Les jeux indépendants sont légion, mais il arrive parfois que tel un nain creusant les mines, on tombe sur une petite pépite… Serait-ce le cas de Ruggnar… ? Prenez votre pioche et votre lampe de poche, nous allons découvrir cela ensemble !
C’est naincroyable
Bon, nous allons essayer d’éviter les jeux de mots en « nain », pour éviter que ça ne devienne n’importe quoi… Même si ce n’est pas n’interdit (ok, on a un peu poussé pour celle-ci…) Allez trêve de jeu de mots, présentons rapidement ce Ruggnar !
Ruggnar est le premier titre du studio indépendant Sword N’Wands. Celui-ci est en fait porté par un seul homme, Cyrille « Sirill » Bonard. Officiellement, Sirill avait déjà travaillé sur un autre jeu, sorti exclusivement sur Android, mais Ruggnar est son véritable premier jeu à débarquer sur une console ! Il a tout de même été assisté dans son ouvrage, notamment pour la partie graphisme, par Florian Hurtaut. L’idée et le concept du jeu lui sont venus aux environs de 2016, c’est d’ailleurs en septembre de cette année-là qu’il a commencé à en parler… Et c’est finalement 6 ans plus tard et l’utilisation de son temps libre pour avancer dessus, que le jeu est enfin disponible ! Voilà donc pour la genèse du jeu, passons donc maintenant à l’histoire de Rugnnar…
Tout allait bien pour la cité de Murlodar, elle était prospère, jusqu’à ce que les filons de pierres précieuses s’épuisent entrainant la disparition progressive de la vallée, par l’exode ses habitants désormais sans le sou… Las, notre brave Ruggnar était en train de boire une bonne grosse chopine à la taverne, lorsqu’il entend parler d’une rumeur sur un endroit qui renfermerait un trésor, la tour Bilibine ! N’écoutant que son courage (et surtout sa soif d’or), Ruggnar prépare son sac et c’est uniquement équipé de quelques bougies qu’il part à l’assaut de la tour et que débute notre aventure.
Des bonnes naintentions
Ruggnar est un jeu de plateforme en 2D mâtiné d’une bonne dose de réflexion et de prudence. En effet, nous sommes amenés à incarner un nain prénommé Ruggnar (ça vous l’aviez compris, je pense.), la particularité du jeu, c’est qu’il est (presque) dépourvu d’ennemis à vaincre pour progresser. En effet, l’objectif du jeu sera de progresser dans différentes salles en évitant des pièges et en collectant le maximum de pièces d’or (si possible toutes). Mais la particularité du titre vient de son environnement, en effet, le chemin à parcourir est loin d’être une sinécure la tour Bilibine est truffée de pièges mortels qu’il conviendra d’éviter… Mais pire encore, celle-ci est quasiment plongé dans le noir ! Par chance, notre bon nain avait pensé à faire le plein de bougie avant son excursion, ainsi, il pourra avancer en s’éclairant du halo salvateur d’une bougie, qu’il a pris soin de poser sur son casque.
L’aventure commence par un petit tutoriel, histoire de se familiariser avec les capacités de notre nain. Celui-ci peut donc se déplacer de gauche à droite et de haut en bas (en escaladant des échelles). Il peut bien évidemment faire des sauts (c’est préférable.) et surtout, il peut utiliser des bougies. Celles-ci lui permettront de voir un peu mieux dans l’obscurité des niveaux, elles permettent au joueur d’avoir un halo lumineux autour de notre personnage pour essayer de mieux distinguer où l’on met les pieds… Le son a également son importance, car les bruits que vous entendrez pourront vous donner des indications sur les pièces non loin de votre position. Et si cela ne suffisait pas, sachez que Ruggnar a également la possibilité de jeter une bougie pour éclairer son chemin au loin, histoire aussi d’avoir un aperçu de ce qui l’attend. Mais ce n’est pas tout, il est également possible d’utiliser les bougies pour actionner des mécanismes qui vous permettront d’ouvrir des portes.
Attention, quand même, car celles-ci ne sont pas disponibles en quantité illimitée ! Mais sachez qu’il est possible d’en acheter à un marchand (qui a sans doute estimé que c’était le bon filon de vendre des trucs à des aventuriers, dans une tour remplie de pièges). Vous en trouverez également parfois dans les niveaux et vous pourrez également ramasser les bougies que vous avez jetées.
