C’est en 1992 que le 4ème opus de la série SaGa parut sur Super Nintendo au Japon. Il s’agissait du premier opus sur console de salon et Square Enix marque l’événement en le nommant Romancing SaGa. Un remake naquit en 2005 sur Playstation 2 sous le nom de Romancing SaGa: Minstrel Song. Celui-ci fait même son entrée aux USA en oubliant totalement l’Europe. C’est finalement en 2022 que Square Enix décide de revenir sur ce remake en proposant un remaster sur toutes les plateformes du moment dont la Nintendo Switch. L’éditeur n’oubliera pas cette fois-ci pas notre Vieux Continent et c’est ainsi que nous avons pu poser nos Joy-Con sur cette ancienne aventure romancée.
Egaré par le chant du Ménestrel
Malgré le statut de JRPG, difficile de vous parler d’un jeu d’une série aussi atypique que la série SaGa. Commençons déjà par mentionner le fait que la traduction uniquement anglaise vous facilitera encore moins la tâche de découvrir ce remaster de remake du premier jeu Romancing SaGa. Une fois le tri entre les joueurs aptes ou non à jouer en anglais effectué, nous pouvons commencer par vous introduire l’univers de ce Romancing SaGa. Le jeu nous place durant des évènements se déroulant sur le monde de Mardias, un monde fictif créé par la divinité Marda. Il fut un temps où un conflit divin faisait rage sur ces terres.
Le conflit oppose les dieux maléfiques Death, Saruin et Schirach aux seigneurs des Dieux Elore. Parmi toutes les divinités existantes, seules les trois divinités maléfiques, ainsi qu’Elore et Nisa survécurent et poursuivirent le conflit. Au final, Death et Schirach furent dépossédés de leurs pouvoirs puis Saruin fut scellé via le pouvoir de dix Falestones et le sacrifice du héros Mirsa. L’état du monde permit une prise de conscience des divinités et les mena à s’accorder sur le fait de ne plus jamais se livrer bataille. Ce genre de légendes continue à être relayé par des bardes ou des ménestrels à travers le monde. Nous commençons le jeu plus d’un millénaire après ledit conflit, alors que le sceau des Falestones faiblit et mène alors huit héros à faire face au dieu maléfique Saruin.
Nos huit héros viennent de différentes contrées du monde, de différentes cultures et différents milieux sociaux. Nous avons Albert, fils du seigneur Rudolf régnant sur les plateaux de Isthmus. Aisha, une membre de tribu nordique des steppes de Galessa. Hawke, un pirate naviguant librement sur les mers, en conflit avec un de ses anciens collègues. Sif, un guerrier des terres de Valhalland, situé au sud. Gray, un épéiste aventurier en quête de trésor à travers le monde. Claudia, une jeune fille de Mazewood, élevée par la sorcière Eule. Jamir, un voleur de la région d’Estamir. Puis, Barbara une jeune danseuse d’une troupe d’artistes de la New Road à Frontier.
Chaque personnage propose sa propre introduction et sa propre conclusion de récit avec une véritable fin une fois les huit aventures terminées. Nous débutons nos propos en qualifiant SaGa de série atypique, et cela passe directement par la progression dans le jeu. Une progression qui, dès l’introduction du héros que vous avez choisi, ne vous dit pas nécessairement la marche à suivre. Pourtant, il faut se dire que l’introduction est un minimum narré et en lisant bien, vous devriez trouver la route à suivre. Romancing SaGa Minstrel Song propose une progression tellement ouverte qu’il est probable que vous vous retrouviez perdu dans un donjon qui n’attendait pas nécessairement votre venue. Vient ensuite un milieu de jeu où vous chercherez les quêtes à suivre pour arriver à la fin de votre run, avant de choisir de jouer l’histoire d’un autre personnage.
Pour l’époque, cette formule atypique et expérimentale à l’opposé même du standard ultra-linéaire et guidé des autres œuvres du genre permettait à Romancing SaGa de se démarquer. Le jeu se présente ainsi comme un Open World avant-gardiste encore plus ouvert que certains RPG Open World de notre génération. Une formule si ouverte que vous pouvez définitivement vous perdre et vous bloquer à un endroit du jeu sans jamais en sortir. Romancing SaGa Minstrel Song n’est vraiment pas à prendre à la légère, même si vous vous considérez comme un expert en aventure Open World. Sa liberté en devient ainsi son défaut et pourra en décourager beaucoup avant de même de parcourir les 40-60 heures que vous propose l’expérience.
