Et si Alice au Pays des Merveilles rencontrait Running Man et que, dans un moment d’égarement, ils concevaient un jeu vidéo ? Question intéressante, n’est-ce pas ? The Crackpet Show, des développeurs polonais de Vixa Games, tente de répondre à cette question en nous offrant les sensations d’un shooter 2D sanguinaire, basé sur la téléréalité, mais avec des animaux que nous qualifierons gentiment d’étranges. Vu la densité de la concurrence dans le monde des shooters 2D aux mécaniques de rogue lite, il va falloir que The Crackpet Show sorte les muscles pour se faire une place. Est-ce le cas ? Réponse en fin de test… ou sur le côté de l’écran si vous regardez bien…
Running Alice Man
Le monde tel que nous le connaissons a pris fin et l’humanité a été remplacée par des espèces mutantes de la faune qui nous entoure encore actuellement. Celles-ci ont construit une nouvelle civilisation et ce qui devait arriver arriva : la téléréalité apparut avec son lot de décérébrés. Dans un but d’amélioration des audiences, l’étripage et la survie ont bien évidemment fait leur apparition et c’est ainsi qu’est né The Crackpet Show, une émission dans laquelle nous allons devoir franchir les paliers un à un jusqu’à l’épisode final.
Nous pensons de suite à Running Man, mais nous pouvons aussi citer Smash TV tant il semble une source d’inspiration évidente. Un plateau de télé, des hordes d’ennemis qui nous assaillent et des spectateurs en furie. Une bien belle ambiance pour défourailler à cœur joyeux et laisser sur notre passage des rigoles de sang. Notons d’ailleurs que les spectateurs peuvent eux aussi faire partie des victimes, ce qui est la moindre des choses.
Une fois notre personnage choisi entre, par exemple, un lapin halluciné ou un requin psychopathe, nous pouvons décider quelle sera notre classe de départ parmi quatre disponibles. Chacune disposera d’une arme principale ainsi que d’un objet secondaire. Ainsi le soigneur fera certes, de base, moins de dégâts mais il pourra se soigner tandis que l’ingénieur pourra disposer des tourelles. Une fois ce choix effectué, nous aurons la possibilité de choisir une amélioration aléatoire telle des balles transperçantes ou une peau à épines, pour enfin aller sur le terrain.
Quand l’originalité ne prend pas
Une fois les hostilités lancées, nous nous rendons tout de suite compte des grosses différences entre ce Crackpet Show et ses concurrents : la visée. Point de Twin Stick Shooter ici. Notre visée de base est uniquement latérale et ce n’est qu’en présence des ennemis qu’un auto lock se met en place. La catastrophe commence alors. Nous sommes obligés de nous déplacer constamment pour éviter les projectiles et nos ennemis font de même. L’auto lock en devient vite épileptique et nous sommes bien incapables de savoir quel monstre nous visons, c’est extrêmement frustrant.
Mais ce n’est pas le seul problème de gameplay auquel nous allons devoir faire face. Chaque appui sur le bouton A déclenche un tir de notre part, très bien, mais il arrête aussi notre personnage. Il est impossible de tirer tout en avançant. Mais sans être face à un Bullet Hell, les projectiles qui nous assaillent peuvent vite être nombreux et il nous est impossible de tirer tout en les évitant et spammer le bouton de tir pour avoir un semblant de déplacement. Là encore, l’impression générale est vraiment désagréable comparée à la fluidité d’un Enter the Gungeon ou d’un It Came from Space and Eat Our Brains, pour ne citer qu’eux.
La seule solution pour avancer consiste alors à utiliser la touche d’esquive, elle aussi soumise à un cooldown et qui a tendance à nous permettre d’esquiver un tir pour mieux nous envoyer dans le suivant. La frustration est importante. Pour combler ce problème, nous avons la possibilité de looter de nouvelles armes et de nouveaux pouvoirs durant nos déambulations. Le côté rogue lite s’exprime alors pleinement, ajoutant donc un côté aléatoire… encore plus frustrant donc.
