En 2003, Cavia donne naissance à la série Drakengard avec le support de Square Enix. En prenant pour base l’une des nombreuses fins de Drakengard, Yoko Taro et l’équipe de Cavia proposent en 2010 un spin-off nommé Nier. Celui-ci sera alors le dernier jeu du studio Cavia. Pourtant, Square Enix n’abandonne pas la licence. L’éditeur la passe entre les mains de Yoko Taro et du célèbre studio Platinum Games. Une collaboration qui donna naissance à Nier : Automata en 2017 et qui fut au centre de nombreux éloges à travers le monde. Cette année-là fut également l’année de la sortie de la Nintendo Switch, mais il aura fallu attendre la sortie d’Astral Chain par Platinum Games pour convaincre l’éditeur d’un potentiel portage de Nier : Automata. Finalement, celui-ci nous parvient en cet automne 2022. Inutile de vous dire que nous avons mis la main sur cette version Switch pour vous en parler.
2B play on Nintendo Switch
Commençons par rassurer les nouveaux joueurs : le jeu est en français. Puis malgré l’introduction que nous venons de faire, les événements de Nier Automata sont suffisamment lointains et détachés pour permettre à n’importe qui de découvrir son univers sans avoir joué aux précédents jeux cités. Après cette parenthèse, nous avons à peine le temps de paramétrer quelques éléments que le jeu nous demande directement de prendre la manette pour jouer le prologue, aux côtés de 2B, accompagnés d’une escouade de mechas envoyée sur Terre pour détruire une certaine cible. Alors que nos compagnons se font descendre les uns après les autres par une menace non identifiée, nous arrivons à nous faufiler dans le complexe qui ne cessait de faire feu sur nous.
Une arrivée spectaculaire qui se fait par un passage de porte in-extremis, un mecha qui se fait littéralement happé par la porte tandis que notre héroïne 2B s’en sort en tombant sur un sol de fer froid. Nous explorons alors l’espèce d’usine géante désinfectée, infestée de robots désarticulés et hostiles. À l’autre bout du fil, un certain 9S nous sert de navigateur dans cette structure. Alors que nous vagabondons dans le complexe sans trouver ladite cible, nous nous faisons attaquer par d’immenses grues avec pour finition de gros rouages. La disposition rappellerait presque un bras et sa main au bout. En progressant, nous constatons que l’usine elle-même est notre ennemie. Il s’agit d’un Goliath que nous tentons alors d’éliminer.
9S nous porte assistance avec son mecha, tandis que nous frappons la bête de ferraille au sol. Durant l’affrontement, voyant 2B en difficulté, 9S procède à une puissante manœuvre pour l’aider. L’attaque réussit à assommer la bête, qui réussit tout de même à lui porter un coup critique et à l’envoyer sur son toit. Nous grimpons alors pour constater l’état irrécupérable de 9S, qui nous transfère les droits sur sa machine pour que nous continuions à combattre le Goliath qui se réveille. Un combat titanesque s’engage, et alors que nous réussissons tant bien que mal à l’emporter, d’autres Goliaths apparaissent. Désormais impuissants, 9S et 2B provoquent une puissante explosion pour tout détruire via le contact de leurs boîtes noires.
Nous revenons sur une station orbitale de la Terre. 9S procède à la maintenance de 2B grâce à des données de celle-ci qui ont été envoyées avant leur mort. Nous découvrons ainsi, à ce moment, la toile de fond du récit du jeu. Ainsi, en 5012, un peuple extraterrestre a approché la Terre et a envoyé ses machines extraterrestres pour envahir la planète. Afin d’échapper à la destruction, les humains s’enfuirent vers la lune et s’y réfugièrent durant des millénaires. Des années de recherches et développements pour parvenir à la création de soldats androïdes de combat, dont ils formèrent des armées à envoyer sur Terre afin de résister aux machines extraterrestres. Nous sommes désormais en 11945, en incarnant des androïdes de dernières générations de l’unité de combat YoRHa, une unité d’infanterie d’androïdes utilisée par les humains pour reprendre la Terre.