Un remaster perdu dans son intention
Pourtant, l’intention de Square Enix, offrir à nouveau Romancing SaGa à tout le monde via un remaster du remake du premier opus, n’est pas mauvaise. Il permet de remettre tout le monde à la page et de repartir sur du nouveau. Nous l’avions susmentionné et nous le mettons à nouveau en avant, mais l’intention se perd avec la non-traduction du jeu en d’autres langues que le japonais et l’anglais. Pourtant, il y a des efforts déployés sur ce remaster. Notamment des scénarios et personnages jouables en plus, quelques arrangements de musiques en combat, une galerie d’images à admirer et de nombreuses options de qualité de jeu provenant d’autres remasters de SaGa. Il y a notamment la possibilité d’accélérer le rythme de jeu, par exemple.
Le travail visuel global reste minimum, il se limite surtout à un lissage et une adaptation plus confortables à nos standards d’écran actuel. Il s’agit après tout d’un remaster, et ne vous attendez pas à un travail d’orfèvre à ce niveau. Bien que nous ayons parlé d’un remaster de remake, et si vous comparez le Romancing SaGa d’origine sur SNES, puis Romancing SaGa Minstrel Song, vous noterez l’énorme travail d’adaptation 3D effectué sur le remake. De notre point de vue sur le remaster actuel, nous sommes sur un travail minime et nous constatons bien la vieille réalisation 3D des anciennes ères du jeu vidéo, avec une caméra bloquée parfois moche et infernale. Les seuls éléments qui nous marqueront, seront peut-être les quelques belles cinématiques du jeu ainsi que la galerie d’images.
Pour le reste, le travail est tellement minime que l’expérience pourra doublement décourager les joueurs. C’est-à-dire que nous vous parlions d’être découragés à cause de la liberté de jeu proposée par Romancing SaGa Minstrel Song, et que n’importe qui est susceptible d’abandonner au premier blocage ou au premier décrochage de la narration. Mais il faut ajouter à cela que les décors du jeu sont assez génériques, simples, vides et n’invitent pas nécessairement au voyage. Élément qui va ainsi à l’encontre d’un Open World. De nos jours, la liberté donnée aux joueurs lors de l’exploration d’un monde est notamment justifiée par un dépaysement visuel. Romancing SaGa Minstrel Song aura du mal à vous proposer cela, puis à vous motiver à explorer son univers pourtant empreint d’un lore intéressant.
Une fois perdu quelque part, vous aurez juste trouvé votre raison pour poser la manette et potentiellement passer à autre chose. Les quelques arrangements musicaux réussiront peut-être à booster une énième fois votre motivation à aller de l’avant. Puis, sans parler d’arrangement, la bande sonore de Romancing SaGa est globalement réussie avec quelques thèmes qui restent tout de même anecdotiques. Toutefois, le point qui, étrangement, gêne la bande sonore, à l’heure actuelle, est le doublage. Le jeu est uniquement sous-titré en anglais ou en japonais, comme nous le disions, mais le doublage est bloqué sur ce texte. Autrement dit, il n’est pas possible de jouer avec les voix japonaises sur des textes anglais. Un blocage bizarre qui peut certainement être corrigé par un patch si Square Enix en a la volonté de le faire.
Sur d’autres aspects, Square Enix ont tenté des approches pour améliorer l’expérience. Nous pouvons lire quelques tutoriels qui s’affichent pour vous présenter des éléments du jeu et qui sont à votre disposition à relire. Il y a un genre de mode facile avec la possibilité de ralentir la progression du rang de combat. Des options d’affichages des menus plus ou moins simplifiées. Ainsi, le remaster tente tout de même des choses afin de rendre l’expérience plus accessible. Il faut dire que Romancing SaGa Minstrel Song possède encore une belle notoriété parmi les RPG japonais les plus difficiles à jouer, et les développeurs en sont tellement conscients qu’il y a même un mode qui booste les boss du jeu pour satisfaire les gros fans. Il est peut-être dommage que dans ces simplifications, il n’y ait pas eu d’option d’assistance ou de guide de quête du jeu.
