Vous rêviez d’un crossover entre Silent Hill, bijou d’horreur vidéoludique, et la rom com Un Jour sans Fin ? Non ? Réjouissez-vous : la modeste équipe de l’espagnol WildSphere l’a quand même fait, au risque d’étonner… et de détoner !
Où est-ce que j’ai mis mes clés ?
Survival horror comprenant son lot d’énigmes, Oxide Room 104, saupoudré d’une pincée de roguelite et d’un soupçon de die and retry, ose le mélange des genres. Avec bonheur ! Le joueur incarne Matt, jeune entrepreneur de son état qui, après s’être réfugié dans un motel un soir de pluie – en lieu et place d’instantanément tourner les talons, le malheureux -, se réveille nu comme un ver, dans la baignoire de la chambre 104 dudit motel – d’où le nom du jeu. Impossible cependant d’au moins s’aventurer dans le couloir, tant qu’il n’a pas mis la main sur des vêtements décents et la clé de la pièce, accessoirement.
Développé sous Unreal Engine, le titre, qui s’appréhende en vue subjective au sein d’un environnement entièrement modélisé en 3D, fait la part belle à l’exploration minutieuse du sinistre endroit, ainsi qu’aux casse-tête à base de combinaisons d’items. Avec pour contrainte, néanmoins, l’absolue nécessité de déposer dans les coffres prévus à cet effet, les objets encore inutiles à l’aventure en raison d’un inventaire très restreint, à dessein. Fort heureusement, la résolution des énigmes intervenant directement dans la salle concernée, le jeu nous épargne de fastidieux allers-retours entre les trois niveaux de l’établissement, peu accueillants.
Ah, elles étaient dans ma poche…
Graphiquement, Oxide Room 104 s’en tire honorablement, parvenant à instiller par l’intermédiaire de son bestiaire, certes peu fourni, une atmosphère suffisamment glauque. La particularité de ces monstres rôdant, tient à leur extraordinaire capacité à résister aux balles. Aussi s’avère-t-il fréquent de vider un chargeur dans sa totalité, avant qu’enfin l’adversaire ne daigne succomber. Mieux vaut donc la jouer fine et furtive, plutôt que dilapider ses rares munitions. La tension n’en est rendue que plus palpable, tandis qu’en arrière-plan l’habillage sonore, particulièrement réussi, use autant de bruitages effrayants que de nappes musicales à la sobriété paradoxalement angoissante. Seule déçoit la voix du protagoniste.
Oxide Room 104 se distingue en outre du tout-venant horrifique par une mécanique évocatrice du Jour sans Fin de Harold Rémis, sorti en 1993 avec Bill Murray pour tête d’affiche. À la mort du héros, celui-ci reprend en effet ses esprits dans la baignoire de la chambre initiale, qui n’est toutefois plus tout à fait la même, plus répugnante, plus terrifiante. De fait, la résolution des énigmes s’en trouve chamboulée. On redécouvre alors les lieux, presque familiers.
C’est d’ailleurs dans ce « presque » que réside toute l’ingéniosité d’un système conviant à la plus grande prudence le joueur qui, s’il conserve certains de ses repères, devrait cette fois-ci résister à l’envie de foncer tête baissée. Au terme de quatre décès prématurés, le game over réel finit en revanche par s’abattre, réinitialisant la partie.
Conclusion
Survival horror des plus honnêtes, Oxide Room 104 s'adresse d'abord aux férus d'énigmes à résoudre, plutôt qu'à ceux qui ne jurent que par l'éradication de monstruosités à échelle industrielle. L'ambiance sonore, en tout cas, saura mettre tout le monde d'accord. Mais à l'instar de la durée vie, limitée, le gameplay pêche par sa visée au stick droit, aussi peu fine qu'imprécise.
LES PLUS
- Des énigmes variées
- L'ambiance sonore diablement immersive
- Plusieurs fins possibles
- Un parfum de roguelite
LES MOINS
- La raideur de la maniabilité
- Assez répétitif
- Plutôt court
- Des temps de chargement longs