Depuis ses balbutiements, le jeu vidéo s’est essayé au mélange des genres, mariant notamment puzzles labyrinthiques et jeu d’échecs, concept dont on retient surtout les contraintes de déplacement affectant les différentes pièces. Dans le cas plus spécifique de Knight’s Retreat, son développeur brésilien Minimol Games a choisi de tout miser sur le cavalier, apte à se déplacer en L sur le damier sans qu’aucun autre pion ne puisse s’interposer. Au fil d’un parcours alambiqué, il nous faut donc guider notre pièce maîtresse vers la case de sortie, quand il ne s’agit pas, carrément, d’en aiguiller toute une palanquée, jusqu’à 6 simultanément.
Le cavalier sans tête
80 niveaux s’offrent ainsi à nous à travers 6 mondes aux conditions climatiques ou environnementales spécifiques (montagne verdoyante, volcan menaçant, etc.), de jour comme de nuit. Autant l’annoncer d’emblée, Knight’s Retreat ne se veut pas particulièrement aguicheur visuellement, minimaliste à dessein en vue de privilégier la lisibilité de l’action ; on a toutefois connu low poly moins terne et convenu, autrement plus flamboyant ! Le choix des couleurs prête clairement à débat, à l’instar de la texture de la lave qui en ferait presque mal aux yeux.
Mentionnons aussi ces éléments de décor génériques à souhait, peu nombreux, peu détaillés et gratuitement posés là : trois conifères en galère, un feu de bois mesquin, une rivière sans chichi… Ce n’est franchement pas inspirant, ni même apaisant. C’est vide, tout bonnement vide ! Alors d’accord, nous n’escomptions pas une gifle technologique en lançant Knight’s Retreat, mais un petit effort n’aurait pas été de refus, au moins pour le différencier de la pléthore de titres du même acabit, conçus à la va-vite sans y injecter un radis.
Plus qu’appréciable, le déplacement libre de la caméra, intégrant zoom et dézoom à volonté, devient au gré des niveaux un réflexe quasi compulsif tant l’angle de départ, nuit systématiquement au bon déroulé de la partie. Seul bon point sur la forme, la musique, relaxante et peu redondante, suffit à refroidir nos neurones frisant parfois la surchauffe.
Préparez votre épargne retraite
En dépit d’une DA lambda, Knight’s Retreat peut se targuer d’atouts ludiques indéniables, à commencer par son principe fondateur qui, s’il ne révolutionne en rien le genre, reste solide, efficace et constitue un réel challenge.
Des interrupteurs nous permettent, au choix, de moduler le labyrinthe ou d’en faire disparaître certaines cases, pièces comprises, afin qu’elles se matérialisent plus loin. Ailleurs, il nous faudra gérer plusieurs cavaliers, successivement ou de concert (dans les stages les plus avancés). D’autres pièces traditionnelles des échecs, à déplacer judicieusement, encombrent à d’autres occasions le damier. Dur, dur, cependant, de distinguer les fous du tout-venant, en raison d’une grande similitude de teinte et de forme.
Dans l’incapacité d’intégralement rembobiner le niveau en cours, à rebours de la tendance actuelle, certains moments retors s’avèrent particulièrement frustrants malgré la possibilité d’annuler notre dernier coup. Car il n’est pas rare, à la faveur d’une difficulté allant croissant, de buter en fin de partie sur une bête erreur de placement commise à ses prémisses : d’abord nous pestons, puis nous recommençons. Sans rancune.
Mieux vaut en effet réserver toute sa rancoeur en l’honneur du feu d’artifice final, ou presque, le niveau 79 concentrant tout ce que le jeu compte de contraintes, handicaps et plus encore. Une certaine vision de l’enfer (cérébral) qui ne tolère aucun faux pas, exigeant du profane qu’il déploie des trésors de réflexion, d’anticipation et d’organisation. Si les fausses pistes abondent, une seule et unique voie fera loi. En comparaison, l’ultime et 80ème level du titre a tout l’air d’une vulgaire promenade de santé qu’on aurait accordée, pour les féliciter, aux puristes dont nous-mêmes saluons la folle bravoure.
Conclusion
Mêlant puzzles, labyrinthes et jeu d'échecs, Knight's Retreat permet de réviser ses attaques en L, option cavalier(s) perdu(s) dans la pampa. Ni joli, ni révolutionnaire, le jeu a toutefois le mérite, pour la modique somme de 1,99 euros, de proposer une solide suite de niveaux, qui plaira à coup sûr aux amateurs du Jeu de la Dame et autres casse-têtes.
LES PLUS
- Un concept solide
- Des contraintes pour pimenter le tout, progressivement
- Du challenge
- La musique, relaxante
LES MOINS
- Un peu scolaire, jamais révolutionnaire
- Graphiquement sans intérêt
- Difficile de distinguer les pions des fous
- Quelques niveaux frustrants, laissent peu de droit à l'erreur
- L'angle de vue que l'on doit systématiquement ajuster en début de partie