Cela aurait été une fonction qui vous aurait permis d’avoir en visuel un objectif à suivre et vous éviter de vous perdre inutilement. Sans la présence de ce genre de fonctionnalités, le jeu reste ainsi difficilement recommandable à un non connaisseur. Nous l’énoncions, mais n’importe qui peut se retrouver bloqué assez rapidement dans un donjon ou un lieu random du jeu. Additionnons cela à une logique de RPG traditionnel, et il est probable que jamais vous ne sortiez de votre problématique, et que vous soyez juste obligé de recommencer le jeu. En effet, en tant que RPG, l’exploration du monde de Romancing SaGa Minstrel Song ne vous dispense pas de rencontres avec des ennemis à combattre. Des ennemis normaux comme des boss à certains points clés du jeu. Justement, il est temps de parler plus en détail de ce point.
Perdre en logique pour progresser plus aisément
La progression dans Romancing SaGa s’articule autour d’un système à la fois complexe et en opposition totale à ce que le JRPG a pu vous instruire à ce jour. Au-delà de la liberté de jeu, le système de combat et les éléments qui l’entourent font justement l’identité atypique de Romancing SaGa. Dans un RPG traditionnel, en vous retrouvant bloqué à un endroit, vous évaluez l’obstacle devant vous, et vous décidez simplement de renforcer le niveau de vos unités et leurs équipements afin de progressivement passer l’obstacle. Cette logique est quasiment impraticable dans Romancing SaGa Minstrel Song, elle finira même juste par vous engloutir et vous abandonner au game over.
Le seul élément de cette logique encore praticable vient de votre équipement que vous pouvez potentiellement changer pour un meileur. Pourtant même à ce niveau, à moins de trouver par hasard les pièces d’équipements qui vous renforcent bien, il faudra les acheter, et l’argent ne coule pas nécessairement à flot. Vous pourriez vous dire qu’il s’agit juste de faire des milliers de combats pour économiser, mais c’est une erreur ici. L’origine de cette problématique est le système de “rang de combat”. Dans Romancing SaGa, il n’y a pas de niveau de personnage. En faisant des combats, vos personnages apprendront des techniques et monteront en stats de manière totalement aléatoire. La difficulté ne vient pas de cet aléa mais plus du fait que, plus vous faites de rencontres, et plus le “Rang de combat” augmente.
Cela sans nécessairement vous le signaler. La conséquence de cette augmentation, c’est de faire des rencontres d’ennemis toujours plus puissants puisque tout est lié à ce rang. Ainsi, appliquer une logique de farm et de grind logique ne fonctionne pas dans Romancing SaGa, puisque vous ferez vite face à des ennemis trop puissants pour vous, et vous serez totalement bloqué. En vous retirant cette logique de la tête, alors le jeu vous paraîtra bien plus aisé à parcourir. Il faut privilégier la poursuite d’un fil rouge invisible et l’enchaînement de boss plutôt que de perdre trop de temps face à des ennemis normaux. Pourtant ce sont des systèmes plus classiques et normaux qui entourent ce système illogique de “Rang de combat”.
En effet, il y a tout de même un système de classe avec des compétences actives ou passives liées à ces dernières qui sont à maîtriser. Les compétences de combat et l’affinité de vos personnages avec certaines armes peuvent être liées à cette arme. Ainsi l’aléa tient tout de même en compte vos customisations de personnages. À la fin des combats, vous remportez de l’argent, des objets, et aussi des joyaux. Les joyaux vous servent justement à monter en classe, apprendre de nouvelles classes et renforcer vos compétences. C’est surtout dans ce système logique que vous devrez miser pour renforcer vos personnages, sans oublier la gestion de votre équipement. Cela en minimisant les rencontres pour maintenir un Rang de combat convenable.
