois chansons bonus supplémentaires, le contenu global est tout de même assez léger, surtout vis-à-vis de la concurrence.
Avec un ratio de 1,3 morceau par euro dépensé, nous sommes dans la fourchette basse des titres du genre, par comparaison DEEMO fait passer le ratio à 6,7 et seul le très bon Avicii Invector en propose moins avec un ratio de 1,25. Et c’est vraiment dommage, car les compositions réalisées par les cinq musiciens en charge de la bande-son sont de bonne facture. Entre des balades douces et des riffs de métal bien gras, il y en a pour tous les goûts et les variations de rythme et de style sont toujours un plaisir à découvrir.
Un autre monde
En ce qui concerne le gameplay, le cahier des charges est respecté à lettre. Nous avons devant nous six lignes qui correspondent sans doute aux six cordes d’une guitare. Ces six lignes correspondent à une touche de notre joy-cons. Les lignes de gauche aux touches Haut, Bas et Gauche et les lignes de droites aux touches X, B et A. Les notes sont représentées par trois étoiles qui arrivent en rythme sur ces lignes, à nous d’appuyer sur la bonne touche au bon moment.
Ils existent trois types d’étoiles, les classiques qui ne demandent qu’un appui simple et qui nous donnent des points qui sont fonction de notre précision. Celles nous demandant un appui long et permettant d’utiliser l’un des deux sticks pour simuler l’utilisation du vibrato qui fera défiler les points en fonction du nombre de ronds effectué avec ceux-ci. Enfin les dernières nous demandent de matraquer le bouton adéquat pour, là encore, exploser le compteur de point.
Ces trois types de notes s’enchaînent sur les six lignes pour former un jeu de rythme dans lequel il va falloir faire preuve de réflexe et de rythme pour atteindre le fameux rang S en fin de morceau. Des sections spéciales permettent, en cas de sans-faute, d’obtenir des bonus de points et un multiplicateur de score va aller jusqu’à multiplier le résultat de chaque note par cinq dans le cas où nous enchaînerons les sans-fautes.
La complexité est assez homogène sur les douze morceaux du mode story. Le challenge dépend donc du niveau de difficulté choisi. Si le mode Chillin’ permet de se familiariser facilement avec les contrôles et de terminer l’histoire, le mode Skillin’ demande une bonne coordination pour atteindre un rang S qui nous débloque alors le mode Grindin ». Ce dernier mode de difficulté est nettement d’un cran supérieur et demande un apprentissage des morceaux pour ne pas être surpris et pouvoir atteindre la fin du niveau.
Crache ton venin
Et nous en revenons ainsi au problème déjà évoqué précédemment, le manque de contenu. Une fois le mode story terminé, nous débloquons les quatre titres bonus, ceux-ci correspondent au dernier degré de difficulté et la vitesse de réaction ne suffit plus, il va falloir mettre en place une mémoire musculaire pour maîtriser les enchaînements. Mais aucun mode apprentissage n’est présent, il va falloir enchaîner les essais infructueux en essayant de mémoriser les rythmes de touches, ce qui au vu de la vitesse atteinte devient très difficile, en tout cas pour le pauvre testeur que je suis.
Concernant la partie graphique aussi nous devons faire face à un contenu qui laisse sur sa faim. Notre héroïne dispose en tout et pour tout de quatre tenues et de quatre guitares, celles de départ comprises. Refaire encore et encore les mêmes morceaux en boucle pour améliorer nos scores ne permet aucunement de débloquer des cosmétiques qui auraient pu nous donner un but et justifier un entraînement.
Les effets graphiques qui pourraient accompagnés nos réussites sont très en deçà de ce que proposent la concurrence, à peine quelques flashs de temps en temps. De la même façon, si la partie musicale a su nous enchanter par ses pistes tirant du côté d’un soft métal sympathique, les interjections d’Astrid sont bien plus pénibles. Si c’est « Wah » et autre « Awesome » sont mignons lorsqu’elle joue avec son balai, elles deviennent vite lassantes et gênent davantage qu’elles font sourire de par leur répétitivité et leur manque de renouvellement.
Les contrôles quant à eux répondent parfaitement et si nous avons préféré profiter du gameplay avec des joy-cons dont les touches Haut, Bas et Gauche sont bien séparées, le maniement à la manette pro n’est pas désagréable et il ne handicape en rien le joueur du fait du remplacement des boutons par une croix directionnelle.
Conclusion
Après un effet waouh ! Durant les premières minutes de jeu grâce à une bande-son rock de qualité, une histoire accrocheuse et un gameplay parfaitement maîtrisé, Loud des Polonais de Hyperstrange montre trop vite ses limites en termes de contenu et nous en sommes les premiers déçus. Avec seulement quinze morceaux, nous sommes très loin des 200 morceaux d’un DEEMO. L’absence d’un mode permettant de mettre en place un apprentissage nécessaire pour les derniers niveaux de difficulté rend la progression bien difficile. De même le manque de cosmétique à débloquer n’encourage pas l’apprentissage. Nous avons adoré poser les mains sur Loud, mais nous l’avons bien vite posé pour passer à autre chose.
LES PLUS
- La narration, pour un jeu de rythme, est vraiment prenante…
- Les graphismes permettent une lisibilité parfaite
- Le gameplay est maîtrisé et varié
- La bande-son rock/soft métal est très agréable à écouter
- Les quatre niveaux de difficulté sont bien calibrés
LES MOINS
- … mais bien trop courte
- La playlist est bien trop limitée avec seulement quinze titres
- L’absence d’un mode entraînement rend la progression difficile
- Les effets graphiques sont vraiment limités
- Les interjections de notre héroïne sont vite pénibles
- Aucun cosmétique déblocable pour encourager la rejouabilité