Il y a de plus en plus de jeux de simulation sur la Nintendo Switch. Autrefois boudée par les développeurs, ces derniers voient dorénavant en la console nippone l’occasion de vendre leur jeu à un public plus large, avec plus ou moins de réussite.
C’est dans cette idée que Startup Company pointe le bout de son nez. Développé par un studio indépendant danois, Hovgaard Games, il est d’abord arrivé en 2017 en accès anticipé avant de sortir officiellement sur ordinateur en avril 2020. Ce n’est que trois ans plus tard, soit le 26 janvier 2023, que Startup Company fait son apparition sur la Nintendo Switch au prix de treize euros.
Un jeu pour devenir le prochain Mark Zuckerberg
Startup Company est un jeu de simulation qui nous met dans la peau d’un apprenti dirigeant qui se lance dans le monde des affaires afin de concurrencer les GAFAM. Préférez-vous lancer votre service de streaming, votre plateforme d’achat ou bien vote site de rencontres ?
D’emblée, Startup Company fait partie de ces jeux qui nous effraient tant leur contenu semble conséquent. Il y a tellement d’options, de menus déroulants, d’informations, que nous avons l’impression que nous n’arriverons jamais à saisir l’entièreté du gameplay.
Fort heureusement, le mode carrière, recommandé pour les nouveaux joueurs, va parfaitement guider pour nous apprendre à jouer. Nous devons déjà créer notre personnage. Les options sont limitées : nous choisissons notre nom et notre spécialité. Votre personnage, était-il développeur ou graphiste avant de monter son entreprise ?
Après cette légère création de personnage, nous entrons directement dans le vif du sujet. Il faut bien le concevoir, ce site ! Alors que nous nous installons dans un minuscule bureau, nous apprenons à recruter du personnel : pour ce faire, rien de plus simple, il suffit de passer notre personnage en mode recruteur, et de poster une annonce. Nous allons recruter un chercheur, un graphiste (ou designer, l’appellation change dans le jeu) et un développeur.
Ces trois personnes vont être la clé de voûte de la première monture de notre site. Alors que le chercheur sera en charge de notre « R&D », le développeur et le graphiste produiront les modules qui vont agrémenter les fonctionnalités de notre site.
Car pour que notre site soit intéressant, il lui faut du contenu. Pour notre réseau social, nous commençons à installer deux fonctionnalités des plus basiques : une page d’accueil et une section commentaire. Cependant, pour que notre site plaise aux potentiels clients, nous allons devoir améliorer nos deux fonctionnalités.
C’est là qu’entre en jeu le personnel. Ces derniers produisent des modules qui permettent d’augmenter le niveau de nos fonctionnalités. Le graphiste produit par exemple des composants graphique et le développeur des composants UI. Ces deux objets sont deux des quatre éléments qui permettent d’améliorer notre page d’accueil. En rendant nos fonctionnalités plus attractives, plus de clients potentiels vont venir sur notre site et nous pourrons alors gagner de l’argent. Mais nous n’y sommes pas encore.
Un contenu dantesque pour un prix très intéressant…
Car, pour plaire au public, en plus d’avoir un site où les fonctionnalités sont développées, il faut aussi que celles-ci possèdent un niveau plus ou moins équivalent. Effectivement, imaginez-vous sur votre réseau social. Alors que votre page d’accueil est vraiment attrayante, la section « commentaires », elle, est juste mal codée et impossible à utiliser. Et bien, vous n’aurez pas envie de rester sur le site.
Dans Startup Company, l’idée est la même : que vous possédez deux ou une dizaine de fonctionnalités, elles devront toutes être à un niveau similaire pour ne pas décevoir vos clients. Si le taux de mécontentement passe en dessous de cinquante pour cent, les gens quitteront votre site pour aller voir ailleurs.
Parlons maintenant de l’aspect financier de Startup Company. Notre réseau social est une machine en devenir qui a pour but de gagner de l’argent. Pour ce faire, nous allons devoir rechercher des fonctionnalités qui nous permettent de monétiser notre site, comme l’abonnement ou la publicité.
L’abonnement, comme son nom l’indique, permet de faire payer un abonnement mensuel aux utilisateurs pour avoir des fonctionnalités premiums. Les clients seront plus ou moins mécontents en fonction du prix qu’ils auront à payer. Vingt dollars par mois pour pouvoir partager des vidéos, cela peut paraître cher.
La publicité a un taux fixe de mécontentement, en fonction de son contenu. L’utilisateur préférera largement une simple annonce textuelle qu’une publicité vidéo quand il utilisera votre site. Cependant, une annonce textuelle rapporte bien moins d’argent qu’une vidéo, il faudra donc choisir intelligemment son modèle financier.
