La nouvelle année est proclamée ! Pour beaucoup, elle est synonyme d’un nouveau départ (au moins pour quelques jours…!), de bonnes résolutions prises entre deux bulles de champagnes et quelques petits fours. Pour d’autres, elle signe l’ouverture vers de nouveaux combats, des défis qu’il faudra relever avec vigueur, persévérance et ténacité pour les mois à venir. Et si nous faisions justement de 2023 un combat contre nos plus grandes peurs, allons plus loin encore, un combat contre LA peur ? Oserez-vous prendre cette résolution courageuse… ? Pour vous y aider, venez donc découvrir l’univers très particulier de notre chère Lucy…
Murmures dans la ville…
Développé par Elf Games Works et Luna2 Studio, et édité par Daedalic Entertainment, Children of SilenTown propose aux joueurs une immersion dans un monde particulièrement singulier, avec des entités fortes et un charme considérable malgré la gravité de la situation. En effet, ce drôle de petit village, où les règles sont nombreuses et les chuchotements font simplement échos aux murmures, abrite une poignée d’habitants rongés par la peur. Parmi eux, Lucy et ses parents, ainsi que leur chat fougueux Bigle. Âgée de 12 ans, Lucy n’est pas bien différente des autres enfants de son âge… elle aime jouer avec ses amis, passer du temps auprès de ses parents et notamment auprès de sa maman afin de chanter et jouer de la musique à l’unisson.
Pourtant, derrière ce tableau mystérieux, se cachent bien des horreurs, notamment dans la forêt qui jouxte le village. Cette dernière semble abriter une (ou plusieurs !) bête féroce, avide de chair encore vivante, et sujette à quelques hurlements terrifiants. Les habitants le savent : il est inconscient de sortir une fois le soleil couché. Le couvre feu naturel est ainsi donné et gare à celui qui ose le défier… Les disparitions surgissent alors, emportant avec elle le malheureux qui a eu l’audace de braver cet interdit. Un panneau trônant au cœur du village commémore tous les disparus et les visages s’y additionnent au fil du temps, indéniablement…
Bienvenue à SilentTown.
Prise en main
L’aventure repose sur un Point and Click traditionnel, où le joueur dispose d’un curseur mobile afin de sélectionner la cible de son choix. Le curseur se meut alors dans une forme diverse afin d’indiquer qu’une action est possible : le dialogue, la prise en main ou tout autre mouvement. L’ensemble s’avère être particulièrement facile à prendre en main et ne présente aucune difficulté. Le tactile reste en revanche absent de l’aventure.
Le joueur contrôle Lucy, ses déplacements et ses actions. Cette jeune adolescente dispose aussi d’un inventaire facilement accessible, au sein duquel il est possible de loger toutes sortes de babioles ou d’objets plus précieux. Certaines combinaisons sont possibles et permettent ainsi d’obtenir d’autres outils nettement plus utiles pour poursuivre l’aventure.
Le déplacement de Lucy se réalise via le curseur, et chaque tableau est découpé par un court temps de chargement. La partie n’est donc pas parfaitement fluide, mais l’ensemble reste très acceptable.
Enfin, l’ensemble de l’aventure est sous-titré en français. Certains dialogues laisseront le choix au joueur entre plusieurs propositions de réponses. Quelques petites coquilles légères restent présentes dans la traduction, sans gravité.
Quand la musique est bonne…
Les mélodies, les sons et plus largement encore, la moindre note de musique, au delà d’apporter une grande profondeur à l’aventure (nous y reviendrons), tiennent une place importante dans le soft. L’apprentissage de nouvelles notes de musique conduit Lucy à réaliser de nouveaux morceaux, à chanter pour qui veut bien l’écouter. Ainsi, la chanson de l’enfance évoquera de nombreux souvenirs aux diverses personnalités, tandis qu’une autre mélodie permettra aux joueurs de mieux comprendre les mystères blottis au fond d’un objet.
Ces séquences de chants, avant de révéler leurs secrets, sont les précurseurs de minis jeux : à chaque chant son petit jeu dédié. Certains casse-têtes sont particulièrement cotons (les engrenages nous ont passablement agacés…! Bien qu’à force de persévérance, nous sommes devenus très efficaces en la matière !), quand d’autres sont d’une facilité infantile. Nous regrettons néanmoins la redondance de ces petites sessions : quel dommage d’avoir réutilisé toujours les mêmes remue-méninges… tandis que les souvenirs et les entrailles d’un objet ou d’un décor pouvaient parfaitement être le siège de jeux divers et variés afin de laisser plus de place à l’imprévu et à l’originalité.
