Il y a des univers avec lesquels il ne faut pas plaisanter. Celui mis au point par Frank Herbert avec Dune est de ceux-là. Entre les romans, le dernier film en date et les jeux vidéo, car c’est bien ce qui nous intéresse ici, nous avons droit à un univers étendu d’une rare densité. Alors lorsqu’un jeu vidéo tente de s’accaparer, via la charte graphique, de sa jaquette de présentation, toutes ces choses qui nous ont fait rêver, autant dire qu’il va falloir assumer sévèrement pour ne pas recevoir une volée de bois vert. Autant dire que ce Starsand va prendre très cher !
La narration c’est un métier
Car oui, il est impossible de ne pas penser à Dune en voyant la fiche eShop. Un homme dans une tenue le protégeant du soleil, rappelant fortement un fremen avec ses yeux bleus et une espèce de ver des sables qui n’a rien d’un rayon de soleil, voilà de quoi attirer le chaland que nous sommes, tout en nous rappelant nos premiers pas sur Dune, aussi bien avec l’aventure de sa première adaptation soignée signée Cryo Interactive qu’avec Dune 2, le premier STR moderne signé Westwood. Bref, que de bons souvenirs que tente de raviver le titre des Italiens de chez Tunnel Vision avec leur jeu de survie.
Mais dès les premières minutes de jeu, nous comprenons que tout va très mal se passer. Il y a d’abord cette histoire digne d’une série Z de seconde zone ; bref, une narration bien loin du chef d’œuvre de Frank Herbert. Dans celle-ci, nous incarnons un participant à une course d’endurance se déroulant dans le désert. Forcément, nous nous perdons et n’avons pas de balise GPS sur nous, normal. Forcément bis, une tempête de sable non prévue par météo désert se lève, mais heureusement pour nous, une bâtisse abandonnée nous offre un abri dans lequel nous sombrons dans une inconscience salvatrice.
Sauf que, forcément ter, nous nous réveillons dans un endroit qui ne semble plus se trouver sur la planète bleue. En effet, si nous sommes toujours au beau milieu d’un désert, notre réveil se passe dans une ruine qui n’a plus rien à voir avec la maison qui nous a sauvés. Et voilà pour le pitch de départ. Très vite, nous apprendrons que des monstres méchants pas beaux, mélange d’un ver des sables de Dune et d’un scorpion, veulent manger toute personne vivante et qu’il va tout de même nous falloir chercher à survivre à tout ça.
Quand la colère monte
Commence alors notre déambulation dans un désert… Désertique. Et le mot est faible. Nous passons un temps fou à naviguer sur une carte dont le vide et le sable sont les maîtres mots. De petites oasis ou ruines ou pyramides se trouvent bien ici ou là, mais pour les rejoindre, nous devons prendre notre temps, à dos de chameau ou non, et traverser une longue portion de désert rendant notre expérience lente et soporifique. Une fois sur les lieux, nous pouvons récolter ce qui s’y trouve, tenter tant bien que mal de survivre aux assauts des grosses bêtes pleines de dents, puis recommencer un peu plus loin.
Sur le papier, ce fonctionnement devrait nous offrir un jeu de survie plein de promesses, et dans les faits, hormis la lenteur induite par les longs passages dans le désert, c’est bien ce qu’il propose. De plus, la narration avance par petites touches pour nous livrer tout son contenu. Mais ces points positifs sont complètement gâchés par toutes les tares dont se voit affublé ce pauvre Starsand sur Nintendo Switch.
Il y a tout d’abord une définition qui rend les textures baveuses. Même le vide du désert se retrouve flou et peu agréable à regarder. Et ce n’est pas le pire. Jeu de survie oblige, nous allons passer beaucoup de temps à récolter et crafter. Pour réussir dans cette partie du gameplay, la première chose à faire est de savoir à quoi sert tel ou tel ingrédient. Eh bien, c’est quasiment impossible. Les textes sont tellement flous qu’ils en deviennent quasi illisibles.
Et ce n’est pas encore fini, car la prise en main dans ce menu est, elle aussi, catastrophique. La croix directionnelle nous permet autant de nous déplacer dans ce menu que de le quitter, mieux vaut utiliser uniquement le stick pour ne pas en sortir de manière impromptue et rageante à partir de la cinquième fois que cela arrive. Le menu de craft est lui aussi bien pénible et non adapté à une utilisation à la manette. La case sélectionnée est très peu visible et dès que nous lançons une construction, il faut quitter cette section pour y retourner et lancer une nouvelle tâche. L’ergonomie est à revoir en profondeur et l’absence de prise en charge des fonctions tactiles de nos Nintendo Switch ne fait rien pour montrer que les développeurs se sont vraiment investis dans cette version.
Conclusion
Nous aurions aimé un jeu de survie à la sauce Dune, mais Starsand ne propose rien de tel et l’expérience proposée sur Switch est une catastrophe tout autant en termes de techniques que de prise en main, au point où il est facile de penser que cette version Switch n’est là que pour tirer parti de la vivacité insolente de la dernière console de Nintendo. Avec ses textures floues, ses textes illisibles, et son ergonomie clamant haut et fort aux joueurs à la manette d’aller s’acheter une souris et un clavier, nous sentons bien que ce Starsand ne veut pas que nous jouions avec lui. Eh bien, son vœu est exaucé.
LES PLUS
- La jaquette est très attirante
- La jaquette fait remonter des souvenirs de bons jeux qui n’ont rien à voir avec celui-là
- Les principes du jeu de survie sont respectés à la lettre
LES MOINS
- Rendre un désert vide à ce point flou, il fallait le faire
- Les textes sont quasi illisibles
- La narration qui ne se foule vraiment pas un orteil pour nous emmener dans ce désert
- La prise en main dans le menu est vraiment pénible
- Beaucoup trop de temps morts
- La fiche eShop qui ne montre pas des images tirées de la version Switch, c’est volontaire ?
J’adore vos screenshots reflétant le mensonge eshop, des miniatures attirantes renvoyant aux vrais captures switch. J’ai remarqué ça avec le eshop, ils affichent souvent des screen de sup version pour attirer le badaud et le faire banquer, loin d’être le premier jeu.
Sinon merci pour vos tests, sans ça, beaucoup se feraient arnaquer parce que mine de rien, le trailer donnait envie pour le prix.