Avec le studio Mr. Nutz, Philippe Dessoly (papa de l’écureuil joufflu qui égaya nos cathodiques et nos consoles 16-bits au début des années 90) a su redonner une seconde jeunesse à Toki, un vieux hit de l’arcade eighties. C’est au tour, cette fois-ci, de Joe & Mac de passer à la casserole : un duo de néandertaliens, bas du front, qui tapaient joyeusement du gourdin tout ce qui bougeait en 1991.
Au pays de Chuck Rock, Bonk et compagnie…
En ces temps anciens, durant lesquels les hommes mangeaient du steak de dinosaure, Joe et Mac doivent secourir toutes les jolies filles de la vallée. Les pauvres, sans défense, ont été odieusement traînées par les cheveux par les sauvages d’à côté. Passons sur l’histoire, prétexte et cliché, voilà un jeu qui porte indéniablement la signature d’une époque douce et révolue.
Nous avons affaire à du run n’ jump vitaminé, simple, bourrin, efficace, bourré de gros sprites, reliftés à la tablette graphique pour l’occasion et d’items de bouffe poppant non-stop et sans fin. Ces items sont d’une importance capitale dans notre progression. Le genre à être gobé impérativement, car comme dans Wonder Boy, notre barre de vie se consume à petit feu.
Mourir faute d’avoir mangé est monnaie courante, les ennemis ne faisant parfois que nous accompagner, et accélérer le mouvement vers cet événement inéluctable. Dans cet âpre combat pour la nourriture, et la vie, le maniement n’est pas mauvais mais ne nous aidera pas forcément. En effet, dans les moments les plus chauds, notre perso accuse un certain manque de souplesse, en étant un poilounet raide… C’était comme ça du temps de l’arcade burnée…
Vosgesassik Parc dans le Jura, ça donne quoi ?…
Le jeu est d’une difficulté folle, et ce dès les premiers instants. Et les options pour rallonger un minimum notre durée de vie, se sont, hélas, perdues dans la jungle. C’est une volonté affichée du studio de faire le pont avec ce qu’il y avait de plus direct avec les jeux d’arcade d’antan : une poignée de vies, une pincée de continues et c’est parti. Dommage qu’il n’y ait pas de monnayeur pour glisser une nouvelle pièce de 10 et dépasser parfois notre frustration de bloquer sans relâche sur un passage.
Le mode Easy, quelque part, ce sont les premières secondes lorsqu’on appuie pour la première fois sur le bouton déclenchant l’envoi de la hache. C’est facile. Ensuite, nous découvrirons que notre arme peut varier suivant les bonus (la roue de pierre qui roule sur les ennemis) et nous aiguiserons peu à peu nos réflexes contre des ennemis mobiles, en haut, à droite, à gauche, en diagonale, lesquels nous sautent à la gorge, tels des tigres à dents de sabre. Cela fait une minute de jeu, et Joe & Mac passe en mode hardcore.
Après c’est comme tout, l’habitude, voire le par cœur finissent par nous faire triompher. Il faut juste de l’abnégation et une grosse dose d’apprentissage.
Ça Décap Attack chez les Dino Dudes !
Les décors sont jolis, les dessins, cartoon à souhait, mais les couleurs sont étonnamment ternes. Ça manque de peps, surtout en comparaison de ce que nous proposait l’éditeur Data East, les papas de Joe & Mac. La bande son n’est pas mauvaise mais les bruitages omniprésents et cacophoniques ont tendance à couvrir la musique pourtant bien sympathique.
Nous pouvons choisir notre chemin à travers les niveaux, une très bonne chose pour découvrir de nouveaux passages et refaire l’aventure sans trop se lasser. Nous sommes néanmoins surpris, autant par la difficulté, que par la brièveté des niveaux en mode classique. Un mode respectant un peu trop le déroulé du jeu d’antan. Bien entendu, c’est ce qu’on demande à un remake, mais les niveaux, trop souvent, se résument à de gros boss, au bout d’une courte piste.
Le seul autre mode de jeu disponible, qui porte bien son nom, Extend, compense ce défaut en étendant l’aventure. Mais attention, la difficulté, ici, augmente également, notre compteur de vies étant toujours le même qu’au départ.
N’oublions pas pour finir le mode Co-op qui nous permettra de rager en duo, dans la bonne humeur. C’est le seul mode qui fait l’unanimité quelque soit notre difficulté à passer les niveaux, le rire étant la meilleure arme contre la loose perpétuelle…
Conclusion
Décapant. Le remake de Joe & Mac porte une volonté farouche de nous proposer une expérience de jeu old-school, basée sur l'apprentissage, le par cœur, la frustration, sans autre option et sans autre contenu que le jeu lui-même. C'est brut de décoffrage. Le jeu amuse mais risque aussi de décaper les jeunes joueurs n'ayant pas connu les temps anciens de l'arcade, ou tout simplement, ceux en pagne et en sandales, qui ont le cuir tendre.
LES PLUS
- De l'arcade à l'ancienne
- Du challenge
- Le mode co-op
- L'immense respect de l’œuvre originale
- Une 2D cartoon à souhait
LES MOINS
- Les bruitages de dino, omniprésents
- Pas de feedback sonore lorsque nous sommes touchés
- Seulement deux modes de jeu
- Pas d'option (à part changer de langue)
- Très dur, et très frustrant
- Couleurs un peu ternes
- Le prix de trente euros à un centime près, surtout si on n'accroche pas au jeu...
- Maniement rigide, à l'ancienne