Les jeux de cartes en mode rogue lite ont le vent en poupe ces temps-ci. Mais réussir à faire sa place va être bien difficile sur une console qui possède déjà dans sa ludothèque les extraordinaires et malgré tout bien différents Griftlands, Monster Train, Slay the Spire, Darkest Dungeon ainsi que le récent Roguebook. Bref du lourd dans une catégorie dont les bases du gameplay semblent inoxydables et dont seule la créativité des développeurs permet de sortir du lot. Qu’en est — il avec la production de Exe-Create, le bien nommé Overrogue, c’est ce que nous allons voir de suite.
L’Overlord the Top
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, nous allons devoir passer un moment sur l’histoire. Car chose étrange pour un Rogue Lite, mais chose agréable tout de même, Overrogue possède un scénario et dans les premières heures de notre temps de jeu, celui-ci prend une place extrêmement importante, au point de se demander si c’est vraiment à un jeu de cartes que nous allons jouer. C’est bien simple, dans les deux premières heures, nous n’allons avoir le droit de ne parcourir qu’un seul donjon, le reste étant des saynètes, tirées du moteur du jeu, qui nous narre notre situation et qui nous explique les mécaniques de gameplay. C’est d’une lenteur insoutenable.
On en vient à se demander comment un tel jeu peut venir du monde mobile. Nous apprenons ainsi que le 444e Overlord du monde des démons cherche son successeur. Il lance donc un concours qui consiste à récupérer les six pierres, les Sagan Cristals, du nom de notre bien aimé père. Car oui, notre papou n’est pas n’importe qui vu qu’il est l’Overlord. Nous avons donc toutes les raisons de penser que, en digne fils, nous allons marcher dans ses pas et écraser la concurrence.
Eh bien non. En effet, un incident traumatisant dans notre enfance en a décidé autrement. Durant celle-ci nous avons été en contact avec cette créature mythique qu’est l’homme. Personne ne veut croire à cet événement et pourtant, depuis lors, nos cornes refusent de pousser et notre pouvoir s’en trouve diminuer. Ainsi pour réussir à mettre la main sur les six cristaux, il va falloir nous trouver des amis ainsi que des supporters. C’est à ce moment-là qu’interviennent dans un premier temps Monty, notre serviteur, Elize, une poupée et Narba une espèce de loup-garou.
En plus de nous fournir de précieuses indications pour notre serviteur, les deux suivants viendront combattre avec nous dans les donjons, tout en nous faisant profiter de leur gouaille et de leur caractère bien trempé. Nous aurons ainsi le droit à de nombreux dialogues, tous dans un anglais assez costaud, qui viendront nous indiquer le pourquoi du comment nous nous jetons à cœur perdu dans cette quête. Régulièrement durant notre aventure, nous pourrons aussi obtenir des quêtes secondaires qui nous apporteront de nouveaux supporters.
C’est quand qu’on arrive ?
Une fois ces longs moments de discussions passés, nous avons enfin le droit à notre premier vrai donjon. Chacun comporte plusieurs niveaux et il va falloir atteindre le dernier d’entre eux pour espérer obtenir une pierre de Sagan. Chacun des étages est composé de plusieurs chemins s’entrecroisant. Il va nous falloir choisir à chaque croisement notre future destination en prenant compte des possibilités suivantes. Ainsi, entre les combats simples, les événements, les marchands de cartes, les monstres forts, l’autel, l’améliorateur et le camp de repos, le choix même de notre chemin aura une influence sur notre progression.
Car avant de pouvoir palper de la carte, il va falloir ingurgiter une foultitude d’informations. Il y a tout d’abord les différentes monnaies du jeu. Elles sont au nombre de trois. Les pièces de donjons, qui permettent de s’acheter des cartes au magasin ou de lancer certaines attaques spéciales. Les pièces de monstres, qui permettent de lancer la Gacha Machine, qui débloque de nouvelles cartes, et enfin la Grindstone, qui débloque certains effets permanents et qui est la plus rare.
