Dans la vie d’un testeur, il y a les bonnes surprises que nous n’avions pas vues venir et puis il y a les mauvaises dont nous savions parfaitement à quoi nous en tenir bien avant d’avoir à poser les mains dessus. Blastful fait malheureusement partie de cette seconde catégorie et la seule raison qui nous a permis d’en venir à bout, c’est de maintenant pouvoir rédiger un article pour vous encourager à ne jamais dépenser un seul centime d’euros sur ce jeu.
Comme un avion sans ailes
Blastful est le type même de jeu qui part d’une idée qui a fait ses preuves et qui la massacre allégrement en lui montrant autant de respect qu’à une déjection canine. Le genre sur lequel s’appuie Blastful est tout simplement celui lancé par le vénérable Asteroids, celui des shooters à écran fixe. Ce type de jeu nous demande de déplacer un vaisseau et de lui faire exterminer tout ce qui passe à sa portée en le faisant tourner sur lui-même. Point de défilement horizontal ou vertical, tout se passe sur les quelques cm² de notre écran.
Les amoureux du genre ont peut-être pu poser leurs mains avides sur Super Stardust dans ses versions HD ou Delta, voire même Ultra, depuis le Playstation Network sur PS3 ou PSP, voire PS4. Celui-ci est l’exemple parfait de ce qu’est un Shoot’em up à écran fixe réussi. Et il est aussi tout ce que n’est pas Blastful, tout en semblant être une source d’inspiration. Malheureusement, le fun et la beauté en moins et les bugs honteux en plus.
Commençons par aborder le scénario : il n’y en a pas, voilà, ça c’est fait. Une interface quelconque qui pourrait se montrer originale peut-être ? Non plus. Juste vingt petits rectangles bien alignés avec leur nombre inscrit en plein milieu. Aucun effort graphique. Et ce manque de volonté, eh bien nous le retrouvons très vite en jeu. Tous les niveaux respectent la même charte graphique. Un fond d’écran pixelisé censé représenter un nuage cosmique qui ne varie jamais, accompagné d’une planète moche dont la surface change de couleur régulièrement et tout aussi pixelisée et sans saveur.
Notre vaisseau et ceux de nos ennemis ne dérogent pas à cette triste médiocrité en se montrant flous et peu détaillés. Pire, nos ennemis sont, en tout et pour tout, uniquement de cinq sortes différentes et leur choix de couleurs est tellement bien pensé qu’ils se confondent en grande partie avec le fond, cela aussi bien sur un grand écran que sur une Switch Oled, malgré ses taux de contrastes de très bonnes factures. Les Boss ne font pas mieux, ils possèdent tous le même design et seul le nombre de tourelles qui les composent varie, et encore.
Nous allons donc devoir déplacer notre vaisseau à l’aide du stick gauche, l’orienter avec le stick droit et… QUOI ? Le stick droit ne nous permet d’orienter notre vaisseau que dans huit directions ! Même le vénérable Asteroïds faisait mieux en 1973, il y a donc bientôt 50 ans ! Du coup, notre précision de tir est juste lamentable. Nos tirs, parlons-en. Ceux-ci sont d’une taille d’exactement un pixel et comme nos ennemis ont des hitbox tout aussi petites et de plus bugguées, les toucher est une vaste entreprise vouée à un échec quasi constant. L’essentiel de nos parties a donc consisté à éviter les tirs ennemis, tout aussi petits que les nôtres et tout aussi invisibles, car se confondant avec le fond.
Blast full of loneliness
Une fois ces esquives effectuées, le boss du niveau arrive. C’est un gros vaisseau possédant des tourelles de tirs. Il suffit de détruire ses modules de tirs, la plupart du temps en quelques secondes, pour qu’il ne puisse plus répliquer ensuite. S’en suit alors un grand moment de solitude, durant lequel nous laissons appuyé sur la touche de tir sans bouger, en attendant juste que la barre de vie de notre Némésis, là nous exagérons un peu, finisse par être vide.
Ces moments de bravoure vidéo ludique nous ont permis de tester la hit box de ces boss, et là surprise, c’est une catastrophe interstellaire. Sur un écran de 50 cm de haut, sachant que : il y a 3 cm depuis le haut de l’écran jusqu’à ce que notre premier tir fasse mouche, que les 7 derniers cm sont inutilisés, que nous touchons notre ennemi 5 cm au-dessus de son premier pixel et 4 cm en dessous de son dernier, quelle est la marge d’erreur de cette hitbox ? Vous avez 8 minutes, sachant que la réponse est de 24 %. Pas mal, non ?
Et ce n’est malheureusement pas fini. Nous avons déjà mentionné qu’une partie du bas de l’écran est inabordable à notre vaisseau sans aucune raison, mais c’est également le cas pour les côtés de l’écran, et pourtant cela n’empêche pas des bonus d’y faire leur apparition. Nous les voyons donc défilés sans pouvoir les atteindre. Ces bugs concernent aussi nos ennemis. Ceux-ci arrivent, normalement, depuis le haut de l’écran et le parcourent vers le bas, la diversité de leur trajectoire est ridicule, mais surtout, constamment, des ennemis apparaissent en plein milieu de l’écran, sans raison et sans prévenir. De la même façon, si certains meurent dans une grande explosion, d’autres disparaissent sans explication aucune.
Finissons cette curée par les rames supplémentaires. Régulièrement, nous en récupérons de nouvelles. Si la première et la dernière sont intéressantes et demandent une gestion, en début de partie, du stock de munitions, les intermédiaires ne servent à rien, car elles ne touchent personne. De plus, les bonus de munitions que nous obtenons régulièrement remplissent tellement nos jauges qu’il ne sert plus à rien d’économiser. Nous avons ainsi terminé le dernier tableau avec plus de 1500 munitions de la première arme ; sachant qu’un boss en demande au pire 100, il y a de quoi rire.
Conclusion
Blastful est l’exemple type du jeu qui cherche à profiter du succès de nos Switchs pour ramener quelques euros à son concepteur à moindres frais. Ses mécaniques de Shoot’em up à écran fixe sont moins précises que celles du vétéran Astéroids sorti il y a déjà 50 ans. Ses hitbox sont justes honteuses, sa partie graphique est lamentable et répétitive et ses combats de boss une vaste blague. Le seul mérite du titre de Playstige Interactive est de fournir une liste quasi complète de ce qu’il ne faut pas faire pour réaliser un bon shooter tout en nous donnant envie de voir arriver Super Stardust sur Nintendo Switch.
LES PLUS
- Blastful dresse une liste de tout ce qu’il ne faut pas faire pour tout juste 4 €
- Avec juste une heure pour en venir à bout en mode normal, le calvaire est de courte durée
LES MOINS
- Les graphismes sont flous, pixelisés et répétitifs, ce qui fait déjà beaucoup
- Les ennemis sont intouchables vu la petitesse de leur hitbox
- A contrario, les boss ont une hitbox qui les dépasse de 25 %
- Il est impossible de bien distinguer les tirs, vu qu’ils se confondent avec le fond
- Les ennemis sont de 5 types différents et les boss aussi
- Les combats de boss sont d’un ennui mortel
- Les armes supplémentaires sont pour la plupart inutiles
- La zone de jeu est petite et des items apparaissent en dehors de celle-ci
- Aucune narration n’est mise en place