Qu’est-ce qu’une console de jeu vidéo ? Pour toutes les machines qui ne pouvaient que s’utiliser connectées à un téléviseur, la réponse semble évidente : faire tourner des logiciels qui vont nous divertir sur une période de temps relativement conséquente. Mais pour une console portable, à l’heure où nos smartphones sont devenus de véritables machines à cash pour les développeurs de jeux, la réponse n’est pas aussi évidente. Allons-nous sortir notre console pour une session courte d’un trajet urbain ou allons-nous installer confortablement pour une session de plusieurs heures ? À cette question, les développeurs Brésiliens de Chameneon ont décidé de répondre franchement en proposant un runner aux niveaux très courts qui se rapproche donc fortement de ce que propose un nombre incalculable de titres smartphone. Une bonne idée ? C’est ce que nous allons voir.
Tu es prisonnier de la matrice
L’heure est grave ! En ce prologue, nous apprenons que l’être humain est capable de voyager loin dans l’espace et que pour communiquer il a mis au point un système basé sur le cyberespace. Malheureusement, un virus a été implanté dans celui-ci pour nuire à cette expansion. Heureusement, nous sommes là pour venir à bout de cette menace. Nous, c’est-à-dire le protocole C.H.A.M.E.N.E.O.N, allons avoir la lourde tâche de mener à bien la lutte contre ces empêcheurs de coloniser en paix.
Pour réussir notre mission, nous allons parcourir les tableaux qui s’offrent à nous et tenter d’en atteindre la sortie tout en récupérant les deux ressources qui parsèment ces niveaux : les éclairs et les disquettes. Pour les deux du fond qui ne suivent décidément pas grand-chose, les disquettes sont les ancêtres plats et carréiformes des clés USB. Nous arrivons ainsi naturellement à la source d’inspiration principale de Chameneon : les années 80. Avec son style flashy, ses références à la culture pop de cette décennie et sa bande-son électro, c’est aussi à un voyage auquel nous sommes conviés.
Pour un runner, ce soin apporté au décorum de son titre est tout à l’honneur des développeurs de chez Burning Goat Studio. Sans grand moyen, à l’aide de lignes de texte et d’un morceau fait sur un synthétiseur, nous sommes plutôt mis dans l’ambiance. Les 80 niveaux, que nous allons devoir terminer pour connaître le fin mot de cette histoire, deviennent très vite très ardus et chacun d’entre eux demande alors un apprentissage de ses mécaniques.
Les runners sont légion sur nos smartphones et de nombreux studios ont cherché à profiter du succès de nos consoles hybrides pour tenter d’écouler quelques titres supplémentaires. Chameneon réussit-il à sortir du lot ? Il propose déjà un gameplay assez atypique jouant avec la gravité et les changements de phase. Le cœur du jeu nous demande bien évidemment de partir d’un point A pour rejoindre un point B. Pour cela, nous déambulons sur une ligne courbe vers laquelle, à la manière d’un Mario Galaxy, notre personnage est toujours attiré. Mais ce n’est pas tout. Deux routes sont toujours disponibles, l’une est au premier plan et nous nous déplaçons dessus. L’autre est en arrière-plan et nous passons au travers. Un appui sur A et nous changeons cet ordre, négligeant ainsi les pièges de la route précédente, mais faisant face maintenant à ceux de la nouvelle.
Rolland Emmerich, sors de ce jeu !
Tout le cœur du gameplay est donc basé sur ces deux mécaniques : la gravité et les changements de phase. L’idée est originale et le level design des niveaux est de grande qualité. Les 80 niveaux renouvellent constamment le challenge auquel nous sommes confrontés et il faut sans cesse nous réapproprier le cheminement nécessaire. Mais tout n’est pas rose dans la prise en main qui en résulte, notamment concernant les sauts. Si ceux sur des lignes plates, peu importe leur orientation, sont simples et efficaces, ceux sur des lignes courbes sont bien plus difficiles à manier et il arrive très souvent que notre personnage ne réagisse pas comme nous l’attendions lors de ces passages nous obligeant à modifier notre approche.
Réussir un 100 % sur chacun des tableaux est un vrai challenge qui ravira les amateurs du genre. Mettre les mains sur l’ensemble des éclairs disséminés en réussissant à explorer les moindres recoins est un exploit en soi tant les tracés peuvent se montrer retors. Il en va bien sûr de même avec la disquette qui demande, le plus souvent, une habileté et une précision dans le saut très pointu. Heureusement, pour le commun des mortels, il n’est pas nécessaire de réussir cet objectif pour avancer dans les niveaux.
Si les arrière-plans et la bande son sont représentatifs de cette culture vidéoludique des années 80 avec des tracés en 3D filaire et des couleurs venant d’un catalogue de néons flashys, nous faisant voyager très loin dans nos souvenirs, les sprites sont nettement moins réussis. Ceux-ci, tout en pixel, sont assez grossiers et n’ont plus rien à voir avec le reste de notre histoire. Ils semblent tirés d’une bibliothèque gratuite de ressources et font vraiment tache avec le reste.
De même, les quatre biomes que nous allons traverser, soit quatre fois vingt niveaux, ne varient que par leur couleur prédominante. Nous déambulons dans les mêmes décors dont seule la couleur principale a été modifiée, c’est bien dommage, car le potentiel de la narration mis en place aurait permis bien plus de folie et de diversité. Mais pour quatre euros et à condition de se contenter de sessions courtes, la durée de vie et le challenge sont vraiment conséquents.
Conclusion
Chameneon, des développeurs brésiliens de Burning Goat Studio, est un runner aux mécaniques intéressantes basées sur la gravité et le changement de phases. Doté d’une ambiance faisant la part belle aux néons et aux synthétiseurs des années 80, il avait de quoi réussir de belles choses avec son level design de très grande qualité. Malheureusement, son manque de renouvellement graphique et sa physique de saut pas toujours facile à appréhender sont des freins à notre plaisir. Mais pour moins de quatre euros, il n’en reste pas moins un titre à la durée de vie conséquente pour les amateurs de challenge corsé et de runners.
LES PLUS
- L’ambiance néons/synthétiseurs c’est toujours bon
- La bande-son est bien adaptée au type de jeu
- Le gameplay basé sur la gravité et le changement de phase est vraiment intéressant
- Le level design est un modèle du genre
- La durée de vie est importante pour seulement quatre euros
- Le challenge est très vite présent
LES MOINS
- Les décors ne se renouvellent quasiment pas
- Les sprites sont génériques au possible et très pixelisés comparativement au reste
- Le contrôle des sauts sur les portions arrondis est assez difficile