Pour le test de Lair Land Story nous allons devoir nous poser une question essentielle, est-il possible de rendre compte des qualités d’un titre sans tenir compte de la multitude de jeux nous passant entre les mains ? En d’autres termes, un titre peut-il être bon si les autres sont meilleurs ? Le monde merveilleux du Visual Novel est encore plus visé par cette question, car en dépit de la qualité de leur écriture, ce sont les petits plus qu’ils ajoutent qui les font entrer dans le monde du jeu vidéo. Alors quand des RPG narratifs tels I was a Teenage Exocolonist et Citizen Sleepers viennent de faire une entrée remarquée sur nos Switch, les joueurs que nous sommes ne peuvent plus se satisfaire des mécaniques classiques et c’est justement pour ça que ce Lair Land Story ne se montre pas à la hauteur, en voici les détails.
C’est dans les vieux pots… qu’il y a des trous
Pourtant Lair Land Story n’est pas à proprement parlé un Visual Novel, c’est un Princess Maker Like. Un titre qui, à l’instar de Princess Maker ou Long Live the Queen, va nous demander, globalement, de gérer l’emploi du temps d’un personnage de sexe féminin encore trop jeune pour assumer ses responsabilités, dans le but d’en faire une personne digne de mener à bien sa mission sur terre. Toutefois, ayons l’honnêteté d’avouer que ce genre fait la part belle à une narration importante, à des lignes de textes encore plus considérables et des fins multiples… multiples, d’où la classification rapide dans ce que nous appellerons les jeux narratifs.
Le gameplay est donc ici assuré par la gestion de l’agenda, et si pour les titres précédemment cités, le constat était positif et le déroulement plaisant, force est de constater que le renouvellement de ce genre est loin de poindre le bout de son nez. Les recettes sont toujours les mêmes : une héroïne attachante, jeune et influençable au point de pouvoir faire varier sa carrière d’une extrémité représentée par un plan de carrière chez les nonnes guerrières jusqu’à une autre, symbolisée par le mannequinat pour bikini, un grand écart intéressant, mais finalement assez classique pour le genre.
Et Lair Land Story coche absolument toutes ces cases. Notre aventure commence dans un royaume en proie à la guerre pendant laquelle, nous, Herol, cherchons un moyen de survivre à l’attaque de monstres en cours. Et quoi de mieux dans ce cas que d’aller faire un tour dans le vieux temple situé tout en haut d’une colline bien loin des hordes déferlant sur nos contrées. Bref, Herol, mais qu’est-ce que tu foutais là-bas sérieux ? Et ce qui devait arriver arriva, à savoir, découvrir, au beau milieu de ce temple abandonné, sur un autel magnifiquement entretenu, une jeune fille endormie.
Pas bête le Herol, plutôt que de repartir se battre, il décide d’emmener la demoiselle. Heureusement pour lui, avant qu’il n’ait à devoir fournir des explications sur le consentement de la jeune fille, celle-ci se réveille et se met à émettre une lumière bien pratique, vu qu’elle vient à bout de tous les monstres venus prendre la vie de nos concitoyens. Et là, c’est tout bon pour Herol, qui, d’une, peut déclarer « c’est exactement ce que j’avais prévu en fuyant les lieux du combat » et de deux se retrouve tuteur de la jeune fille, qu’il nomme alors Chilia, qui a perdu la mémoire et qu’il serait bien pratique pour tout le monde qu’elle ne reste pas trop loin de la ville au cas où les ennemis reviendraient. Et si, en plus, elle pouvait garder l’envie de nous sauver, ce serait mieux d’ailleurs.
Bien sûr ce résumé succinct est bourré d’ironie, mais le principal y est à savoir, une histoire classique déjà vue et revue, avec une héroïne gentille, mignonne et innocente, accompagnée d’un héros possédant tous les attributs du héros. Cette soupe déjà consommée a depuis longtemps perdu sans saveur et la comparaison avec les récits d’I was a Teenage Exocolonist et Citizen Sleepers fait bien pâle figure. Bien sûr, pour une première incursion dans le monde merveilleux du visual novel, ce récit et ces personnages feront parfaitement l’affaire, mais force est de constater que cette narration est au niveau d’un Princess Maker sortie déjà en 1991.
Classique, mais efficace
De la même manière, la boucle de gameplay à laquelle nous sommes confrontés est assez classique. Il faudra bien évidemment, via des lignes de dialogues, développer les attributs sociaux de notre héroïne tout en lui fournissant un emploi du temps à même d’améliorer ses compétences. Nos plannings tiendront sur une période de trois semaines. Chaque semaine nous pouvons affecter une tâche à Chilia allant de l’étude de matière allant de la philosophie au close-combat, mais nous pouvons aussi lui demander d’aller aider à la reconstruction de la ville ou la laisser tranquille pour se reposer. La gestion du stress et de la fatigue sera bien sûr de la partie et il est hors de question de refuser à notre héroïne des instants de tranquillité sous peine de la voir tomber petit à petit dans la délinquance.
Une fois nos tâches accomplies, nous pourrons aussi déambuler dans la ville pour y dépenser les quelques pièces que nous aurons gagnées en effectuant certains travaux. L’argent ne coulant pas à flots, il va falloir que Chilia mette régulièrement la main à la pâte pour éviter de tomber dans la misère. Une fois sa subsistance assurée, elle pourra alors dépenser son trop-plein d’argent pour customiser à loisir sa garde-robe ainsi que son logement. Les amateurs de simulation sociale retrouveront tous les codes du genre.
Les relations avec les autres seront bien évidemment au cœur de la narration et les romances possibles sont tout aussi nombreuses que ce à quoi nous ont habitués les titres du genre. C’est ainsi 39 fins possibles qui nous attendent. Ces fins dépendront bien sûr de nos choix et du plan de carrière que nous envisageons pour notre protégée. Allons-nous maximiser son charisme et sa popularité ou plutôt sa moralité et sa sagesse, son destin est entre nos mains.
Bien évidemment pour un jeu de niche, l’ensemble des textes ne sont disponibles qu’en anglais et il faudra donc avoir une très bonne maîtrise de langue du chat qui expire pour en profiter. Pour le reste, c’est un sans-faute dû à son classicisme. Les graphismes sont une succession de tableaux fixes sur lesquels se superposent les personnages participants à la narration. La bande-son se laisse écoutée sans vraiment nous surprendre tout comme l’interface qui se montre à la fois claire et efficace.
Conclusion
Lair Land Story est une simulation sociale ultra classique dans la droite lignée de la série des Princess Maker. Les amateurs du genre et les débutants seront pleinement satisfaits de ce titre qui reprend tous les codes du genre tandis que les joueurs cherchant quelque chose de nouveau risquent très vite d’être déçus par autant de classicisme. Il n’en reste pas moins un titre aux graphismes soignés, aux mécaniques prenantes et à l’interface efficace dont la durée de vie dépend essentiellement du temps que le joueur mettre à se lasser. Un Visual Novel de plus qui ne renouvelle en rien le genre, mais qui est solide.
LES PLUS
- Notre héroïne est tout de suite attachante
- Les graphismes sont classiques et soignés
- Les relations possibles sont multiples
- Les mécaniques de jeux sont classiques et complètes pour le genre
- La bande-son et les voix sont dans la moyenne du genre
- La personnalisation de la carrière de notre héroïne est très poussée
LES MOINS
- Tout en anglais
- Rien de vraiment nouveau