Grim Guardians: Demon Purge est présenté comme un spin-off de la série Gal*Gun, ce jeu quelque peu gênant dans lequel nous devions tirer sur de jeunes lycéennes avec un fusil rempli de phéromones… Cette fois-ci, le studio indépendant japonais Inti Creates abandonne le rail shooter et les sous-vêtements féminins pour nous présenter un plateformer à la Castlevania. Grim Guardians: Demon Purge est sorti le 23 février sur toutes les consoles, au prix de vingt-quatre euros sur l’eShop, un tarif qui grimpe très vite à quarante euros en édition physique.
Alors, que nous apporte ce spin-off au style assurément rétro ?
Un jeu au concept simple et efficace…
Maya et Shinobu sont deux jeunes étudiantes qui s’apprêtent à retourner au lycée… Cependant leur tranquillité est perturbée lorsque Kurona, une démone, décide de fusionner le monde démoniaque avec leur lycée ! Les deux adolescentes n’ont plus le choix, elles doivent remonter l’intégralité du bâtiment pour que le monde puisse retourner à la normale.
Grim Guardians: Demon Purge est un plateformer avec des touches d’action. Votre objectif est de réussir à avancer à travers les étages en tuant les ennemis qui peuplent les lieux. Pour ce faire, nous nous battons avec les deux chasseuses de démon qui possèdent des caractéristiques qui leur sont propres.
Shinobu tire avec ses pistolets pour éliminer les ennemis à distance. Ses munitions sont illimitées, mais elle doit recharger toutes les cent balles. Elle a une barre de vie plus élevée que Maya mais elle est un tout petit peu plus grande, ce qui signifie qu’elle peut se prendre plus facilement des dégâts.
Maya, elle, est une épéiste. Elle donne des coups au corps à corps plus puissants, et enchaîne avec une troisième frappe qui possède une portée accrue. Elle a très peu de vie, et sa petite taille lui permet de se faufiler dans des endroits que Shinobu ne peut atteindre. Nous pouvons changer de personnages à l’infini à l’aide de la gâchette.
En plus des attaques normales que nous exécutons avec le bouton « Y », chaque personnage va apprendre des capacités spéciales au fil de l’aventure à utiliser avec le bouton « A ». Nous pourrons obtenir un grappin pour atteindre des zones cachées, lancer un pingouin de glace qui congèlera nos ennemis, ou même obtenir des roquettes télécommandées qui détruiront tout sur notre passage.
Ces attaques consomment une barre qui se recharge avec des objets violets que vous trouverez sur votre chemin. Là encore, les attaques spéciales sont changeables à tout moment dans la partie.
Vous aurez aussi accès à une dernière capacité qui tire une balle dévastatrice qui tue l’ennemi qui se la prend (hors boss). Elle fonctionne elle aussi avec une barre qui se recharge avec des objets que vous collecterez, mais elle se recharge aussi naturellement au fil du temps.
Le monde est constitué de plusieurs niveaux qui se terminent toujours par un combat de boss. Lorsque vous mourrez, vous revenez à la dernière salle que vous avez faite avec l’un des deux personnages en vie. Vous devrez alors retrouver l’endroit où votre personnage est décédé afin de lui procurer un massage cardiaque.
… mais très répétitif…
Vous avez deux modes de difficulté, l’un vous permettra de jouer sans vous soucier de votre vie, alors que l’autre est beaucoup plus ardu. Vous pourrez débloquer un dernier mode de difficulté en fin de partie qui sera encore plus compliqué.
Le concept est intéressant et le jeu est facile à prendre en main. Les combats de boss sont prenants, toujours variés et bien travaillés. La partie plateformer est réussie avec des passages intelligents, comme dans la bibliothèque et des contraintes qui pimentent l’expérience.
Nous avons aussi apprécié le dynamisme qui se dégage de ce jeu, avec deux personnages qui ont vraiment un gameplay différent et pourtant complémentaire.
La difficulté est aussi à la hauteur, et ce jeu s’adresse vraiment aux joueurs qui aiment se casser les dents plusieurs fois sur un boss. Même avec le niveau de difficulté le plus bas, nous avons dû recommencer une vingtaine de fois le boss final avant de le vaincre.
Cependant, même si le côté plateformer est réussi, la partie action est très répétitive et la lassitude finit par nous gagner. Les armes secondaires ne sont pas très équilibrées et nous n’en utilisons finalement que deux : le missile autoguidé et l’invocation qui permet de regagner de la vie. Les niveaux se résument donc à abuser de ses armes secondaires pour terminer au plus vite.
