Les jeux de gestion d’un café, avec plus ou moins d’originalité, sont légion sur consoles. La Nintendo Switch ne fait pas office d’exception et emporte dans son eShop un florilège de jeux de cette trempe. En 2021, les joueurs PC voient débarquer au bout de leur clavier et de leur souris, un drôle de Lemon Cake, suscitant curiosité et gourmandise… une année plus tard, c’est aux joueurs des consoles de saliver à leur tour devant ce titre aguicheur. Sera-t-il aussi gourmand qu’il le promet ?
Un lieu hanté, une fausse bonne idée ?
Les mises en scène dans les jeux de gestion sont souvent peu accrocheuses, avec le plus souvent un membre de la famille qui disparaît, accordant alors la faveur au plus jeune de reprendre le flambeau d’un espace délabré où il faut tout refaire. Lemon Cake suit sensiblement ce scénario, avec comme accroche un petit fantôme du nom de Mademoiselle Bonbon, peu aimable de prime abord, et puis finalement de plus en plus encline à vous apprendre les rudiments de la boulangerie, ne pouvant plus pâtisser elle-même. C’est elle qui tenait cette boulangerie jadis… mais aujourd’hui la serre qui jouxte la boulangerie est en ruine, la cuisine sale et les clients, forcément, absents. Le décor est posé : bref vous voilà à la tête d’une boulangerie pas très aguicheuse, mais colorée.
Boulanger, boulangère, par ici !
Une petite personnalisation du personnage est disponible, permettant notamment de sélectionner la coupe de cheveux, leur couleur, ou encore la tenue de votre protagoniste. Point d’inquiétude si vous hésitez, ces modifications restent possibles au fil du jeu par un simple retour dans le menu. Il est temps de plonger dans le vif du sujet et de préparer votre première baguette (de pain, vous n’êtes pas à Poudlard ici !).
Le ton est donné dès les premiers instants dans la peau de la charmante boulangère : diantre qu’elle est lourde ! Les déplacements sont en effet assez lents, malgré la possibilité d’accélérer le pas. Tout ceci manque sensiblement de légèreté dans un univers où la vitesse et la dextérité sont indispensables… il faudra pourtant faire avec.
La confection de la première baguette est simple et ouvre la marche à quelques recettes toutes aussi basiques : un peu de farine et zou dans le four ! Un peu de vigilance quant à la bonne cuisson, et tout ira sans le moindre encombre. Votre premier client attend déjà côté boutique tandis que l’odeur du pain chaud se répand dans la bâtisse.
Le jeu avance au rythme des journées, avec une horloge en point d’ancrage. Par ailleurs, soulignons que le dîner dans le jeu est à l’heure de la pause déjeuner… soit. Plusieurs zones d’actions sont disponibles : la boutique, avec ses étalages et ses clients gourmands ; la cuisine avec les fours et les quelques ingrédients secs ; et enfin, l’arrière-boutique avec ses plantations et ses animaux. Ces derniers vous seront bien utiles pour avoir quelques fruits frais, mais aussi des poules et des vaches, soucieuses de vous délivrer lait et œufs en quantité suffisante pour tous vos ouvrages culinaires.
À peine sortie du lit que votre journée débute. Il convient de réaliser un certain nombre de préparatifs avant l’ouverture aux clients. Nous ne saurons que vivement vous recommander de mettre sur les étalages de la boutique les préparations les plus longues à réaliser, afin d’être tranquilles au moins lors des premières heures d’ouverture. Le rush de la pause déjeuner (enfin dîner) sera bien au rendez-vous, et il vous faudra vous occuper de vos derniers clients avec la même attention qu’au petit matin.
Le concept est simple : le client est roi et ce que veut le client, il l’obtient. Ainsi, répondez à toutes les demandes dans un minimum de temps (qui n’a jamais été passablement agacé d’attendre des heures l’arrivée de son plat ?). Ainsi, vous collecterez de plus en plus d’argent, et pourrez améliorer votre boulangerie. Dans le fond, avec de nouvelles recettes et de nombreux ingrédients issus de votre serre, mais aussi dans la forme par quelques rénovations notables.
Ça ne sentirait pas le cramé ?
Notre boulangère acquiert de l’expérience au fil des journées passées au travail. Avec de l’entraînement, elle devient ainsi capable de réaliser de nouvelles recettes, avec plus d’ingrédients. Néanmoins, il ne suffit pas de connaître les recettes pour pouvoir les confectionner… en effet, ce n’est qu’après avoir perfectionné la boulangerie qu’il sera possible de réaliser certains mets.
