Tous ceux qui se sont un jour perdus dans le Nintendo eShop ont pu apercevoir la quantité dantesque de portages de jeux mobiles à des prix si alléchants que ces derniers sentent l’arnaque à plein nez. Draw a Stickman : EPIC est sorti en 2012 d’abord en tant que site internet, puis sur Android avec un succès relatif (+ de 10 millions de téléchargement pour sa version Freemium) et propose dix ans plus tard un portage sur Nintendo Switch pour un prix de 6,99 € contre 1,07 € sur sa version mobile ou 3,99€ sur Steam. Est-ce que le jeu entre dans la catégorie des arnaques ou bien vaut-il vraiment ses sept euros ?
Un jeu de dessin… sans dessin.
Draw a Stickman : EPIC propose un concept de prime abord assez intéressant. Un monde incroyable où nos armes, un crayon et notre créativité, permettront de vivre une aventure des plus palpitantes. Et même si une pointe d’appréhension commence déjà à s’installer en nous lors du menu de démarrage non terminé, nous essayons de passer outre et de virer nos préjugés. Après tout, si le mot « démarrer » n’est pas écrit dans son entièreté, peut-être est-ce un choix artistique, dans un monde où le dessin est roi.
D’entrée, nous trouvons un crayon de papier magique et le jeu nous propose de dessiner un stickman puis un autre, notre compagnon de route. Nous remarquons rapidement à quel point le mode docké n’est pas du tout adapté pour ce jeu. Dessiner avec une manette est une tâche qui est loin d’être aisée, quasiment impossible et la suite du test devra alors se faire en mode portable.
Nous finissons le dessin de notre compagnon, lui trouvons un petit nom affectueux, puis, patatras, c’est le drame : un homme venu de nulle part nous kidnappe notre compagnon. Bien que nous ne le connaissions finalement que très peu, nous sommes partis pour le sauver.
Les deux premiers niveaux nous présentent à peu près le gameplay. Nous devons dessiner des flammes pour brûler des objets ou des dynamites qui gênent sur le passage, ou un nuage afin de faire tomber la pluie et de dégager d’autres objets encombrants. Première révélation et pas des moindres : outre le fait que nos pouvoirs sont imposés dès le départ brimant très rapidement la créativité promise, nous n’avons pas non plus vraiment besoin de dessiner des flammes pour créer du feu. Un trait suffira alors à faire tomber l’obstacle. Vu que la promesse du jeu, dessiner pour avancer, devient alors anecdotique, nous repassons alors en mode docké pour le reste du test.
Bien que le jeu ne soit pourtant pas très passionnant, nous continuons à croire, comme la plupart des jeux de réflexion, que nous sommes en plein apprentissage des règles du jeu, et que l’aventure va se complexifier au rythme des nouveaux éléments de gameplay que nous assimilons. Nous nous trompions. Dans Draw a Stickman : EPIC, il y a en tout et pour tout quatre pouvoirs : le feu, le nuage (pluie et foudre), la clé, la hache (utilisée que pour un seul niveau). Il y a aussi le pouvoir de l’armure qui est finalement inutile et celui de la glace uniquement utilisable dans un niveau bonus. Et c’est tout. Attention, point important, si nous passons trop vite les explications, il est impossible de les relire. Heureusement, celles-ci sont tellement limitées qu’elles ne nous servent finalement que très peu.
C’est à partir du troisième niveau que nous commençons à comprendre que la difficulté du jeu n’est pas basée sur la réflexion ; globalement, la solution aux énigmes revient à tester les quatre éléments sur les quelques objets posés par-ci par-là. Non, la véritable difficulté réside dans la capacité de notre personnage à se déplacer sur les décors du jeu. Cette capacité se révèle souvent défectueuse, notre création reste bloquée sur des murs invisibles. Elle marche à côté des ponts, dans le vide, mais est alors totalement inapte pour marcher sur le chemin que nous lui proposons. Pire encore, elle préfère très souvent se laisser mourir face à un monstre que de le fuir correctement. Nous nous mettons en tête que le problème vient de notre stickman, que fort heureusement, nous pouvons redessiner, mais cela ne change finalement absolument rien.
