Après un Blazing Chrome qui rendait un vibrant hommage à Contra, le studio brésilien JoyMasher continue son petit bonhomme de chemin en nous proposant son nouveau titre Vengeful Guardian : Moonrider. Et pour ne pas modifier leur ADN de base, ils poursuivent dans la voie du « néo rétro » en s’attaquant cette fois-ci à deux monstres de l’ère 16-bits : Mega Man et Shinobi. Alors, comment marier un robot humanoïde et un ninja pour en faire un tout cohérent et addictif ? C’est ce que nous allons découvrir dans la suite de ce test.
Mega Shinobi Man
Mais concentrons d’abord notre attention sur les deux néophytes du gamepad qui n’auraient pas les notions de base nécessaires à la compréhension de cet article. Que sont Shinobi et Mega Man ? Et bien ce sont d’abord deux héros ayant fait les beaux jours des deux monstres des années 90, à savoir la Megadrive pour Shinobi et la Super Nintendo pour Mega Man. Le premier nous mettait aux commandes d’un ninja armé d’un katana et de shurikens dans un déroulement linéaire tandis que le second nous demandait de manier un robot capable d’absorber les attaques de ses ennemis vaincus tout en nous laissant le choix du niveau à parcourir.
Deux gameplays bien différents qui ont pourtant chacun fait les beaux jours du genre plate-forme/action dès la sortie de leurs épisodes fondateurs en l’année 1987. Si la guerre des consoles est terminée depuis longtemps entre Sega et Nintendo, c’est un nouveau pas qui vient les rapprocher l’un de l’autre avec la rencontre de ces deux figures historiques qui se mêlent grâce au travail d’orfèvre des Brésiliens de JoyMasher. Ces présentations étant faites, nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet.
Vengeful Guardian : Moonrider commence par soigner la forme en nous proposant une narration prenante et énigmatique qui révèlera ses secrets au fur et à mesure que nous nous rapprochons du dénouement. Nous apprenons au lancement de notre partie que notre histoire se déroule à Senrai, un pays en proie à des révoltes sévèrement réprimé par le pouvoir en place. Notre avatar sort, quant à lui, d’une cuve dans laquelle il se réveille. Il ne sait pas ce qu’il y fait et quel est son rôle dans cette histoire, mais sortir du complexe qui le maintient enfermé semble être une évidence.
Très vite, nous apprenons que nous sommes un produit défectueux du corps d’élite des Moonriders, des armes humaines reprogrammées au service du pouvoir en place. Notre fuite nous conduira à rencontrer chacun des membres de ce groupe ce qui nous permettra d’en apprendre un peu plus sur les tenants et aboutissants de cette histoire qui fait la part belle aux leçons philosophiques sur le pouvoir et les responsabilités. Toujours très rapides, ces phases de dialogues font avancer la narration intelligemment sans jamais être lourde, bien au contraire, elles se montrent intelligentes et bien écrites et savent maintenir notre intérêt pour ce personnage et ce monde.
La maîtrise de la complétude
Pour prendre en main notre Moonrider, nous pouvons commencer par un tutoriel parfaitement intégré à cette histoire, puisqu’il prend la forme d’une simulation numérique de recalibrage de notre hôte. Une fois ce test passé, notre véritable aventure commence et nous allons pouvoir utiliser l’ensemble des capacités de notre héros. Si celui-ci possède les attributs et le design d’un Shinobi, à savoir un katana, disponible via la touche Y, il possède aussi une jauge d’attaque spéciale à la Mega Man. Cette attaque spéciale, répondant à nos sollicitations via la touche A, est forcément bien plus dévastatrice, mais elle est surtout modifiable à la volée une fois que nous avons récolté l’attaque d’un autre Moonrider.
La boucle est bouclée, Mega Man et Shinobi sont heureux de vous présenter leur fils, le Vengeful Guardian. Le reste de ses capacités est plus classique, mais diablement efficace, puisque nous pouvons courir, sauter, prendre appui sur un mur et effectuer une attaque en plein vol. Cerise sur le ninja robotique, nous allons aussi obtenir de nouvelles capacités. Celles-ci se débloquent via l’exploration de zones cachées dans les niveaux. Une fois acquises, il nous faut les assigner à notre Moonrider. Nous n’avons que deux emplacements disponibles, à nous de configurer notre avatar comme nous le souhaitons.
Si le level design auquel nous faisons face rappelle fortement celui proposé par Shinobi avec ces différents étages, le déroulement global de notre aventure est bien plus proche de celui de Mega Man. En effet, après le premier niveau, nous pouvons choisir un tableau parmi six au choix. Nous retrouvons alors une progression qui sera faite de tentatives désespérées pour atteindre le boss et réussir à s’emparer de son pouvoir. Ce second niveau est peut-être le plus délicat à terminer. Nous ne disposons d’aucun pouvoir et il va falloir découvrir les spécificités de ces tableaux un peu au hasard.