Nous vivons le récit du point de vue de 2B, un récit d’une bonne dizaine ou quinzaine d’heures selon votre manière de jouer. Des heures à laquelle s’additionnent un New Game + avec la possibilité de jouer d’autres routes, avoir un autre point de vue, accéder à de nouveaux chapitres inaccessibles en première run, et enrichir votre découverte de l’univers du jeu. À noter que le jeu comporte plus d’une bonne vingtaine de fins, ce qui signifie que la rejouabilité et l’intérêt de celle-ci sont au rendez-vous pour facilement doubler la durée de vie. Reste peut-être à souligner l’apport parfois maladroit de certaines routes ou points de vue à cette histoire. Des impressions ainsi de “loop” avec des personnages peut-être moins attachants et moins bien développés que 2B. Cela reste à l’appréciation de chacun.
Il convient qu’une run de Nier Automata peut sembler courte pour ceux qui vont considérer le jeu comme un RPG. Toutefois, cette collaboration entre Square Enix et Platinum Game va au-delà du simple RPG et propose des expériences très variées, allant de l’action Beat’em All à la troisième personne à un Shoot’em Up en vaisseau, sur lesquelles nous reviendrons. Ainsi, en vue d’une expérience en un genre difficilement classifiable, la durée de vie pour Nier Automata est bonne, voire très généreuse, à ceux qui s’appliqueront à chercher toutes les fins. Sans oublier le contenu de cette édition Nintendo Switch accompagné du sous-titre The End of YoRHa Edition. Une édition qui inclut tous les DLC des précédentes versions du jeu, avec accès notamment à nombres de costumes ou modes comme l’arène. Nous avons en plus l’ajout du DLC gratuit intitulé 6C2P4A118680823, qui donne accès à des costumes inédits.
Automatiquement fun à jouer
Nier Automata est une belle évolution à la formule action Hack’n Slash de Drakengard et Nier. Une évolution amenée par l’expertise de Platinum Games dans l’action et qui n’a plus grand chose à prouver dans le genre. Les fans du studio sur Nintendo Switch ont pour preuves des jeux comme Bayonetta ou encore Astral Chain. Platinum Games ne tourne d’ailleurs pas autour du pot pour vous montrer le gameplay de Nier Automata, puisque les mécanismes importants du jeu sont présentés directement dans le prologue. La mission dont on vous parlait et dans laquelle on progresse dans une usine est en fait notre gargantuesque ennemie.
Nous parlions du gameplay délivré comme d’un micmac d’expériences variées. Cela commence dès le début, où nous jouons 2B dans son mecha sous forme de vaisseau, vue du dessus. Nous bougeons librement notre vaisseau sur notre écran, puis les ennemis arrivent du haut de celui-ci en nous tirant dessus. Littéralement comme dans un Shoot’em up. Nous pouvons appuyer ou maintenir notre touche de tir pour envoyer des rafales de balles et détruire nos ennemis. Avec une autre touche, nous envoyons un rayon puissant qui nécessite un temps de recharge pour être réutilisé.
Une autre touche permet de faire un coup de lame, utile contre des ennemis plus résistants à vos tirs. Enfin, nous avons une touche d’esquive. Cette phase évolue souvent vers une autre, notamment vers un moment où notre mecha n’est plus un simple vaisseau mais totalement activé. La vue ne change pas, mais les ennemis arrivent désormais de toutes parts et nous pouvons orienter nos tirs avec le stick R. Une fois la phase de shoot passée, nous progressons directement à la troisième personne, vue de dos. À ce moment, le gameplay est proche d’un Bayonetta ou d’un Astral Chain, du moins dans les bases. Nous passons ainsi du Shoot’em Up à de l’action Beat’em All.
À ce moment, nous avons une touche d’attaque faible et rapide à enchaîner et une autre touche d’attaque puissante. La gâchette ZR sert à esquiver, en sachant qu’esquiver un coup à la frame de l’attaque ennemie vous permet de lancer directement une puissante contre-attaque. En enchaînant vos coups, il est toujours possible de mitrailler des tirs avec R puis lancer un puissant rayon rechargeable avec L. La gâchette ZL vous permet de verrouiller une cible, un peu à la manière d’un Zelda. Il est possible de changer de cible avec le stick R, puis si vous ne verrouillez aucune cible, vous pouvez diriger la caméra avec ce même stick. La croix directionnelle sert à changer d’armes ou utiliser des objets assignés, et rapidement pour ne pas casser l’action en passant par le menu du jeu.
