Il n’y a pas que les Beatles qui viennent de Liverpool ! Space Lizard Studio est une équipe de développeurs indépendants britannique qui nous présentent leur toute dernière production, Paper Cut Mansion, un jeu qui flirte entre l’action, l’horreur, l’énigme et le roguelite, le tout avec des graphismes en papier. Disponible depuis le 5 décembre sur Nintendo Switch au prix de vingt euros, il est édité par Thunderful Games, qui publie des jeux à réussite variable comme Wavetale, Lego Bricktales, Cursed to Golf ou encore Curious Expedition.
Que nous vaut donc cette dernière production, pleine de promesses sur le papier ?
Un manoir hanté avec très peu de secrets…
Paper Cut Mansion est un jeu d’action, d’horreur, d’énigme et de roguelite. Nous suivons Toby, un inspecteur de police, qui, autrefois obsédé par une enquête, se retrouve coincé dans un manoir qui semble représenter ses pensées. Un peu à la manière d’un The Binding of Isaac, notre objectif est de descendre les étages, uns à uns afin de percer les secrets de ce monde énigmatique.
Nous arrivons dans ce manoir étrange entièrement fait de papier. Chaque donjon est généré de manière procédurale, chaque étage ayant une thématique qui lui est propre. Nous avons par exemple le casino ou le poste de police. Chaque étage est composé d’une quête principale et de deux quêtes facultatives.
La particularité de Paper Cut Mansion est que le jeu se déroule sur trois dimensions qui sont des allégories de la psyché de notre personnage, accessibles à travers un portail. Nous avons le néo cortex, qui est un monde où nous pouvons fouiller les objets en quête de pièces et d’indices, mais où les pièges règnent en maître, le cortex reptilien, qui est un monde, où, fusil à la main, nous éliminons des adversaires, et le cortex limbique, où notre temps est limité tant le froid domine cette zone.
Nous rencontrons plusieurs objets et personnages étranges au cours de notre aventure qui seront présents à chaque étage. Le prêtre, par exemple, en résolvant son énigme, nous permet de chasser les fantômes invulnérables qui se cachent dans la zone néo cortex.
Pour avancer dans chaque étage Paper Cut Mansion, nous avons donc à accomplir une quête principale, donnée par une porte parlante qui se trouve au bout du donjon.
Les deux quêtes secondaires sont facultatives mais indispensables pour la réussite du jeu. Elles permettent d’améliorer notre personnage pour la durée de notre partie. Nous pouvons ajouter de la force, de la défense, de l’intelligence (pour ouvrir les coffres) et de la dextérité.
Comme nous sommes dans un roguelite, les quêtes sont données aléatoirement et sont à faire dans l’un des trois cortex. Les quêtes nécessitent donc de faire des énigmes, de se battre ou bien de trouver un objet dans l’un des cortex.
Nous pouvons aussi trouver de l’équipement que nous ne pouvons utiliser uniquement lors des prochaines parties, comme un feu de camp qui nous fait diminuer notre barre de froid.
Malheureusement, à vouloir mélanger les genres, Paper Cut Mansion apporte une expérience tronquée, où nous nous amusons que très peu. Étant donné que nous sommes dans un roguelite, nous sommes amenés à mourir et à refaire le jeu. Le contenu doit donc réussir à suivre et doit proposer une expérience inédite à chaque fois, ou en tout cas, qui ne sent pas le réchauffé.
Dans Paper Cut Mansion, nous avons, et dès la deuxième partie, l’impression de refaire en permanence les quatre – cinq quêtes qui constituent le jeu. Soit nous avons à tuer des ennemis dans le cortex reptilien, soit nous faisons des énigmes (toujours les mêmes), soit nous devons récupérer des objets dans le niveau. Malgré les cinquante-deux objets récupérables, la redondance des parties risque de démotiver la majorité des joueurs.
La partie horreur n’est pas assez exploitée. Certains objets que nous fouillons dans la zone néo cortex ne contiennent pas des pièces, mais des fantômes prêts à nous sauter dessus. Alors qu’ils sont invulnérables, nous devons alors fuir vers le prêtre pour qu’il puisse les chasser ou attendre que ceux-ci disparaissent d’eux-mêmes. Ces éléments ont une fonction de jump scare, mais comme ce sont toujours les mêmes, et qu’en plus une sorte de papillon nous indique quand il y a des choses à trouver dans la pièce, nous arrivons à les anticiper.
