Toute la galaxie est sur le fil du rasoir ! L’amiral Zed a comme une furieuse envie de devenir « maître de l’univers » et est prêt à toutes les manigances pour y parvenir… À nous dans notre coucou stellaire, lequel est armé bien entendu jusqu’aux dents, de réduire à néant ces ardeurs mal placées…
À quelques mots près, le scénario reprend les grandes lignes de Jets’N’Guns (paru en 2004 sur PC et plus récemment sur Switch), shmup dantesque, premier jeu et titre phare du développeur Rake In Grass. La filiation est plus qu’évidente : l’espace scintille de toute les couleurs, avec de belles constellations peintes à l’aérographe. Et surtout, l’humour rentre dedans, est omniprésent, à commencer par ce thème musical, ironique et récurrent : du vieux blues nous laissant à penser que nous sommes dans le bayou.
Mais désormais, le shoot explosif de Jets’N’Guns s’hybride avec du RPG en français dans le texte (!), ultra immersif et pur jus de rouille !
Haro sur le vil Zed
Silent Sector se déroule à quelques mètres près du même univers que Jets’N’Guns avec une délicieuse (et suintante) ambiance de pirates de l’espace. Gouailleurs, mal rasés et empestant l’huile de vidange, ceux-là même que l’on croise dans des bars miteux flottant entre deux systèmes solaires, perdus dans une galaxie à droite (ou à peu près) des grandes toilettes universelles.
Les dialogues sont tordants, n’hésitant pas à briser le sacro-saint quatrième mur. Les missions, plutôt variées (même si dans le fond, nous allons tout détruire sur notre passage), ne le sont pas moins (tordantes) et nous mèneront à croiser des vaches au beau milieu du vide sidéral ou à découvrir un astre qui n’est autre qu’une tranche de bacon. Cette ambiance « à la cool » est pour beaucoup dans le plaisir que nous avons eu à nous balader sur cette map galactique.
Nous avons la possibilité de converser avec la faune locale : des PNJ déjantés, mais pas que. Le jeu nous propose de jouer les fins diplomates en liant des amitiés avec des factions comme dans un véritable jeu de stratégie : mineurs, explorateurs, religieux, free riders, rebelles, union galactique…
Ce système est vraiment excellent, puisqu’une alliance nous mettra naturellement à dos d’autres factions. Nos choix seront déterminants, un petit scénario pour chaque faction se mettant en place, nous permettant d’obtenir des armes et des vaisseaux spécifiques. Notre réputation auprès de nos alliés n’est pas qu’un gadget mais joue également un véritable rôle dans la conquête de la galaxie, le but ultime du jeu (le boss final étant surtout une grosse carotte pour dominer à notre tour la galaxie).
Addiction à fond les ballons
L’addiction est réelle, et le jeu va vite se révéler chronophage. D’abord parce que le nerf de la guerre, c’est l’argent et ce métal précieux ne coule pas vraiment à flot à nos débuts. C’est le cas de le dire, tout coûte de l’argent : les armes, les vaisseaux, le fuel qui baisse à vue d’oeil une fois que nous naviguons sur la map et même la mort qui nous ramène tout droit vers notre base de départ en nous délestant d’une partie de notre portefeuille.
Les missions (conquêtes de bases ennemies, abattage de flottes hostiles, piratage…) nous offre un peu de maille. Et il y a également la possibilité d’extraire du métal rare en minant au calme du gros astéroïde, et d’échanger notre production contre de véritables piè-pièces. Le jeu prend alors des atours de farming intensif même si dans la deuxième partie du jeu (avec l’apparition des « Cubes », n’en disons pas plus pour ne pas divulgâcher la surprise), en devenant surpuissant, nous mettrons d’avantage l’accent sur la bataille tous azimuts.
Dans les faits, le jeu offre une excellent durée de vie approchant les 20 heures de jeu pour tous ceux qui voudront dominer la galaxie et faire le maximum de missions et de points d’intérêts (qui ponctuent en surprises hilarantes le jeu). L’addiction est réelle, il y a toujours une mission qui nous tend les bras, une base ennemie à détruire ou un secteur à reconquérir sur la map (et oui, sur ce dernier point, si nous délaissons une zone, nous pouvons la perdre).
Bis Repetita
Le jeu n’est bien entendu pas parfait. La première difficulté est de bien comprendre les menus et autre inventaires. Il faut bien quelques heures pour assimiler le b.a.ba après quelques errements. Passer par exemple d’une arme à une autre chez le marchand sans se tromper (comme en vendant celle de notre inventaire par erreur, celle qui nous était chère et qui sera perdue à jamais). Cela peut finir par agacer.
Sur Nintendo Switch, + est la touche choisie pour passer de la map vers une zone (et vice et versa) et elle nous a causé bien des ennuis. Concrétement, cette touche est habituellement proposé dans 99% des jeux comme un bouton de pause ou de menu. Ici, l’habitude (n’aidant pas) va nous éjecter d’une zone alors que nous sommes en pleine mission.
Quelqu’un sonne à la porte ou une envie pressante et nous allons être téléporté sur la map (et consommer du fuel inutilement) plutôt que de mettre le jeu naturellement en pause. Peut-être que les joueurs s’accomoderont des commandes, mais dans l’ensemble, elles ne nous ont pas paru aisées même si elles restent correctes en mode combat.
Jets’N’Guns était explosif et les combats dans Silent Sector le sont tout autant. À la différence, qu’ils se jouent non pas à l’horizontal comme dans un R*Type ou un Gradius mais en mode vue de dessus, option twin-stick-shooter. Ils sont agréables et nous permettent de gérer un astucieux bouclier (avec sa propre barre en plus de celle qui signifie notre santé). Et ils ne sont pas très punitifs : il suffit de bien se préparer avant et d’être attentif pendant.
Malheureusement, passé la découverte, ils se ressemblent beaucoup et les tactiques pour éviter de passer de vie à trépas se répètent également d’une bataille à une autre. Si on ajoute à ça que les missions de base du type armada à abattre ou quête fedex se répètent un peu trop d’une faction à l’autre, nous avons dû affronter une toute petite lassitude sur le dernier quart du jeu. Notre surpuissance en fin de jeu, liée à notre montée de niveau et à nos armes qui aspergent tout l’écran, rendant d’ailleurs les affrontements un peu trop facile. Néanmoins, rien ne nous aura fait abandonner notre but ultime !
Conclusion
Malgré des redondances et du recyclage à tout va (missions, décors...), Silent Sector est un RPG/shooter solide, étonnant par sa petite ambition de nous immerger dans un monde immense partagé entre la guerre totale et de bonnes blagues potaches. Le jeu des alliances entre factions est excellent et l'humour bonhomme (pas toujours d'une grande finesse, il est vrai) emporte l'adhésion... Jusqu'au bout !
LES PLUS
- Du RPG shmup, ça change
- Le jeu est en français !
- Beaucoup d'humour
- Addictif
- Système de réputation entre les factions
- Pléthores de vaisseaux à débloquer
- L'armement délirant
LES MOINS
- Des commandes, en dehors des combats, pas commodes
- Un ou deux bugs, et quelques quêtes restées en anglais
- Des combats spatiaux qui n'évitent pas la redite
- Un coup de mou avant la fin