Rogue Lite oblige, nous commençons toujours nos descentes avec le même deck composé des mêmes cartes. Chacune à un coût en mana, chaque tour nous permet de dépenser trois points de celle-ci. Pour améliorer notre deck, il faudra remporter des combats, au risque de perdre de précieux points de vie, en obtenir dans des coffres disposés sur la carte ou en acheter au magasin. Il est aussi possible dans celui-ci, pour optimiser notre jeu, de se débarrasser de cartes jugées inadaptées. Les seules cartes disponibles sont celles débloquées dans la machine Gacha et tout cela aura toujours un coût dans la monnaie du donjon.
Les événements nous proposent toujours un petit dialogue différent qui nous amène à un choix. Une fois celui-ci effectué judicieusement, ou pas, nous aurons alors droit à plusieurs effets possibles, cela peut aller de la récompense en termes de carte, d’expérience ou d’augmentation de nos points de vie, jusqu’à la perte de monnaie ou d’item. Il est toujours difficile de prévoir à l’avance le résultat obtenu et celui-ci peut même être un combat.
Si nous atteignons une case « upgrader », le magicien en place nous permettra de passer l’une de nos cartes en mode + voir ++. s. Ces combats nous octroieront des points que nous pourrons dépenser à l’autel pour ainsi récupérer quelque point de vie, augmenter notre jauge de HP ou appliquer un effet de force ou de vitesse à notre équipe. Enfin, le campement nous permettra de récupérer au choix de la vie ou un bonus d’expérience.
Belote et rebelote
Déjà beaucoup de mécaniques alors que nous n’avons toujours pas abordé ce qui fait le cœur de Overrogue, ses combats. Nous avons à notre disposition trois combattants placés sur trois lignes différentes. Une barre, située en haut de l’écran, nous indique l’ordre dans lequel nos unités, ainsi que celle de l’ennemi pourront combattre. Notre unité en première ligne recevra les dégâts infligés par l’ennemi actif tandis que celle située à l’arrière récupérera des points de vie lors de son tour, ou lors de son passage à l’arrière.
Car il est tout à fait possible, soit en utilisant une carte soit en dépensant un point de mana, de modifier l’ordre de nos combattants. Ce placement n’a pas d’influence sur la quantité de dégâts qu’ils vont porter, mais l’alternance apportant un gain appréciable de point de vie, il faut toujours jouer avec cette mécanique. D’autant plus que nos ennemis nous préviennent à l’avance du type d’attaque qu’ils vont lancer. Entre une attaque simple, une attaque touchant tous nos combattants et des sorts de buff et de débuff, il nous faudra être attentifs et gérer au mieux l’ensemble de ces possibilités tout en ayant un œil sur nos cartes bien entendu.
L’intérêt d’un tel jeu de cartes est bien évidemment de mettre au point des tactiques impliquant des combos de plusieurs cartes. Arrive alors le moment le plus frustrant pour le genre en général. Nous aurons beau avoir tout prévu dans les moindres détails et optimiser au maximum notre deck, la chance aura toujours son rôle à jouer. Il faudra tomber sur les bonnes cartes en récompenses. Que ce soit les ennemis ou les coffres, nous devons toujours choisir une carte parmi trois proposées, un moyen de minimiser l’impact de la fée Destinée. Le passage au magasin permettra aussi de se débarrasser des cartes inutiles pour optimiser la chance de voir deux ou trois cartes tomber dans la même main de cinq cartes.
La répétitivité à petite dose
Mais malgré un gameplay vraiment très complet, tout n’est pas rose pour le titre d’Exe-Create. Commençons par évoquer la partie graphique. Celle-ci est extrêmement générique et semble venir tout droit d’un RPGMaker. Nos déplacements dans ces décors passe-partout n’apportent rien à nos parties et l’absence d’indication sur une carte quasi inutile rend vite la recherche de PNJ pénible. Une fois en combat, le constat est sensiblement le même. Avec seulement cinq environnements différents, nous déambulons toujours dans les mêmes lieux.