… Mais avec beaucoup de bugs et de freezes
La partie action souffre des mêmes défauts. Les mécaniques sont simplissimes et pas très fluides. Nous pouvons viser, tirer, et parfois utiliser un objet. Les monstres se ressemblent et nous nous ennuyons énormément lors des phases de combat. Nous tirons en reculant afin d’éviter les ennemis, tout en sachant que la moitié des balles loupe la cible. Certains monstres (en réalité un, le concierge) ont des attaques un peu plus variées, mais étant donné la simplicité du gameplay, nous nous retrouvons toujours à esquiver tout en attaquant.
Finalement, les énigmes ne sont pas si complexes que ça et reposent sur les mêmes idées. Vous bloquerez peut-être au début, mais une fois que vous aurez compris que l’objet que vous récupérez permet de résoudre l’énigme, il ne vous faudra pas moins de trente secondes pour terminer la quête. Le côté roguelite rend les énigmes rébarbatives et répétitives au possible.
En plus de ses défauts, déjà handicapants, Paper Cut Mansion est un jeu très mal réalisé. La caméra nous bloque pendant la grande majorité des mouvements et rend l’expérience désagréable au possible, surtout lorsque nous sommes poursuivis par des monstres. L’ajout du gyroscope est une fausse bonne idée, donnant l’impression que nous tremblons lors des énigmes alors que nous avons déjà la solution.
Paper Cut Mansion est un jeu avec énormément de bugs et de pertes de framerate qui nous ont obligés à recommencer nos parties. Nous avons eu le jeu qui freeze et qui nous tue dans des moments d’action, notre personnage qui s’est retrouvé bloqué dans notre interlocuteur, les objets à récupérer qui affichent des messages d’erreur et qui peuvent planter le jeu, et certainement le plus frustrant, nous avons eu le boss final, qui après sa cinématique, n’est jamais apparu. À ce niveau-là, le jeu, malgré de bonnes intentions évidentes, n’est clairement pas une expérience recommandable.
Le scénario, en plus d’être ténu, multiplie les clins d’œil à Shining sans jamais parvenir à nous captiver, la faute à un manque d’empathie envers notre personnage.
La durée de vie est assez courte. Nous avons mis moins de cinq heures pour arriver au boss final malgré les bugs qui nous ont obligés à recommencer. Pour un prix de vingt euros, l’addition paraît un peu salée.
La traduction est bancale et pas finie. Il manque des accents qui rendent la lecture difficile. Par ailleurs, les fenêtres de texte sont assez petites, ce qui complique la lecture.
Les graphismes de Paper Cut Mansion ne sont pas exceptionnels. Malgré un style papier qui aurait pu être intéressant et qui nous rappelle Popup Dungeon, nous avons là un manque d’originalité dans les monstres, dans les détails, dans les décors, qui font que nous n’accordons que très peu d’importance aux graphismes.
Finalement, la musique est ce qui fonctionne le plus dans le jeu. Inspirée directement de la musique de Danny Elfman dans l’Étrange Noël de Monsieur Jack, elle occupe une belle place avec ses airs de comédie musicale. Malheureusement, malgré sa qualité, nous avons parfois trop l’impression de sentir un pastiche du film susmentionné, sans âme et sans créativité.
Conclusion
Paper Cut Mansion est un jeu vide avec de belles promesses qui ne se sont jamais montrées. C’est un jeu qui manque de contenu, et nous avons déjà fait le tour des quêtes au bout de la première partie. Le jeu devient très vite répétitif, et nous ne comprenons pas l’intérêt d’en avoir fait un roguelite. Pour vingt euros, il possède une faible durée de vie, avec une mauvaise réalisation, et qui est encore truffé de bugs, ceux qui obligent à recommencer la partie. Les graphismes et la musique sont les seuls qui essaient de relever le niveau même s’ils manquent de créativité. Clairement, Paper Cut Mansion est un jeu à éviter.
LES PLUS
- De belles promesses
- Des graphismes en papier intéressants
- Une musique comédie musicale qui nous rappelle de bons souvenirs
- Un bon nombre d’objets (52) à récupérer
- Le concept des trois cortex
LES MOINS
- Un roguelite très répétitif, sans aucun renouvellement
- Une durée de vie assez faible
- Des bugs partout, comme celui du boss final qui n’apparaît pas
- La caméra très rigide
- Une réalisation assez mauvaise
- Un manque d’originalité
- Un mélange des genres qui reste en surface
- De l’horreur pas si horrifique
- Des énigmes pas si compliquées
- De l’action pas très poussée
- Une traduction bâclée et pas complète
- Le texte écrit vraiment en tout petit