Une fois ce premier Moonrider éliminé, nous récupérons son pouvoir et voyons émerger le schéma traditionnel : tiens j’ai un pouvoir d’eau, serait-il possible que le niveau qui me parle d’un pouvoir de feu soit plus facile à terminer ? La réponse est bien évidemment oui et notre périple va pouvoir continuer de manière bien plus naturelle que nos tâtonnements initiaux. Notre montée en puissance est palpable via la maîtrise de chacune des nouvelles armes qui entrent dans notre arsenal.
Le rêve du barbu
Chaque tableau que nous traversons nous demande de faire face à un boss à chaque tiers de parcours avant de pouvoir faire face au Moonrider qui conclut le niveau. Si les combats contre les Moonriders se ressemblent plus ou moins, chaque boss que nous allons affronter a son propre design et ses propres patterns qu’il va nous falloir maîtriser pour en venir à bout. Notre personnage possède de base six vies, perdre une vie signifie revenir un peu en arrière dans le niveau tandis que perdre l’ensemble de nos vies nous oblige à le recommencer depuis le début.
Et nos morts vont forcément faire partie du processus d’apprentissage. S’il nous a fallu quatre heures pour venir à bout de Vengeful Guardian : Moonrider, il est tout à fait possible de diviser par deux ce temps pour les plus doués d’entre nous comme il est possible de le multiplier par deux pour les complétionnistes cherchant à découvrir l’ensemble des secrets. Si de prime abord nous regrettons l’absence de choix de difficulté, ne serait-ce que pour le nombre de vies de départ, la construction même du titre de JoyMasher en niveaux distincts rend cette absence peu importante.
D’un point de vue technique, le travail des développeurs brésiliens est impeccable. Mentionnons tout d’abord que cette narration prenante et cette mise en scène sanglante sont entièrement disponibles dans notre chère langue de Molière. Nous pouvons ainsi profiter pleinement des dialogues et du découpage sous forme d’émissions TV. Enchaînons calmement sur la bande-son qui est un régal de sonorités chiptune entraînantes qui rappelleront forcément les grands moments des consoles 16-bits pour ceux ayant connus cette période.
Les contrôles et la prise en main sont un modèle du genre. Chaque action de notre Moonrider est toujours parfaitement exécutable sans aucune latence et jamais nous ne prenons de dégâts en ayant l’impression de n’y être pour rien. L’ensemble de ces points positifs évoqués va maintenant laisser la place au dernier point à aborder : la partie graphique. Et pour le coup, il faut bien avouer que le titre de JoyMasher représente sans doute le rêve éveillé de tous les anciens joueurs de Megadrive ou de Super Nintendo.
Avec une taille extrêmement faible de 200 Mo par rapport aux mastodontes actuels de plusieurs Go, ce Vengeful Guardian : Moonrider est tout de même à des années-lumière des 3 Mo des cartouches des années 90. Cette abondance se traduit par des visuels tous très travaillés avec des seconds plans qui regorgent de détails. Le tout nous offre des tableaux en pixel art très agréables à parcourir, mais qui restent toujours parfaitement lisibles. De courts passages en moto viendront diversifier notre expérience de jeu en nous rappelant ce que nous proposaient les années 90 en termes de jeu de course.
Conclusion
Les brésiliens de JoyMasher montrent encore une fois leurs talents pour mettre au point des titres alliant modernité et traditions. Ce Vengeful Guardian : Moonrider est un jeu de plate-forme/action capable de marier Shinobi et Mega Man dans une histoire prenante à la narration maîtrisée et au gameplay complet qui ne laisse rien au hasard. Sa prise en main ne souffre d’aucun problème, sa bande-son est un vibrant hommage aux sonorités chiptune et ses graphismes sont un rêve éveillé que vont vivre les joueurs ayant connus les machines 16 bits. Un titre que les amateurs de retrogaming se doivent de posséder et que les néophytes se doivent de découvrir.
LES PLUS
- Les graphismes en pixel art sont de grande qualité, à la fois détaillés et toujours lisibles
- La bande-son aux sonorités chiptune est nerveuse et toujours prenante
- Le gameplay mélangeant Shinobi et Mega Man est parfaitement maîtrisé
- Chaque nouvelle arme est différente de la précédente
- Le système de capacité supplémentaire permet de modifier notre personnage
- La prise en main n’est jamais mise en défaut
- La narration est un modèle pour le genre de l’action/plateforme
- Les dialogues sont intelligents sans être chronophages
- La difficulté parfaitement calibrée
- Le level design est intelligent avec des secrets à découvrir
- La durée de vie est correcte pour le genre
- Les boss intermédiaires sont énormes avec chacun des patterns différents
LES MOINS
- Le système de rang en fin de niveau n’est pas vraiment utilisé