L’ordre naît du chaos. Cet axiome philosophique a, semble-t-il, été suivi à la lettre par le studio de Aeternum Game Studios, pour leur premier jeu. Celui-ci commence alors que le Chaos est en train de créer le monde et les êtres humains. Après des millénaires où tout se passait pour le mieux, les humains ont fini par se diviser en deux factions : la lumière et les ténèbres. Leurs philosophies étant diamétralement opposées, ils ne cessent de s’affronter. Furieux de ce comportement, le Chaos décide d’octroyer des pouvoirs égaux à un champion de chaque faction et les condamne à s’affronter à jamais. Le gagnant a le droit de régner sur le peuple entier d’Aeterna pendant que le perdant se retrouve sans aucun pouvoir. Il lui faut alors passer des épreuves afin de collecter les fragments de pouvoir pour les retrouver et confronter à nouveau son adversaire afin de récupérer le trône.
Lumière et ténèbres : l’obscurité en vous
Lors du dernier affrontement, c’est la Reine de la Lumière qui a emporté la couronne et qui règne désormais sur le peuple. Aeterna Noctis vous met donc dans la peau du Roi des Ténèbres qui vient d’être déchu et a perdu tous ses pouvoirs. Le but sera donc pour lui de tous les retrouver avec l’assistance du joueur.
Aeterna Noctis est un jeu 2D de type Metroidvania. Ce terme est une contraction du nom de deux jeux : Metroid et Castlevania. Un Metroidvania est donc un mélange d’action-aventure et de plate-forme qui demande au joueur d’explorer des zones connectées entre elles dont certaines zones ne sont pas accessibles tant que le joueur n’a pas débloqué la capacité nécessaire. Ce genre de jeu vous demande donc de visiter chaque zone plusieurs fois à différents moments du jeu pour découvrir de nouveaux lieux et trouver de nouveaux objets. Aeterna Noctis vous demandera d’explorer seize zones.
La jouabilité du Roi des Ténèbres est donc assez basique au début du jeu. Vous pourrez seulement sauter et taillader vos ennemis avec votre épée dans toutes les directions (même en dessous lors d’un saut). Vous débloquerez néanmoins rapidement le sacro-saint dash (ruée vers l’avant) que vous pourrez effectuer aussi bien au sol que lors d’un saut.
Le jeu prend alors une tournure différente et on découvre un gameplay (très) exigeant dans l’aspect plate-forme. Il va falloir apprendre à doser la hauteur de vos sauts (en appuyant plus ou moins sur la touche) et à raccourcir votre dash (en appuyant sur la direction opposée) pour pouvoir traverser des salles qui demandent de plus en plus de réflexes.
Cette surprise est vraiment la bienvenue car cela apporte un réel plus au genre et donne une identité bien définie à cet Aeterna Noctis. De plus, même si le jeu propose deux niveaux de difficulté (Aeterna : facile et Noctis : difficile), il faut noter qu’il reste vraiment exigeant quoi qu’il arrive. Le mode Aeterna simplifie grandement les défis de plateforme, ceux-ci sont remplacés par des combats et on se rapproche plus d’un pur Metroidvania. Le mode Noctis quant à lui garde l’aspect plateforme et exploration auxquels viennent s’ajouter des salles entières de défis de plateformes où le moindre faux pas est synonyme de recommencement.
Pour notre test, nous avons opté pour le mode conseillé par les développeurs (le plus difficile). Et grand bien nous en a pris car nous avons adoré nous confronter aux défis du jeu et apprivoiser toutes ses mécaniques, tellement tout est bien réalisé.
Exploration et combat, une combinaison gagnante
Une fois la jouabilité des sauts et dash bien assimilée, l’exploration du jeu est un vrai bonheur. Le Roi des Ténèbres est vraiment très agile et les sauts et coups d’épée s’enchaînent avec fluidité et facilité.
Même si l’exploration est au cœur du jeu, les combats contre les ennemis sont aussi partie prenante et vous demanderont réflexes et persévérance pour en venir à bout.
Le système de jeu est relativement classique pour le genre : le Roi des Ténèbres dispose de cinq points de vie (PV) au début de partie et d’une fiole de soin. Celle-ci vous permet de regagner un PV à chaque utilisation, ce qui la vide entièrement. Pour la remplir à nouveau, il vous faudra en trouver une sur les ennemis ou bien en acheter une.
Vous rencontrerez en effet plusieurs PNJ lors de votre aventure dont un marchand et un forgeron. Le premier vous permettra d’acquérir des cartes des différentes zones ainsi que des consommables. Le second vous permettra d’améliorer vos armes. Le Roi des Ténèbres dispose dès le début du jeu d’une épée à laquelle viendra se greffer plusieurs armes ténébreuses. Celles-ci sont beaucoup plus puissantes mais consomme du mana (magie) à chaque utilisation.