… et à l’humour douteux et lourdingue
L’ultime, cette capacité dévastatrice, n’est finalement que très peu utile tout au long de l’aventure. Bien que sa puissance est indéniable, la balle que Shinobu et Maya lancent est linéaire, et, à cause de l’animation lente, ne nous permet pas de toucher les ennemis qui se sont déplacés entre temps.
De plus, le plot twist au milieu de l’aventure force le joueur à refaire des niveaux qui n’ont que trop peu de changements pour justifier de recommencer le jeu entièrement.
Le bestiaire n’est pas très varié ; nous aurions préféré avoir des ennemis uniques à chaque décor en lieu et place des variations de ces derniers. Le jeu fait énormément de références pour les fans d’Inti Creates qui plairont donc à la fan base mais qui perdront les nouveaux joueurs.
Grim Guardians: Demon Purge possède un scénario prétexte qui nous a profondément déçus. Bien que nous ne soyons pas contre les scénarios ténus, comme dans l’univers des Mario Bros, nous avons ici une histoire vide et creuse qui se développe à partir de… rien.
Cette coquille vide entraîne des dialogues incompréhensibles et étranges, des situations ubuesques qui nous laissent perplexes, et des retournements de situation peu crédibles pour allonger artificiellement la durée de vie.
Si l’absurde et l’invraisemblable ne nous dérangent pas quand ils sont bien écrits, l’histoire qui se déroule sous nos yeux est déconstruite. Dans Grim Guardians: Demon Purge, les développeurs ne respectent pas ce qui est appelé « la règle du jeu », qui est un contrat implicite qu’une œuvre artistique passe avec son public pour accepter l’univers qu’il présente. Cette règle du jeu insinue que l’œuvre doit garder une cohérence par rapport à la promesse qu’elle nous a faite au début.
Outre les incohérences qui s’enchaînent, le jeu est aussi ralenti par un humour grivois, douteux et lourd qui plaira à un public en recherche de blagues de mauvais goût et mal écrites. Il n’y a jamais eu de mots aussi bien adaptés que « cringe » pour décrire la quête qui consiste à récupérer « des objets qui excitent un adolescent ».
Le jeu se termine, en fonction de la difficulté que vous choisirez, entre six à dix heures. Pour vingt-quatre euros, sachant qu’une moitié de l’expérience consiste à refaire les niveaux que vous avez déjà faits, nous trouvons le ratio durée de vie/prix trop onéreux pour se laisser tenter. Le prix de quarante euros pour la version physique est quant à lui rédhibitoire.
Les graphismes sont dans un pixel art que nous avons déjà vu et revu. Même si les décors sont travaillés et variés, nous n’avons pas forcément été convaincus par ce style qui manque de folie et de personnalité.
La bande-son est réussie, dynamique et nous place parfaitement dans l’ambiance.
La traduction est parfaite, et la version sur Switch est très agréable, peu importe la façon dont vous l’utilisez.
Conclusion
Grim Guardians: Demon Purge est un jeu moyen qui peut plaire à un certain public qui n’a pas peur de la répétitivité, de l’humour grivois douteux, et dont le porte-monnaie est extensible. Pour les autres, vous trouverez un plateformer hommage à Castlevania très basique, avec une durée de vie pas si grande qui finira par vous ennuyer, voire même vous gêner avec ses blagues lourdingues et son scénario illogique. Les graphismes sont corrects et la bande-son est plutôt réussie.
LES PLUS
- Un concept simple et efficace
- Des moments intéressants pour la partie platformer
- Deux personnages au gameplay varié
- Quelques bonnes idées par-ci par-là
- Parfait pour les fans d’Inti Creates
- Entièrement traduit en français
- Parfait pour ceux qui aiment la difficulté
- Les combats de boss
- Bande-son dynamique
LES MOINS
- Un scénario prétexte qui cherche à se justifier en permanence
- Un jeu répétitif
- L’humour déployé est gênant et lourdingue
- Le midpoint qui nous oblige à refaire le jeu entièrement sans raison
- Des graphismes vus et revus
- Des armes secondaires pas si utiles
- Une capacité ultime mal calibrée
- Des dialogues qui perdront ceux qui ne connaissent pas Inti Creates
- Un prix élevé pour une durée de vie qui ne l’est pas