Les beat’em all forment une grande famille capable d’accueillir depuis bientôt 40 ans un peu tout et n’importe quoi. Avec des grands-parents célèbres comme Final Fight ou Double Dragon et des petits enfants excentriques, à l’image de Bayonetta ou Devil May Cry, les cousins cherchant une place dans cet arbre généalogique, ne cessant de s’accroître, ont bien du mal à se faire connaître. Les titres, au mieux moyens, sont légions et il ne faut pas oublier que même une légende de la NeoGeo comme SNK s’était cassé les dents avec son Legend of Success Joe. Alors qu’en sera-t-il du dernier titre de 7RavenStudios, Last Beat Enhanced ? La réponse se cache dans les méandres de cette descendance.
L’isométrie de papa
Dans le monde du beat’em all, il y a deux écoles, la 3D isométrique, la vieille école donc, qui nous permet de déplacer nos personnages dans des décors qui simule la profondeur en inclinant le sol et la full 3D, la nouvelle école. Last Beat Enhanced, à l’instar de titre tel Scott Pilgrim, River City Girls ou Teenage Mutant Ninja Turtle, fait parti de la vieille école. Nous déplacerons donc nos sprites des tableaux en deux dimensions qui font semblant de nous en offrir une troisième. Le principe est éculé, mais il fonctionne toujours comme l’ont prouvé les titres précédemment cités.
Toutefois, contrairement à ces glorieux aînés, Last Beat Enhanced ne fait pas l’effort de fournir un scénario. Nous savons juste que nous avons décidé de nettoyer les rues de la ville des malfrats qui la souille de leur présence. Voilà, ce sera tout pour la narration. Mais l’essentiel d’un beat’em all est ailleurs argueront les défenseurs du pur gameplay. Ils ont tout à fait raison, mais ce n’est pas une raison suffisante pour oublier d’ajouter, au minimum, la fille du maire à sauver, un peu de folie que diable !
Une fois la difficulté choisit, nous pouvons sélectionner, dans un premier temps, un personnage parmi deux. Par la suite, ce choix passera à cinq en fonction de notre avancée dans ce monde et de nos dépenses. Chaque personnage possède trois statistiques différentes : sa force, sa vitesse et sa vie. Bien sûr la force influera sur les dégâts occasionnés, la vitesse sur nos déplacements et la vie sure… ben la quantité de coups que nous pouvons encaisser.
Dans le titre de 7RavenStudios, il nous faut comprendre que tout tourne autour de l’argent. Chaque coup que nous portons sur nos ennemis, sans nous même en encaisser, fait grandir une barre de combo qui, elle-même, fait grimper un multiplicateur de récompense. Tous les dix coups portés le multiplicateur augmente d’un et c’est ainsi que nous pouvons multiplier par 5 ; 10 ; 20 ou plus la petite monnaie obtenue lors de la mort d’un de nos adversaires. Cet argent est loin d’être anecdotique, car il nous permettra quatre choses.
Le jeu de l’argent roi
Tout d’abord, en cas de mort, une large ponction de nos revenus sera prélevée, si nous le décidons, pour nous faire revenir à la vie, dans le cas contraire, nous perdons tous nos gains et reprenons le niveau à son point de départ. Deuxième utilité, à chaque début de niveau, nous pouvons dépenser cette somme contre des améliorations, ainsi doublé nos dégâts nous permettra de marcher bien plus facilement sur nos ennemis.
Nous pourrons aussi, contre une somme devenant indécente, débloquer les deux personnages les plus forts du jeu ou obtenir des artworks et autres travaux préliminaires effectués par le studio sur leur titre. L’idée de base est vraiment intéressante et elle nous oblige à retourner régulièrement sur les niveaux, d’autant plus que ceux-ci possèdent chacun, une zone secrète regorgeant d’un trésor qui augmentera substantiellement nos revenus. Malheureusement pour nous, cette bonne idée est gâchée par un gameplay loin d’être à la hauteur.
Nous avons à disposition quatre boutons, le saut, la frappe, le coup spécial et enfin un bloc, en tout cas nous imaginons que c’est à ça qu’il sert, car en l’absence d’information sur les contrôles et n’ayant jamais réussi à l’utiliser correctement, nous dirons que c’est un bloc. L’entièreté de nos parties se résume donc à nous déplacer verticalement pour ainsi empêcher les ennemis d’attaquer tout en étant capables de les toucher en défonçant la touche de frappe. De temps en temps, pour simplifier les débats, nous pouvons lancer notre attaque spéciale qui demande ensuite un temps de recharge.