Bien au delà des chants, Children of Silentown dispose d’un petit panel musical d’accompagnement. Peu étoffé, mais d’une grande qualité. La musique principale est tout particulièrement réussie… fort heureusement puisqu’elle tourne passablement en boucle. Néanmoins, nous nous sommes surpris à la chantonner, à la fredonner… un petit bijou qui trouve assurément son inspiration dans les notes toutes aussi inspirantes de la BO de Silent Hill.
Même pas peur !
Les premiers émois (et les suivants) se tiennent dans la crainte, et bientôt d’autres émotions viendront compléter ce tableau un peu sinistre. Les cauchemars sont réguliers et se présentent avec élégance au joueur dans des scènes sombres dotées de quelques bruitages ténébreux. Néanmoins, n’ayez crainte… aucune scène de violence n’est à déplorer, petits et grands peuvent suivre l’aventure, bien que cette dernière soit assez triste.
Ainsi portés par de telles notes aux prémices de l’aventure, nous nous attendions à vivre quelques expériences assez stressantes… mais il n’en est rien. Vient ainsi, selon nous, le plus gros défaut de l’aventure, aussi addictive soit-elle. Nous avons, en effet, été particulièrement charmés par l’atmosphère très mystérieuse au début de l’aventure, avec toutes ces disparitions et cette ambiance lourde qui pèsent sur le village. Malheureusement, le rythme se ralentit, les actions deviennent plus anecdotiques et donnent l’impression d’un certain remplissage de l’aventure. Ainsi, la seconde partie de l’histoire s’essouffle quelque peu et nous n’avons pas pris autant de plaisir qu’au début… sans vous révéler quoique ce soit, soulignons par ailleurs que nous avons été déçus par la fin, alors que nous l’attendions avec impatience après tout le chemin parcouru. En effet, comptez 6h environ pour atteindre le générique de fin, un peu plus si vous souhaitez récupérer toutes les vignettes facultatives du jeu. Par ailleurs, après avoir clôturé le jeu, nous avons voulu revoir la fin : impossible, le soft nous propose simplement de recommencer l’aventure.
Dessine-moi la peur
Quelque soit l’opinion que les joueurs porteront sur le dénouement de l’aventure, il y a un point qui devrait mettre tout le monde d’accord : la qualité graphique du jeu. Originale, dotée d’un charme indéniable, les décors sont dessinés avec beaucoup de finesse et plus particulièrement l’intérieur des bâtiments et par extension à l’ensemble du village. Une fois encore, la seconde partie de l’aventure nous a semblé moins atypique, avec un style plus traditionnel.
L’ensemble des protagonistes sont dessinés en suivant la même trame : fins, dépourvus de pieds et surtout, dotés de larges cercles gorgés de blanc à la place des yeux. Cet aspect très singulier confère aux personnages un mystère certain, avec une émotion néanmoins toujours très présente. Bravo pour cette belle idée, le même regard pour tous, et pourtant, tous dotés d’un regard unique.
PS : contrairement à la fiche du jeu, le chat n’est pas méchant !
Children of Silentown est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 20 euros environ.
Le saviez vous ?
Mdina, ancienne capitale de Malte, est connue pour accueillir des décors de films médiévaux comme le célèbre Game of Throne. Mdina porte un petit surnom : « la ville du silence ». Cette dernière est en effet réputée pour son calme apaisant et propice à l’intimité. Après les fêtes, un petit tour sur Mdina ne serait pas de refus, n’est-ce pas ?
Conclusion
Children of Silentown est un point and click réussi grâce à ses graphismes de qualité, avec un charme considérable dans les décors et un aspect à la fois touchant et effrayant dans le regard des personnages. La peur occupe une place importante tout au long de l'aventure, bien qu'elle ne vienne jamais hanter le joueur. La balade se veut en effet sans heurt véritable, malgré l'abord de sujets graves. Le chant et les musiques agrémentent le parcours avec une grande finesse malgré une certaine redondance... une redondance regrettable dans les minis jeux qui manquent de renouveau. L'aventure se veut relativement longue pour ce type de jeu mais s’essouffle malheureusement au fil des heures avec un cheminement plus traditionnel et une fin qui ne nous a pas séduits.
LES PLUS
- Une qualité graphique indéniable, avec beaucoup d'émotion dans ces regards mystérieux.
- Une musique particulièrement réussie.
- Bonne prise en main générale, avec une gestion rapide et facile des objets.
- Traduction française disponible (quelques coquilles)
LES MOINS
- Des mini-jeux répétitifs.
- Une aventure qui perd de son originalité au fil des heures.