Le plaisir du jeu indépendant, c’est d’abord et avant tout l’opportunité de toucher à des jeux dont les développeurs n’ont pas eu à subir de pression. Des jeux qui leur permettent donc d’explorer à fond une idée de gameplay pour ensuite nous la proposer à des tarifs raisonnables. Encounters : Music Stories a donc tout du jeu indépendant et le type de gameplay qu’il souhaite revisiter à sa sauce n’est autre que celui du jeu de rythme. L’occasion pour nous de voir qu’une idée n’est pas toujours bonne à exploiter et que la perfection n’est pas dans les hommes, mais dans leur intention.
Un enfer pavé de bonnes intentions
Car le titre des espagnols de IloveMedia est à la base pétrie de bonnes intentions. Il veut proposer un jeu de rythme dont les différents protagonistes sont sous-représentés dans notre média. C’est une très bonne idée, sauf que ces protagonistes apparaissent, en tout et pour tout, le temps d’une chanson et, à part avec un texte de lancement et un de fin, ils n’ont absolument aucune importance dans ce titre qui n’est qu’une succession de morceaux musicaux sans aucun liant.
Chaque petite histoire est bien mignonne, mais elle tient en trois lignes et n’a aucun rapport avec celle qui la précède. Le titre ne comprenant que 12 morceaux, nous allons très vite faire le tour de ces saynètes sans jamais nous attacher à aucun des personnages qui les composent. De plus leur chara design, sous forme de paper toys cubiques, ne laisse pas non plus vraiment de place à une quelconque affection.
Mais si nous nous lançons dans un jeu ce n’est pas pour l’histoire, mais bien pour les sensations qu’il procure. Jouer à un jeu de rythme c’est d’abord lancer un mode normal qui nous permet de nous familiariser avec un gameplay dont le but est généralement d’appuyer sur des touches de nos manettes dans un bon timing. Les meilleurs jeux nous proposent ainsi d’utiliser la croix directionnelle, les touches d’action ainsi que les sticks. Ce n’est pas le cas avec Encouters : Music Stories qui se contente de nous demander un appui sur juste deux touches ZL et ZR.
C’est déjà très peu et pourtant c’est déjà trop. En effet tous les jeux de rythme ont pour dénominateur de faire converger les notes vers un lieu fixe. Ce lieu peut être une ligne située en haut, en bas, à gauche ou à droite de l’écran ou un point, souvent situé au milieu de l’écran. Mais jamais au grand jamais les indications ne sont amenées à diverger pour atteindre deux lieux distincts. C’est malheureusement ce que nous sommes sensés appréhender avec le titre de IloveMédia, et c’est tout bonnement impossible.
Mais revenons en arrière pour donner plus de détails. Encouters nous montre deux personnages sur deux écrans différents. Ceux-ci doivent se retrouver au centre de l’écran, mais des murs les en empêchent. Pour les faire s’abaisser, il nous suffit de les mettre à niveau en appuyant sur ZL pour les murs de gauche et ZR pour les murs de droite, le tout au moment adéquat. Cela semble très simple et les morceaux qui nous accompagnent sont déjà très connus, ce qui nous donne un rythme facile à suivre.
Quand la musique est bonne… ou pas
Sauf que pour que nos personnages arrivent au centre de l’écran, il faut que les murs s’en éloignent, ce qui nous complique nettement la tâche. La seule et unique façon de venir à bout d’un niveau est tout simplement de l’apprendre par cœur. Ça tombe bien, c’est ce que préconisent les développeurs. Mais, en tant que joueur, ce n’est pas ce que je souhaite faire lors de la découverte d’un jeu. Oui, maîtriser le mode difficile de n’importe quel jeu de rythme demande cet effort, mais le même jeu nous permet d’abord de nous AMUSER sans prise de tête, juste en testant nos réflexes et notre sens du rythme.
Et c’est sans doute la plus grosse erreur commise par les développeurs, croire que tous les joueurs ont l’envie d’apprendre le déroulement de leur morceau comme on apprend une partition. Ce n’est en tout cas pas mon cas. Pire, le jeu ne nous laisse aucun droit à l’erreur. Une faute et c’est le retour direct au point d’étape. La frustration est impressionnante. Pire², chaque partie de l’écran correspond à un instrument différent, pratique pour s’en sortir, sauf quand, dès le troisième morceau, les instruments sont deux pianos. Les différencier pour le commun des mortels est tout bonnement impossible.
Les bêta-testeurs ont dû faire ce genre de retour au studio espagnol, pour faire passer la pilule, ils nous conseillent alors de jouer à deux, chacun avec un Joy-Con. Le résultat est que nous passons de impossible à soporifique. Nous nous contentons d’appuyer sur ZL, ou ZR, suivant notre moitié d’écran. C’est d’un ennui encore rarement atteint dans l’histoire du jeu de rythme. En cas de persévérance du joueur, celui-ci peut apprendre chaque « main » grâce à un mode entraînement. C’est là encore complètement inutile, car ce qui pose problème, ce n’est pas chacune des mains prises séparément, mais l’impossibilité de distinguer les deux côtés de l’écran en même temps.
Il est aussi possible, une fois le morceau appris par cœur, de le jouer en mode nuit, celui-ci se passe d’explication, il faut juste connaître le dérouler parfaitement, mais de toute façon, c’est déjà le cas avec le mode normal. Ceux que ces quelques n’ont pas encore découragé pourront s’amuser aussi en mode tactile ou en secouant les Joy-Con, la précision est plus faible donc le résultat est encore pire.
Conclusion
Découvrir un nouveau jeu de rythme est normalement toujours un plaisir, de nouvelle façon de jouer, de nouvelles playlists, il est rare que le plaisir soit gâché et c’est pourtant ce qu’arrive à faire IloveMedia avec son Encounters : Music Stories. Son choix de présentation qui fait diverger les indications vers deux points opposés de l’écran est tout bonnement catastrophique et la solution de jouer avec un ami rend le titre soporifique. C’est bien dommage, car sa volonté de faire passer un message rassembleur était bien présente, mais le résultat manette en main ne procure que de la frustration.
LES PLUS
- Chaque toute petite saynète est mignonne
- Graphiquement c’est assez mignon
LES MOINS
- Le gameplay est à la fois trop simple et pourtant irréalisable
- Les indications qui divergent à l’écran rendent le titre injouable
- Il faut obligatoirement connaître les appuis par cœur
- Aucun droit à l’erreur n’est permis
- Le mode entraînement ne sert strictement à rien
- Le jeu à deux joueurs est d’un ennui rarement atteint