Dans les deux types d’expériences, le jeu se permet quelques variations de style. Nous avons même déjà parlé d’une de ces variations sur la phase Shoot’em Up, notamment le moment où votre mecha s’active totalement et que vous pouvez diriger au stick vos tirs. À cela s’ajoutent des moments où la caméra change et passe à une vue latérale pour des phases de jeu en 2D. Pour les phases de shoot, nous avons une expérience similaire à du shoot en scrolling horizontal. Pour les phases d’action, nous sommes sur une configuration de Beat’em All en 2D à l’ancienne, mais avec les possibilités de gameplay propres à Nier Automata que nous venons de détailler. Ainsi, l’expérience Nier Automata enchaîne ces phases pour une expérience de jeu d’action très dynamique et gagnant toujours plus en intensité en progressant dans le jeu. Petit bémol avec des soucis de caméra et parfois un côté un peu bordélique, mais le fun est tel qu’on oublie.
Gloire à la Nintendo Switch
Nous aurions presque pu dire une expérience de jeu d’action sans interruption comme Platinum Games savent le faire, mais ce serait un mensonge puisque Nier Automata propose également des phases d’explorations en monde semi-ouvert. Certains en parlent peut-être comme un monde ouvert, mais force est de constater que la Terre de Nier n’est pas si vaste à traverser. Puis nous sommes souvent là à parcourir des routes fermées et définies, plutôt que dans une vision de balade libre où l’on pourrait se rendre à une certaine destination en empruntant n’importe quelle route. Pour nous, il vaut mieux en parler comme une expérience semi-ouverte. Nous avons tout de même une grande zone de jeu avec des décors variés à explorer.
Sur cette terre aux environnements ruinés par les guerres extraterrestres, nous sommes amenés à rencontrer des robots ennemis plus ou moins coriaces à vaincre, mais aussi des quelques animaux sauvages pour donner un peu de vie à ce monde. Il y a également la possibilité de récolter des matériaux. Un village d’androïdes formant un groupe de Résistance à l’invasion est également sur place. Nous pouvons y récolter des quêtes secondaires à accomplir, et parcourir les marchés du jeu. Des quêtes qui ressemblent plus à du gonflement de durée de vie, et qui ont un côté très Fedex à vous envoyer de part et d’autre du monde pour trouver tel objet ou personnage.
La progression est ainsi hachée entre les phases de focus du scénario assez intenses en action, puis cette volonté de rester Nier en amenant une partie exploration du monde qui casse pour nous la dynamique. Il y a quelques terminaux disponibles de part et d’autre du monde pour du déplacement rapide. Pourtant, sur un autre plan, les apports de cette exploration sur l’expérience sont subtilement sympathiques, notamment sur l’achat ou l’acquisition d’équipements et de puces pour personnaliser votre personnage. Un peu comme dans un RPG, nous montons de niveau en accumulant de l’XP en combat. Les apports sont surtout sur votre énergie, mais la personnalisation de votre équipement et des puces influencent bien mieux les autres statistiques de votre personnage.
De plus, l’équipement vous permet potentiellement d’avoir un autre style de gameplay de combat. Vous pouvez switcher de sets d’armes en combat et adapter ainsi vos combats selon les ennemis devant vous. Les puces font office de mécanique de compétences passives à équiper sur une limite de points de compétences. La présentation du menu et la terminologie employée permet à cette mécanique simple de bien l’incorporer au lore de Nier Automata. Il est possible d’acheter des emplacements de puces pour en placer toujours plus. Vous pouvez même faire plusieurs sets de puces pour encore une fois adapter vos tactiques de combat. Certaines puces sont exclusives à certains modes de difficulté du jeu, afin d’éventuellement assister vos runs si vous n’êtes pas un spécialiste du genre.
Ainsi, accomplir les annexes et explorer le monde peuvent vous permettre d’acquérir de bons armements ou d’obtenir de belles puces, en plus d’avoir potentiellement davantage de lore. Autre mécanique originale de Nier Automata, les games overs du jeu. Nous incarnons des androïdes ; ainsi, en mourant nous perdons simplement notre enveloppe présente. Nos données sont transférées à un autre modèle ayant le même physique mais nous perdons des données, nos puces et quelques points de XP. Il est possible de récupérer cela en retrouvant notre précédente dépouille. Il est même possible de l’activer pour la faire combattre à nos côtés temporairement.