Prenez garde aussi au poids de votre équipement qui peut avoir une incidence sur certaines stats. L’aventure ne se joue pas avec une unité, et vous pourrez recruter à vos côtés jusqu’à quatre personnages pour un total de cinq en combat. Certains de ces personnages sont potentiellement les autres héros du jeu que vous n’avez pas choisi ou d’autres personnages avec leur propre histoire plus ou moins pertinente. Une mécanique de formation de groupe est également de la partie. À vous de placer chacun de vos personnages à l’avant, au milieu ou à l’arrière, pour optimiser les dégâts infligés ou encaissés. Puis la spécificité supplémentaire de SaGa est bien présente, celle de la barre de HP et de LP pouvant aboutir sur un permadeath d’une unité.
Chacune de vos unités possèdent des HP qui débouchent sur un KO de votre personnage si les HP descendent à 0. Jusque-là, tout est normal et classique. Dans Romancing SaGa, ce KO se traduit aussi par la perte d’un point de LP, des “Life Points”. Il s’agit du nombre de fois que votre personnage pourra revenir à la vie. À chaque combat, les HP sont soignés mais pas vos LP. Chaque personnage possède un certain nombre de LP, et une fois que vous n’avez plus de LP, celui-ci meurt définitivement. Si cela arrive à votre personnage principal, c’est le game over qui vous guette. Il est possible de rétablir vos LP en dépensant un peu d’argent dans une auberge du jeu. C’est d’autant plus important que pour certaines actions d’explorations, vous pourriez avoir à dépenser des LP, en grimpant par exemple des parois si vous n’avez plus de point d’action. Au terme de cette présentation du système atypique du jeu, il convient peut-être de revenir plus en détail sur le système de combat dans lequel se mêle éléments classiques, aléas et originalité.
Au-delà de votre imagination basée sur les éléments traités, le système de combat est finalement un système au tour par tour classique où il faudra exploiter au mieux votre formation de combat, vos capacités/compétences et les faiblesses ennemies. Ponctuellement et de manière totalement random, il est probable que la technique que vous employez soit remplacée par une toute nouvelle technique que vous apprenez sur le tas. Autre élément, vos techniques et magies peuvent employer des BP et des DP. Les BP se dotent d’un certain montant chaque tour tandis que les DP sont directement affichés sur votre arme et concernent sa durabilité. Une fois à 0, votre arme est brisée et vous ne pouvez plus l’employer. Vous pouvez restaurer ces DP à l’auberge, voire réparer l’arme à la forge. Un système qui se révèle finalement assez tactique et complet malgré les aléas. Un système qui peut très bien parler à un non-connaisseur et l’amener à apprécier les éléments atypiques de SaGa. Sur ce point, Romancing SaGa peut se révéler être une bonne découverte.
Conclusion
Romancing SaGa Minstrel Song Remastered sera le genre de RPG qui ne saura ni être adopté, ni être apprécié par tous. Il est également le genre d’expérience atypique incomprise et trop en avance sur son époque, mais toujours incomprise et bien trop libre à notre époque où l’assistance devient une norme dans nos expériences de jeu. Perdu dans ce gouffre de l’incompréhension, Romancing SaGa Minstrel Song Remastered est pourtant une bonne expérience toujours fraîche et originale dans le genre bien qu’un peu vieille dans sa présentation. Une expérience dont les qualités apparaîtront aux plus courageux qui n’abandonneront pas et qui sauront s’adapter à ses mécanismes hors normes, puis naturellement aux fans qui sauront patienter sur ce remaster en attendant du neuf.
LES PLUS
- Le retour du premier Romancing SaGa !
- Une expérience atypique et hors norme dans le RPG
- À refaire en TV ou portable !
- Le système de combat et les classes
- Les apports de confort du remaster
- Les arrangements bonus et la galerie d’images
- Un lore intéressant et un scénario articulé sur 8 personnages
- Une grande durée de vie
- La satisfaction à aller au bout de l’expérience
LES MOINS
- Uniquement en anglais! !!!
- Une expérience incomprise dans son originalité
- Objectifs peu clairs, il faut aimer se perdre
- Caméra statique inconfortable
- N’invite pas tellement à l’exploration
- Remaster technique assez minime
- Quelques options de confort qui aurait pu être ajouté
- Quelques musiques anecdotiques
- Pas de choix clair du doublage ?
- Le développement de l’histoire au début et à la fin
Un peu déçu par ce remaster qui n’offre finalement pas grand chose. par contre, le faire en portable sur Nintendo Switch, ça c’est plutôt cool