Qui n’a jamais rêvé pouvoir réaliser toutes sortes de mictions et divers breuvages incongrus dans l’espoir de mettre au point une potion insolite capable de bien des merveilles. Magie mystérieuse pour les uns, art véritable pour les autres, la concoction de fioles aux ingrédients improbables ne peut laisser indifférent…
C’est dans cet univers aux quelques soupçons oniriques que nous vous proposons de plonger aujourd’hui, non loin des tubes à essais et des pattes d’insectes fraîchement arrachées. N’ayez crainte… tout va bien se passer !
Développé par MassHiver Media et édité par PQube, Potion Permit se dévoile enfin dans son intégralité, après avoir fait languir d’impatience quelques joueurs adeptes du genre. Dans un premier temps, la conception de son petit personnage est de rigueur, avec quelques personnalisations traditionnelles (choix du sexe, de la couleur des cheveux, mais aussi des yeux…). Un petit nom pour le héros/héroïne, mais aussi pour le petit acolyte canin (dont le flair sera bien utile au fil de la partie), et nous voilà fin prêts ! C’est décidé, nous serons une demoiselle.
Bienvenue sur l’île de Moonbury
L’aventure débute à bord d’un joli train nous conduisant rapidement sur la petite île de Moonbury. Accompagnés par l’équipe médicale de la ville, nous débarquons sur un territoire visiblement en deuil d’un terrible secret… dont il faudra se charger prochainement. Pour l’heure, la fille du maire, Rue, est très malade et le médecin du coin ne parvient pas à la remette sur pied. Il nous est dès lors confié la lourde tâche de soigner cette demoiselle, grâce à nos talents d’apothicaire. Les habitants nous regardent d’un drôle d’œil, avec l’intime conviction que nous sommes incapable d’une telle prouesse… une première mission aisée à réaliser, qui permet au joueur de prendre en main les premières ficelles du jeu. Les premières, en effet, puisque la force du titre réside dans sa complexification très progressive, décuplant le plaisir et l’addiction… !
Si les habitants se montrent dans un premier temps quelque peu farouches, voire franchement distants et désagréables, sources de bien des messes basses et de regards en coin, leurs résidences sont cosys et charmantes. Bien loin du taudis qui fait office de logement pour notre brave apothicaire… Tout est à refaire à l’intérieur, de la chambre à coucher jusqu’à l’épaisse marmite pour le travail des potions, mais aussi la table de recherche et bien d’autres.
Rapidement, il convient de s’aventurer hors du village pour y découvrir une partie des ressources disponibles dans les zones limitrophes. Les outils de base sont classiques, avec une efficacité discutable. Assurément, il sera possible de les perfectionner un peu plus tard… assurément !
Cisaille, hache et marteau, voilà de quoi récolter quelques plantes, du bois et des pierres plus ou moins solides. Les premiers membres du bestiaire se dévoilent, avec quelques ennemis plus ou moins coriaces. Une petite roulade permet de les esquiver sans mal et de les réduire rapidement en pièces.
Moonbury compte quelques bannières rouges comme points remarquables. D’autres sont disséminées de-ci de-là sur votre parcours. Indispensables, elles permettent de voyager rapidement et sans le moindre dommage. Un atout considérable, d’autant plus qu’il faudra jongler avec une barre de vie, classique et sans surprise, mais aussi avec une barre d’énergie. Cette dernière ne manquera pas de dégringoler à la moindre de vos actions un peu toniques… couper du bois, battre quelques monstres par quelques coups de haches bien tranchants, et bientôt la fatigue se fera sentir. Heureusement, il est possible, notamment, de prendre un bain pour se remettre pleinement d’attaque !
Le rythme jour/nuit est respecté, avec une visibilité plus ou moins sensible. Le retour au bercail et une bonne nuit de sommeil permet de retrouver toute son énergie pour le lendemain. Et c’est reparti pour une grosse journée de travail !
Travailler, c’est la santé !
De prime abord, Potion Permit peut sembler un peu simplet, voire même un peu creux. Les premières actions y sont assurément d’un classique extrême, et les dialogues ne manquent pas. Ces derniers sont assez longs et redondants… mais ils permettent de poser convenablement le socle de l’histoire. Chaque personnage est, en effet, doté d’une certaine personnalité et le joueur ne manquera pas de vite comprendre les petites facéties de chacun.
Si la première heure sur le jeu peut de fait paraître un peu rébarbative, la suite de l’aventure est nettement plus savoureuse. Le joueur est ainsi invité à faire preuve d’une certaine patience pour apprécier le titre et en découvrir tous les rouages. De très nombreuses saynètes se débloquent au fil des jours, avec de multiples évènements et de nombreuses surprises. Les habitants n’hésiteront pas à chercher de l’aide pour tout et n’importe quoi… et puisque vous êtes dans le coin, c’est bibi qui s’y colle !
Par ailleurs, le métier d’apothicaire s’avère être plutôt varié : la récolte des ingrédients est capitale, mais aussi la réalisation de potion et la mise en application de certaines notions. Ainsi, une petite clinique (assez délabrée !) est située non loin du logement de notre héros. Dès qu’un habitant ressent une douleur plus ou moins importante, il se réfugie à la clinique dans l’espoir d’y être rapidement soigné. Pour y parvenir, il convient dans un premier temps de poser un diagnostic : pour ce faire, une simple petite loupe à passer sur le corps suffit. Un petit jeu permet alors de connaître la bonne stratégie à mettre en place pour les soins. Ces mini-jeux sont assez classiques et accessibles. Ne reste plus qu’à concevoir la bonne potion pour remettre d’aplomb le malade.