Ainsi dans sa catégorie, Nier Automata fourmille de bonnes idées qui enrichissent le gameplay. De plus, ces idées se retrouvent aussi sur le plan visuel. Le style visuel en lui-même ne fait pas dans l’original, avec un côté réaliste que nous retrouvons souvent désormais. De plus, les environnements de monde ouvert peuvent paraître assez vides, sans parler des textures plus baveuses, du pop d’éléments et du clipping. Pour les amoureux de chiffres, sur Nintendo Switch nous sommes sur du 720p en portable et un upscale en 1080p sur TV avec du 30fps à toute épreuve. Pour l’anecdote, Platinum Games n’étant pas des experts du monde ouvert, les défauts cités étaient déjà de la partie à l’origine. Juste légèrement plus prononcés et sans le 60 fps sur Nintendo Switch.
Pourtant, le studio Virtuos, en charge du portage, propose finalement un rendu très digne pour la console de Nintendo et qui n’a pas à rougir des autres versions du jeu. Nier Automata devient aisément l’un des portages les plus réussis sur Nintendo Switch, et l’un des jeux les plus beaux et agréables à l’œil de la console. Le studio se permet même des folies avec des fonctionnalités de gameplay ajoutées, comme le fait d’attaquer avec le gyroscope si vous l’activez. Par ailleurs, au-delà de son style et des chiffres, c’est dans l’atmosphère des environnements et dans son UI que Nier Automata se démarque. Nous avons parfois vraiment cette impression d’être dans l’un de ses androïdes parcourant une terre aux décors parfois enivrants. Puis le travail sur les animations riches de nos androïdes, ainsi que le contraste volontaire avec les robots désarticulés des extraterrestres est subtil, très bien fait; sans oublier d’autres détails visuels réussis.
Enfin, une réalisation, aussi réussie soit-elle, gagne ou perd en qualité selon l’ambiance sonore qui l’accompagne. Sur ce point, autant vous dire que Keiichi Okabe, Keigo Hoashi et Kuniyuki Takahashi se sont surpassés pour que l’OST de Nier Automata dépeigne la grandeur même du jeu sans forcément l’avoir sous les yeux. Dans l’action comme dans les moments paisibles d’exploration, sans oublier les nombreuses et sublimes cinématiques, donnant encore plus de poids à la mise en scène incroyable du jeu. C’est simple, c’est totalement un sans faute à ce niveau, avec même l’option de choisir la langue du doublage. Nos oreilles ne se lassent pas des pistes du jeu. D’autant plus que même sans équipement de pointe chez soi, quoi de mieux que d’avoir cette OST directement dans les oreilles en mode portable avec des écouteurs ou un bon casque ?
Conclusion
Grandement récompensé, Nier Automata atterrit sur Switch grâce aux talents du studio Virtuos. Le portage est de très grande qualité, puis il permet aux joueurs Switch de découvrir cette perle proposée il y a 5 ans déjà par Square Enix et Platinum Games. Nier Automata se présente comme un incontournable dans le jeu d’action, et cela malgré le retard de sortie sur Nintendo Switch. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Au-delà des quelques défauts provenant surtout du jeu que du portage, nous garantissons la satisfaction réelle à parcourir Nier Automata sur Nintendo Switch. La console permet de vivre cette œuvre n’importe où et de bien se préparer à d’autres expériences du genre par Platinum Games à débarquer très prochainement sur la console hybride de Nintendo.
LES PLUS
- Une atmosphère particulière et envoûtante
- Cinématiques et animations de très bonne facture
- Techniquement stable en TV comme en portable
- Bande-sonore parfaite
- Fourmille de belles expériences variées
- Des combats intenses et impactants
- Plein de subtilités pour enrichir le gameplay
- Même des fonctionnalités de gyroscopie
- Une durée de vie satisfaisante
- Surtout pour avoir toutes les fins
- Un récit et un lore bien écrits
LES MOINS
- Défauts visuels plus prononcés sur Nintendo Switch
- Certains reprocheront le 30fps même très stable
- Un rythme un peu cassé avec le monde ouvert
- Quelques soucis de caméra et un peu bordélique
- Beaucoup d’allers-retours sur les annexes
- Peut sembler court en ligne droite
- Des routes du récit “doublon” et pas intéressantes
Super test!
J’ai vraiment hâte de jouer à cette pépite vidéo ludique
Merci pour le test. Pour ma part, je ne jouerai pas à ce jeu. J’ai été bien trop déçu par Nier Replicant… Un jeu soit disant génial et qui, pourtant, est loin d’être bon selon moi.
Où comment p.g à massacré le meilleur A-rpg de la Gen ps3/360 pour en faire un vulgaire Bta…