Par exemple, il ne vous sera guère utile de savoir faire des bagels aux bleuets si vous n’êtes pas en mesure de récolter des bleuets ! Il est indispensable de gagner beaucoup (beaucoup… !) d’argent pour acheter toutes les innovations disponibles. Ces dernières se découpent en quatre catégories : le magasin (avec notamment la possibilité d’acquérir de nouveaux étalages et ainsi vendre vos produits sans attabler vos clients), la cuisine (améliorer les fours, ou encore adopter des poules !), la serre (faites pousser de nombreux fruitiers pour confectionner de bons gâteaux !) et enfin la chambre pour décorer votre petit espace rien qu’à vous. Ces améliorations siègent dans un menu pas bien pratique, où le changement d’une recette pour une autre peut vite devenir agaçant. La petitesse des textes n’arrangera pas vos affaires…
Certains achats s’avèrent bien vite nécessaires pour avancer un peu plus rapidement dans le jeu : les étalages notamment sont particulièrement précieux pour vendre plus rapidement, tandis que le café permettra à vos clients d’être un peu plus patients. Les fruits et les animaux sont, bien entendu, à prendre suffisamment tôt eux aussi, tandis que la rénovation de votre chambre peut bien attendre.
Plusieurs milliers de pièces seront nécessaires pour débloquer toutes les options. Tout en sachant que votre première baguette de pain est proposée à moins de deux sous, cela vous laisse imaginer le nombre de jours de labeur dans votre boulangerie pour servir autre chose que trois petits gâteaux à la fraise…
Voilà bien le défaut majeur de Lemon Cake. Au-delà d’une répétition indéniable, mais courante dans ce type de jeu, difficile de ne pas songer que la durée de vie du soft n’a pas été outrageusement poussée simplement par ces dizaines et dizaines de journées indispensables pour, à peine, avancer dans le jeu. Il faudra répéter encore, et encore, les mêmes tâches pour espérer gagner une centaine de pièces.
Par ailleurs, certains aspects manquent sensiblement de profondeur… nous avons été séduits par l’arrivée des chats dans le jeu, avec la possibilité pour les clients de les adopter. Une bonne idée qui était susceptible d’accroître le contenu général du soft par quelques actions supplémentaires… mais il n’en est rien. Certes, le joueur a le plaisir de voir quelques chats vagabonder dans le café, mais cela n’ira pas vraiment plus loin qu’une petite grattouille par-ci par-là.
Citons pour second exemple la désinsectisation régulière : un mini jeu est proposé à la fin de certaines journées afin de récolter quelques pièces supplémentaires (nous ne crachons pas dessus !). À l’aide d’une épuisette, l’objectif est d’attraper un maximum de bestioles pendant un court temps donné. À nouveau, la boulangère est lourde, tout comme son épuisette qu’elle ne manie pas avec une grande adresse. Tout cela pour pas grand-chose dans le porte-monnaie finalement… Bon, c’est reparti pour 8 gâteaux à la fraise alors…
La boulangerie sucrée… mais un peu cracra !
Ces quelques défauts ne viennent en revanche pas gâcher le charme indéniable des graphismes du jeu. Le joueur évolue dans un univers certes très petit, mais mignon et coloré. Il faudra en revanche froncer les sourcils pour lire convenablement le menu avec le choix des recettes, et ne pas se montrer trop pointilleux sur la langue française (« si tu ne nettoies pas… »).
Par ailleurs, de nombreuses salissures viennent s’accumuler dans la cuisine… des salissures suspectes, qui ressemblent à des tâches d’urine sur le sol ! Le joueur est invité à utiliser le balai plusieurs fois par jour s’il ne veut pas être ralenti lorsqu’il traverse une de ces drôles de flaques… une manœuvre plus enquiquinante qu’autre chose, même si, bien plus tard, il sera possible d’incorporer un peu de magie dans le balai pour le rendre autonome dans cette tâche.
Lemonde Cake est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 30 euros (!).
Le saviez-vous ?
Lors de nos recherches sur les développeurs chez Cozy Bee Games, quelle surprise de constater la présence d’une simulation de… SPA pour capybaras ! Ces animaux sont les plus gros rongeurs, et Cozy Bee Games semble leur porter une affection toute particulière pour avoir imaginé et conçu ce drôle de jeu !
Conclusion
Lemon Cake est une simulation de boulangerie sans véritable renouveau du genre. Quelques bonnes idées restent à souligner comme la mise en place de ses propres cultures et l'entretien de ses animaux dans la serre qui jouxte le magasin. L'univers mignon et coloré pourrait séduire les plus jeunes, mais pour les plus grands, le soft manque de profondeur et risque de lasser les joueurs, ennuyés par un personnage qui répète indéniablement les mêmes taches pour ne gagner que quelques pièces, avec une certaine lourdeur dans ses gestes. Les améliorations de la boulangerie ne manquent pas, mais elles n'apportent finalement pas grand-chose au jeu... dommage, nous aurions adoré basculer dans un véritable bar à chats avec toutes les tâches associées !
LES PLUS
- Un univers mignon et coloré, adapté aux plus jeunes...
- De nombreuses options à débloquer progressivement.
LES MOINS
- … malgré un français imparfait.
- Une durée de vie rallongée simplement par la patience du joueur qui devra répéter encore, et encore et encore et encore... les mêmes tâches.
- Tarif beaucoup trop élevé (moins de treize euros sur Steam) !
- Mais, vous faites pipi par terre vous ?!