Heureusement pour nous, le bestiaire est plus varié et les ennemis et boss apparaissent de manière aléatoire, rendant nos descentes toujours intéressantes. Car il va falloir recommencer encore et encore les mêmes donjons jusqu’à avoir débloqué les cartes les plus puissantes de notre deck, augmentant ainsi nos chances de vaincre le donjon suivant. Le grind, et la chance aussi, sont donc au cœur du jeu. Pour nous aider à faire passer la pilule et le temps, chaque donjon possède un système de Karma.
Celui-ci nous permet d’augmenter graduellement la difficulté de 10 à 120 % et de pouvoir obtenir des récompenses bien plus conséquentes. Le challenge est donc bien toujours présent et la progression jamais frustrante malgré les lacunes citées plus avant aussi bien dans les donjons que dans l’histoire. Toujours pour éviter le côté répétitif du grind, nous pouvons débloquer 4 nouveaux decks qui à leur tour demanderont de débloquer de nouvelles cartes via la Gacha Machine. Le gameplay est ainsi régulièrement renouvelé, il est juste regrettable de ne pas pouvoir mixer ces decks pour créer notre propre jeu de base.
Toujours dans le but de diversifier les situations, dans le cas où nous retirons une carte dans la machine, celle-ci est directement upgradée à son niveau supérieur et cerise sur l’as de trèfle, les trésors à ouvrir peuvent aussi contenir des… trésors. Ceux-ci nous octroient des bonus tous au long du donjon en cours, de quoi sérieusement nous avantager. Le seul regret qui nous assaille est qu’aucun mode tactile ne vienne accélérer une navigation pourtant déjà bien optimisée.
La durée de vie globale de cet Overrogue est vraiment conséquente. Débloquer l’ensemble des cartes sur les cinq decks demande un temps énorme tout comme réussir à obtenir les six cristaux et ainsi découvrir le fin mot de l’histoire. Avec un tarif de base de 15 €, le titre Exe-Create est clairement très attractif pour tous les amateurs de jeu de cartes en mode rogue lite. Il est aussi possible de se faciliter la tâche en débloquant, via l’eShop, des récompenses supplémentaires, résurgence maladroite de sa version mobile sans doute.
Conclusion
Malgré une entame de jeu vraiment longue, une fois la boucle de gameplay lancée, nous permettant ainsi de débloquer les cartes et leurs améliorations, le titre d’Exe-Create se montre intéressant à jouer et assez addictif. Il nous oblige toujours à nous adapter aux cartes et trésors récupérés et, que ce soit en combat ou sur la carte du donjon, le maître mot est toujours réflexion. Bien sûr la chance a un grand impact dans notre progression, mais les mécaniques mises en place viennent toutefois réduire son importance. Sa narration est truffée de dialogues et de personnages hauts en couleur et malheureusement il faut un bon niveau en anglais pour en profiter. Une bonne pioche pour tous ceux ayant déjà retourné les classiques du genre. PS : Après être retourné sur le jeu sans y avoir joué durant 48h, notre stock de Grindstone avait diminué de plus de 200 unités, nous espérons que cela soit un bug qui se verra corrigé car pour le coup c’est un sérieux coup porté à notre portefeuille vu la lenteur de récupération de cette monnaie, même si celle-ci n'influence pas directement notre progression.
LES PLUS
- Les graphismes sont sympathiques…
- La bande-son est correcte et ne gêne en rien nos parties
- La narration est agréable à suivre et les dialogues plutôt rigolos
- La boucle donjon/déblocage de carte fonctionne vraiment bien
- Le système de Karma permet de couper l’effet de répétition
- Les mécaniques de combats à base de carte et de combo sont parfaitement maîtrisées
- La durée de vie est très bonne, + de 30h, compte tenu du prix
- La prise en main est optimale en docké et en nomade
- Le nombre de cartes et de combos possibles est très important
- Les quatre decks déblocables renouvellent bien le gampelay
LES MOINS
- … mais ils sont bien trop génériques
- Le tactile n’est pas pris en charge
- Seulement cinq thèmes de décors, c’est un peu léger
- Tout en anglais et très verbeux
- Il est impossible de se confectionner un deck de départ
- Le retrait de Grindstone si on ne se connecte pas tous les jours, c’est une blague ?