Pour gommer cette faute, nous pouvons débloquer des bonus grâce à des sponsors que nous rémunérons avec de la monnaie acquise en terminant les niveaux. Nous pouvons aussi améliorer le niveau des armes que nous allons peut-être-éventuellement-on-sait-jamais récupérer lors de notre périple. Nous avons vite l’impression que pour se sortir de ce plateau TV, nos seuls talents ne vont pas suffire et qu’il faudra forcément passer par un peu de farming.
Quand le fun vient sauver le tout… ou presque
Mais ne soyons pas si négatifs car une feature vient ajouter une bonne dose de fun à ce qui ne serait sinon qu’un shooter moyen : nous pouvons en effet profiter de cette expérience jusqu’à quatre joueurs. De petits ajouts viennent alors faire leur apparition et le ressenti est tout autre. Nous regrettons toujours le gameplay de base, mais nous pouvons désormais ressusciter nos alliés tombés ou nous disputer une amélioration via un mini jeu style QTE.
La route que nous allons emprunter est, elle aussi, sujette à débat et ce n’est qu’après un vote que nous pourrons aller de l’avant, finie la toute-puissance du joueur un et vive la démocratie. Ces petits ajouts sont sympathiques et apportent leurs lots de divertissement et de discussions entre deux tableaux. De même, le début de partie nous demande un peu de réflexion pour équilibrer notre équipe et ses talents, avant finalement de tout plaquer et de choisir comme bon nous semble.
D’un point de vue graphique, le résultat à l’écran est propre. Il est dommage que les différents protagonistes de cette histoire semblent animés à la truelle. Cela semble volontaire mais en jeu, le résultat est tout de même décevant face à ce que propose la concurrence. Le plus gênant reste toutefois les temps de chargement entre deux tableaux. Ceux-ci sont plutôt longs compte tenu du peu de choses à afficher à l’écran et de la taille réduite des cartes que nous parcourons.
Toujours dans les regrets, nous avons subi plusieurs sauts de framerate, notamment durant les phases de boss, lorsque le nombre de tirs à l’écran est assez conséquent. La bande-son quant à elle est assez simpliste, mais elle se laisse entendre durant les phases de jeu. La prise en main, en dehors du choix étrange de gameplay, répond parfaitement à nos sollicitations, il est toutefois regrettable qu’aucune possibilité de personnalisation ne soit disponible.
Conclusion
Malgré un univers barré et attachant mixant Running Man et des animaux choupinets, The Crackpet Show est bien trop décevant Joy Con en main pour retenir l’attention des joueurs après une soirée. Son système de progression, basé sur la chance et la répétition, est vite redondant et surtout, son auto-lock rend tout combat, en dehors des phases de boss, bien trop hasardeux. C’est bien dommage car son contenu est assez conséquent, tout comme sa durée de vie. Mais face à une concurrence comme Assault Android Cactus, Neon Chrome, It Came from Space and Eat our Brains ou Tesla Vs Lovecraft, qui propose là-aussi un mode quatre joueurs, la différence de fun est bien trop importante et le titre de Vixa Games ne parvient jamais à sortir du lot.
LES PLUS
- Le système de supporters est intéressant
- Le contenu autant en matière d’armes, d’objets que de niveaux est conséquent
- La traduction en français permet d’apprécier l’humour noir du titre
- Les graphismes sont colorés et bien barrés
- La bande-son se laisse entendre en jeu
- Le jeu est clairement fait pour être joué à plusieurs
- Les ajouts du multijoueur apportent un peu de diversité en dehors des combats
LES MOINS
- L’auto-lock est une catastrophe, comparé à un système Twin Stick
- L’impossibilité de tirer en se déplaçant est très handicapante pour un shooter
- La boucle tentative / amélioration est ruinée par l’aspect aléatoire du loot
- Les animations sont plutôt sommaires
- La concurrence fait très mal