Vous l’avez compris, les bougies sont au cœur des mécaniques du jeu, mais rassurez-vous, même elles ont entièrement fondues (ça reste des bougies.), votre personnage ne sera pas plongé dans l’obscurité pour autant. Comme tout bon nain qui se respecte, il a passé la quasi-entièreté de sa vie dans les mines et s’avère doté d’une vision nocturne à faire baver Riddick de jalousie. Même si vous ne verrez pas aussi loin qu’avec une bougie, vous pourrez tout de même continuer à progresser.
La difficulté de la progression va crescendo, les premières pièges sont facilement évitables, mais bien vite, des lance-flammes, des haches en suspension ou encore des plateformes piégées, viendront ralentir votre progression. Mais en synchronisant vos sauts et avec une bonne connaissance de l’environnement (à force de vos morts), vous ne devriez pas être trop embêtés pour progresser dans l’histoire.
On parlait des bougies, sachez que le jeu propose quand même un système de checkpoint (souvent bien utile vu la taille de certains niveaux). Celui-ci se présente sous la forme d’un chandelier avec 3 bougies. Il vous sera donc possible de faire 3 sauvegardes par chandelier. Bien entendu, certaines zones à explorer renferment plus d’un chandelier, ce qui augmente d’autant le nombre de checkpoints que l’on peut valider. Mais de notre côté, nous n’avons jamais ressenti de limitation par rapport à cela. En sauvegardant judicieusement, vous ne serez jamais à court de cire à enflammer. Attention quand même, car si vous tombez dans un piège, c’est la mort assurée. Détail amusant, une pierre tombale viendra se poser sur le lieu de votre mort et indiquera le nombre de vie consommée pour en arriver là (à partir de 30, il faudra s’inquiéter de vos capacités et prendre un peu de repos avant de relancer une partie.).
C’est pas nain porte qui
Au fil de votre progression, Ruggnar gagnera en capacité et très vite, il sera à même d’effectuer un double-saut qui s’avérera fort pratique pour progresser. Le marchand de son côté, propose également dans son échoppe différents grimoires que vous pourrez acheter (moyennant les pièces d’or durement collectées dans votre progression) pour améliorer vos capacités. Vous pourrez ainsi augmenter l’intensité des bougies pour voir un peu plus loin, mais aussi ralentir le temps de combustion de ces dernières. Ces différentes améliorations s’appliqueront également aux bougies que vous pouvez lancer. Vous pourrez même acheter des objets (comme un bouclier utilisable une fois par niveau) qui vous empêcheront de succomber instantanément contre un piège tranchant, ou brûlant. Avec le temps, c’est même un familier, Floufi, qui se joindra à notre nain. Ce dernier prend l’apparence d’un feu-follet, qui non content de vous éclairer un peu plus, s’avérera également contrôlable à distance (pendant une période limitée). Ainsi, vous pourrez profiter de sa petite taille, pour vous faufiler à certains endroits des niveaux pour actionner des mécanismes. Floufi est également apte à recevoir des améliorations, ce qui vous permettra par exemple de l’utiliser pour ramasser des pièces au loin en évitant de vous mouiller (oui, car Ruggnar n’aime pas l’eau, il a déjà pris un bain le mois dernier.). Ces différents power-ups s’avéreront utiles et faciliteront pas mal votre progression tout au long des 2 mondes (et 20 niveaux) qui composent le jeu.
On disait en introduction qu’il n’y avait pas d’ennemis, ce n’est pas tout à fait vrai, à 2 (voire 2.5) reprises, nous devrons affronter des boss ! Chaque boss a un pattern bien spécifique qui une fois comprise vous permettra d’en finir avec lui rapidement. Durant les affrontements contre les boss, la vie de Ruggnar passe en mode « Sonic le Hérisson ». En effet, pas de mort en une touche contre les boss (heureusement !), ce sont les pièces d’or en votre possession qui voleront dans les airs (à l’image des « rings » du hérisson bleu) et feront office de vie, qu’il sera possible de ramasser avant qu’elles ne disparaissent. On souligne quand même que les affrontements se feront de manière plutôt original et pas forcément dans la violence (n’espérez pas mettre le feu à vos adversaires.).