Les phases de boss sont identiques, voire plus simples. Le saut nous permet de parcourir de haut en bas l’ensemble du décor. Il suffit alors d’enchaîner les sauts de haut en bas puis inversement pour qu’ainsi notre ennemi reste coincer au milieu de l’écran et n’ait pas le temps de lancer son attaque tout en attendant que notre spéciale se recharge. Une fois cette boucle assimilée, les niveaux se parcourent très vite et en une bonne heure, nous arrivons au crédit final. Là encore, la narration se contente du minimum.
La concurrence qui fait souffrir
Beat’em all oblige, nous pouvons parcourir l’ensemble des niveaux en compagnie d’un acolyte, le titre est alors encore plus simple, mais aussi plus amusant vu qu’il est possible de lancer des attaques combinées. Il est alors possible de viser le niveau de difficulté le plus élevé et ainsi ramasser davantage d’argent sans pour autant trop souffrir. Enfin, une fois les 8 niveaux découverts de fond en comble, il est toujours possible de tenter le mode ring qui nous demande d’affronter tous les ennemis les uns à la suite des autres.
Concernant la partie graphique, 7RavenStudios a clairement souhaité rendre hommage aux productions 8 bits. Les sprites ainsi que les décors suintent le gros pixel et nous remettent en mémoire nos premiers exploits vidéo ludiques. Il est toutefois dommage que les ennemis ne se renouvellent pas plus. Trop de fois il n’y a que leur couleur qui varie. Nous nous contentons alors de massacrer une dizaine de modèles différents avec de plus des attaques relativement proches. Seuls trois ou quatre d’entre eux demandent réellement de mémoriser leurs coups.
Les boss sont eux aussi décevants. Si les maîtres du beat’em all nous ont habitués à faire face à des monstres faisant plusieurs fois notre taille, dans Last Beat Enhanced, ces ennemis de fin de chapitre, à part un design unique, sont loin d’être impressionnants. De même, leurs attaques sont loin de nous être fatales avec notre technique de saut exposé plus tôt. Pour le reste, les animations sont dans la moyenne du genre et, hormis l’accent mis sur les sous-vêtements de notre héroïne, il est agréable de voir combattre les protagonistes de cette histoire.
Avant de conclure, abordons le tarif proposé. Avec un tarif de 10 €, le prix de base est légèrement inférieur à ce que peut proposer Scott Pilgrim, sauf que celui-ci est jouable jusqu’à quatre en local et en ligne, ce que ne propose pas le titre de 7RavenStudios, d’autant plus qu’il est très souvent en solde à 5 € et que son gameplay est bien plus varié. Les autres titres majeurs du genre proposent quant à eux un contenu bien plus conséquent en termes de gameplay justifiant ainsi un tarif plus élevé, mais procurant un plaisir de jeu bien plus long.
Conclusion
Malgré un tarif de base attractif de 10 €, force est de constater que Last Beat Enhanced de 7RavenStudios est loin d’être attractif face à la concurrence. Certes son système basé sur une récolte d’argent optimisée par nos combos est intéressant, mais il est gâché par un gameplay bien trop pauvre, une partie graphique qui peine à se renouveler et une absence de narration toujours préjudiciable. Il n’en reste pas moins agréable à parcourir à deux ou en solo, mais sa faible durée de vie risque vite de le cantonner à une étagère numérique depuis laquelle il prendra vite la poussière. Dans un genre où la rivalité est si forte, Last Beat Enhanced ne parvient jamais à sortir de la mêlée et il est bien difficile de le recommander.
LES PLUS
- Les graphismes en mode 8 bits sont bien détaillés
- La bande-son est sympathique
- Le système d’argent à récolter couplé aux combos fonctionne bien
- Les secrets à découvrir nous poussent à fouiller les niveaux
- Les contrôles sont simples et réactifs
LES MOINS
- Les sprites des ennemis ne se renouvellent pas assez
- Les boss sont loin d’être impressionnants
- Le gameplay est bien trop simpliste
- La durée de vie, hors complétion, est trop faible
- La concurrence fait mal, même à ce tarif