Que faut-il à une compilation de jeux rétro pour qu’elle puisse venir titiller notre intérêt ? Cette question, nous nous la sommes posée dès la lecture des quelques lignes de présentation de cette Wonder Boy Anniversary Collection sur l’eShop. Des compilations récentes, telles notamment celle des Turrican, avaient su emporter une adhésion totale de notre part et c’est donc dans cet esprit de comparaison que nous allons vous expliquer pourquoi ce melting-pot des Wonder Boy est loin de nous avoir satisfaits.
Une existence justifiée ?
Mais revenons au commencement. Qu’est-ce que Wonder Boy ? Hé bien, c’est une série qui a vu le jour en 1986. Prenant d’abord la forme d’un plateformer arcade tout ce qu’il y a de plus classique, c’est son épisode 2, sorti en 1987, qui a su se démarquer des productions de l’époque en nous proposant une aventure, certes toujours orientée action/plateformer, mais aussi mâtinée de RPG avec la possibilité de personnaliser notre avatar en réalisant différents achats.
Après un retour aux sources de la plateforme pure pour son premier épisode trois (car oui, il y a eu deux épisodes trois) en 1988, c’est le second épisode trois, il faut suivre un peu, le fameux The Dragon’s Trap sorti en 1989, qui avait su faire entrer la série dans le panthéon vidéoludique de nombre de joueurs avec une histoire prenante et des mécaniques proches de celle d’un metroïdvania. Sa suite directe, sortie en 1991, reprenait les mêmes ingrédients et ce n’est qu’en 1994 qu’est sorti le dernier titre de la série.
Avant d’aller plus loin dans ce test, il faut rappeler que les Français de LizardCube avaient réalisé le remake extraordinaire de l’épisode iconique qu’est ce The Dragon’s Trap. Un travail incroyable qui respectait le matériel d’origine tout en le remettant au niveau des standards actuels. D’autres studios se sont chargés des remakes des épisodes suivants et le résultat est toujours d’une grande qualité. Bref, il est possible de profiter des meilleurs titres de la série des Wonder Boy dans d’excellentes conditions sans trahir l’esprit d’origine ni saigner des yeux.
Alors certes, cette compilation nous permet de retrouver l’ensemble de ces titres dans leurs versions d’origine, mais il existe déjà une autre collection dans laquelle il ne manque que les deux épisodes trois. Donc, en profitant de soldes diverses, il est possible de jouer sur sa Switch, à un prix raisonnable, à cinq titres sur les six que compte la série et il faut bien avouer que l’épisode manquant, le premier épisode trois, est loin d’être essentiel. Alors, pourquoi mettre en place une telle Anniversary Collection ? Et surtout au prix de 50 € ! Y aurait-il des ajouts qui justifieraient un tel tarif ?
Un émulateur et ça repart
Et bien non. C’est le niveau zéro de l’émulation auquel nous avons droit. Alors oui, la fiche eshop vante 21 versions différentes pour ces six titres. Mais déjà, les versions remakées ne sont présentes, de plus la moitié au moins des versions sont celles sorties sur le sol nippon. L’intérêt est extrêmement faible et la plupart des joueurs ne vont même pas les lancer vu la barrière de la langue. Sur la moitié des versions restantes, une nouvelle moitié représente des titres de qualité moindre, car étant des portages sur des machines moins puissantes. Bref, sur les vingt et un titres, il reste les six titres d’origine dans leurs versions arcade de base et rien d’autre.
Si Turrican nous avait enchantés, c’est d’abord par le travail effectué sur ses nouvelles versions. Nous avions ainsi pu profiter de contrôles mis à jour et surtout d’un tas d’options graphiques qui nous permettaient d’appréhender ce titre d’une façon totalement nouvelle, sans parler des artworks à débloquer et des modes de jeu supplémentaires. Bref, un vrai travail de fond qui ne consistait pas à juste mettre cinq versions d’un même titre tournant sur un même émulateur.
Mais c’est justement ce à quoi nous avons droit avec cette Anniversary Collection. Des options graphiques malingres qui font peine à voir et qui consistent juste en un filtre CRT. C’est moche et sans intérêt. Pour le reste, nous avons droit au plan de chacun des niveaux. Compte tenu de la linéarité des premiers épisodes, c’est totalement inutile. Pour les épisodes suivants, le plaisir étant de se perdre pour trouver son chemin, cet ajout est plus que discutable d’autant plus qu’il nous faut toujours sortir du jeu en cours pour pouvoir en profiter, rendant ainsi son utilité nulle.
En ce qui concerne les graphismes, nous pouvons profiter du format d’origine avec juste un pauvre fond venant combler les bords, les autres formats déformant l’image, il ne sert à rien de les essayer. Une fois le réglage de base remis en position, nous profitons du pixel art d’origine, le plus intéressant étant de voir l’évolution de ces graphismes avec les ans qui passent. Si les premiers épisodes commencent à piquer la rétine, le dernier est bien plus détaillé.
Cette compilation a toutefois un point agréable, la possibilité de jouer aux versions arcades de ces titres va nous permettre d’en voir rapidement le bout en ajoutant des pièces virtuelles autant de fois qu’il le faut. Une fois cette fin atteinte, à nous de nous fixer notre propre challenge pour tenter de masteriser tel ou tel jeu avec un unique crédit. Toujours concernant l’émulation, il est possible de sauvegarder n’importe quand et de rembobiner, le minimum syndical pour ce genre de production.
Conclusion
Cette compilation de six titres de Wonder Boy était-elle nécessaire ? Oui, mais surtout pas dans un tel état. Alors que des remakes magnifiques des trois derniers épisodes sont déjà disponibles sur Switch et qu’une compilation existe déjà, à moitié prix avec l’ensemble des opus à l’exception des épisodes trois, devoir mettre 50 € pour un tel manque d’effort dans l’émulation et le contenu supplémentaire est complètement injustifié. L’amour de la licence ne se sent jamais dans cette collection qui transpire l’appât du gain à peu de frais. À éviter.
LES PLUS
- L’ensemble des titres de la série des Wonder Boy sont présents
- Les épisodes deux et The Dragon’s Trap sont toujours cultes
LES MOINS
- La moitié des versions disponibles consiste en des versions nippones
- Un quart des titres sont des versions inférieures
- Il faut quitter le jeu pour profiter des cartes
- Une compilation qui se limite à un émulateur sans ajout majeur
- Nous sommes très très loin des remakes récents