Nain nain nain nain nain nain, nain nain nain (à fredonner sur l’air de Freed From Desire)
Il est temps de parler de l’ambiance sonore du jeu qui est très surprenante (pour un jeu indépendant) et de très bonne facture. En effet, l’ensemble des dialogues des différents personnages rencontrés sont entièrement doublés en français ! C’est même Pierre-Alain de Garrigues qui donne de la voix pour Ruggnar. Vous l’avez forcément déjà entendu dans Oddwolrd (Abe, c’est lui.) ou encore le Dr Nitrus dans Crash Bandicoot… La version anglaise est assurée par Jordan Harrelson que vous avez peut-être entendu dans Edge of Eternity. La prestation est franchement de qualité et donne vraiment corps aux différents personnages. Les répliques, lorsque notre personnage succombe, sont suffisamment variées pour ne pas donner l’impression de toujours entendre la même chose. Qui plus est les dialogues sont savoureux et le jeu est bourré de références à l’héroïc-fantasy, au fantastique et aux jeux d’aventure, allant du seigneur des anneaux (forcément) en passant par le donjon de Naheulbeuk, et même les comics Marvel ! On apprécie également le soin apporté à l’ambiance sonore générale qui sans forcément être transcendante, colle parfaitement avec l’univers du jeu.
Graphiquement, c’est très ambiance 16 bits façon Super Nintendo, avec des environnements que l’on aurait aimés plus variés (avec des niveaux en plus), mais apportant toujours des nouveautés au niveau du « level-design ». Les personnages rencontrés sont bien réalisés et bien animés. Il en est de même pour notre nain dont certaines animations faciales rappelleront les Looney Tunes.
Niveau maniabilité, c’est aux petits oignons, Ruggnar répond parfaitement aux commandes (c’est préférable dans ce genre de jeu.) et même si on préférera jouer avec la croix directionnelle, le stick analogique fait très bien l’affaire aussi.
Le plus grand regret dans cette aventure, c’est sa fin un peu prématurée… En effet, le jeu comporte (seulement) deux zones différentes, la tour et une autre que nous vous laisserons découvrir. Comptez 2h30 pour voir le bout de l’aventure, c’est peu, mais c’est sans compter le temps qu’il vous faudra encore pour finir les différents niveaux à 100%. Au nombre de 20, ils vous demanderont de réussir certains objectifs, comme finir le niveau en un temps limité, obtenir toutes les pièces cachées, mais aussi trouver les objets cachés ou finir un niveau à 100% sans accident (et c’est loin d’être aisé.). Les complétistes en mal de challenges auront donc de quoi faire. À cela, se rajoute également un mode miroir, qui vous fera revivre l’aventure dans une « autre direction », mais aussi un mode Donjon aléatoire qu’il faudra finir le plus vite possible en ramassant l’ensemble des pièces et enfin le mode château changeant, qui à la manière d’un roguelite, vous demandera d’escalader les 10 étages d’un château généré de manière procédurale… Mais le tout sans se faire toucher, sous peine de devoir recommencer depuis le rez-de-chaussée ! Ce dernier mode est particulièrement corsé et on est bien content de pouvoir upgrader notre nain, pour éviter la mort au premier coup de lame. À défaut d’une histoire plus longue (qu’on aimerait bien voir se prolonger avec des niveaux supplémentaires), on a quand même de quoi faire et il faut avouer que le jeu est finalement assez addictif pour qui veut obtenir le score parfait.
Conclusion
Ruggnar propose tout ce que l’on attend d’un jeu indépendant, une expérience inédite qu’on n’aurait pas retrouvé chez un triple A, mais qui s’avère bougrement efficace et addictive ! Toutefois, on est un peu déçu par le trop court mode histoire… On espère que des niveaux supplémentaires viendront se rajouter à l’aventure ; Néanmoins avec le mode miroir, le mode roguelite et les conditions à réussir pour finir un niveau à 100%, les « complétistes » y trouveront leur compte. Au final, nous ne pouvons que saluer la performance de Sword N’Wands studio (porté par un seul homme) qui s’avère d’excellente facture !
LES PLUS
- L’histoire.
- L’ambiance sonore, le doublage intégralement en français.
- L’originalité du concept.
- Les possibilités d’évolution du personnage.
- Addictif pour qui veut finir à 100%.
- Maniabilité impeccable.
LES MOINS
- Le mode histoire trop court.
- Quelques plantages, mais uniquement dans le mode miroir.
- On aurait aimé 3-4 niveaux en plus.