Pour vous faire une idée précise, j’ai mis presque une heure à faire le troisième niveau non pas parce que l’énigme était complexe, mais parce que mon personnage restait bloqué face à la faible adversité qu’on lui proposait.
C’est fini ? Déjà ?
Le reste des niveaux ressemble à ce chemin de croix. Notre personnage, qui, nous ne savons pas par quelle magie, sait exactement où aller pour retrouver son ami disparu, continue de se prendre des murs imaginaires pour la plus grande frustration des joueurs. Heureusement, nous arrivons au bout de deux heures de jeu au climax de notre histoire. Au vu de la difficulté très relative pour sauver notre camarade, une petite voix nourrie aux Mario s’attend à ce que notre Bowser reparte avec sa Peach pour débuter une nouvelle série d’« énigmes ». D’autant plus que nous venons à peine de terminer une seule page de défi.
Cependant, nous prenons la main de notre ami et réussissons à nous enfuir. Le jeu se termine en deux heures de jeu et neuf niveaux. Nous espérons alors naïvement que, comme dans There Is No Game, que ce ne soit qu’une feinte et qu’on nous présente la suite du jeu, mais rien à faire, les crédits continuent de monter nous laissant alors un profond sentiment d’incrédulité.
Il y a finalement au total treize niveaux. L’histoire peut se terminer en huit. Il y a bien des pièces de puzzle à assembler, des couleurs à débloquer pour notre stickman, mais sommes-nous vraiment prêts à souffrir pour la beauté du geste ? D’autant plus que ces « secrets » à débloquer ne sont pas si secrets : il suffira au joueur d’aller dans la partie du décor qui ne sert pas à notre progression pour les trouver.
Le jeu présente aussi deux niveaux bonus : le premier, sans aucune difficulté, où nous devons sauver trois pingouins, et le deuxième qui nous annonce la sortie du deuxième opus en 2015. Les deux pour une durée totale de cinq minutes. Il y a ensuite neuf autres niveaux « bonus », encore sans difficulté, où nous incarnons notre camarade. C’est tout pour le contenu du jeu. Même avec tout ça, le jeu ne dure pas plus de trois heures, dont plus de deux heures à maudire le jeu lui-même. Certains pourraient se dire que c’est un jeu à offrir pour son enfant, mais ce serait manquer de respect à ce dernier. Ce jeu n’aidera ni sa progéniture à réfléchir, ni à apprendre des mots, ni à comprendre le monde qui l’entoure. Il restera certainement bloqué devant un mur invisible et abandonnera très rapidement l’affaire. Ce sera alors de l’argent donné à un éditeur peu scrupuleux
Côté graphismes, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ce n’est pas forcément très beau, mais ce n’est pas forcément moche. Les décors ne sont pas très garnis, laissant une terrible impression de vide. Nous pouvons à peu près tout brûler, même des lapins sans défense, ce qui est peut-être une des seules satisfactions de ce jeu. La musique, elle, est énervante. Elle se répète, se répète, inlassablement, et sa redondance a le don pour nous taper sur les nerfs.
Conclusion
Ne vous fiez pas aux retours positifs que vous pouvez trouver sur Internet : Draw a Stickman : EPIC est une énième arnaque qui vient pointer son nez sur le Nintendo eShop. Son prix, étonnamment élevé par rapport aux autres consoles, ne se justifie à aucun moment. Que ce soit sa promesse initiale non tenue, son gameplay bâclé, ses bugs à foison, sa durée de vie minuscule et sa musique insupportable, il n’y a rien qui puisse sauver ce jeu. Peut-être que c’était une expérience courte mais intéressante sur mobile en 2012, mais ce qui est sûr, c’est qu’en aucun cas on peut considérer Draw a Stickman : EPIC comme un jeu vidéo sur Nintendo Switch en 2022.
LES PLUS
- La promesse initiale
- Il se termine vite
LES MOINS
- Une promesse rapidement non tenue
- Le manque d’énigmes
- Le manque de difficulté
- Le peu de créativité
- Impossible de revoir les explications
- Le rapport qualité / prix
- Seulement deux heures
- Deux heures de bugs
- Deux heures d’une musique redondante insupportable
- Un jeu mobile de 2012 qui sort en 2022 sans aucune nouveauté