Les enfants des années 90 ont pu connaître bien plus que les autres un certain genre de jeu pas mal revenu en vogue ces derniers temps. Il s’agît du fameux point and click, un genre faisant appel à vos talents d’observation et d’improvisation dans de nombreuses situations pour résoudre des puzzles, la plupart du temps avec plus ou moins d’humour. C’est donc avec son style pixelisé très psychédélique que Dropsy vous invite à suivre l’histoire d’un malheureux clown défiguré en recherche de câlins.
Un clown serial-câlineur
Paru en 2015 sur PC et édité par Devolver Digital, Dropsy est désormais disponible sur Nintendo Switch, ce point and click vous propose donc d’incarner un clown qui au premier regard est affreux et peut même effrayer, ce dernier est accusé à tort de l’incendie de son cirque.
Désormais sans emploi, notre clown va chercher à propager l’amour et la gentillesse autour de lui pour réduire la déprime de tout le monde et redorer son image.
Le gameplay peut dérouter aux premiers abords puisque contrairement à ses pairs, Dropsy n’utilise pas de dialogues écrits pour s’exprimer, a la place un système d’icônes et pictogrammes est implémenté pour vous permettre de vous exprimer. Ce qui renforce une fois de plus ce côté psychédélique puisque toutes les options de dialogues sont libres d’interprétation. Une personne triste va par exemple nous indiquer dans une bulle l’image d’un bonhomme avachi sur lequel la pluie tombe…
De plus, notre cher clown sait parler aux animaux, ce qui vous permet au passage de vous en servir pour résoudre certains puzzles avec un chien capable de creuser ou encore un oiseau pouvant accéder à certaines hauteurs inaccessibles à notre protagoniste bien en chair.Une des fonctionnalités assez uniques pour l’époque est que ce monde est dynamique, faisant techniquement de ce point and click un open world, l’univers réagissant à un cycle de temps faisant que certains personnages vont se déplacer un peu de partout en ville ou n’être disponible qu’à certaines plages horaires. Bien entendu le monde est assez restreint tout de même, pas de quoi complètement se perdre, le jeu reste facilement accessible et compréhensible.
Ce cycle de temps permet donc d’utiliser la fonction de repos pour pouvoir faire accélérer une journée jusqu’au point vous intéressant, vous plongeant au passage le temps de votre sommeil dans les rêves ou cauchemars de Dropsy, véritables bad trips d’ambiance visuelle remplis d’images et messages perturbants.
Le plus gros du jeu sera donc de réaliser différentes bonnes actions pour la population, la plupart se résolvant sous forme de puzzles comme dans tout point and click classique, l’univers assez unique de Dropsy cherche d’abord à confronter nos émotions et nous créer de l’empathie pour un personnage qui est visuellement l’incarnation de la coulrophobie (peur des clowns). Ainsi Dropsy viendra en aide à différents personnages en marge de la société que ce soit des drogués, des sans-abris ou des vieilles personnes isolées. Toutes renvoyant le reflet de notre personnage dont seuls les animaux n’essaient pas de fuir à sa vue.
De plus, son incapacité à s’exprimer correctement (utilisation de pictorammes) et sa tendance au câlin facile mettent en lumière un personnage socialement inadapté qui cherche malgré le rejet à faire le bien autour de lui. Si bien que son monde devient de plus en plus fantaisiste et ses divers rêves se mêlent à la réalité, menant à des scènes de plus en plus absurdes comme des hippies priant le dieu Thor ou des aliens.
Vous l’aurez compris, le jeu Dropsy est un petit OVNI qui derrière son esthétique étrange cherche avant tout à véhiculer une histoire forte en émotions et à la seconde lecture bien possible autour d’une discussion entre amis. Au total, comptez environ 5 heures pour faire le tour du jeu, si tant est que vous ne soyez pas facilement coincés sur les quelques énigmes un peu farfelues par moment, vous poussant à regarder la soluce sur internet.
Du côté de sa présentation, le jeu de Tendershoot et A Jolly Corpse est assez unique, le style pixel-art utilisé montre un rendu à mi-chemin entre l’hyperréalisme et l’absurde, tout en restant assez soigné au niveau de la qualité de ses animations et environnements. Le tout est porté par une bande-son tout en chiptune accompagnant à merveille le visuel, comprenant tout un mélange de genre allant du rock au jazz.
Conclusion
Dropsy à l’image de son personnage n’est pas un jeu qui se laisse approcher au premier abord, l’image de ce clown effrayant peut porter à confusion sur le contenu proposé, mais pour qui ose se lancer, vous trouverez un point and click très coloré, proposant des mécaniques pseudo “openworld” et une histoire pleine de sous-texte (malgré l’absence ironique de textes à l’intérieur) laissant une interprétation assez ouverte de l’histoire de notre protagoniste. Le jeu a du cœur et son univers respire la bizarrerie et la sincérité Pour seulement 9,99€ sur l’eShop nous vous recommandons d’y jeter un œil si vous êtes en recherche d’un point and click original.
LES PLUS
- Un monde et casting mémorables
- Le style visuel assez atypique pour du pixel-art
- La liberté totale d’action offerte par “l’open world”
- Avoir pour but de distribuer de l’amour c’est beau quand même
LES MOINS
- Des énigmes parfois farfelues
- Un manque d’indications global qui peut mener à chercher sur internet