Après le sympathique mais limité Hell is Other Demons, sorti déjà en 2019, le studio suédois Cuddle Monster Games nous revient en ce mois de janvier 2023 pour nous proposer son nouveau titre, Lone Ruin. C’est cette fois-ci un Twin-Stick Shooter avec une conception procédurale de ses niveaux auquel nous allons devoir faire face. Alors Cuddle Monster Games va-t-il réussir à transformer ce qui était son premier essai ou bien ce Lone Ruin va-t-il tomber dans les mêmes travers que son grand frère ? La réponse arrive, ne soyez pas si pressés…
Une histoire à rechercher
Et malheureusement pour nous, elle arrive très vite car, dès le lancement du jeu depuis le menu de notre Switch, nous démarrons une histoire dont nous ne savons absolument rien. Notre personnage fait face à un château. Okay. Et il rentre dans ce château. Voilà c’est tout. Aucune explication, aucune ligne de texte qui viendraient nous en apprendre un peu plus sur les tenants et aboutissants de cette narration qui tient sur un post-it.
Pour en savoir, il faut passer par la fiche e-shop du titre de Cuddle Monster Games pour apprendre qu’en fait nous incarnons un mystérieux explorateur, et du coup c’est vrai qu’il est mystérieux, en quête d’un pouvoir millénaire dans une ancienne cité située au-dessus d’une source de magie. Il va donc nous falloir plonger dans les profondeurs de ces ruines pour obtenir ce que nous sommes venus chercher.
Un scénario prétexte, mais pas plus que celui de bien d’autres titres. Toutefois ces autres titres font souvent un effort pour nous présenter l’univers dans lequel nous évoluons. Ici, nous avons malheureusement affaire au degré zéro de la narration et c’est toujours bien dommage. Mais les puristes du Twin Stick clameront alors à cor et à cri que d’autres légendes du genre souffrent des mêmes défauts et qu’il faut donc d’abord et avant tout juger ce Lone Ruin sur son gameplay.
Sortir du lot… ou pas
Mais avant cela, commençons par rappeler que la Switch accueille une grande partie des musts-have du genre : The Binding of Isaac, Enter the Gungeon, Nuclear Throne, Tesla Vs Lovecraft ou encore Hotline Miami. La concurrence est forcément féroce et il va falloir offrir du nouveau, du fun et du nerveux pour réussir à dépasser ce peloton de tête qui en impose et qui possède pour lui un nombre d’arguments conséquents.
Du point de vue de l’originalité, notre arrivée dans ces ruines est plutôt intéressante. Un personnage inconnu, qui semble vouloir le rester, nous prévient que notre quête est dangereuse et nous offre alors la possibilité de choisir entre différents sortilèges possibles. Car oui, notre héros de base n’a rien trouvé de mieux que de se pointer la bouche en cœur et la mèche au vent dans ce qui semble être un repère de créatures hostiles. Mais passons et revenons à notre bienfaiteur.
Parmi les sortilèges disponibles, trois d’entre eux offrent un boost de départ. Ces trois sortilèges changent à chaque nouvelle partie, ce qui nous incite lors de chaque nouvelle tentative à tenter une nouvelle approche. C’est une très bonne idée et cela ajoute à la rejouabilité de ce titre qui va en avoir grandement besoin par la suite. Car le problème de déjà-vu va trop vite s’imposer à nous et une fois notre premier succès arrivé, la volonté de recommencer disparaît complètement.
Pour venir à bout de Lone Ruin, il va falloir venir à bout de vingt et un petits niveaux. Mais vraiment très petits en fait. D’autant plus que parmi ceux-ci se cachent trois antres de boss ainsi que trois magasins. Bref il ne reste en tout et pour tout que quinze niveaux à terminer pour voir la triste fin de cette triste narration. Et ces tableaux sont très loin de nous tenir en haleine un temps suffisamment conséquent. Avec une durée d’au maximum cinq minutes sur chacun d’entre eux pour venir à bout des monstres qui apparaissent, nous obtenons une durée de vie très faible.