L’imposant chaudron de votre maison est adapté à la confection de toutes sortes de potions. Une fois la recette connue, la récolte des ingrédients derrière vous, et la besace pleine de tout et de n’importe quoi, il est désormais possible de passer à l’étape de la concoction du breuvage. Le principe repose sur le bon positionnement de petites briques dans un espace donné, afin de réaliser la recette sélectionnée. Chaque ingrédient dispose d’une brique associée. Au joueur de bien les imbriquer afin de réaliser la figure de la potion. Si les premiers breuvages sont d’une extrême facilité, tout cela se complexifie au fil des heures… d’autant plus que notre apothicaire est limité dans le choix de ses ingrédients ! Eh oui, il ne suffira pas de mettre côte à côte des ingrédients d’une simple brique… ! Chaque puzzle dispose ainsi de plusieurs stratégies pour être résolu.
Après avoir récolté, après avoir confectionné, après avoir soigné… s’il vous reste encore un peu de temps, libre à vous de travailler pour la ville. Quelques ateliers seront heureux de vous compter parmi leurs fidèles ouvriers tel que le commissariat pour remettre un peu d’ordre dans les encriers, ou encore la poste pour quelques colis en retard. Ces petits travaux grignotent un peu de temps mais permettent de rajouter quelques pièces dans votre besace. Ce qui ne sera pas de trop… Les achats possibles seront en effet multiples, et vous permettront notamment quelques améliorations. Impossible de passer outre le perfectionnement de vos outils… ces rochers capricieux n’y résisteront pas, quelques coups et les voilà enfin en miettes !
Avec un peu de persévérance, les habitants baisseront peu à peu leur garde et se montreront bientôt plus courtois à votre égard. Pour y parvenir, il sera néanmoins nécessaire de faire un brin de causette quotidien… votre lien d’amitié avec chacun sera symbolisé par une barre d’amitié qui se remplira au gré de vos discussions et de vos cadeaux. Vous ne pourrez pas y échapper… l’une des premières quêtes consiste notamment à devenir amis avec plusieurs villageois !
Fort heureusement, ces petites haltes logorrhéiques sont finalement assez rapides et ne prennent que peu de temps, sans dépenser la moindre énergie. Enfin, ces discussions vous permettront aussi de récolter de nouvelles quêtes ou d’en clôturer certaines. Quelques panneaux ne manqueront pas de vous solliciter eux aussi, afin de vous souligner quelques événements à venir, ou encore quelques missions qui n’attendent que vous. Ces dernières seront régulièrement renouvelées.
Au pays de la Lune
Malgré quelques zones un peu vides et sans charmes, la majorité des graphismes rappelle un bien joli dessin animé, avec de nombreux détails précis et colorés. L’intérieur des maisons est particulièrement soigné, avec des décors adorables. En outre, les habitants sont dessinés avec une certaine précision, laissant présager un semblant de leur caractère.
L’ensemble des mélodies est assez classique, permettant au joueur de s’attarder pleinement sur le jeu. Douces et peu oppressantes, elles accompagnent sans précipitation les faits et gestes de notre apothicaire.
Celles et ceux qui aiment se perdre dans d’épais menus afin de retrouver une foule d’informations, aussi bien sur les fleurs du coin (et la forme de brique associée !) que sur les missions à réaliser ou encore sur les fameuses petites facéties des habitants de Moonbury, seront ravis ! Le didacticiel est lui aussi présent afin que le joueur ne se retrouve jamais un peu désappointé sur la prise en main et les multiples astuces du jeu. Tout est fait pour en profiter pleinement (et sereinement).
Quelques ralentissements viennent régulièrement ponctuer l’aventure, avec un personnage qui se fige quelques secondes avant de reprendre sa course. Nous espérons l’arrivée d’une mise à jour afin de régler ce petit désagrément. Quelques coquilles sont aussi à souligner, notamment la liste des ingrédients nécessaires pour l’acquisition d’un filet de pêche, avec l’inversion des besoins en pierres et en bois.
Potion Permit est disponible sur l’eshop de la Nintendo Switch au prix de 20 euros environ. Une version boite est disponible.
Le saviez vous ?
Le mot « apothicaire » trouve son origine dans le terme grec « apothéké » (entrepôt, réserve), et dans le mot latin « apothecarius » (celui qui tient un commerce). Ce n’est qu’au fil des siècles que le terme s’est peu à peu rapproché du corps pharmaceutique. L’appellation « pharmacien » est elle officialisée en 1620. Certains pays utilisent toujours le mot « apothicaire », notamment les allemands et les suisses.
Conclusion
Potion Permit est une bien belle surprise qui se déguste avec patience et persévérance. Le jeu se dévoile en effet au fil des heures, avec des activités de plus en plus nombreuses et une aire de jeu prête à s'étendre au gré des missions réussies. La récolte des ingrédients, la concoction de potions, mais aussi quelques petits travaux pour le village, sont autant d'activités quotidienne. Les villageois, l'amitié et la fraternité, sont au cœur de cette grande aventure qui parvient à mêler l'action, la gestion et les quelques mini-jeux pour éviter la redondance des tâches courantes dans ce type de jeu. Quelques ralentissements sont à déplorer, mais nous espérons qu'une mise à jour viendra rapidement faire oublier ce désagrément. Petite cerise sur le gâteau : le jeu est traduit en français !
LES PLUS
- Une aventure intelligente, qui parvient à retenir le joueur par son développement progressif au fil des heures.
- Un contenu riche et varié, avec de multiples activités.
- De jolis graphismes.
- Une aventure accessible, avec un didacticiel qui reste disponible, et une bonne prise en main générale.
- Traduction française disponible.
LES MOINS
- Qui dit développement progressif, dit patience...
- Quelques ralentissements à souligner.