Pour négocier nos contrats, nous avons affaire à un nouveau type d’employé, le chef marketing. Celui-ci va rechercher les contrats pour les publicités que nous diffuserons. Nous sélectionnerons ces derniers en fonction des revenus générés, mais aussi par le nombre de clients minimum requis.
Une fois que nous aurons une belle page d’accueil, une fonctionnalité de commentaires efficace ainsi que des revenus, nous allons pouvoir améliorer notre site et c’est l’occasion parfaite pour améliorer notre framework. Le framework, globalement, dans Startup Company, c’est ce qui va nous permettre de rendre le site plus performant.
Améliorer notre framework nous permet d’améliorer le nombre de fonctionnalités de notre site ainsi que le niveau max de celles-ci. Nous pourrons alors utiliser des fonctionnalités plus complexes, qui vont utiliser de nouveaux outils. Pour ces outils, nous aurons besoin de nouveaux types d’employés avec leurs propres compétences.
… Mais un portage de très faible de qualité
Il faudra alors surveiller toute la chaîne de production, car les nouveaux outils que nous développons requièrent des éléments de base créés par le graphiste et le développeur. Il va falloir réussir à agencer parfaitement le tout pour pouvoir améliorer nos fonctionnalités, et donc notre nombre de clients.
Pour augmenter notre production, nous pouvons recruter de nouveaux employés, mais aussi les former pour qu’ils gagnent en vitesse et en compétences. Les employés demanderont alors un nouveau salaire plus adapté à leur niveau. Les employés ont aussi des besoins qu’il faudra combler pour augmenter leur bonheur et donc leur vitesse de production.
Les employés voudront par exemple un meilleur bureau, un canapé, ou encore même un abonnement à la salle de sport. Il faut savoir que ces derniers peuvent aussi prendre leur retraite et il faudra les remplacer.
En plus des employés à gérer, de la rentabilité, de la chaîne de production, du framework, et des fonctionnalités, nous devons aussi avoir un œil sur nos serveurs. Et oui ! Plus il y a d’utilisateurs sur votre site, plus votre site consommera de la bande passante. Nous recruterons un nouvel employé qui produira des outils qui permettront de configurer encore plus de serveurs. En complément des serveurs, nous pourrons aussi optimiser nos fonctionnalités et utiliser des meilleurs frameworks.
Pour compléter ce contenu déjà colossal, nous pouvons recruter des managers qui boostent la production de nos employés, des employés qui s’occuperont des tickets d’assistance, des sous-traiteurs qui achèteront à d’autres entreprises les éléments qui nous manquent, des commerciaux qui feront de la pub pour votre site, des DRH qui contrôleront les demandes d’augmentation de vos employés et leurs horaires ainsi que des recruteurs…
Nous pouvons ensuite préciser qu’une fois vos revenus vraiment hauts, vous pourrez aussi investir dans des projets pour avoir des serveurs bien plus efficaces et des employés spéciaux. Vous aurez presque deux cents personnes sous vos ordres, et chaque pécune gagné en trop peut aussi être placé dans votre retraite.
Vous l’avez compris, pour un jeu à treize euros, Startup Company possède un contenu vraiment abyssal qui peut vous amuser pendant des dizaines d’heure. Le gameplay est très efficace et nous prenons énormément de plaisir à gérer tous ces éléments qui s’agencent dans un premier temps de façon très fluide.
Nous aimons voir notre société qui grimpe le classement des plus grosses entreprises et nos revenus qui augmentent progressivement.
Le sentiment de découverte est intact sur les dix premières heures, ce qui est déjà un nombre assez impressionnant. Et puis la répétitivité commence à faire son chemin. Une fois que nous avons débloqué l’entièreté des recherches, le jeu devient beaucoup plus linéaire, et le gameplay, vide.
Un jeu qui devient beaucoup moins intéressant en fin de partie
Plus nous avançons dans le jeu, et moins nous avons de choses à faire. Notre partie se résume à attendre les composants pour notre site puis à les mettre. Attendre les composants pour notre serveur, les configurer, et bis repetita. De plus, nous en parlerons plus tard, mais la version sur Switch n’est pas très optimisée pour les fins de partie, ce qui renforce ce sentiment à la fin que nous avons eu de « tout ça… Pour ça ? ». Le panthéon qui défile à la fin de notre partie est un peu vide et insiste malheureusement sur cette sensation d’une partie pour rien.
La gestion des serveurs est assez reluisante, et nous avons en permanence besoin de plus en plus de place pour gérer le flux de visiteurs, ce qui devient rébarbatif à terme. Nous n’avons pas compris pourquoi nous étions très rapidement bloqués dans notre capacité de location de serveurs, car cela aurait pu rendre cet aspect beaucoup moins pesant.