Le problème suivant vient du fait que chaque tentative est identique à la précédente. La génération des niveaux se fait toujours avec les mêmes éléments graphiques et la lassitude se fait très vite sentir. Les ennemis ne sont pas en reste puisque nous tournons avec un maximum de six ou sept monstres différents. Alors oui, ceux-ci ont des attaques bien distinctes avec des patterns à appréhender, mais le tour est très vite fait et nous ne nous laissons plus surprendre dès notre deuxième tentative.
Le travail sur les boss est peut-être pire encore. Véritable sac à points de vie dont les attaques sont très limitées en termes de diversité. Une fois le premier vaincu, le second n’est qu’une redite et seul le troisième, dont les attaques ont davantage de portée, réussira à faire grimper notre rythme cardiaque. Une fois ce constat, il nous faut constater que seulement trois boss qui, de plus, apparaissent toujours dans le même ordre, c’est bien trop peu pour émerger de la cohorte de prétendants au titre.
La solidité sans la folie
Ce manque de diversité est bien dommage, car le gameplay sait se montrer dynamique et prenant. Il nous faut sans cesse nous déplacer pour esquiver les monstres attaquant au corps à corps et pour éviter les tirs des autres. En fonction de notre sortilège de départ, les sensations peuvent se montrer très différentes : entre des sorts à longue portée mais faibles en dégâts et des attaques au corps à corps mortelles mais risquées, il nous ait possible de profiter d’un large éventail de possibilités et d’effets.
De plus, en fonction de nos déambulations dans ces ruines, nous allons pouvoir choisir différentes routes qui nous octroieront, une fois le tableau terminé, une récompense. Celle-ci est prévisible dès le moment du choix de niveau. Allons privilégier un nouveau sortilège, une amélioration de ceux que nous possédons ou allons chercher à obtenir trois bonus dans un niveau plus ardu, le choix est nôtre.
Les améliorations qui nous sont proposées nous laissent, elles aussi, le choix. Allons-nous souhaiter obtenir une capacité supplémentaire telle produire des cristaux de glace sur notre passage lors d’un dash ? Ou allons-nous chercher à augmenter les dégâts causés par notre sort principal ? A nous de choisir. Roguelite oblige, la diversité des builds possibles est assez grande et chaque nouvelle tentative ne ressemble à la précédente.
Pour le reste, le résultat est solide, mais sans aucune folie. La prise en main ne souffre d’aucun défaut. Nous contrôlons notre avatar avec le stick gauche tandis que le stick droit sert à orienter notre attaque. Celle-ci se déclenche avec les touches ZR, L ou R tandis que le bouton ZL sert à déclencher le dash, qui lui va dans la direction du stick gauche. Ces contrôles sont parfaitement réactifs et ils ne causent jamais de problème.
Les choix concernant les graphismes sont plus critiquables. Le manque de renouvellement est déjà pénible, mais le fait que les palettes de couleurs des ennemis soient très proches de celles des décors entraîne souvent des problèmes de lisibilité. De plus certains éléments du décor semblent plus ou moins poreux. Ainsi nous pouvons monter certains étages sans passer par les escaliers et certains monstres nous ont surpris en traversant des éléments rocheux qui étaient, pour nous, infranchissables.
Conclusion
Si au premier abord, Lone Ruin semble être un Twin Stick Shooter intéressant, grâce à un choix de départ parmi des sortilèges bien différents qui modifie en profondeur le gameplay. Très vite, il se montre répétitif aussi bien en termes de graphismes que de renouvellement des ennemis. Nous sommes toujours confrontés aux mêmes situations dans les mêmes décors et ce n’est pas la triste narration mise en place qui viendra nous remotiver. Le titre de Cuddle Monster Games est bien loin des standards du genre. De plus l’absence de mode multijoueur est gênante pour le genre.
LES PLUS
- Le gameplay se renouvelle à chaque nouveau sortilège choisi
- Le système de choix et d’améliorations est intéressant
- La prise en main répond parfaitement
- Le rythme de jeu est assez élevé
LES MOINS
- Les graphismes ne se renouvellent jamais
- Les décors et les ennemis ont tendance à se confondre
- Des bugs de collision avec les décors
- La narration est aux abonnés absents
- Les situations auxquelles nous faisons face sont vite les mêmes