Le Roi des Ténèbres pouvant effectuer des coups d’épée dans toutes les directions (dont vers le bas), il vous faudra très vite prendre l’habitude de « rebondir » sur les ennemis afin d’atteindre des plateformes autrement hors d’atteinte.
Récupération de pouvoirs oblige, le personnage sera de plus en plus puissant au fur et à mesure du jeu. Cette ascension se fera par le biais de points de compétence et d’un arbre correspondant. Chaque nœud de l’arbre vous apporte un plus, que ça soit dans les dégâts portés, la rapidité du dash ou les coups critiques. Forcément, les compétences les plus puissantes demanderont plusieurs points de compétence pour être débloquées.
Lorsque vous tuez des ennemis, vous récolterez des dogmes (la monnaie du jeu), du mana ainsi que de l’expérience. Les dogmes vous permettent de faire vos achats, le mana sert à vous soigner ou bien à utiliser vos armes ténébreuses.
Le mana est représenté par des orbes sous les PV du personnage. A la mort d’un ennemi, une petite quantité de mana est récoltée dans un orbe. Une fois celui-ci plein, il peut être utilisé pour du soin. Cependant, les armes ténébreuses ne nécessitent pas que l’orbe soit plein pour pouvoir être utilisées.
L’expérience est quant à elle présentée sous la forme d’un pourcentage. Une fois atteint les 100%, un point de compétence est octroyé au personnage et le pourcentage retombe à 0.
En cas de mort de votre personnage, l’expérience collectée est laissée sur place et il vous faut donc la récupérer. Cette mécanique à la Dark Souls est néanmoins moins punitive que dans ce dernier car même si vous mourez une nouvelle fois avant d’avoir récupérer votre expérience, elle ne disparaîtra pas.
Chaque fragment de pouvoir est gardé par un boss qui demandera de nombreux essais avant de pouvoir être terrassés. Il faudra apprendre leur comportement par cœur et user de tous ses réflexes tellement l’exigence de ces combats est encore un cran au-dessus du niveau du jeu global.
Un jeu travaillé aussi bien graphiquement que musicalement
Concernant son aspect visuel, Aeterna Noctis est vraiment magnifique. Tous les personnages et décors sont en 2D mais dessinés et animés à la main. Ce travail titanesque pour un premier jeu permet d’obtenir un rendu vraiment très léché et c’est un bonheur pour les yeux d’admirer tous les détails, que ce soit l’animation du personnage ou bien l’arrière-plan qui fourmille d’éléments. Les boss sont tout aussi originaux et vraiment uniques par leur aspect et leur originalité.
Un petit bémol cependant car la richesse des décors nuit parfois à la lisibilité de l’action. En effet, certaines plateformes sur lesquelles on peut sauter ne sont pas forcément plus visibles que l’arrière-plan.
L’aspect musical et sonore n’est pas en reste pour autant. Aeterna Noctis est agrémenté de musiques orchestrales qui collent toujours au niveau et arrivent à sublimer le rendu du titre. Certaines musiques épiques contre les boss nous galvanisent littéralement.
Conclusion
Aeternum Game Studios nous livrent pour leur premier jeu un univers prenant, exigeant et vraiment de toute beauté. Les animations, les décors et la musique ont fait l’objet d’un soin tout particulier et le plaisir de parcourir cet univers est immense. Sa difficulté pourra laisser plus d’un joueur frustré, même si le niveau de difficulté facile peut rendre les phases de plateforme et les combats moins compliqués. Nous avons pour notre part vraiment aimé découvrir ce titre et le parcourir de fond en comble, même s’il nous reste forcément des choses à découvrir. Sa durée de vie est très grande et il faut s’armer de patience pour vraiment l’appréhender. Comptez entre quarante et cinquante heures pour terminer l’histoire principale et environ soixante-dix pour vraiment tout explorer. Cette durée de vie gigantesque est liée non seulement à sa difficulté mais aussi aux vastes zones à explorer. A noter qu’un second jeu dans le même univers est proposé par le studio mais seulement sur PC via Steam : Summum Aeterna. Il s’agit d’un prologue dans le même univers mais c’est un jeu de type rogue-lite (jeu dans lequel les niveaux sont générés aléatoirement et où la mort du personnage met fin à la partie – run – tout en gardant quelques objets pour faciliter la partie d’après).
LES PLUS
- Univers riche et prenant
- Visuellement magnifique
- Très grande durée de vie
- Gameplay exigeant
- Musiques orchestrales
- Jouabilité très réactive
- Un jeu qui se transforme via le niveau de difficulté
LES MOINS
- Manque de lisibilité dans certaines phases de plateforme