À l’heure où nous avons testé Startup Company, c’est-à-dire en 2.0.0, énormément de bugs étaient encore présents. Certains nous ont amusés, comme les employés licenciés qui restaient à leur poste de travail. D’autres, en revanche, étaient beaucoup moins pratiques. Nous avons eu par exemple un ticket d’assistance qui ne pouvait pas être traité ou encore des bugs lors de la sous-traitance. Le mode carrière s’est arrêté sans raison au milieu de notre partie : nous n’avions plus d’objectif et notre motivation en a pris un coup.
Mais surtout, nous avons eu un bug énorme qui a totalement cassé la difficulté de notre partie. Les abonnements ne provoquaient aucune pénalité de mécontentement. Nous avons pu alors fixer un abonnement mensuel au prix fort, c’est-à-dire à vingt dollars par mois et nous avons alors eu des revenus illimités.
Alors que nos bénéfices étaient limités à cinq mille dollars/mois avant ce bug, nous sommes devenus multimillionnaires en une seule journée ! Nous espérons que ces bugs seront résolus pour la sortie du jeu.
La version sur Nintendo Switch de Startup Company est décevante, peu fluide et peu adaptée à l’utilisation de notre console. Déjà, nous perdons très régulièrement notre curseur et nous sommes obligés de changer de lieu pour le retrouver. De plus, quand cette situation arrive et qu’un employé nous demande en même temps une augmentation, il est quasiment impossible de réussir à conserver notre employé. En effet, une simple pression sur le bouton « B » nous retire notre fidèle collaborateur alors que nous sommes bloqués sur l’interface.
La gestion est agréable au début, mais quand notre entreprise a une centaine d’employés, le jeu devient pénible sur console. La micro gestion n’est pas très bien réalisée, et cela devient pénible de retrouver l’employé qui part à la retraite, de savoir quel élément il produisait, et où il était placé dans notre bureau.
L’absence de tactile nous a quelque peu déçus. Le mode portable aurait été bien plus agréable avec cette fonctionnalité afin de mieux naviguer dans les menus, de sélectionner nos employés ou les postes de travail vides. Startup Company a loupé l’occasion de faire un jeu agréable sur notre console, malgré les possibilités qui existaient.
Finalement et c’est l’élément le plus embêtant du portage, mais nous avons de gros ralentissements vers la fin de notre partie. Le jeu freeze par moment, et il s’est même entièrement plusieurs fois arrêté quand nous avions un trop grand nombre d’employés.
Les graphismes valent ce qu’ils valent : ils ne sont pas exceptionnels, mais ce n’est jamais ce que nous recherchons dans ce genre de jeux. Nous avons des bureaux, des employés qui restent sur place à taper sur leurs machines et c’est tout. Nous pouvons agrémenter les bureaux de quelques éléments de décor, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse le plus dans ce jeu.
En revanche, nous avons été assez étonnés que le jeu ne propose aucune page lors des temps de chargement et que nous avons uniquement le nom du développeur qui s’affiche.
La musique, comme les graphismes, n’est pas la chose sur laquelle nous nous concentrons le plus. C’est de la musique d’attente, avec le son, soit des serveurs, soit des employés qui tapent sur leur clavier. Ce n’est pas la chose que nous retenons, et comme pour la plupart des jeux de simulation, nous préférons écouter notre propre musique en jouant.
Pour conclure ce test, la traduction est complète mais parfois approximative. Nous avons parfois deux mots différents pour le même objet, ce qui peut parfois perturber dans la compréhension du jeu.
Conclusion
Startup Company est un très bon jeu de simulation à un prix très abordable et au contenu colossal. Il est cependant miné par des bugs, qui, nous l’espérons, seront réglés le jour de sa sortie. Le jeu est addictif au début, avec une progression constante sur les dix premières heures, mais qui devient répétitif et lassant sur la fin. Le portage sur la Nintendo Switch est mal réalisé, avec un jeu qui connaît de gros ralentissements en fin de partie, un curseur qui se perd en permanence, et une micro gestion qui devient peu à peu vraiment désagréable. Dommage, car Startup Company est un jeu très intéressant et que nous aurions chaudement recommandés sur ordinateur.
LES PLUS
- Un jeu de simulation au contenu impressionnant
- Une durée de vie plus que conséquente
- Un prix très abordable (13€)
- Un mode carrière qui nous permet de comprendre les bases
- Un gameplay addictif
- Beaucoup de plaisir à tout découvrir
- Une progression bien dosée
- Une grosse difficulté mais pas insurmontable
- Un jeu à emmener partout
LES MOINS
- Un portage pas très bien réussi
- Pas de tactile
- Une répétitivité qui devient, même pour un jeu de simulation, lassante
- La micro gestion laborieuse
- La traduction parfois approximative
- Le curseur qui se perd
- Les ralentissements en fin de partie
- La gestion des serveurs qui devient très vite casse-pied
- Le panthéon un peu inutile finalement
- Les bugs qui seront certainement résolus à la sortie du jeu ?