Après Centiped, Breakout et Gravitar, Atari poursuit sa série des « Recharged » en réactualisant un autre grand classique de son catalogue. Il s’agit de Yars’ Revenge, un shmup paru à l’aube des temps vidéoludiques (en 1981 pour être exact).
A la différence près que cette fois-ci, ce n’est pas un jeu ayant sévi dans les salles d’arcade enfumées, comme pour les autres jeux de la série, mais un jeu exclusif à l’Atari 2600, la vieille routière des consoles de salon. Si nous précisons cette différence, c’est qu’en dehors du succès de Yars à l’époque, le jeu ne dispose pas de la même aura que les précédents (alors qu’il en a toutes les qualités) et n’a pas fait d ‘émule comme un Breakout qui a donné naissance au genre du casse-brique.
Les jeux estampillés Yars se compte d’ailleurs sur les doigts d’une main qui aurait tenu une dynamite. Voyez plutôt : une adaptation tardive sur Game Boy Color en 1999 et une suite peu recommandable sur Xbox 360 en 2011. C’est peu, et Yars: Recharged s’en va réparer cette injustice.
Le concept du Mecha-insecte
Le concept du premier Yars se résumait à attaquer, en bon insecte spatial, à coup de protons la ruche protégeant notre ennemi principal (nous l’appellerons la Reine pour une meilleure compréhension). Pour ne pas nous faciliter la tâche, un missile à tête chercheuse nous traquait sans relâche.
Une fois la Reine sans défense, histoire de l’achever (car restant invincible face à nos tirs simples), il fallait s’approcher au plus près d’elle pour déclencher à l’extrême gauche de l’écran un tir surpuissant. Ce faisant, il était impératif de dégager pour éviter de subir le même sort que la Reine. Mine de rien, avec une difficulté hautement progressive et du bon scoring, Yars Revenge était un jeu très addictif, en plus de proposer une action originale pour l’époque, loin des sempiternels shoots à la Space Invaders et autre Galaxian.
Près de quarante ans plus tard, Yars : Recharged ne reprend pas exactement, au pixel près, le même gameplay, mais en conserve les grandes lignes et surtout ne dénature pas l’esprit du jeu d’antan : nous allons être sans cesse en mouvement pour ronger petit à petit cette satanée ruche.
Ici comme autrefois, aucun scrolling, juste des tableaux fixes, mais Yars se modernise quand même et prend des allures de twin-stick shooter avec tir multi-directionnel et utilise uniquement des deux sticks, sans l’aide des boutons, pour viser et tirer.
Nous disposons de trois points de vie pour chaque niveau, et non pas pour toute la partie, ce qui laisse un grand espoir pour progresser dans le mode « arcade » et le mode « mission ». La difficulté, même si elle est bien présente, semble bien plus abordable que pour le précédent Gravitar Recharged. Les tirs ennemis sont nombreux mais relativement lents. Difficile néanmoins de bien cerner, surtout dans les premiers temps, la hitbox de notre avatar d’abeille stellaire : le bout des ailes ne compte pas, mais un tir reçu dans les ailes et c’est une perte de point de vie.
Du miel qui poppe comme au casino
Désormais, la ruche, prenant toutes les formes possibles, libère au contact de notre tir ce qu’on pourrait appeler du bon miel. Nous allons prendre plaisir à le gober pour remplir une barre à gauche de l’écran. Une fois cette dernière pleine, nous pourrons nous loger dans une tourelle (toujours à gauche de l’écran… décidément) et déclencher deux super tirs qui vont dégager le terrain. Deux tirs bien placés et adieu, madame la Reine, place au niveau suivant.
La Reine pour se défendre, n’a plus son missile à tête chercheuse mais dispose de plusieurs types de canon qu’elle activera à son bon vouloir, et d’une méchante scie circulaire (reprise du jeu original) qui, si nous n’y prenons pas garde, nous « one-shotera » en nous faisant perdre nos trois points de vie d’un coup.
Atari continue sur sa lancée en terme de contenu, c’est à dire du contenu minimaliste, un peu light, voire sec (à l’image de ces graphismes proches de l’abstraction ou de cette musique en sourdine) : un mode « arcade » avec du scoring à l’ancienne, et un mode « mission » qui nous permet de rejouer à l’envie le niveau de son choix une fois débloqué.
D’aucuns diront que c’est chiche et que faire le tour du jeu se résumera à y jouer une paire d’heure, mais Yars : Revenge est parvenu à nous accrocher bien plus qu’un vieux shmup sympa, remis au goût du jour.
Les niveaux, quel que soit le mode, sont agréablement construits. Le jeu prend même des allures de puzzle games ou de casse-briques avec des ruches alambiquées et des alvéoles plus ou moins résistantes. Dans tous les cas, Yars : Recharged a le bon goût de renouer avec du shoot tactique, en nous obligeant à observer et à réfléchir un minimum avant de nous déplacer ou de tirer n’importe comment. L’utilisation du super canon demande également un peu de réflexion : viser un canon ennemi, plutôt qu’une partie de la ruche permet de faire exploser toutes les alvéoles à proximité et de libérer encore plus de « miel ». Ce miel, que nous allons chercher au plus près de l’ennemi, à nos risques et périls.
L’addiction tient ici en 3 éléments : la destruction carrément satisfaisante de la ruche, la collecte de ce fameux miel, comme s’il s’agissait de pièces gagnées au casino, et le double tir ultime qui fait sacrément du bien. Cela fonctionne bien, et même terriblement bien. Actuellement, Yars Recharged est certainement le meilleur jeu de la série « Recharged » car il ne se contente pas de copier sans prendre de risque, mais d’upgrader, comme une suite le ferait, la version originale, un peu à la manière de Tempest 2000 en son temps (ou du récent Tempest 4000).
Conclusion
En dépit d'un contenu toujours un peu sec pour le joueur d'aujourd'hui, Yars : Recharged s’apparente à une véritable réhabilitation d'un concept oublié et une magnifique renaissance d'un shoot venu du fond des âges. Aussi ancien qu'original, le fameux concept de la ruche à détruire, est ici upgradé et surtout, parfaitement addictif. Nul doute possible, il s'agit là du meilleur opus de la série des « Recharged » d'Atari et un très bon shmup pour votre Switch.
LES PLUS
- Un concept, vieux comme érode, upgradé et excellent
- L'esprit du jeu d'origine préservé
- Modes mission et arcade bien distincts, et réussis chacun à leur manière
- Terriblement addictif
- Difficulté bien dosée, et progressive
- Maniabilité au poil
LES MOINS
- Un contenu un peu sec
- Il faut aimer les choses du passé
- Quelques bugs sonores (plus de son pendant quelques secondes)
- Les vies et le score cachent une petite partie de la zone de jeu